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vendredi 24 août 2012

Libérez les Pussy Riot...


Vladimir Poutine et les sorcières des Pussy Riot
Selon l'article 14 de sa Constitution, la Russie est un Etat laïque. Selon son code pénal, le blasphème n'existe pas dans ce pays. Selon les apparences, la justice y est indépendante.
Qu'importe, un tribunal russe, comme au bon temps du communisme, vient de condamner pour "vandalisme motivé par la haine religieuse" trois jeunes femmes du groupe punk Pussy Riot qui, en février, avaient chanté un couplet hostile à Vladimir Poutine dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou. Emprisonnées depuis, Nadejda Tolokonnikova, Ekaterina Samoutsevitch et Maria Aliokhina seront envoyées deux ans en colonie pénitentiaire pour trente secondes de provocation contre le président russe.

Leurs actes étaient "sacrilèges, blasphématoires et ont violé les règles de l'Eglise", a conclu la juge qui les a condamnées, tandis que les témoins de l'accusation évoquaient des "forces maléfiques" et les "mouvements diaboliques de jambes" exécutés par les jeunes femmes lors de leur prestation de février 2012. En 1692, dans le Massachusetts, les sorcières de Salem avaient été jugées (et exécutées) pour des motifs aussi surréalistes. Et en 1901 Tolstoï était excommunié par cette même église. Au XXIe siècle, la Russie de Poutine renoue avec l'Inquisition.
Pour le maître du Kremlin et son "élite en épaulettes" issue du KGB - la police politique soviétique, occupée, en son temps, à persécuter dissidents et croyants orthodoxes -, l'intention est claire : réveiller les instincts conservateurs et anti-occidentaux de la Russie profonde, qui leur est acquise, pensent-ils. Et faire taire la voix de l'autre Russie, celle de la classe moyenne, prompte à contester les fraudes massives aux élections de l'hiver 2011-2012 et le despotisme mal éclairé du tsar Poutine.
La condamnation des trois punkettes, étudiantes brillantes et mères de famille, se voulait une démonstration de force du Kremlin, adossé à une justice aux ordres et à une Eglise orthodoxe plus que complaisante. Mais à l'heure d'Internet et du village global, elle résonne comme un singulier aveu de faiblesse, autant que de stupidité : elle donne un nouveau souffle à l'opposition, qui en manquait cruellement ces derniers temps. Une fois de plus, le Kremlin vient de se tirer une balle dans le pied.
En outre, à l'énoncé du verdict, vendredi 17 août, un détail révèle la vision paranoïaque du pouvoir russe : la juge a noté que le mari de l'une des accusées était détenteur d'un passeport canadien, sous-entendant l'existence d'un complot mondial contre la Russie.
Elections falsifiées, persécution des opposants, résurgence du mythe de la "forteresse assiégée" : à l'évidence, la Russie s'éloigne à grands pas des valeurs occidentales auxquelles elle a pourtant souscrit en adhérant en 1998 à la Convention européenne des droits de l'homme...
Plus que jamais, depuis le début de son troisième mandat, Vladimir Poutine entend imposer sa poigne : sur la scène intérieure, comme en témoigne ce procès ; sur la scène internationale, avec le soutien aveugle au régime de Damas. Cela le conduira à un isolement croissant. Cela mérite une condamnation sans appel.
Retour des procès staliniens ou l'absurde jugements de trois chanteuses des Pussy Riot…
Il y a quelque chose de familier dans la salle du tribunal de Moscou où sont jugées, depuis lundi 30 juillet, les trois chanteuses du groupe punk Pussy Riot : c'est dans la même salle, devant le même tribunal, que l'ex-millionnaire du pétrole Mikhaïl Khordokovski a été condamné pour la deuxième fois en 2010, à l'issue d'un procès largement considéré comme politique et truqué.
Il ne fait pas l'ombre d'un doute que les raisons pour lesquelles les trois jeunes femmes sont détenues depuis février et passibles aujourd'hui de sept ans d'emprisonnement sont tout aussi politiques. Maria Alekhina, 24 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 29 ans, et Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, ont été arrêtées dans la cathédrale orthodoxe du Christ-Sauveur, où elles venaient de formuler à leur manière une "prière anti-Poutine". Chanté et dansé devant, dans une période où le mouvement de protestation populaire contre celui qui n'était encore que premier ministre faisait campagne dans les rues de Moscou. Le morceau implorait la Vierge Marie de "chasser Poutine". Cette performance avait choqué des croyants et provoqué la colère du patriarche Cyrille, allié officieux du Kremlin.
Les trois chanteuses sont accusées « d'actes de vandalisme motivés par la haine religieuse » alors que provocations et radicalité seraient plus adaptées.
Arrivées menottées au tribunal, où elles ont pris place dans une cage transparente munie de barreaux (ceinture et bretelles, on sait jamais…), les jeunes femmes ont affirmé que leur cible n'était ni l'Eglise orthodoxe ni la religion chrétienne, mais le régime autoritaire de Vladimir Poutine, élu président le 4 mars. "Je pensais que l'Eglise aimait tous ses enfants, mais il semble qu'elle n'aime que ceux qui aiment Poutine", a déclaré Maria Alekhina par l'intermédiaire de son avocat. Ekaterina Samoutsevitch a, pour sa part, dénoncé "les mesures répressives visant à instaurer la peur chez les citoyens politiquement actifs".
La manière dont les choses évoluent à Moscou depuis le retour de M. Poutine au Kremlin leur donne malheureusement raison. En moins de trois mois, l'ancien colonel du KGB, et toujours stalinien, a fait adopter par le Parlement une série de lois destinées à museler l'opposition. L'une d'elles qualifie d' « agents de l'étranger » et place sous surveillance renforcée les ONG qui bénéficient de financements étrangers. D'autres condamnent à de très lourdes amendes les organisateurs de manifestations non autorisées, visent à réglementer l'activité des sites Internet et repénalisent la diffamation.
Alexei Navalny, l'une des principales figures des manifestations massives lancées en décembre, a été convoqué lundi pour une série d'interrogatoires, au lendemain de révélations sur la corruption officielle  dénoncée sur son blog. Personne n'a vu là une coïncidence : il est clair que, sur le front intérieur comme en politique extérieure, Vladimir Poutine, qui n'a jamais compris ni accepté le mouvement de protestation des classes moyennes et urbaines russes, est dans une logique de durcissement.
M. Poutine se trompe de stratégie. Chez lui et à l'étranger, elle est totalement contre-productive, comme l'est le procès ridicule des trois chanteuses punkettes de Pussy Riot.
Alors qu'elle allait être condamnée à 2 ans de prison pour avoir chanté dans une église une chanson critiquant Poutine, une membre de Pussy Riot s’est adressée au Tribunal en conclusion de sa comparution: "Même si nous sommes présentes ici physiquement, nous sommes plus libres que toutes les personnes assises en face de nous... Nous pouvons dire ce que nous voulons..."
Albert Idelon
26420 La Chapelle en Vercors
Pour MCD-APL
Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 30 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, ont été condamnées à deux ans de camp chacune pour "vandalisme" et "incitation à la haine religieuse" pour avoir chanté en février une "prière punk" dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou, demandant à la Sainte Vierge de "chasser Poutine" du pouvoir.

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