Chaque petite corporation y va de son refrain,
manipulée par les médias, organisée par le patronat et le MEDEF, financée par
le Droite dure et catholique (et oui les cars de manifestants cela coûte) ils
découvrent la rue. Gros agro-managers du Centre de la France, éleveurs inutiles
de chevaux, de chats et de chiens, camionneurs pollueurs, prostituées, etc…Tous
les frustrés , les battus , les sur-subventionnés, les avides et les
pessimistes chroniques lancent des frondes contre la République. A quand les entrepreneurs, qui placent leur
fric en Suisse ou dans des Paradis Fiscaux, dans la rue (2000 milliards
échappent au Fisc en Europe). Contre les solidarités obligées, contre un
gouvernement hésitant, contre une transition énergétique indispensable, contre
l’égalité des droits, contre les loups,
contre les Rooms, contre le mariage pour tous, contre…Contre tous ces
conservatismes, racismes et autres pulsions
réactionnaires…notre devoir de conscience nous condamne à l’engagement, ici
et maintenant, avant que l’Histoire ne se répète.
Albert Idelon, La Chapelle
en Vercors.
Nous revenons sur les causes de la crise bretonne
dite des "Bonnets Rouges", qu'il s'agisse d'abattoirs ou de poulets.
Il évoque cette filière agro-alimentaire hier gavée de subventions européennes,
qui voit cette manne céleste se tarir. "Si les abattoirs ferment les uns après les autres en Bretagne,
c’est parce que cette filière ne fonctionnait que par les aides de
l’Europe", rappelle les petits paysans.
De plus, "pendant des
années, les chambres d’agriculture des départements bretons ont défendu
l’indéfendable. Tous les rapports avaient démontré que les choix directeurs de
l’agro-alimentaire en Bretagne étaient voués à un suicide final. Il faut dire
que des industriels de la bouffe comme le groupe Doux ont largement rempli
leurs poches avant de mettre la clé sous la porte."
Les politiques n'ont pas
été choqués par les aides européennes : "On imagine que les pourfendeurs
de l’assistanat sous toutes ses formes auraient dû hier et devraient encore
aujourd’hui s’en indigner. Eh bien non, l’agriculture assistée bretonne leur va
bien. L’UMP adore, le PS ne déteste pas, même le FN y voit un poujadisme
agraire bien compris.
De plus, il faut un jour ou
l'autre payer cette fuite en avant : "Les dégâts collatéraux en sont
énormes : l’environnement, d’abord, avec la pollution des sols, des eaux et des
plages par les algues vertes, qui nous vaut des condamnations méritées de
Bruxelles et une belle image de salopards, le social ensuite, car la fin
annoncée de ce modèle économique laisse effectivement une situation
catastrophique pour plusieurs milliers de gars, sans compter les emplois
induits." A.I.
Vive l’impôt : Pourrions-nous
refaire la même couverture qu’en 2001 ? Téméraire, en ces temps de
« jacquerie fiscale ». Nous nous heurterions à toutes les oppositions
possibles, la moindre n’étant pas celle des élus socialistes de Bretagne. À l’époque où nous osions ce titre, le niveau des
prélèvements obligatoires n’atteignait pas ces 46,5 % prévus pour
2014 ; et pourtant – déjà – cela coinçait. Il s’agissait, déjà,
de lutter contre les déficits et de rappeler à quoi sert l’impôt. Étudiant, malade, usager de la route,
citoyen protégé par la police, par l’armée et par la justice, nous avons
tendance à oublier qu’il nous arrive de recevoir, et pas seulement de payer.
Peu d’élus se hasarderaient aujourd’hui à le rappeler.
Politiquement parlant, les révoltes fiscales sont
toujours vénéneuses, et le plus souvent mortelles. On comprend donc que Jean-Marc Ayrault ait retiré
l’écotaxe sur les poids lourds. Mais des sommets d’inconséquence ont été
atteints. Cette contribution que la gauche retire sous les ricanements de la
droite et les justifications embrouillées de son inventeur, Jean-Louis Borloo,
la droite l’avait imposée et la gauche, approuvée. Désormais, chacun semble se
soucier comme d’une guigne du milliard de ressources qu’il va falloir trouver
ailleurs et de l’indispensable investissement dans les transports propres.
Inconséquence, vraiment ; on ne trouve pas d’autre mot.
