Bonne nouvelle pour
Greenpeace, les trente de l’Arctique et les
Pussy Riot: le parlement russe a voté hier une loi d’amnistie qui va leur
bénéficier. Reste qu’il n’y a pas lieu de crier victoire.
Tout d’abord parce que cette libération des charges est le fait du prince et non l’application de normes démocratiques minimales. Les Pussy Riot ont pris deux ans de goulag pour une chanson – peut-être de mauvais goût mais qui ne cassait pas trois pattes à un canard. Les trente de Greenpeace risquaient entre dix et quinze ans de prison avant que l’accusation ne ramène à sept ans la peine maximale encourue. Ceci pour la pose d’une banderole sur une station de forage!
Bref, le régime de Vladimir Poutine tente de montrer patte blanche alors que les Jeux olympique de Sotchi approchent. Mais il ne lâche rien. Au contraire, il se livre plutôt à des effets de manche, en refusant la juridiction onusienne compétente en la matière, à savoir le Tribunal international du droit de la mer sis à Hambourg.
Ce dernier avait exigé, le 22 novembre dernier, la libération des militants emprisonnés et la levée du séquestre du navire de Greenpeace, l’Arctic Sunrise. Rappelons que ce bateau a été arraisonné dans les eaux internationales. Ce qui permet effectivement de relativiser l’accusation de piraterie.
Bien sûr, pour ce qui est de l’environnement et du climat, la nouvelle est mauvaise. La volonté de forer coûte que coûte dans des zones écologiquement aussi fragiles que l’Arctique est bien la manifestation d’une fuite en avant. Celle d’un monde toxicodépendant de l’énergie et que la simple vue du pétrole rend capable de tout.
En cela, les démocraties occidentales ne sont pas forcément plus vertueuses que l’autoritaire Russie. Pour la petite histoire, le capitaine de l’Arctic Sunrise, Peter Willcox, était déjà aux commandes du Rainbow Warrior envoyé par le fond le 25 juillet 1985 par un certain François Mitterrand, au nom de la raison d’Etat.
Les protestations vertueuses des pays européens ne vont certainement pas empêcher de faire affaires avec Gazprom, l’exploitant de la plate-forme litigieuse. Ne voit-on pas l’ancien chancelier allemand Gerhard Schröder siéger, pour un salaire que l’on imagine mirifique, dans une des compagnies faisant partie du groupe et qui gère le gazoduc permettant de desservir l’Allemagne en énergie?
On ne va tout de même pas se fâcher pour si peu.
Tout d’abord parce que cette libération des charges est le fait du prince et non l’application de normes démocratiques minimales. Les Pussy Riot ont pris deux ans de goulag pour une chanson – peut-être de mauvais goût mais qui ne cassait pas trois pattes à un canard. Les trente de Greenpeace risquaient entre dix et quinze ans de prison avant que l’accusation ne ramène à sept ans la peine maximale encourue. Ceci pour la pose d’une banderole sur une station de forage!
Bref, le régime de Vladimir Poutine tente de montrer patte blanche alors que les Jeux olympique de Sotchi approchent. Mais il ne lâche rien. Au contraire, il se livre plutôt à des effets de manche, en refusant la juridiction onusienne compétente en la matière, à savoir le Tribunal international du droit de la mer sis à Hambourg.
Ce dernier avait exigé, le 22 novembre dernier, la libération des militants emprisonnés et la levée du séquestre du navire de Greenpeace, l’Arctic Sunrise. Rappelons que ce bateau a été arraisonné dans les eaux internationales. Ce qui permet effectivement de relativiser l’accusation de piraterie.
Bien sûr, pour ce qui est de l’environnement et du climat, la nouvelle est mauvaise. La volonté de forer coûte que coûte dans des zones écologiquement aussi fragiles que l’Arctique est bien la manifestation d’une fuite en avant. Celle d’un monde toxicodépendant de l’énergie et que la simple vue du pétrole rend capable de tout.
En cela, les démocraties occidentales ne sont pas forcément plus vertueuses que l’autoritaire Russie. Pour la petite histoire, le capitaine de l’Arctic Sunrise, Peter Willcox, était déjà aux commandes du Rainbow Warrior envoyé par le fond le 25 juillet 1985 par un certain François Mitterrand, au nom de la raison d’Etat.
Les protestations vertueuses des pays européens ne vont certainement pas empêcher de faire affaires avec Gazprom, l’exploitant de la plate-forme litigieuse. Ne voit-on pas l’ancien chancelier allemand Gerhard Schröder siéger, pour un salaire que l’on imagine mirifique, dans une des compagnies faisant partie du groupe et qui gère le gazoduc permettant de desservir l’Allemagne en énergie?
