Aux Etats-Unis, les compagnies gazières veulent forer dans les cimetières
Aux Etats-Unis, les cimetières de
l'Ohio, du Mississippi ou du Colorado ne renferment pas que des corps.
Profondément enfouies sous terre, de très vieilles formations de schiste
abritent de vastes et lucratives quantités de gaz naturel. Alors que
les cimetières sont en train de rejoindre les parcs, terrains de jeux,
églises et autres jardins privés dans la liste des lieux convoités par
les compagnies gazières, forer ou non ces poches pose actuellement un
véritable cas de conscience à une nation en plein boom de l'exploitation
du gaz de schiste, raconte The Associated press.
Partout dans le pays, les grands groupes
énergétiques prennent le risque de ternir leur image pour convaincre
les propriétaires des cimetières de leur céder les droits d'exploitation
minière. Leurs arguments : l'extraction de gaz ou de pétrole effectuée à
une très grande profondeur serait sans conséquence sur les tombes,
notamment grâce à la technique du forage horizontal, qui permet de forer des puits situés à des centaines de mètres des poches de combustible.
Mais souvent, les autorités et habitants
des villes concernées ne l'entendent pas de cette oreille. Ces
dernières années, le gaz de schiste a en effet été amplement décrié
outre-Atlantique : un documentaire (Gasland),
des rapports, des campagnes et des pétitions ont maintes fois dénoncé
la technique de la fracturation hydraulique, consistant à injecter
d'énormes quantités d'eau, de sable et de produits chimiques pour
extraire ces gaz non conventionnels disséminés dans les roches à deux ou
trois kilomètres de profondeur. Tous ont donc à l'esprit les
conséquences environnementales désastreuses de ce combustible, qu'il
s'agisse de la pollution de l'eau et des sols ou des tremblements de
terre générés par les forages.
Néanmoins, dans certaines villes, les
groupes pétroliers parviennent à obtenir gain de cause, tant les sommes
d'argent en jeu se révèlent importantes. Les fiduciaires de la petite
ville de Lowellville, dans l'Ohio, se sont ainsi vus proposer 140 000
dollars pour la concession minière du cimetière, ainsi que 16 % sur les
bénéfices en cas de découverte de gaz ou de pétrole. De quoi couvrir les
frais d'exploitation du lieu pendant plus de vingt ans. Si les
administrateurs ont refusé l'accord, en raison de l'opposition de la
population, d'autres, ailleurs, ont cédé. L'Association des cimetières
catholiques de Pittsburgh a par exemple vendu les droits miniers de onze
de ses cimetières de Pennsylvanie, soit 1 200 hectares de terrain, et
ce malgré les reproches de ses adhérents.
Audrey Garric
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