Vive l’impôt, pourtant ! C’est le
seul cri que puisse pousser un peuple attaché à un haut niveau de protection
sociale, mais aussi à des services publics gratuits et puissants. Le
courage politique exigerait que l’on rappelle aux citoyens qu’eux aussi devront
bien prendre leurs responsabilités. On peut souhaiter limiter le rôle de l’État
et laisser la plus grande place possible aux initiatives individuelles :
c’est le modèle libéral ; il convient à certains peuples, notamment aux
Américains. On peut tout aussi bien vouloir disposer d’un système reposant sur
la solidarité et l’effort collectif : c’est le modèle social-démocrate,
cher aux Scandinaves. Mais on ne peut pas vouloir les deux à la fois : moins
d’impôt et plus de collectivité et de protection. De la même manière, on ne
peut exiger du gouvernement qu’il agisse sur les déficits publics sans toucher
ni aux dépenses ni aux recettes.
Il n’y aurait pas de révolte des contribuables sans
l’incroyable illisibilité fiscale à laquelle nous sommes parvenus. Si le gouvernement se montrait capable de
présenter et d’assumer un véritable plan de réforme des dépenses publiques. Et
s’il savait vraiment ce qu’il veut faire en matière de taxes. Trop d’impôt tue l’impôt.
Mais trop d’impôts mal défendus et trop peu compréhensibles n’arrangent pas les
choses. L’accumulation de réformettes et de demi-mesures prétendument habiles
prouve certes le génie créatif de nos technocrates. Mais elle donne une
impression d’arbitraire, de bricolage ou de brigandage d’État. Le résultat
– si l’on ose dire – est là : plus personne ne sait pourquoi
l’impôt est prélevé. Faute de réforme de l’État, chacun peut avoir le sentiment
que l’on jette sa contribution dans un puits sans fond.
Pendant la campagne
présidentielle, François Hollande avait lancé sa fameuse proposition de taxe
à 75 %, surprenant tout le monde, y compris son entourage. On
connaît la suite. Il a aussi laissé un peu facilement croire qu’en faisant « payer
les riches », on aurait vite résolu les problèmes de la France. On mesure
où nous en sommes. Mais il avait annoncé une grande réforme fiscale. Cette
idée, nous l’avions ici applaudie. Il est à craindre que le débat soit reporté
à la prochaine échéance présidentielle. En attendant, il ne reste qu’à naviguer
à vue sur une mer de refus et de révoltes.
J.P. Denis
Je m’y voyais déjà.
J’allais pousser un cri libérateur et fracassant, réhabilitant l’impôt.
J’allais faire rendre gorge aux pleurnicheurs du troisième tiers, dénicher les
Jacquouille la fripouille derrière les postures antigabelles des Jacquou le
croquant, sermonner ces rapiats aux poches emplies d’oursins sauf quand il
s’agit de s’offrir le dernier Samsung Galaxy.
J’allais bramer «Vive
l’impôt !» et cela perforerait le tympan des «persécutés» de Bercy, petits
patrons, professions libérales, commerçants déclinants que le Point vénère
comme les premiers des matraqués, les derniers des révoltés.
Un peu comme dans le
Tambour, mon cri venu de l’intérieur fissurerait le cristal du «ras-le-bol
fiscal» et remettrait un peu de plomb social dans le cervelet libéral de Mosco.
Ma gueulante solitaire disperserait les cendres des renoncements hollandais et
ferait renaître le phénix de la gauche partageuse.
J’allais hurler «Vive
l’impôt !», réhabiliter Bernard Arnault revenu à de meilleurs sentiments envers
la cause et la caisse commune. J’allais embrocher le gros Gégé, fourgueur de
sangliers à ses amis les Belges et roi du bras d’honneur à son cher et vieux
pays. Et je n’aurais garde d’oublier une petite vacherie à l’intention de
Johnny H., éternel satellisé qui ne sait plus trop où il cotise, mais le
moins possible en France.
J’allais relancer ma
grande croisade médiocrement suivie, intitulée «à poil les patrimoines», afin
que tout un chacun, et pas seulement les politiques, accepte de publier l’état
de ses avoirs et le détail de ses rentrées.
J’ai ouvert la porte de
l’appartement et on m’a fait savoir que le lave-vaisselle venait de rendre
l’âme. Ensuite, j’ai vite vu qu’un courrier m’attendait, jeté en travers du
coussin élimé du fauteuil en velours rouge. Cela venait de la direction
générale des finances publiques et je me doutais bien que je n’étais pas le
seul contribuable à recevoir ce genre de missive. Mais vu que je me préparais à
défendre la ponction généralisée, j’étais assez confiant.
J’aurais dû me méfier. On
était le 11 septembre et c’est une date maudite. Coup d’Etat fasciste au
Chili, attentat islamiste à New York, Pinochet, Ben Laden, alliés pour
l’éternité numérologique…
J’ai ouvert l’enveloppe et
j’ai fait «gloups». L’augmentation tutoyait les 35%. Il est vrai que mes
revenus 2012 avaient grimpé de 10%, je ne sais trop pourquoi, quelques droits
d’auteur oubliés avant disparition de ce genre de rétribution, quelques cours
en école de journalisme effectués avant dissolution du métier. Mais 35%, quand
même, ça exagérait.
