Le metteur en scène et comédien Jérôme Savary est
mort
Le metteur en scène et
comédien Jérôme Savary est mort lundi soir des suites d'un cancer à l'âge de 70
ans, à l'hôpital franco-britannique de Levallois-Perret, dans la banlieue
parisienne, a annoncé mardi 5 mars sa famille.
Né le 27 juin 1942 à
Buenos Aires dans une famille française exilée pour cause
Le metteur en scène et comédien Jérôme Savary est
mort
Le metteur en scène et
comédien Jérôme Savary est mort lundi soir des suites d'un cancer à l'âge de 70
ans, à l'hôpital franco-britannique de Levallois-Perret, dans la banlieue
parisienne, a annoncé mardi 5 mars sa famille.
Né le 27 juin 1942 à
Buenos Aires dans une famille française exilée pour cause de pacifisme, Jérôme
Savary est réfractaire à tout enseignement, dans la pampa comme à Paris, où il
s'installe définitivement en 1964. Il suit les cours des Arts décoratifs,
section fanfare, rythme bop. Il met en scène en 1965 ses premiers spectacles, Les Boîtes puis L'Invasion du vert olive. Proche du
mouvement Panique, fondé par Topor, il met en scène Le Labyrinthe, d'Arrabal, au Sorano de Vincennes en 1966.
Ce boulimique et gourmet
du théâtre populaire fonde, toujours en 1966, à Londres, le Grand Magic Circus
avec lequel il monte divers spectacles, comme Zartan ou Superdupont.
En 1982, il est président du Nouveau Théâtre populaire de Montpellier, où il reprend
La Belle Hélène, monté à
Paris en 1983, et dont il démissionne le 12 juin 1985. Grand défenseur de la
démocratisation du théâtre, osant des mises en scène dépoussiérant les
classiques, Jérôme Savary devient alors président du Centre dramatique de Lyon,
où il crée Le Bal des cocus
(1987).
PASSIONNÉ PAR
OFFENBACH ET SHAKESPEARE
Hors, puis dans
l'institution, Jérôme Savary multipliera les créations jusqu'en 1987,
spectacles écrits ouvrant de larges plages à l'improvisation, mêlant toutes les
formes d'expression à la musique – Cyrano
de Bergerac en 1983, La Femme
du boulanger en 1985 et les comédies musicales L'histoire du cochon qui voulait maigrir pour
épouser Cochonette en 1984, Les
Aventures du cochon en Amazonie en 1985, Cabaret en 1987.
Passionné par Offenbach et
Shakespeare, Jérôme Savary, cigare vissé à la bouche, a adapté aussi bien Jules
Verne (Le Tour du monde en 80 jours
en 1979) que Goscinny-Uderzo (Astérix
en 1988).
Il signe par ailleurs de
nombreuses mises en scène d'opéra en Europe – à la Scala de Milan (Anacréon ou l'amour fugitif, 1983), au
festival de Bregenz, en Autriche (La
Flûte enchantée en 1985, Les
Contes d'Hoffman en 1988, Carmen
en 1991), à Varsovie (Le Barbier de
Séville en 1992) et au Grand Théâtre de Genève (La Périchole en 1982, La Veuve joyeuse en 1983, Le Voyage dans la Lune en 1985, La Vie parisienne en 1990).
Jérôme Savary est nommé
directeur du Théâtre national de Chaillot en 1988. Jusqu'en 2000, il y montera D'Artagnan (1988), Le Bourgeois gentilhomme (1989), Le Songe d'une nuit d'été (1990), Fregoli (1991), Les Rustres (1992), La Nuit des rois (1992), La Mégère apprivoisée (1993), Aruro Ui (1994), Pierre Dac, mon maître soixante-trois
(1994) et les comédies musicales Zazou
(1990) et Marilyn Montreuil
(1991). Il dirige ensuite l'Opéra-Comique, de 2000 à 2006.
Au cinéma, il a réalisé
dans les années 1970 La Fille du
garde-barrière et Le Boucher,
la Star et l'Orpheline. Jérôme Savary était chevalier de la Légion
d'honneur et des arts et des lettres.
"UN ÊTRE
PASSIONNÉ"
Le président François
Hollande a rendu hommage au metteur en scène en saluant "un être passionné" qui a su
démontrer que "l'exigence culturelle
était compatible avec un vrai spectacle populaire". "C'est avec une grande peine que j'apprends le
décès de Jérôme Savary. Il nous laissera le souvenir d'un être passionné,
toujours désireux de partir à la conquête du public", écrit le
chef de l'Etat dans un communiqué diffusé par le présidence.
"Avec le Grand
Magic Circus, il a su mêler les arts en associant le cirque, le music-hall et
le théâtre. Il avait le sens du spectaculaire et de la fête", souligne François Hollande en citant "sa version de 'Cabaret', récompensée à la
première cérémonie des Molières", qui dit-il "reste dans les mémoires".
"C'était un homme
de passion, de folies, qui a fait des choses tout à fait remarquables (...)
C'était un metteur en scène extrêmement original, avec plein d'inventions,
d'imagination, un univers singulier qu'il faisait partager", a salué Robert Hossein. "Tout ce qu'il faisait était lumineux, joyeux, plein d'humour.
Il était plein de génie et de talent et savait se renouveler. J'avais beaucoup
d'admiration pour son travail", a relevé Robert Hossein.
