Le maire démissionne
Lors d’une réunion publique organisée vendredi soir à La Chapelle-en-Vercors, le maire, Régis Malsand, a annoncé qu’il démissionnait de ses fonctions. Se déclarant inquiet pour l’avenir du territoire, le premier magistrat de la commune estime qu’il faut redresser la barre pour éviter un déclin économique. Ne partageant pas certains choix, il avait déjà démissionné de la communauté de communes. Du coup, les électeurs vont devoir retourner aux urnes pour élire trois conseillers municipaux début 2012. « Le débat démocratique est lancé ! » a-t-il souligné, espérant qu’à cette occasion, les problèmes qu’il a soulevés seront débattus publiquement.
MCD
Rien ne va plus au sein du conseil municipal de La Chapelle-en-Vercors, depuis l’annonce surprise du vendredi 2 décembre. Le maire, Régis Malsand, a publiquement annoncé qu’il démissionnait de sa fonction de maire, tout en se maintenant au poste de conseiller municipal. L’élu attend la lettre recommandée du préfet de la Drôme, Pierre-André Durand, qui, selon la procédure en vigueur, doit accepter sa démission pour que celle-ci soit valide juridiquement. La réponse de l’État ne devrait pas tarder à être connue.
Las, le premier magistrat dit « avoir murement réfléchi » sa décision depuis l’été dernier, mais ne souhaite pas polémiquer inutilement, ni même revenir sur ce qu’il avait déclaré, en réunion publique, au début du mois d’août et qui avait déclenché les foudres de certains élus, notamment les membres du bureau de la communauté de communes du Vercors*.
« J’ai eu l’impression de parler dans le vide », expose Régis Malsand. « J’ai voulu expliquer qu’il se passait des choses assez graves. Après cette réunion publique, j’ai eu d’un coup une déferlante d’oppositions, par des gens qui n’étaient pas présents à l’assemblée, alors que ceux qui y avaient participé n’avaient pas trouvé quoi que ce soit de choquant dans ce que j’avais dit. Le pire, c’est que dans la Gazette du Vercors, journal que j’ai initié il y a quelques années, et que j’ai toujours voulu impartial et juste informatif, il y a eu un article des membres du bureau de la communauté de communes qui m’attaquaient. Je ne peux pas accepter que l’on m’interdise de donner mon opinion sur certains choix effectués, notamment en ce qui concerne l’office de tourisme ».
« Ce n’est pas un caprice »
Le maire n’a pas souhaité nous répondre avec précision sur les différents points d’achoppement, expliquant que ces thématiques feront l’objet de sa prochaine campagne électorale : si Régis Malsand démissionne, c’est pour « mieux » se représenter ensuite. « Je vais me proposer à nouveau aux suffrages avec une liste remaniée, afin d’entendre les Chapelains et les Chapelaines sur mes idées et mon programme », annonce-t-il. « Cela permettra de porter sur le débat public les questions qui me préoccupent. Ce n’est pas un caprice, je peux comprendre que l’on ne soit pas d’accord avec moi, mais de là à me mettre ainsi en cause dans la Gazette du Vercors, il y a une marge. J’ai le droit, en tant que maire, de m’exprimer sur certains désaccords et puisque cela ne semblait plus possible, j’ai consulté certains élus qui me sont proches : la solution était de démissionner pour qu’il y ait de nouvelles élections ».
À quand les élections ?
Les élections sont en effet rendues nécessaires, puisque deux conseillers municipaux manquent depuis quelque temps (Brigitte Bellier, démissionnaire pour raisons professionnelles et Yves Grivet pour raisons de santé) : au moment de désigner un nouveau maire, la loi indique qu’il faut l’entièreté du conseil municipal. Dans le cas contraire, des élections municipales s’imposent.
La date des prochaines échéances électorales sera connue une fois la lettre du préfet reçue. Les Chapelains se rendront cinq (ou six fois) aux urnes en 2012…
Cyril Lehembre
* Le maire avait dénoncé « certaines pratiques pouvant mettre en péril des commerces, comme la maison de la presse » et mis en cause la directrice de l’office de tourisme. Rappelons aussi que, concernant le futur Schéma de coopération intercommunale, Régis Malsand n’était pas défavorable à la proposition du préfet qui souhaitait la fusion avec le Royans isérois, alors que les quatre autres communes du Vercors l’avaient rejeté.
Réactions suite à la démission du maire
La démission de Régis Malsand, maire de La Chapelle-en-Vercors, n’a pas manqué de susciter des réactions. Autant dire que jeudi dernier sur le marché du village, les discussions autour de cette situation allaient bon train. La décision du maire a surpris bon nombre d’habitants. Stéphanie D’Addario et Domique Couiller, toutes deux adjointes au maire de la Chapelle-en-Vercors, n’étaient pas informées de cette décision. Élues sur la liste de Régis Malsand, les deux conseillères municipales s’interrogent sur « le but réel d’une telle démission ». Pour les deux élues, cette situation est un « beau gachis à deux ans des municipales », mais ne tiennent pas à polémiquer et précisent : « émettre parfois des opinions divergentes peut rendre un peu plus constructif le débat démocratique ».
Plus largement, bon nombre de personnes ont encore du mal à saisir la motivation de Régis Malsand. Si dans un premier temps, beaucoup pensaient qu’il souhaitait se retirer de la vie politique locale, très vite il est apparu que ce dernier n’était en rien démotivé et certains « craignent une manœuvre ».
Face à une situation quelque peu confuse, d’autres conseillers nous ont également fait part de la surprise de cette décision qui ne leur avait pas été annoncée et les rumeurs sur tel ou tel scénario possible commencent à circuler. Enfin, certains électeurs mais également élus du canton, reprochent à Régis Malsand de pratiquer une politique de « bouc émissaire », précisant : « il n’apporte aucune solution et rejette toujours la faute sur telle ou telle structure, ceci ne fait pas avancer le débat et ne peut qu’attiser des tensions alors que c’est unis que nous devons avancer ». Pas de doute, si l’automne a été très doux question météo, l’ambiance du début d’hiver risque d’être assez chaude.
Gil Borel
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