Jonglant avec ses écrans,
le nez sur le JT de TF1, mon fils qui venait d’entrer en terminale et qui se
rêvait déjà en start-upper plein aux as, a ricané : «Hé, hé, t’as voté Hollande
? Bien fait ! T’as que ce que tu mérites. C’est Sarko, que tu vas regretter !»
Et le petit salopiaud
assez provo qui ne déteste pas asticoter la génération flageolante et faire
bisquer la gauche divine, d’insister, tenant assez cynique d’une philosophie
débutante : «L’homme recherche le profit. C’est dans sa nature.»
J’écumais. J’aurais voulu
me lancer dans une apologie de l’impôt redistributeur, lui faire valoir que
l’éducation, la santé, les infrastructures ont un coût. J’aurais voulu lui
expliquer que les riches eux aussi ont été nourris au lait de la tendresse
familiale et nationale et qu’ils se foutent de la gueule du monde quand ils
jouent les affranchis qui ne doivent rien à personne et tout à leurs mérites.
J’aurais voulu lui dire
que ce brave vivre-ensemble valait bien quelques sacrifices, que la France
était encore une vache grasse et cupide, et qu’on pouvait la traire sans
qu’elle fasse caille-kaï.
L’ennui, c’est que les
mots me sont restés coincés sous la pomme d’Adam. Car, je n’ai toujours pas
digéré les revirements de mon camp. Je suis furieux de cet assujettissement à
l’austérité européiste, de ces facilités accordées aux patrons, de cette
incapacité à partager le travail, de ces démangeaisons sécuritaires, sans
parler de cette compulsion guerrière. Et puis, il y a cette incapacité à
engager la réforme fiscale imaginée par Piketty, à étriper la rente et à
prélever à la source.
J’ai repris ma feuille
d’impôts. Râleur bobo, j’ai grommelé contre le quotient familial raboté, les
emplois à domicile rechargés, les niches très coucouche panier. Et puis, j’ai
détaillé mon taux d’imposition : 9,54%, avec deux enfants à charge. Avec les
impôts locaux, ça tournera autour de 14- 15% des revenus. Allez, 850 euros par
mois ne valent pas abjuration des convictions, ni demande de conseil à Cahuzac
pour ouverture d’un compte en Suisse.
J’ai soupiré un grand
coup, certain que ce serait pire en 2014, et j’ai braillé : «Non à la pause
fiscale ! Vive l’impôt !» Ensuite, on est passé à plus important. Miele ou
Bosch, pour le lave-vaisselle ?
Luc LE VAILLANT
Comment promouvoir le civisme
fiscal ? En cherchant la justification de l’impôt dans la
légitimité du système de redistribution des richesses. Un point de vue,
Philippe Van Parijs,philosophe (Louvain, Chaire Hoover d’éthique économique et
sociale) .
Il m’est arrivé plus d’une
fois, en circulant aux Etats-Unis, d’être interrogé sur le montant des impôts
que je payais. Lorsque je leur en donnais le chiffre, mes interlocuteurs
ouvraient des yeux ronds. Lorsque j’ajoutais le montant approximatif des
cotisations sociales et de la TVA, ils en tombaient assis par terre. Et si je
voulais les achever, j’ajoutais encore que, loin d’en être honteux, j’en étais
fier. C’est sans doute un peu trop demander que d’attendre de tout contribuable
qu’il soit prêt, en toutes circonstances, à tenir des propos aussi fanfarons.
Mais je suis convaincu que notre capacité collective à éviter un effondrement,
ou du moins un affaissement graduel, du maximin soutenable exige de la part
d’un nombre suffisant de contribuables une adhésion suffisamment forte à la
légitimité d’un système redistributif dont ils sont, à tout le moins en
apparence, les victimes.
Quelles sont les
conditions d’une telle adhésion ? D’abord une prise de conscience du degré
auquel les titulaires de revenus élevés doivent leur fortune à des contingences
historiques bien plus qu’à leurs qualités, à leurs choix et à leurs efforts
personnels. Il est bien plus correct d’interpréter une taxation prévisible
comme un droit d’usage à payer sur des possibilités que nous n’avons nullement
contribué à créer, que comme le prélèvement d’une part des fruits de notre
travail. Tout ce qui peut contribuer à faire prévaloir cette perception plus
correcte sur l’illusion prédominante (“ L’Etat vient prendre l’argent que je
dois à mon seul effort. ”) ne peut que faciliter le civisme fiscal.
