Amazonie : la présidente du Brésil met son véto sur la déforestation
Des plantations au milieu de la forêt amazonienne, dans l'Etat du Mato Grosso, fin 2011. (Photo Paulo Whitaker. Reuters)
A un mois du sommet sur le
développement durable Rio+20, la présidente brésilienne Dilma Rousseff a mis
vendredi un veto partiel à une loi controversée réclamée par le puissant
secteur agricole mais qui, selon les écologistes, risquait de provoquer une vague
de déforestation en Amazonie.
«La présidente de la
République a décidé de mettre plusieurs vetos au projet de loi sur le code
forestier», a dit l’avocat
général de l’Etat, Luis Inacio Adams lors d’une conférence de presse.
La ministre de
l’Environnement, Izabella Teixeira, a expliqué que le gouvernement refusait
d’amnistier ceux qui avaient déboisé illégalement dans le passé, voulait
préserver les petits propriétaires, obliger les fermiers à reboiser et ne pas
réduire les zones protégées en Amazonie, la plus grande forêt tropicale au
monde considérée comme le poumon vert de la planète.
Avec 5 millions de km2,
les forêts tropicales couvrent 60% du Brésil.
Les dispositions les plus
controversées de la nouvelle loi portaient sur l’amnistie des auteurs de coupes
forestières illégales et l’autorisation pour les fermiers de s’installer dans
les zones défrichées avant juillet 2008.
L’annonce du veto partiel
de Dilma Rousseff a été accueillie avec scepticisme par les défenseurs de l’environnement
qui demandaient à la présidente de refuser l’ensemble du texte. «La société
brésilienne et du monde entier voient un pays qui continue à jouer avec
l’avenir de ses forêts», a dit la responsable du World Wildlife Fund (WWF) pour
le Brésil, Maria Cecilia Wey de Brito.
«Nous avons accueilli
avec préoccupation l’annonce du veto partiel parce qu’il nous semble que la
plus grande partie des points les plus dangereux pour l’environnement ont été
maintenus», a assuré de son côté
le responsable de l’Institut socio-environnemental (ISA) Raul do Vale.
Protéger l’environnement
et produire des aliments
La loi réformant le code
forestier de 1965 a été approuvée par le Congrès il y a un mois après des
années de bataille avec les écologistes. Selon une étude de l’université de
Brasilia, la nouvelle loi pouvait augmenter de 47% la déforestation d’ici à
2020.
Le nouveau code était
particulièrement embarrassant pour le Brésil à un mois du sommet Rio+20
sur le développement durable qui réunira plus de 100 chefs d’Etat et de
gouvernement, alors que le pays sud-américain se veut exemplaire en matière de
préservation de l’environnement et de lutte contre la déforestation.
Dilma Rousseff a mis 12
vetos et procédé à 31 modifications qui entreront dès lundi en vigueur mais
devront ensuite être approuvés par le Congrès, ce qui laisse présager une
nouvelle passe d’armes parlementaire.
Le veto démontre que le
Brésil «est un pays qui veut protéger
l’environnement tout en continuant à produire des aliments», a dit
Izabella Teixeira.
Le texte modifié conserve
l’obligation de maintenir intacts jusqu'à 80% des forêts dans les grandes
propriétés en Amazonie et 35% dans les zones de savane. Mais il accepte plus de
flexibilité pour les petites propriétés qui représentent le quart des terres
agricoles du pays.
Le code forestier expose
le dilemme du Brésil: d’un côté, un géant agricole, parfois qualifié de «ferme
du monde», où les terres cultivées représentent quatre fois la superficie de la
France, et de l’autre, un pays qui a réduit la déforestation de 27 000 km2
en 2004 à un peu plus de 6 000 km2 en 2011.
Après le veto
présidentiel, «le code forestier ne sera
pas celui des écologistes ni des ruralistes (le lobby agricole), ce sera le
code de ceux qui ont du bon sens», a affirmé le ministre de
l’Agriculture Jorge Alberto Mendes Ribeiro qui a assuré que le Brésil
continuera à être «un des pays qui produit et exporte le plus au monde» tout en
préservant l’environnement.
(MCD)
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