On ne va tout de même pas se fâcher pour si peu.
Philippe Bach
En lien avec cet article:
Marco Weber: «Aucune raison de célébrer»
AMNISTIE : Le
militant de Greenpeace fait partie des 25 000 personnes amnistiées par la
Russie. Les ONG craignent que cette annonce ne serve qu’à détourner l’attention
des Occidentaux.
Le parlement russe a
approuvé à la quasi-unanimité, hier, une amnistie concernant 25 000 personnes.
Le groupe punk des Pussy Riot ainsi que 30 membres de Greenpeace en feront
vraisemblablement partie. Le militant écologiste suisse Marco Weber devrait
donc pouvoir bientôt rentrer chez lui, à Zurich. Greenpeace ainsi que les ONG
actives pour la défense des droits humains saluent ces libérations, mais
rappellent que la Russie demeure un très mauvais élève en matière de libertés
politiques. Pour Amnesty International, l’annonce ne serait qu’un écran de
fumée, destiné à calmer les critiques des pays occidentaux à l’aube des Jeux
olympiques de Sotchi.
Nous sommes contents pour
Marco, pour sa famille et ses proches», a déclaré le porte-parole de Greenpeace
Suisse, Mathias Schlegel. Interrogé sur la date du retour, il s’est toutefois
montré prudent, notant qu’il reste beaucoup de procédures avant de voir Marco
Weber monter dans un avion et quitter Saint-Petersburg, où il bénéficie d’une
liberté conditionnelle.
Innocence pas reconnue
Pour Mathias Schlegel, la situation n’est – de loin – pas réjouissante, et il rappelle qu’aucun problème n’est réglé par cette amnistie. L’innocence des membres de Greenpeace n’a pas été admise par les autorités russes, ni l’inadéquation des charges maintenues à leur encontre (les militants ont été inculpés pour «piraterie», puis pour «hooliganisme»).
Pour Mathias Schlegel, la situation n’est – de loin – pas réjouissante, et il rappelle qu’aucun problème n’est réglé par cette amnistie. L’innocence des membres de Greenpeace n’a pas été admise par les autorités russes, ni l’inadéquation des charges maintenues à leur encontre (les militants ont été inculpés pour «piraterie», puis pour «hooliganisme»).
«La liberté d’expression
demeure problématique, se désole Mathias Schlegel, et l’exploitation de pétrole
en Arctique, raison initiale de l’action de Greenpeace, n’a pas été arrêtée.»
Marco Weber, qui s’est exprimé dans un communiqué de presse, porte le même
regard. «Je ne vois aucune raison de célébrer. L’Arctique est toujours menacé
par l’avidité des compagnies pétrolières.»
Amnesty International
Suisse, qui a lancé une campagne pour les droits humains en Russie au mois de
novembre1, se dit très méfiant quant à cette annonce
d’amnistie. «Il ne s’agit que d’un écran de fumée avant les Jeux olympiques»,
fait remarquer Nadia Boehlen, porte-parole de l’ONG. «La Russie se débarrasse
des personnes médiatiquement très en vue, mais il restera des milliers de
personnes emprisonnées parce que le droit à la liberté d’expression, de
rassemblement et d’association n’est toujours pas respecté.»
Amnesty International
Suisse dénonce en particulier quatre lois, qu’elle considère comme liberticides
et qui ont été promulguées par Vladimir Poutine depuis que ce dernier a entamé
son troisième mandat présidentiel. La loi fédérale sur les rassemblements
alourdit les risques encourus par ceux qui organisent des manifestations; la
loi sur les «agents étrangers» met les ONG sous étroite surveillance; la loi
sur le blasphème donne une base légale pour condamner des cas similaires à
celui des Pussy Riot; et l’interdiction de la «propagande homosexuelle»
légitime indirectement les actes de violence homophobes en Russie.
Etablissements bondés
L’heure n’est donc pas à un assouplissement, contrairement à ce que pourrait faire croire l’annonce de l’amnistie. Un constat partagé par Sacha Koulaeva, de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH). Selon la responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale, cette amnistie s’explique en bonne partie par la surpopulation carcérale. «En Russie, même des articles de loi mineurs peuvent mener en prison, alors que les établissements sont bondés. L’amnistie est une forme d’’hygiène sociale’, qui permet de résoudre quelques conflits diplomatiques. Mais je n’y vois pas matière à applaudir. Les conditions de détention restent déplorables, et on ne reconnaît toujours pas le statut de prisonnier politique en Russie.»
