Le féminisme ne fait plus mauvais genre : Trois
femmes sur quatre pensent que le féminisme a encore un sens en 2013.
SONDAGE - Trois Françaises
sur quatre pensent que c'est un concept qui a encore du sens aujourd'hui, selon
le troisième et dernier volet de l'Observatoire «Dans le miroir des femmes», Terrafemina
publié ce jeudi...
Le féminisme, un combat
d’arrière garde? Pas sûr. Alors que pendant des lustres, il était de bon ton
chez les femmes de commencer ses phrases par: «Je ne suis pas féministe, mais… »,
le vent pourrait bien être en train de tourner. 75% des femmes françaises
interrogées dans cette nouvelle étude estiment en effet que le «féminisme a
encore un sens». Parmi elles, 50% affirment même «qu’il reste des
inégalités à combattre». «On a été surpris par l’ampleur de ce résultat: même
si cette perception globalement positive n’équivaut pas un engagement,
cela montre que ce n’est pas un simple féminisme symbolique en souvenir
des batailles passées mais bien que la lutte a toujours lieu d’être», souligne
Nicolas Fert, chargé d’étude sénior au Pôle Opinion du CSA.
«Des inégalité encore plus injustifiables»
«Qu’autant de femmes
reconnaissent que le féminisme agit pour le progrès et l’émancipation des
femmes est une nouveauté et une vraie avancée, car longtemps le terme féminisme
fonctionné comme un vrai repoussoir, une idée qui faisait mauvais genre»,
réagit Margaret Maruani, directrice de recherche au CNRS, responsable du réseau
de recherche Mage (marché du travail et genre). Mais pour elle, ce retour
de flamme est assez cohérent
avec le sentiment d’inégalité professionnelle exprimé dans le reste de l’étude*:
«Comment expliquer que les femmes aujourd’hui aient des salaires moindres (27%
inférieurs à ceux des hommes), et des carrières moindres (seuls 40% des emplois
cadres sont occupés par des femmes), et qu’une majorité d’entre elles occupent
des emplois dans le salariat d'exécution sous-payé, qu'elles soient plus
souvent à temps partiel ou au chômage alors qu’elles sont plus diplômées que
les hommes et qu’elles ont les mêmes trajectoires professionnelles continues
qu’eux-mêmes quand elles ont des enfants?» s’interroge la spécialiste. «Aujourd’hui,
les inégalités entre les hommes et les femmes se sont pas plus importantes,
mais elles sont encore plus injustifiables et illégitimes qu’auparavant»,
explique-t-elle.
La perception de leur corps par les femmes varie en
fonction de leur classe sociale
Ainsi, 74% des femmes
cadres et professions libérales estiment que leur corps constitue une part de
leur identité, contre seulement 54% des employées et des ouvrières.
Un écart de perception
s’expliquant par le fait que les femmes de catégorie sociale supérieure sont
les plus satisfaites de leur corps (58%), tandis que les ouvrières expriment un
rapport plus compliqué à celui-ci (32% en sont mécontentes). «Or, dans une
société ou l’impact de l’apparence physique est croissant, le corps ne peut
être source d’identification que si on le trouve beau», souligne le sociologue
Jean-François Amadieu, notamment spécialiste des déterminants physiques de la
sélection sociale. «Les ouvrières et les employées dépensant généralement moins
d’argent et de temps pour entretenir leur corps, elles le jugent souvent plus
sévèrement et ne veulent pas s’identifier à lui. Elles préfèrent se définir par
leur maternité, leur appartenance à une région…», souligne le sociologue.
Plus grave: 22% des
ouvrières considèrent même leur corps comme unhandicap dans leur quotidien.
«Elles savent qu’une apparence physique non conforme aux canons en vigueur se
paye sur le marché du travail», analyse Jean-François Amadieu, qui cite le
dernier baromètre du Défenseur des Droits publié en janvier dernier, où
l’apparence physique apparaissait à la sixième place des facteurs de
discrimination. A contrario, 23% des cadres perçoivent leur corps comme un
atout et 36% comme un critère important de reconnaissance. «Ces dernières sont
sans doute plus influencées par le diktat de la beauté véhiculé par les médias
et la publicité. Elles ont aussi conscience du rôle joué par l’apparence non
seulement pour trouver un conjoint, mais aussi pour faire carrière».
La réalisation décomplexée des femmes
Selon un sondage de
l’Observatoire Terrafemina réalisé par CSA, l’ambition n’est plus taboue chez
les femmes, surtout chez les plus jeunes…
Exit le temps où les
femmes n’affichaient pas leur ambition, par crainte d’apparaitre comme des
carriéristes sans scrupules. Selon un sondage de l’Observatoire Terrafemina,
l’ambition apparait comme un trait de caractère connoté plutôt positivement
chez les femmes.
D’ailleurs, la moitié
d’entre elles se définissent comme ambitieuses. Une proportion encore plus
forte chez les plus jeunes: 69% des
18-24 ans et 63% des 25-34 ans, à l’opposé des 50 ans et plus (40% pour les
50-64 ans). «Cela s’explique par un changement des mentalités, qui a démarré
dans les années 80 où l’argent et la réussite ont été valorisés dans la
société», souligne Agnès Balle, directrices des études à l'institut CSA.
