Parité : le changement c'est maintenant !
Dans les prochains jours, la représentativité des "forces de progrès" dans notre Assemblée nationale va se figer jusqu'en 2017. Malheureusement, tout porte à croire que le Parti socialiste, à l'issue du scrutin des 1er et 2 décembre, participe à reconduire une Assemblée nationale coupée de la réalité de la population française et des attentes de nos citoyennes, citoyens.
En effet, la représentativité de l'Assemblée nationale souffre de quatre grands maux :
Elle est caricaturalement masculine, à hauteur de 81,5 % ;
Elle est professionnalisée (si certains députés sont reconduits pour la 6e, la 7e ou la 8e fois, beaucoup candidatent pour un 4e mandat) et cumularde pour 83 % des députés ;
Elle vieillit : depuis le début de la Ve République, elle n'a jamais été si âgée. Alors que la parité jeunes-séniors entre 1946 et 2002 s'est toujours établie dans une fourchette de "1 à 1" et "1 pour 4", depuis 2007, ce rapport est de 1 à 9.
Elle est socialement déconnectée (97 % de cadres supérieurs, médecins ou avocats, 2 % d'employés, 1 % d'ouvriers).
Or, la parité n'est pas seulement un concept visant à augmenter la représentativité des femmes dans les institutions politiques. La parité représente aussi un formidable outil de renouvellement du personnel politique : elle est un facteur de rajeunissement, de redistribution des mandats.
Le Parti socialiste a toujours porté la promesse de la parité.
En 2000, lorsqu'il fait voter la loi du 6 juin contraignant les partis à présenter autant de candidates que de candidats. Lors de sa dernière Convention de la rénovation où il vise l'objectif, non plus 50 % de candidates, mais de 50% d'élues. Et enfin à l'occasion des récentes primaires, lorsque Martine Aubry et François Hollande érigent l'égalité homme-femme au sommet de leurs priorités.
Malgré la promesse renouvelée, des signes, locaux d'abord, et nationaux ensuite, laissent à penser que la parité pourrait ne pas progresser de manière significative à l'occasion des prochaines élections législatives.
Sur les bancs socialistes, nous comptons à l'heure actuelle 49 députées, soit 26 % des députés.
La direction du Parti socialiste annonce qu'il y pourrait y avoir 50 % d'élues en plus en 2012. Ce qui apparaît, à première vue, comme un progrès significatif. Pourtant, c'est une perspective trompeuse.
En effet, dans l'hypothèse d'une victoire aux législatives – et si on exclut les circonscriptions réservées aux partenaires EELV, PRG, MRC et divers gauche – ce taux de progression serait inférieur ou égal au taux de progression des députés socialistes masculins !
L'analyse électorale détaillée département par département (sur un total de 452 circonscriptions étudiées) laisse apparaître des disparités et une interrogation légitime concernant la mise en œuvre de la parité réelle à l'Assemblée nationale :
Sur la France métropolitaine, le taux de "gagnabilité" moyen des circonscriptions réservées aux femmes est de 38 %. Il est de 48 % pour les circonscriptions réservées aux partenaires (EELV, PRG, MRC, divers gauche) et de 67,1 % pour les circonscriptions ouvertes à toutes les candidatures (des hommes la plupart du temps) ;
Certains départements sont des déserts de femmes : comme par exemple dans les Landes, les Hautes-Pyrénées, la Haute-Loire et les Alpes de Haute Provence, où aucune circonscription n'est réservée aux femme (ou alors aux partenaires), et pourtant des députés socialistes hommes y sont parfois installés depuis de très nombreuses années ;
Certains départements réservent des circonscriptions aux femmes, mais surtout pas sur des circonscriptions gagnables : 21 départements dont le Bas-Rhin, le Morbihan, le Val-de-Marne…
En regardant de près les circonscriptions qui peuvent basculer à gauche, 22 ont été attribués aux femmes. Malgré les coups de ciseaux ravageurs de la réforme Marleix de 2010 et l'accord généreux avec les partenaires, les hommes se voient attribuer encore 26 circonscriptions très favorables pour la gauche (sans compter les sortants qui sont 133). Le jeu est inégal !
Certaines fédérations jouent le jeu comme le Nord, l'Ile-et-Vilaine, les Côtes d'Armor, les Alpes Maritimes ou la Loire, en respectant l'esprit et la lettre de la loi du 6 mai 2000.
Au total, les femmes socialistes peuvent espérer peser entre 26 % et 30 % des députés socialistes en juin 2012 contre 26 % actuellement. A ce rythme, on peut espérer la parité chez les socialistes à l'assemblée nationale entre 2037 et 2087 !
Murielle Michon, Olga Trostiansky et Maithe Stage
Murielle Michon, adjointe au maire de Fontenay Sous-Bois (PS) ;
Olga Trostiansky, adjointe au maire de Paris (PS) ; Maithe Stage, consultante ressources humaines, sympathisante PS.
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