L’heure n’est donc pas à un assouplissement, contrairement à ce que pourrait faire croire l’annonce de l’amnistie. Un constat partagé par Sacha Koulaeva, de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH). Selon la responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale, cette amnistie s’explique en bonne partie par la surpopulation carcérale. «En Russie, même des articles de loi mineurs peuvent mener en prison, alors que les établissements sont bondés. L’amnistie est une forme d’’hygiène sociale’, qui permet de résoudre quelques conflits diplomatiques. Mais je n’y vois pas matière à applaudir. Les conditions de détention restent déplorables, et on ne reconnaît toujours pas le statut de prisonnier politique en Russie.»
Une situation que
l’observatrice craint de voir empirer à mesure que les Jeux olympiques
approchent.
Laura Drompt
1.
justice-russie.ch/fr
En lien avec cet article:
Une amnistie pour les vingt ans de la Constitution
russe
Les députés russes ont
approuvé hier la loi sur l’amnistie pour les vingt ans de la Constitution, qui
va bénéficier aux membres du groupe contestataire Pussy Riot et aux 30
activistes de Greenpeace.
Le texte, présenté par le
Kremlin le 9 décembre, a été adopté par 446 députés sur 450 à la Douma (chambre
basse) en dernière lecture. L’ex-magnat du pétrole et critique du Kremlin
Mikhaïl Khodorkovski n’en bénéficiera pas, tout comme l’opposant Alexeï
Navalny, qui sera tenu à l’écart des élections pendant des années au vu de sa
condamnation pour vol.
Le texte, qui pourrait
entrer en vigueur cette semaine, s’est avéré beaucoup plus restrictif que ce
qui avait été proposé par le Conseil des droits de l’homme auprès du président,
une structure consultative. Il ne devrait concerner qu’environ 25 000
personnes, selon des responsables parlementaires.
Le document voté prévoit
d’amnistier les personnes condamnées à des peines inférieures à cinq ans de
détention, notamment pour «hooliganisme». Cette charge est celle retenue contre
les membres du groupe Pussy Riot et contre les trente membres d’équipage de
Greenpeace.
La loi d’amnistie «n’effacera
pas les casiers judiciaires de toutes les personnes condamnées» et «ne concerne
pas tous les individus qu’Amnesty International considère comme des prisonniers
d’opinion», écrit de son côté Amnesty International. «Il s’agit d’une nouvelle
preuve de la politisation de la justice en Russie», poursuit l’organisation,
qui demande que tous les prisonniers d’opinion soient libérés et leurs
condamnations effacées.
Libérable l’an prochain
après dix ans de prison pour escroquerie et fraude fiscale, l’ex-magnat du
pétrole et critique du Kremlin Mikhaïl Khodorkovski ne devrait pas bénéficier
de l’amnistie. Le parquet général a même indiqué récemment enquêter sur
d’autres affaires, ce qui pourrait lui valoir une prolongation de peine.
Une amnistie annoncée en
juin dernier pour les délits économiques, et qui selon le délégué du Kremlin
pour les droits des entrepreneurs Boris Titov devait concerner quelque
100 000 personnes, avait finalement été revue de manière très restrictive
par Vladimir Poutine.
Les deux jeunes femmes du
groupe contestataire Pussy Riot, Maria Alekhina et Nadejda Tolokonnikova, sont
également concernées par l’amnistie, mais devaient de toute façon être libérées
en mars prochain. Elles purgent actuellement une peine de deux ans de détention
pour avoir chanté en février 2012 une «prière punk» contre Vladimir Poutine
dans la cathédrale de Moscou.
Toutes deux mères d’un
enfant en bas âge, elles ont vu jusqu’à présent toutes leurs demandes de
libération conditionnelle rejetées, car elles refusent de reconnaître leur
culpabilité.
«C’est une amnistie très
restreinte. Je suis heureuse qu’elle s’applique à mes clientes», a déclaré
l’avocate Irina Khrounova à propos des deux Pussy Riot emprisonnées. Celles-ci
pourraient recouvrer la liberté dans les jours qui viennent, a-t-elle ajouté.
Selon la presse,
l’amnistie pourrait aussi bénéficier à certains participants à une
manifestation contre Vladimir Poutine en mai 2012, inculpés pour des heurts
survenus avec la police.
ATS/LDT
ATS/LDT
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