Closer, le Monde Diplo et Télé 7
Jours : lancer le débat sur les aides à la presse (Tribune Mediapart) :
«Closer», combien de subventions ?
Tribune publiée sur Mediapart le 11 janvier
2014
Alors que j'étais plongée
dans la lecture d'un article du Monde Diplomatique sur le Japon, que vois-je
là, dans l'edito... Mince, sérieux ? Télé 7 Jours favoriserait 38 fois
plus la « libre communication des pensées et des opinions » que Le
Monde Diplo ? Intriguée, je remonte à la source et de fait. La lecture des
chiffres 2012 des aides à la presse est très instructive.
On y apprend ainsi que pour dévoiler les amours secrètes du Président de la République,
Closer reçoit 558 000 euros de la part de l’État. On ne sourit pas.
Plus sérieusement, juste
pour savoir : qu'est-ce qui justifie l'attribution de ces fonds publics à
Auto-Moto ou à Mieux vivre votre argent ? Je ne suis pas une experte du
monde professionnel des médias, mais je suis élue de la République. Et à la
Région, je peux vous dire qu'avec ma camarade du PG, Elisa Martin, on épluche
tous les dossiers de subvention en se posant à chaque fois la même
question : où doivent aller les fonds publics, l'impôt de nos
concitoyen-ne-s ? Dans certains cas, c'est facile. Pour
STMicroelectronics, entreprise de droit hollandais dont le siège est en Suisse,
qui dégage 830 millions de résultat net et licencie un peu partout dans le
monde, la subvention de 25 millions, pour nous c'est non. D'autres fois c'est
plus délicat, il faut peser l'intérêt général, l'utilité d'attribuer une aide,
estimer à quoi ça sert, si c'est utile, ce qui se passerait si on ne la versait
pas, tout en essayant de ne pas faire de la Région un palliatif aux déficiences
de l’État. C'est le cas pour les hôpitaux de proximité, avec des maternités
menacées par la tarification à l'acte (T2A) et la loi HPST dite Bachelot, que
le gouvernement avait promis d'abroger et qui continue d'étrangler les petits
établissements de santé comme chez moi, dans le Diois. Évidemment c'est du
ressort de l’État, garant des solidarités et de la santé publique, mais on ne
peut pas les laisser crever comme ça. Alors on vote pour, tout en rappelant le
gouvernement à ses responsabilités.
Bref, pour en revenir aux
aides à la presse : en quoi Télé 7 Jours (7 millions d'euros d'aides
publiques), Télé Star (5 millions), Télé Loisirs (4,5 millions), Télé Z (3,7
millions), Télé Câble (3,3 millions), Télé Poche (1,7 million), Télé 2 semaines
(1,2 million), TV Grandes chaînes (1 million) et Télé Magazine (0,2 million)
contribuent-ils à l’intérêt général ? Pour près de 28 millions d'euros
tout de même... 28 millions d'euros, tiens, c'est aussi le montant de l'amende imposée par l'Union européenne pour entrave à la
concurrence au « cartel de la crevette ». Sûr que là, la pluralité du
programme télé est assurée.
28 millions d'euros...
Quand on passe notre temps à entendre le discours euro-libéral débordant
d'austérité du président Hollande et les appels à se serrer la ceinture ?
Alors qu'on nous annonce une hausse
de la TVA pour réduire les déficits publics et répondre à l'injonction
de la « règle d'or » de la Commission européenne ? Sérieux, 28
millions d'aides publiques pour connaître les programmes télé, à l'ère de l'Internet ?
Internet parlons-en
d'ailleurs, car il ne se trouve curieusement que très peu de sites
d'information en ligne dans ce tableau des aides à la presse : epresse.fr, 20minutes.fr et slate.fr. Quant à Mediapart, Terra
Eco ou Arrêt sur Images (qui
explique pourquoi il dit non aux aides), le gouvernement s'en occupe d'une
autre manière, en leur envoyant des contrôles fiscaux. La raison ?
Tous ont pris la décision, au sein du Syndicat de la presse indépendante
d’information en ligne (SPIIL) d'appliquer le taux réduit de TVA de 2,1 %,
le même que celui de la presse imprimée. L’administration fiscale, elle, veut
leur imposer un taux de 19,6 %, comme d'autres services en ligne. Donc, si
on récapitule : Télé 7 Jours c'est de l'information à subventionner avec
un taux de TVA réduit, Mediapart c'est du service en ligne. Ah.
Avec une recherche rapide
sur Internet, on se rend compte que 28 millions d'euros, c'est aussi ce qu'a perçu David Beckham pour faire de la publicité, via
ses sponsors, entre juin 2011 et 2012, selon le magazine américain Forbes. Ou
encore, c'est le montant qu'un Canadien a gagné à la loterie avant de décider de tout
reverser à des œuvres caritatives.
