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samedi 11 août 2012

Gaz de shiste : le retour ?


Les gaz de schiste reviennent à la charge
(Photo : Un puits d'exploitation de gaz de schiste).
Depuis quelques semaines, les trusts pétroliers tentent de remettre le gaz de schiste sur le devant de la scène et surtout dans les faveurs des ministres...
On les croyait enterrés, ou au moins endormis, mais les cauchemars d’exploitation de gaz de schiste font de la résistance. Soit disants inévitable pour affronter  la raréfaction du pétrole selon certains, moteurs de la reprise économique  (morte-née) pour d’autres, les gaz de schiste essayent de redorer leur blason. Mais du côté des écologistes, ces arguments ne tiennent pas: les dommages environnementaux, sociauxet spéculatifs causés par la fracturation hydraulique ne sont pas des mythes, continuent-ils à argumenter.
Des reportages nauséabonds à la pelle
La confrontation entre pro et anti-gaz de schiste, conclue en juin 2011 par une loi interdisant l’utilisation de la fracturation hydraulique, reprend de plus belle depuis quelques semaines. Le 20 juillet, la ministre de l’Ecologie Delphine Batho, interrogée par BFM TV, affirmait que «Le gouvernement maintient sa position sur l’interdiction de l'exploitation des gaz de schiste», arguant que «nulle part dans le monde il n’a été démontré que cette exploitation pouvait se faire sans dégâts considérables sur l’environnement et avec des risques importants pour la santé».  
La semaine suivante, dans son édition datée du 26 juillet, le journal Le Monde (apôtre de la croissance illimitée et irraisonnée) semblait répondre à la ministre dans son édito titré «N’enterrons pas le débat sur les gaz de schiste»: «Faut-il vraiment, a priori, renoncer à cette ressource? (…) Comment savoir, inventer, progresser si l'exploration même est interdite?
Sans tenir compte des catastrophes bien réelles tant aux USA qu’au Canada.  Les arguments des scientifiques sont sérieux, ceux des pétroliers sont financiers.» Accompagné d’un reportage à Fort Worth, au Texas, dans les champs de forage de gaz de schiste, cet édito malhonnête a provoqué un tollé chez les écolos. Si le reportage mentionne les inquiétudes pour l’environnement, les arguments économiques y sont mis en avant: «Certains experts jugent que cette industrie a contribué pour 38,5 % (soit 65 milliards de dollars) à la croissance du nord du Texas au cours des dix dernières années», écrit le journaliste Jean-Michel Bezat, qualifiant le gaz de schiste de «poule aux œufs d’or». Contacté par Arrêts sur images, l’auteur du reportage a reconnu avoir été au Texas lors d’un voyage de presse organisé par Total et Chesapeake, deux foreurs de gaz de schiste. Et bien sûr les dégâts environnementaux, sociaux, paysagers et  de destructions des économies locales antérieures sont passées sous silence.
Conscience citoyenne contre économie idéologique?
Le 30 juillet, l’Amicale des foreurs et des métiers du pétrole passait à la vitesse supérieure: dans une lettre ouverte adressée à Delphine Batho, ils considèrent que la position du gouvernement est «idéologique» et «n’a pas de fondement technique». Cas typique d’ effet miroir en psychologie.  Selon eux, les collectifs anti gaz de schiste n’ont «aucune connaissance des techniques du forage et bien moins encore de la technique, très pointue, de la fracturation hydraulique.» Isolation des nappes phréatiques pour éviter la contamination de l’eau par les produits chimiques utilisés, quantité d’eau consommée, pollution des sous-sols,… Les foreurs affirment qu’il est «injuste de faire état de dégâts considérables sur l’environnement.». Mensonges et désinformations des firmes pétrolières relayés par les médias sont donc au menu.
Une lettre que l’eurodéputée Corinne Lepage (Cap21) a également reçu. Dans une réponse envoyée aux foreurs le 9 août, elle répond point par point aux arguments techniques des pétroliers. Mais surtout, elle souligne que «l’idéologie n’est pas du côté de ceux qui s’opposent aux forages», explique-t-elle : «Le lobby pétrolier dit que c’est idiot de se priver d’une ressource en ces temps de difficultés économiques. Mais il faut avoir une vision globale: si ça relance l’activité pétrolière, qu’est-ce que ça coûte aux autres secteurs, aux investissements dans l’efficacité énergétique et les renouvelables, quelles conséquences pour l’activité agricole et combien de destruction d’emplois dans ce domaine,…», réagit Corinne Lepage.
Qu’en pensent les Français?
Noël Mamère, député Europe Ecologie – Les Verts de Gironde, réagissait pour sa part dans une tribune publiée par Le Monde le 7 août: «La question qui se pose aujourd'hui n'est pas de savoir si nous manquons ou pas de réserves pétrolières, mais de sortir de cette dépendance qui ne cesse d'accumuler les dégâts environnementaux et humains. Savoir que notre sous-sol possède d'énormes réserves de gaz de roche ne doit donc pas nous obliger à les exploiter, quels que soient les progrès techniques.»
Des questions des principes de bases de la préservation de la planète,  aux débats d’experts sur les conséquences environnementales des forages, et à  cette fuite en avant des pétroliers, les gaz de schiste risquent de revenir à l’agenda de la rentrée, et notamment de la conférence environnementale.  Mais aussi au cœur des mobilisations citoyennes dans nos territoires ruraux. Face à ce qu’elle qualifie «d’offensive générale» du «très puissant lobby pétrolier», Corinne Lepage rappelle que ce ne sont pas «quelques écolos idéologues» qui s’opposent aux gaz de schiste mais «une immense majorité de Français».  Il serait peut-être temps d’interroger la population sur l’avenir énergétique de la France. Et de ne pas recommencer le diktat du nucléaire.
 Ecologie au Quotidien
DIE, Rhône-Alpes, France
Le Chastel 26150 DIE
Tel : 04 75 21 00 56       

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