Ensuite, il est clair que
celui-ci ne peut qu’être encouragé par la confiance que chacun peut avoir dans la
capacité du système fiscal à détecter et imposer impartialement les revenus de
tous les autres. La transparence est pour le civisme d’un précieux appoint. Le
jour où tous les débiteurs de revenus — du capital comme du travail, à
l’étranger comme en Belgique — seront strictement tenus de notifier tout
paiement à l’administration fiscale compétente, la tâche du contribuable
civique ne s’en trouvera pas seulement facilitée matériellement. Elle sera
aussi rendue moralement moins onéreuse du fait que, bien plus qu’aujourd’hui,
il pourra raisonnablement croire qu’il n’est pas le seul à payer son dû.
Enfin, le potentiel d’un
civisme fiscal dépend aussi crucialement de la confiance que les contribuables
pensent pouvoir placer dans la compétence et l’intégrité de ceux qui, aux
divers niveaux (et surtout aux niveaux les plus visibles) sont chargés de
prélever, de répartir ou d’utiliser le produit de l’impôt. Il n’y a pas de
raison de supposer que mandataires politiques et fonctionnaires soient moins
honnêtes que la moyenne des citoyens. Mais il y a de bonnes raisons d’attendre
d’eux qu’ils le soient davantage. Le pouvoir judiciaire indépendant et la
presse libre de nos sociétés démocratiques jouent ici un rôle essentiel mais
délicat. Pour sanctionner et ainsi décourager les usages malhonnêtes ou
gaspilleurs des fonds publics, il importe qu’ils les pourchassent et les
épinglent. Mais en leur assurant la publicité sans laquelle ces usages ne
peuvent être politiquement sanctionnés, ils entretiennent dans l’opinion publique
une méfiance qui ne facilite pas le civisme fiscal...
Tout ce qui peut
contribuer à modifier dans le sens indiqué la perception intellectuelle de
l’impôt, à accroître la transparence du revenu imposable, à renforcer
l’intégrité et la compétence des décideurs publics ne peut que favoriser ce
civisme fiscal dont nous ne pourrons nous passer. Car même si nous parvenons à
éviter la dislocation de la capacité redistributive de notre Etat fédéral au
nom de l’autonomie fiscale, même si nous parvenons à regagner, en la hissant au
niveau européen, une part de la marge de manœuvre que la mondialisation nous
fait perdre, même alors il sera précieux de pouvoir compter sur un nombre
suffisant de personnes productives et efficaces qui adhèrent suffisamment au
projet de solidarité du pays dans lequel le hasard les a fait naître ou
s’établir, pour qu’ils fassent fi des possibilités toujours plus vastes que la
mondialisation leur offre de receler une portion importante de leurs revenus ou
de trouver sous d’autres cieux des revenus nets plus importants.
Même alors il sera
important de pouvoir compter sur un nombre suffisant de citoyens aisés qui
pourront contempler sans suffoquer l’ampleur de la (para)fiscalité qui grève et
grèvera légitimement toujours plus leurs revenus, sur un nombre suffisant de
contribuables qui oseront clamer, ou du moins murmurer, sans s’étrangler :
“ Vive le fisc ! ”.
Source :
Ce point de vue est la
conclusion d’un texte que l’on trouvera également sur le site de l’Observatoire
des inégalités. Cet article avait été préparé dans le cadre du projet PAI P4/32
« The new social question » des Services du Premier ministre du
gouvernement fédéral belge, Affaires scientifiques, techniques et culturelles.
Des versions antérieures en ont été publiées dans le Bulletin de documentation
du Ministère des finances (Bruxelles) 60 (2), 2000, pp. 25-48, et dans la revue
Mouvements (Paris) 9/10, 2000, pp. 90-99.
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inégalités - (voir les modalités des droits de reproduction)
Soutenir l'Observatoire des inégalités
Attention, l’épouvantail
du travailleur roumain est planté Bretagne. Par un parti nationaliste ? Un
groupe de salariés en colère ? Non. Par le Journal Le Parisien. La semaine dernière, le quotidien
faisait sa une sur les négriers de l’intérim. Prenant comme prétexte
l’actualité bretonne – les abattoirs Gad
ferment trois sites de production et embauchent dans le même temps des
intérimaires roumains – Le Parisien dénonçait cette concurrence déloyale.
Point d’orgue de la démonstration : une
fiche de paye qui prouve que les Roumains sont payés 557,82 € net par mois.
Le mal est fait : les salariés roumains nous piquent notre boulot. Pourtant,
entre bourde et amalgame se cache un vrai sujet, celui des salariés détachés
venus des pays de l’Union européenne, une pratique autorisée par une directive
permissive qui donne lieu à de nombreux abus.
A.I.
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