Voilà comment d'un article
sur la bataille du Pacifique, percutée par une actualité de brève de comptoir,
on s'en retrouve au cocktail télé, charité, publicité, loto et foot-business.
Panem et circenses. On n'en sort donc jamais ?
Corinne Morel-Darleux
Nota 1 : Montants
des aides publiques à la presse
Le journal Le Monde a
publié tous les montants des aides publiques à la
presse. Tous, sauf le montant
des subventions au Monde, évidemment.
En 2012, les journaux dont
la pub ne dépasse pas 25% des recettes totales ont reçu 9 millions d’euros
d’aides publiques. Ces journaux ont généralement une orientation politique ou
religieuse marquée.
Ainsi, l’Humanité a reçu 3
millions d’euros d’aides publiques à la presse en 2012, La Croix, 2,949
millions et Libération 2,875 millions. Le quotidien d’extrême-droite Présent a
quant lui touché 227 000 euros d’aides publiques à la presse en 2012.
Le Monde, qui a publié ces
chiffres, s’est bien gardé de préciser le montant de l’aide publique qui lui
était accordée. Et l’on comprend mieux pourquoi: en 2010, le Monde, 2ème
journal le plus subventionné par l’Etat derrière Le Parisien, avait bénéficié
de 17 millions d’euros d’aides publiques.
Le Monde a récemment reçu
480 000 euros de subventions dans le cadre de l’opération « Mon journal
offert », qui offre des abonnements aux jeunes lecteurs. Le Monde a
également réclamé 1,5 million d’aides publiques supplémentaires pour baisser
son prix de vente à l’étranger… De quoi faire jalouser ses concurrents.
Le montant total des aides
publiques à la presse s’élève à 516 millions d’euros en 2013.
source: arretsurimages.net
- Nota 2 : Classement
des aides à la presse
La ministre de la Culture Aurélie Filippetti
envisage de réformer le système d’attribution des aides à la presse pour mettre
en place une aide sélective.
Aurélie Filippetti souhaiterait ainsi privilégier les subventions aux journaux
d’information « citoyenne » au détriment des aides à la presse
loisir. Actuellement, de nombreux journaux et magazines loisirs bénéficient
d’importantes subventions à […]
La ministre de la Culture
Aurélie Filippetti envisage de réformer le système d’attribution des aides à la
presse pour mettre en place une aide sélective.
Aurélie Filippetti
souhaiterait ainsi privilégier les subventions aux journaux d’information
« citoyenne » au détriment des aides à la presse loisir.
Actuellement, de nombreux
journaux et magazines loisirs bénéficient d’importantes subventions à la
presse, alors que d’autres journaux d’information sont moins généreusement
subventionnés. En effet, 5 hebdomadaires
télé (sans intérêt) figurent parmi les 30 journaux les plus subventionnés en
2011. Avec une subvention de 7,288 millions d’euros, Télé 7 jours est la
9ème parution la plus subventionnée en France.
Voici le classement de toutes les aides
à la presse en 2011
- Le Monde : 16 932 067
euros de subvention
- Le Figaro : 15 990 740
euros de subvention
- Ouest France : 14 108
028 euros de subvention
- La Croix : 10 437 334
euros de subventions
- Télérama : 9 533 479
euros de subvention
- Libération : 8 971 182
euros de subvention
- Le Nouvel Observateur :
7 917 224 euros de subvention
- L’Express : 7 621 766
euros de subvention
- Télé 7 jours : 7 288 021
euros de subvention
- Aujourd’hui en France :
6 777 475 euros de subvention
- Sud Ouest : 6 707 844
euros de subvention
- L’Humanité : 6 259 222
euros de subvention
- Paris Match : 5 359 329
euros de subvention
- La Nouvelle République
du centre ouest : 5 171 578 euros de subvention
- A2 presse : 4 868 424
euros de subvention
- Télé Star : 4 790 124
euros de subvention
- La Voix du Nord : 4 546
741 euros de subvention
- Le Point : 4 543 178
euros de subvention
- Télé Loisirs : 4 411 904
euros de subvention
- La Dépêche du Midi : 4
038 548 euros de subvention
- Le Dauphiné libéré : 3
927 893 euros de subvention
- Newsprint SAS : 3 900
000 euros de subvention
- Syndicat de la
presse quotidienne nationale (SPQN) : 3 771 080 euros de subvention
- Les Échos : 3 753 737
euros de subvention
- La Montagne : 3 747 371
euros de subvention
- Télé Z : 3 745 212 euros
de subvention
- Télégramme : 3 739 454
euros de subvention
- Télécâble Sat hebdo : 3
324 771 euros de subvention
- Le Petit Quotidien : 3
298 437 euros de subvention
Source: lepoint.fr
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