La Conférence de Cochabamba réclame un Tribunal international de Justice climatique et environnementale
La Conférence mondiale des peuples sur le changement climatique, organisée à Cochabamba du 20 au 22 avril, a offert une tribune aux mouvements sociaux qui souhaitent peser sur les négociations internationales.
A l'issue de la conférence de Copenhague en décembre 2009 la Bolivie, avait refusé de valider l'Accord de Copenhague. Dans la foulée, le président bolivien Evo Morales, avait invité les mouvements sociaux, les ONG, les gouvernements, les institutions internationales et les scientifiques à participer à une Conférence mondiale des peuples sur le changement climatique organisée à Cochabamba.
- Une conférence ouvertement anticapitaliste
Plusieurs milliers de délégués, issus d'une centaine de pays et représentant principalement les mouvements sociaux, écologistes et de solidarité internationale, ont répondu à cet appel. Par ailleurs, certains représentants gouvernementaux et négociateurs se sont rendus à Cochabamba. Ainsi, le vénézuélien Hugo Chavez, l'équatorien Rafael Correa et le nicaraguayen Daniel Ortega, alliés à la Bolivie dans le cadre de l'ALBA (Alternative bolivarienne pour les Amériques), ont répondu à l'appel. Côté français, Brice Lalonde, l'ambassadeur en charge des négociations sur le réchauffement climatique, a participé aux débats ''à la fois pour témoigner de la considération aux Boliviens, pour écouter ce qu'ils diront, - car nous supposons qu'ils pourraient faire des propositions après avoir critiqué l'accord de Copenhague - et pour donner notre point de vue s'il nous est demandé.''
- Dès l'origine, l'invitation bolivienne ''constatait que le changement climatique est le produit du système capitaliste'' et, dans son discours d'introduction, Evo Morales a réaffirmé que ''le capitalisme est la cause du problème et doit disparaître''. Pour le président bolivien, l'alternative est claire : ''soit le capitalisme meurt, soit ce sera la Terre-Mère.'' S'agissant des sujets abordés, le thème de la dette climatique, un élément clé de la déclaration ''Changeons le Système ! Pas le Climat !'' adoptée à l'issue du Klimaforum organisé à Copenhague en décembre 2009 en marge des négociations officielles, figuraient au programme des 17 groupes de travail, aux côtés de thèmes plus classiques tels que l'adaptation aux changements climatiques, l'aide financière, les transferts de technologies et la déforestation.
Un référendum mondial pour la Journée de la Terre 2011
Parmi les propositions formulées, deux se démarquent sensiblement des sujets habituellement discutés au sein des négociations sur le climat. Tout d'abord, les conférenciers appellent à la création d'un Tribunal international de Justice climatique et environnementale afin de juger les pays, entreprises ou personnes jouant un rôle dans l'aggravation des changements climatiques ou portant atteinte à l'environnement. Comparable à la Cour internationale de Justice, il arbitrerait les conflits liés à l'application des traités environnementaux internationaux. Cette proposition s'inscrit dans la lignée d'une première audience symbolique qui s'était tenue les 13 et 14 octobre 2009 à Cochabamba. Un tribunal avait alors jugé sept cas en relation avec les changements climatiques, les Droits de l'Homme et l'environnement. Sur le banc des accusés se trouvaient notamment, la fondation hollandaise FACE (Forest Absorbing Carbon dioxide Emission), qui propose un mécanisme de compensation carbone, qualifié de ''fausse solution'', via la plantation de 150.000 hectares de forêts, ainsi que le gouvernement colombien accusé de développer la culture industrielle de la canne à sucre pour la fabrication d'éthanol, entrainant ainsi des déplacements de populations.
Autre proposition phare : l'organisation d'un référendum mondial qui pourrait être réalisé le 22 avril 2011 avec l'aide des gouvernements qui le souhaitent ou directement par des ONG. Cinq questions devraient être posées parmi lesquelles le ''transfert des dépenses de guerre vers un budget pour la défense de la planète'', ''l'abandon de la surproduction et de la surconsommation qui caractérise le modèle capitaliste'' et un objectif de limitation de la hausse des températures à 1°C d'ici la fin du siècle par rapport à l'ère préindustrielle. La mise en œuvre du Tribunal international de Justice climatique et environnementale devrait aussi être soumise aux votes. Quant à l'organisation concrète du vote, une commission sera chargée de superviser sa mise en œuvre. L'objectif affiché est d'atteindre deux milliards de votants.
Présenter les recommandations de la Conférence lors du sommet de Cancún
Le vice-ministre de l'Environnement, de la Biodiversité et du Changement climatique, présente la conférence comme ''une grande mobilisation pour influencer, fondamentalement, sur le prochain sommet sur le climat au Mexique en décembre.'' Si Yoriko Yasukawa, le représentant de l'ONU en Bolivie, estime qu'il faut mieux prendre en compte les attentes des mouvements sociaux, il considère néanmoins que ce sera aux négociateurs de s'accorder sur la manière d'incorporer leurs propositions dans les négociations.
Evo Morales, pour sa part, considère que ''tôt ou tard, avec la force populaire, [les pays industrialisés] finiront par accepter un tribunal pour les crimes contre l'environnement'', estimant que faute de sanctions il n'est pas possible de faire respecter un protocole sur le climat.
Enfin, l'AFP rapporte que Pablo Solon, l'ambassadeur bolivien à l'ONU, a déclaré en marge de la Conférence de Cochabamba, que ''s'il n'y a pas de compromis sur la réduction des gaz à effet de serre (lors du sommet de Cancún), l'Etat bolivien veut déposer plainte contre les pays développés (...) devant la Cour internationale de Justice'' de la Haye. S'agissant de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la Conférence de Cochabamba réclame une réduction contraignante de 50% par rapport à 1990 d'ici 2020, via l'adoption ''d'obligations collectives, puis individuelles''. Selon Pablo Solon, une telle réduction permettrait de limiter à 1,5°C le réchauffement climatique à la fin du siècle.
Contacts pour les journalistes (pour interviewer des représentants et de représantes de la Via Campesina à Cochabamba )
Boaventura Monjane – tel : (00591) 74815401,
e-mail: boa.monjane@viacampesina.org
Isabelle Delforge – tel : (00591) 74306257,
e-mail: idelforge@viacampesina.org
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La Via Campesina –
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