JONCHERES (DRÔME) Attaques
du loup : 73 brebis manquantes chez une éleveuse, les élus montent au créneau
Pour montrer leur
solidarité avec les éleveurs, les maires brandissent leur pancarte “Nous en
avons marre d’être bernés, laissez-nous faire notre métier ”
Les maires réunis vendredi
à Jonchères en comité cantonal ont été informés par le conseiller général
Bernard Buis qu’à la suite de la dernière attaque du loup sur le troupeau
d’Irène Jourdan de Val Maravel (Dauphiné Libéré du 24 septembre) 73 brebis
étaient manquantes, soit 10% du troupeau de 720 bêtes. Une trentaine de
carcasses a été retrouvée ainsi que des médailles et le collier d’un chien
Patou disparu. Ces attaques sont inquiétantes, précise Bernard Buis, rappelant
qu’un éleveur de la commune a déjà cessé son activité après plusieurs attaques
sur son troupeau. Ces attaques ont repris, le 16 août, puis les 8, 14 et
17 septembre, et ont conduit Irène Jourdan à descendre son troupeau le
week-end dernier. La situation inquiète le conseiller général : « si tout le
monde ramène son troupeau, il n’y aura plus de pâturages et les buissons vont
pousser, la biodiversité va disparaître. Beaucoup se posent la question de
continuer l’élevage ovin ». De plus, pour être indemnisé, il faut faire la
preuve que la brebis a été tuée. Car les éleveurs ne perçoivent rien pour les
bêtes introuvables, celles qui vont ensuite faire une fausse couche, qui sont
stressées et qui ne vont pas vêler. Les agriculteurs sont exaspérés. Et Bernard
Buis de rappeler « le coup de gueule des éleveurs lors de la course cycliste
“La Drômoise”» (Dauphiné Libéré du 24 septembre).
Un “vœu” à adresser au
préfet
Le conseiller général
demande aux maires d’être solidaires avec les agriculteurs qui font vivre le
territoire pour demander des modifications de la réglementation actuelle avec
la révision de la Convention de Berne. Selon lui, « le loup n’est plus une
espèce en voie de disparition, elle ne doit plus être protégée. Le loup et le
pastoralisme sont incompatibles ». Il propose aux maires un “vœu” à adresser au
préfet et aux sept parlementaires de la Drôme et que chaque mairie puisse
délibérer dans le même sens.
Jean FOURNIER le 02/10/2012 sur le Dauphiné Libéré
Loup :
le nouveau bouc-émissaire !
J’ai été sollicitée par plusieurs d’entre vous au
sujet des déclarations de l’été sur le loup. Comme vous le savez, elles
sont intervenues alors qu’un vif débat agite la Lozère depuis que des photos de
loups y ont été prises au mois de Juin. Une centaine d’éleveurs ont manifesté le
22 juillet à Florac sous la banderole « Non au loup ». Je n’ai pas
souhaité répondre « à chaud » à cette polémique, mais je souhaiterais
aujourd’hui vous faire part de mon point de vue. Plusieurs textes de défense du
loup ont déjà circulé sur nos listes, notamment la très bonne contribution de
Sandrine Bélier, je ne vais pas reprendre les arguments déjà employés. Je
souhaiterais simplement ajouter quelques éléments qui selon moi n’ont pas été
abordés, bien qu’étant indispensables à la bonne compréhension du dossier.
Tout d’abord, je crois que l’on pourrait très bien
remplacer dans le texte le mot « loup » par « ours », car
c’est bien d’un bouc-émissaire qu’il s’agit ici. Il est tout trouvé : il
est beaucoup plus simple de s’en prendre à ces espèces sauvages menacées qu’à
l’OMC. Car l’origine du problème est bien liée à la mondialisation : la
filière ovine est depuis de nombreuses années une filière touchée de plein
fouet par la crise. Le nombre d’exploitations n’a cessé de chuter depuis plus
de 25 ans. A titre d’exemple, le cheptel ovin français (troisième d’Europe,
loin derrière l’Espagne et le Royaume-Uni) ne comptait plus que 8,3 millions de
têtes en 2007, soit 36% de moins qu’en 1979 (selon l’Agreste Conjoncture,
publication du ministère de l’Agriculture). En 2009, il n’en compte plus que
7,5 millions. A cause de la baisse des prix, les producteurs n’arrivent plus à
vivre de la seule production ovine ; leurs revenus font partie des plus bas du
secteur agricole. Sans compter la concurrence directe des moutons
néo-zélandais, permise par le système du Commonwealth. Parallèlement, la moitié
des exploitations ont disparu : celles qui ont survécu ont dû, pour être
rentables, élargir considérablement leurs troupeaux et se consacrer
exclusivement à la production de viande ovine. Les troupeaux de moutons, larges
de quelques dizaines de têtes dans les années 70, ont, petit à petit, évolué
vers ce qu’ils sont aujourd’hui : des centaines, voire des milliers, de têtes
pour un seul éleveur. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que le
gardiennage soit difficile à assurer.
C’est là le cœur du problème : la plupart des
troupeaux sont désormais laissés en liberté. Le retour du loup implique donc
une modification des pratiques pastorales actuelles. Les troupeaux doivent désormais
être rassemblés la nuit, constamment gardés par un berger et protégés par un ou
plusieurs chiens « patous ». Ces solutions de protection des troupeaux
existantes s’avèrent aujourd’hui plus efficaces face à la présence de
prédateurs … mais nécessitent davantage de main d’œuvre pour les éleveurs.
Et de prédateur, le loup n’est pas le seul !
Outre les pertes accidentelles, qui sont très fréquentes, la problématique des
chiens divagants (chiens domestiques en fugue ; les chiens
« errants » retournés à l’état sauvage n’existant plus en France) est
trop souvent tue. Il s’agit bien souvent du « bon gros chien » de son
voisin (je parle en connaissance de cause : il n’y a ni ours, ni loup dans
le Lauragais, mais le nombre de brebis égorgées est pourtant là… les miennes
l’ont d’ailleurs toutes été il y a quelques années….) Les chiffres avancés sont
variables : ils seraient responsables de prédations annuelles à hauteur de
0,18 % à 5 % des effectifs présents. Autrement dit, sur un effectif
de 10 000 brebis, les chiens divagants attaqueraient chaque année de 18 à 500
brebis, selon les études considérées (selon le ministère de l’Ecologie).
Doit-on tirer sur les chiens domestiques ?
On le voit ici, supprimer le loup (ou
l’ours !) de nos montagnes ne règlerait rien la situation de la filière
ovine…
Catherine
Grèze, eurodéputée
Source
: Loup : le
nouveau bouc-émissaire !
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