Le travail mené par les
grands groupes depuis une dizaine d’années sur l’égalité professionnelle et la
promotion des femmes dans l’entreprise a aussi également joué un rôle dans
cette évolution. La preuve: 69% des femmes cadres se définissent comme
ambitieuses et veulent désormais jouer à armes égales avec les hommes en
entreprise.
Pas prêtes à tous les compromis
Pour autant, les
femmes ne semblent pas concevoir l’ambition comme un enjeu de pouvoir.
Car pour 40% des sondées et même pour 55% des cadres, leur premier souhait sur
le plan professionnel est de s’épanouir et 20% d’entre elles veulent surtout
que leur travail leur permettent de préserver leur vie privée. «Pour la
majorité d’entre elles, le travail est un facteur d’équilibre. Mais elles ne
sont pas prêtes à tout sacrifier à leur ambition, qui ne doit entraver personne
d’autre qu’elles mêmes », décrypte Agnès Balle.
Ainsi, si 55 % des femmes
se déclarent prêtent à des sacrifices pour réaliser leurs ambitions, 28 %
d’entre elles choisissent de rogner sur une partie de leur temps libre. En
revanche, très rares sont celles qui sont prêtes à renoncer à des moments
partagés avec leur conjoint ou leurs enfants. Ambitieuses oui, mais pas à tous
prix.
Pas si facile d'être une
femme libérée en 2013
Dans le troisième et
dernier volet de l'Observatoire «Dans le miroir des femmes», «20
Minutes»-CSA-Terrafemina, les Françaises dressent un portrait contrasté de leur
statut social en 2013...
Etre une femme c’est bien,
mais être un homme parfois, c’est mieux… Même en 2013! C’est ce que révèle le
troisième sondage de Terrafemina publié ce jeudi. Ainsi, si 70% des Françaises
interrogées assurent qu’elles n’auraient pas aimé être un homme, seule une
femme sur deux déclare aujourd’hui se sentir «aussi libre qu’un homme».
Et 44% affirment même que leur sexe «a été un frein dans leur vie
professionnelle», 24%« dans leur vie sociale». «C’est extrêmement élevé»,
souligne Nicolas Fert, chargé d’étude sénior au Pôle Opinion de CSA. «Cela
démontre la dualité de notre société, où les femmes sont satisfaites de leur
identité mais lucides sur les inégalités liées à leur condition sociale dans un
contexte qui reste plus favorable aux hommes et notamment dans le monde
du travail», ajoute-t-il
Au travail, avantage aux hommes
Leur perception des
avantages relatifs à être femme ou homme aujourd’hui en France le confirme: 41%
des Françaises qui aiment être femmes apprécient avant tout le fait
de «pouvoir enfanter», 30% le sentiment «d’appartenir à une génération qui
fait évoluer le droit des femmes», 29% «la possibilité de cumuler les rôles de
mère, de compagne et de professionnelle» et 28% la capacité «d’assumer sa
féminité». A l’inverse, parmi les 17% de femmes qui auraient préféré être un
homme, 31% formulent ce souhait «pour être mieux payées», 26% pour
«accéder plus facilement à des postes à responsabilité», 24% «pour être moins
jugées sur leur physique» et 18% «pour avoir une pression sociale
moindre dans la gestion de la vie familiale».
«Ces résultats ne sont pas
surprenants: quand on sait que seule une minorité de femmes occupe
des emplois prestigieux, bien payés et donc valorisants alors qu’une
majorité travaille dans des secteurs précaires et souvent à temps partiel, on
comprend facilement qu’elles se sentent avant tout valorisées dans leur rôle de
mère», analyse Azadeh Kian, professeure de sociologie et directrice du Centre
d’Enseignement, de Documentation et de Recherches pour les Etudes féministes
(CEDREF) de l’Université Paris-Diderot. Sans surprise, les femmes ouvrières
sont ainsi plus nombreuses à regretter ne pas être un homme (22%, contre 17%
pour l’ensemble des femmes) tandis que les femmes cadres sont 22% à ne pas se
sentir vraiment différentes en tant que telles (contre seulement 14% au
global).
«Malgré la nécessité de
l’égalité des droits’, ce sondage confirme que les inégalités sont toujours
bien là, entre les hommes et les femmes mais aussi entre les femmes
elles-mêmes. C'est-à-dire entre celles qui pensent avoir le pouvoir et se
sentent libres et valorisées dans leur corps, dans leur vie personnelle et
professionnelle et celles qui ont les mains liées au travail et à la maison et
subissent certaines contraintes liées à leur sexe dans leur rôle de mère,
épouse, employée précaire. Et il est important de dire que toutes ces
inégalités ne sont pas normales, surtout pour les jeunes générations», souligne
cette spécialiste.
Lire aussi le dossier de Terrafemina.com
*«Qu’est-ce qu’être une femme en 2013», sondage réalisé par l’Institut CSA par
Internet du 29 octobre au 7 novembre 2013 auprès d’un échantillon de
1.054 femmes âgées de 18 ans et plus, issues d’un échantillon national
représentatif de 2.015 Français âgés de 18 ans et plus, résidant en France,
constitué d'après la méthode des quotas (sexe, âge et catégorie
socioprofessionnelle), après stratification par région et taille
d’agglomération.
Die et z’elles
26150 Die
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire