(Photo : Un puits
d'exploitation de gaz de schiste).
Depuis quelques semaines, les trusts pétroliers
tentent de remettre le gaz de schiste sur le devant de la scène et surtout dans
les faveurs des ministres...
On les croyait enterrés,
ou au moins endormis, mais les cauchemars d’exploitation de gaz de schiste font
de la résistance. Soit disants inévitable pour affronter la raréfaction
du pétrole selon certains, moteurs de la reprise économique (morte-née) pour d’autres, les gaz de schiste
essayent de redorer leur blason. Mais du côté des écologistes, ces
arguments ne tiennent pas: les dommages environnementaux, sociauxet spéculatifs
causés par la fracturation hydraulique ne sont pas des mythes, continuent-ils à
argumenter.
Des reportages nauséabonds à la pelle
La confrontation entre pro
et anti-gaz de schiste, conclue en juin 2011 par une loi interdisant
l’utilisation de la fracturation hydraulique, reprend de plus belle depuis
quelques semaines. Le 20 juillet, la ministre de l’Ecologie Delphine Batho,
interrogée par BFM TV, affirmait que «Le gouvernement maintient sa position sur
l’interdiction de l'exploitation des gaz de schiste», arguant que «nulle part dans le monde il n’a été
démontré que cette exploitation pouvait se faire sans dégâts considérables sur
l’environnement et avec des risques importants pour la santé».
La semaine suivante, dans
son édition datée du 26 juillet, le journal Le Monde (apôtre de la croissance illimitée et
irraisonnée) semblait répondre à la ministre dans son édito titré
«N’enterrons pas le débat sur les gaz de schiste»: «Faut-il vraiment, a priori,
renoncer à cette ressource? (…) Comment savoir, inventer, progresser si
l'exploration même est interdite?
Sans tenir compte des
catastrophes bien réelles tant aux USA qu’au Canada. Les arguments des scientifiques sont sérieux,
ceux des pétroliers sont financiers.» Accompagné d’un reportage à Fort Worth,
au Texas, dans les champs de forage de gaz de schiste, cet édito malhonnête a
provoqué un tollé chez les écolos. Si le reportage mentionne les inquiétudes
pour l’environnement, les arguments économiques y sont mis en avant: «Certains
experts jugent que cette industrie a contribué pour 38,5 % (soit 65 milliards
de dollars) à la croissance du nord du Texas au cours des dix dernières
années», écrit le journaliste Jean-Michel Bezat, qualifiant le gaz de schiste
de «poule aux œufs d’or». Contacté par Arrêts sur images, l’auteur du reportage
a reconnu avoir été au Texas lors d’un voyage de presse organisé par Total et
Chesapeake, deux foreurs de gaz de schiste. Et bien sûr les dégâts
environnementaux, sociaux, paysagers et
de destructions des économies locales antérieures sont passées sous
silence.
Conscience citoyenne contre économie idéologique?
Le 30 juillet, l’Amicale
des foreurs et des métiers du pétrole passait à la vitesse supérieure: dans une
lettre ouverte adressée à Delphine Batho, ils considèrent que la position du
gouvernement est «idéologique» et «n’a pas de fondement technique». Cas typique
d’ effet miroir en psychologie. Selon
eux, les collectifs anti gaz de schiste n’ont «aucune connaissance des
techniques du forage et bien moins encore de la technique, très pointue, de la fracturation
hydraulique.» Isolation des nappes phréatiques pour éviter la contamination de
l’eau par les produits chimiques utilisés, quantité d’eau consommée, pollution
des sous-sols,… Les foreurs affirment qu’il est «injuste de faire état de
dégâts considérables sur l’environnement.». Mensonges et désinformations des
firmes pétrolières relayés par les médias sont donc au menu.
Une lettre que
l’eurodéputée Corinne Lepage (Cap21) a également reçu. Dans une réponse envoyée
aux foreurs le 9 août, elle répond point par point aux arguments techniques des
pétroliers. Mais surtout, elle souligne que «l’idéologie n’est pas du côté de
ceux qui s’opposent aux forages», explique-t-elle : «Le lobby pétrolier
dit que c’est idiot de se priver d’une ressource en ces temps de difficultés
économiques. Mais il faut avoir une vision globale: si ça relance l’activité
pétrolière, qu’est-ce que ça coûte aux autres secteurs, aux investissements
dans l’efficacité énergétique et les renouvelables, quelles conséquences pour
l’activité agricole et combien de destruction d’emplois dans ce domaine,…»,
réagit Corinne Lepage.
Qu’en pensent les Français?
Noël Mamère, député Europe
Ecologie – Les Verts de Gironde, réagissait pour sa part dans une tribune
publiée par Le Monde le 7 août: «La question qui se pose aujourd'hui
n'est pas de savoir si nous manquons ou pas de réserves pétrolières, mais de
sortir de cette dépendance qui ne cesse d'accumuler les dégâts environnementaux
et humains. Savoir que notre sous-sol possède d'énormes réserves de gaz de
roche ne doit donc pas nous obliger à les exploiter, quels que soient les
progrès techniques.»
Des questions des principes
de bases de la préservation de la planète, aux débats d’experts sur les conséquences
environnementales des forages, et à cette fuite en avant des pétroliers, les gaz
de schiste risquent de revenir à l’agenda de la rentrée, et notamment de la
conférence environnementale. Mais aussi
au cœur des mobilisations citoyennes dans nos territoires ruraux. Face à ce
qu’elle qualifie «d’offensive générale» du «très puissant lobby pétrolier»,
Corinne Lepage rappelle que ce ne sont pas «quelques écolos idéologues» qui
s’opposent aux gaz de schiste mais «une immense majorité de Français». Il
serait peut-être temps d’interroger la population sur l’avenir énergétique de
la France. Et de ne pas recommencer le diktat du nucléaire.
Ecologie au
Quotidien
DIE, Rhône-Alpes,
France
Le Chastel 26150 DIE
Tel
: 04 75 21 00 56
Courriel : ecologieauquotidien.die@gmail.com
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