OGM : les effets du manque de précaution sont déjà
là...(photo Pascal Durand)
C’est peu dire que l’étude
conduite par Gilles-Eric Séralini, portant sur la toxicité du maïs
génétiquement modifié NK 603, aura fait grand bruit. Il est trop tôt pour
savoir dans quelle mesure cette étude fera évoluer le débat, social et
politique, sur la culture et l’usage des plantes OGM. Et il faudra, comme
plusieurs voix l’ont demandé, que l’expérience puisse être reproduite, et ses
résultats vérifiés. En attendant, et quoiqu’on pense de l’étude et de la
communication qui a accompagné sa publication, le choc provoqué en dit long sur
la transparence prévalant jusqu’ici sur les OGM, les risques posés et leur
dissémination - ou non - dans l’environnement et l’alimentation. Les réactions
à cette étude ont montré combien les instances chargées d’évaluer les risques
s’étaient elles-mêmes persuadées, des années durant, que les plantes OGM
étaient a priori sans danger. L’Autorité européenne de sécurité des
aliments (AESA), compromise avec le lobby agroalimentaire, n’a cessé de faire
valoir, contre toute démarche authentiquement scientifique, des convictions et
des préjugés toujours favorables au développement des OGM, sans que leurs
fabricants n’aient même à démontrer leur utilité. Bruxelles continue pourtant de
s’appuyer sur ses seules recommandations. Et les mêmes avis d’experts
permettent le maintien d’un régime d’étiquetage qui, de facto, place le
consommateur dans l’ignorance : nul aujourd’hui ne peut savoir si les viandes,
les œufs ou les laitages qu’il consomme proviennent ou non d’animaux nourris de
plantes génétiquement modifiées. Nul ne peut donc choisir en «connaissance de
cause». Les mêmes avis d’experts, enfin, maintiennent une Politique agricole
commune qui place l’UE sous la dépendance d’importations massives d’OGM, dont
on pourrait pourtant se passer.
Autre enseignement de la
controverse : les peurs paniques agitées par ceux qui, craignant que le progrès
ne cesse un jour de progresser, répètent qu’on en fait trop avec le principe de
précaution, ces peurs-là sont ridicules ! S’agissant des OGM, le principe de
précaution, on en parle, et ça s’arrête à peu près là. Et à quoi bon brandir la
précaution quand les conséquences du manque de précaution sont déjà là ? Car,
malgré les réserves exprimées, les plantes génétiquement modifiées ont été
introduites peu à peu, et avec l’aval des instances européennes, dans
l’agriculture et l’alimentation des Européens. Il suffit de regarder les faits
pour s’en convaincre : le problème n’est pas dans l’excès de précaution, mais
bien dans son absence presque totale. C’est une leçon à tirer, enfin, de la
controverse en cours : la vraie protection est dans la prévention. Des études
sérieuses doivent être conduites avant que ne soient accordées les
autorisations de disséminer dans l’environnement des techniques dont les
risques ne seraient pas maîtrisés avant - et c’est manifestement le cas ici !
Car le monde n’est pas un laboratoire, et nous ne sommes pas des cobayes.
François Dufour
Vice-président (EE-LV) de la Basse-Normandie Pascal Durand Secrétaire national
de EE-LV
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire