Nommé le 30 septembre dernier, le Directeur de l’Agence Régionale de santé (ARS) Rhône-Alpes prenait ses fonctions ce 01 avril. L’ARS est appelée à remplace dès ce printemps les sept organismes dédiés à la gestion de la santé et de la prévention dans la région (ARH, Drass, Ddass, Urcam, GRSP, MRS, Cram).
Rencontre avec Denis Morin ( Photo).
Vous êtes arrivé à Lyon il y a deux mois et demi. Pouvez-vous nous rappeler les grandes lignes de votre parcours professionnel ?
Denis Morin : J’ai toujours été soit dans le secteur des finances, aux ministères du budget ou de l’économie, soit dans le secteur social, au ministère de l’emploi et de la solidarité, en étant chaque fois plutôt du côté de la conception des politiques publiques. Entré à la Cour des comptes en 2001, je m’y suis penché sur des dossiers assurance- maladie, vieillesse, famille, autant de sujets qui me passionnent. J’ai notamment été rapporteur général chargé du rapport annuel sur la sécurité sociale.
Aujourd’hui, je suis heureux de pouvoir confronter cette expérience
à des logiques de mise en oeuvre concrète. C’est une démarche qui me paraît très fertile.
Où en êtes-vous du calendrier de mise en place de l’ARS ?
D. M. : Je termine la première étape, celle de l’élaboration du projet par l’équipe de préfiguration. J’ai constitué un collège de directeurs de toutes les structures régionales et départementales participant à l’ARS, soit 30 à 40 personnes, qui se sont réunies cinq fois en deux mois. Nous avons discuté dans une bonne ambiance et le projet qui est issu de ces rencontres est véritablement celui d’une équipe. Je suis arrivé seul en Rhône-Alpes en faisant le pari de m’appuyer sur les personnes en place.
Ce n’était pas le cas partout ?
D. M. : Non : certains préfigurateurs sont arrivés avec leurs propres collaborateurs. Ici, nous avons gagné ce pari parce que les compétences existent et que les agents se sont vraiment mobilisés. En Rhône-Alpes, le terrain est très riche. Les gens ont une bonne vision des choses, ne parlent pas à la légère, ont une vraie connaissance des politiques. De sorte que les choses se sont enclenchées naturellement.
Comment le terrain a-t-il participé à l’élaboration du projet ?
D. M. : Une soixantaine de personnes, dont une vingtaine en cercle rapproché, ont travaillé avec moi. Leurs propositions étaient ensuite validées par le collège des directeurs. Et cela a bien fonctionné. J’ai même vu une passion collective pour ce projet qui est unique, il faut bien le souligner. Jamais encore, même lors de la création des ARH, on avait connu quelque chose de comparable : la construction de l’ARS, c’est totalement nouveau !
Cette première étape est-elle achevée ?
D. M. : Elle s’est terminée comme prévu le 15 décembre avec la présentation du projet d’organisation des services au collège des directeurs. Puis il a été présenté le 21 décembre à Paris au conseil de pilotage placé sous l’autorité des ministres Mme Roselyne Bachelot et M. Xavier Darcos. Nous attaquerons ensuite la deuxième phase avec la consultation des partenaires sociaux de l’État et de l’Assurance-maladie sur la base du projet d’organisation des services.
Cela s’annonce-t-il compliqué ?
D. M. : Non, chaque catégorie de personnel (État, Assurance-maladie) va garder ses avantages statutaires, ses droits acquis, ses règles de gestion propres. La démarche RH de l’ARS va consister à gérer cela de la façon la plus équitable et novatrice possible.
Combien de personnes comptera l’ARS ?
D. M. : Quelque 850 agents, 720 de l’État et 130 de l’Assurance-maladie. L’affectation de ces agents se fera dans le courant du mois de mars.
Quelles sont les perspectives concernant les locaux ?
D. M. : Il y a deux possibilités : soit les deux sites, celui de la Drass rue Servient et de celui de l’ARH, dans la tour de la Part-Dieu, sont conservés durant quelques mois, le temps de trouver des locaux, soit celle-ci est disponible tout de suite et tout l’effectif pourra emménager comme prévu à l’été 2010. La localisation unique, c’est de toute façon l’option qui est retenue et qui figure dans le schéma immobilier régional arrêté par le préfet.
