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La France entame sa traversée du désert médical
La France est souvent vantée pour son système de santé, qui est considéré comme un des meilleurs au monde. Indéniablement, la qualité de ses médecins est un de ses atouts. Mais il y a de multiples failles dans le système qui ont trait aux déserts médicaux, aux dépassements d'honoraires et à une maîtrise plus comptable que médicale des dépenses qui aboutit à une baisse des remboursements par l'assurance- maladie et les mutuelles. Le résultat est sans appel : l'accès aux soins est de plus en plus inégalitaire et ne cesse de se détériorer.
A cet égard, la décision annoncée jeudi 8 décembre par Xavier Bertrand, ministre de la santé, et Laurent Wauquiez, ministre de l'enseignement supérieur, d'augmenter le numerus clausus, instauré il y a quarante ans, est positive. A la rentrée 2011-2012, le nombre de places offertes en deuxième année de médecine va passer de 7 400 à 7 500, et, avec un total de 8 000 médecins formés, on va retrouver les niveaux de la fin des années 1970. Alors que la France fait de plus en plus appel à des médecins étrangers - qui représentent 39 % des nouveaux inscrits en Champagne-Ardenne -, M. Bertrand ne veut plus que "l'on ait à nouveau à gérer à l'avenir une pénurie de médecins".
Il reste qu'il y a encore en France trop de déserts médicaux. Le gouvernement refuse toute mesure coercitive visant à obliger les médecins à s'installer dans des zones rurales. La loi Bachelot, qui avait institué un "contrat santé solidarité" imposant une amende de 3 000 euros aux médecins exerçant en zone surmédicalisée qui refusaient de venir en aide aux praticiens des zones désertifiées, a été modifiée. Election présidentielle oblige, toute mise en cause de la sacro-sainte liberté d'installation a été abandonnée au profit d'un système de volontariat qui peine à faire ses preuves.
L'autre faille concerne les dépassements d'honoraires. Aujourd'hui, de plus en plus de médecins pratiquent des honoraires libres, et ceux-ci sont en augmentation constante. En 2010, six spécialistes sur dix ont opté pour le secteur 2 (honoraires libres), plutôt que pour le secteur 1 (tarifs conventionnés de la Sécurité sociale). Depuis dix ans, les dépassements d'honoraires, peu pris en charge par les complémentaires de santé, ont augmenté de 50 %.
Le 28 septembre, Nicolas Sarkozy avait assuré au Quotidien du médecin qu'il ne "lâcherait pas ce sujet de l'oeil" : "Je ne peux accepter que (...) le niveau des dépassements d'honoraires devienne un obstacle aux soins." Un système intermédiaire - où les dépassements des spécialistes n'excéderaient pas 50 % du tarif de la "Sécu" avec 30 % de leurs actes facturés au tarif de base - tarde à se mettre en place.
Déserts médicaux, dépassements d'honoraires : les obstacles aux soins sont réels. Il s'y ajoute l'allongement des délais d'attente pour consulter un spécialiste. Selon une enquête de l'IFOP pour Le Journal du dimanche, 92 % des Français on renoncé à des soins chez un spécialiste et 63 % chez un généraliste à cause de l'éloignement ou du coût. Les chiffres parlent d'eux-mêmes
APL
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