Quelle place la prévention aura-t-elle au sein de l’ARS ?
D. M. : L’agence devra permettre la mise en oeuvre des politiques nationales en les adaptant aux spécificités régionales. Mais les ARS sont nées de constats largement partagés : il existe des inégalités de santé fortes entre les régions, entre les territoires, qu’il est nécessaire de corriger ; il y a trop de curatif et pas assez de préventif ; il y a trop de discontinuité dans l’offre de santé proposée aux patients… L’ARS permet de s’attaquer à ces dysfonctionnements. Notamment, elle doit développer une politique de prévention en partenariat avec les collectivités et l’Assurance maladie. Je voudrais que l’ARS soit un grand GRSP. C’est pourquoi il y aura dans l’Agence une grande direction de la prévention, dans toutes ses dimensions. « L’ARS fonctionnera en mode projets ». Autre caractéristique de l’ARS : son fonctionnement en mode projets qui tient compte du fait que tous les sujets abordés sont transversaux. La prise en charge des personnes âgées, par exemple, est liée à la médecine de ville, au handicap, au médico-social… Une direction de la stratégie et des projets se chargera de cette organisation transversale qui permettra de regrouper toutes les compétences de l’agence et ses principaux partenaires. C’est le mode de gestion le plus coopératif.
Avez-vous déjà rencontré des partenaires internes ou externes ?
D. M. : J’ai privilégié les contacts et rencontres avec les agents concernés par la réforme. J’ai vu tous les agents de l’ARH et de l’Urcam; j’ai participé à des réunions informelles à la Drass, avec des syndicats des agents de l’État… Je suis allé dans presque tous les départements ; j’ai rencontré beaucoup d’élus, toutes les fédérations hospitalières, les médecins libéraux comme le président de l’URML…
La Conférence régionale de santé sera-t-elle parmi les partenaires ?
D. M. : Bien sûr. La loi a prévu qu’elle devienne CRSA – « A » comme autonomie – et qu’elle soit adossée à une structure unique avec un interlocuteur dédié. C’est pourquoi l’ARS aura un médiateur, directement rattaché à la direction générale, chargé des relations avec les usagers, les associations, les instances de démocratie sanitaire.
Quel sera votre mode de fonctionnement ?
D. M. : Je veux que l’agence soit un ensemble de métiers et de territoires. Je constituerai un comité de direction réunissant les responsables des directions métiers du siège et des délégations territoriales. Bien associer les métiers et les territoires, c’est un des enjeux majeurs de la réforme. Pour aller dans ce sens, j’ai institué dans la démarche de préfiguration un collège des Ddass dont les réunions précédaient systématiquement
celles du collège des directeurs. En effet, on ne pilote pas une politique de santé sans se préoccuper de sa mise en œuvre.
Quel retour attendez-vous de ces délégations territoriales ?
D. M. : Qu’elles me disent de quoi elles ont besoin pour agir, de quels outils, s’il existe des possibilités de mutualisation pour leur venir en
aide, comment apporter telle solution dans tel bassin… Cette exigence de proximité est très spécifique des politiques de santé. Et la richesse de l’agence c’est cette répartition 50% siège, 50 % terrain : une proximité éclairée avec un appui méthodologique régional.
Ne s’agit-il pas aussi de réaliser des économies ?
D. M. : L’objectif n’est pas de faire des économies, puisque les dépenses et les recettes de la sécurité sociale restent gérées nationalement, mais d’être efficace. Et quand on s’organise mieux, que l’on recherche la qualité, on fait des économies.
Connaissez-vous déjà votre budget ?
D. M. : Pas encore. Après la phase d’organisation des services, viendront début 2010, la phase d’élaboration du budget, puis celle de la mise en oeuvre.
Êtes-vous confiant dans la mise en place de l’ARS ?
D.M. : C’est un enjeu d’arriver à rassembler tous ces agents sans discontinuité du service public. Un vrai défi d’organisation… Mais tous ensemble, on y arrivera, et je suis confiant.
APIS et la DRSS
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