"UNE VISION
TRÈS PERSONNELLE DU THÉÂTRE"
"Ce qui me
revient en mémoire c'est toute l'histoire de Cyrano, la
façon dont on s'est rencontré", se souvient l'acteur Jacques
Weber. Les deux hommes avaient travaillé ensemble sur la pièce d'Edmond
Rostand. Contacté par RTL, Weber rapporte cette phrase de Savary : "Je ne connais la pièce qu'une fois que je
l'ai montée." Et de rendre hommage à "un homme de spectacle, un poète",
à qui, il le confesse, il doit "une
partie de ma vie, de ma carrière."
Michel Galabru, qui a été
un de ses acteurs dans Tartarin de
Tarascon, a salué "un
homme extrêmement original" au micro de France Info. Et même
s'il précise que "c'est dans un
autre genre", il va même jusquà dire que "c'était un peu Sacha Guitry",
se souvenant d'une "vision très
personnelle du théâtre", pleine de "fantaisie" et "d'imagination".
"Mort d'un prince
du spectacle, extrême tristesse : il faudra qu'un admirateur s'attelle vite à
un 'Dictionnaire amoureux de Jérôme Savary'", a de son côté réagi Gilles Jacob, le président du
festival de Cannes, sur son compte twitter. Pour Arielle Dombasle, qui a été
dirigée par Jérôme Savary, il était
"une sorte de merveilleux monsieur Loyal et de clown triste aussi",
a-t-elle dit sur RTL.
Mémoire Dioise : POUR JACQUES COUTUREAU du Grand Magic
Circus avant qu’il ne s’installe à Die avec Les oiseaux de passage
Jacques Coutureau était un ami.
Il l'est toujours.
Il est mort en 2005.
Je viens de l'apprendre.
Jacques Coutureau était un
magnifique conteur. On l'a vu en France, mais aussi en Belgique et en Suisse se
balader avec son orgue de cristal, bel instrument créé par les frères Baschet.
S'il a touché à beaucoup de métiers du spectacle - acteur, chanteur, musicien,
metteur en scène, directeur-, il a d'abord été à la recherche de nouvelles
voies d'expression.
A la fin des années
soixante, il participe avec Jérôme Savary à la création du Grand Magic Circus et Ses Animaux Tristes,
pour lequel il compose plusieurs musiques. Fin des années septante, il choisit
la voie du conte, suite notamment à sa rencontre avec Bruno de La Salle,
précurseur de ce qu'on appelait à l'époque le « renouveau du conte »,
qui lui fait découvrir les instruments Baschet. C'est à ce moment
là que je croise sa route.
Près de dix ans de contes en solitaire, et deux
disques La forêt des heures,
un des plus beaux contes imaginés ces trente dernières années et L'oiseau qui faisait du lait, avant de
créer la compagnie Les oiseaux de passage,
qui s'installe dans la Drôme à Die. Coutureau y déploie ses passions - théâtre
chanté, opéra, musique, conte - dans des lieux aussi divers qu'imprévus.
Pendant trente ans nous
nous sommes retrouvés à intervalles irréguliers. Nous n'étions pas amis dans la
proximité du quotidien, mais nous l'étions au sens où l'amitié est une marque,
tout à la fois trace et repère que le temps inscrit lentement dans le regard.
Nous sommes en juin 1979.
Je suis sensé terminer mes études. J'ai 22 ans et l'angoisse de ce que je vais
faire après me conduit à tout arrêter. J'accompagne néanmoins mes amis
« en blocus » dans une belle maison à la mer du Nord, où je joue les
Rois fainéants. Un samedi après-midi, couché sur mon lit, j'écoute à la radio
une émission folk très réputée à l'époque « Marie Clap'Sabots »
(émission qui selon leurs promoteurs voulait
désintoxiquer l’imagination de ceux qui abandonnent leur identité au profit de
l’impérialisme culturel, économique et plastique et qui a tenté
d’internationaliser les cultures minorisées en lutte. Tout un programme!).
Et là un son inconnu, aux
accents aigus et mélodieux, une mélopée légèrement tremblante qui ouvre la voie
à celle du conteur, voix légère et douce dont on ne se méfie guère mais qui
vous enveloppe et vous prend, et vous voilà parti pendant 40 minutes dans La forêt des heures. J'étais comblé et
heureux. « C'est cela que je veux faire » me suis-je dit. N'ayant
aucune expérience dans ce domaine, le chemin risquait d'être long, et pour
faire cela j'étais pressé.
Germe alors l'idée de
l'inviter pour faire une « tournée » en Belgique, moi qui ne connais
évidemment rien à ce type d'organisation. Je le contacte. Et un matin je me
retrouve sur le palier de son appartement parisien, rue de Provence (4ème
étage, escalier A, ai-je griffonné sur un bout de papier). Je suis habillé
conforme à mon âge à la va-comme-j'te pousse avec des cheveux tombant sur les
omoplates. Il m'ouvre en peignoir, l'heure du réveil visiblement assez
rapprochée. Nous prenons un café dans sa cuisine. Je ne me souviens plus de la
conversation, mais pour moi le principal est acquis : il accepte de venir une
bonne semaine en Belgique.
J'organise vaille que
vaille cette tournée triomphale, contactant des écoles, des médias, cherchant
des salles... Et le jour dit nous voilà parti, à gauche et à droite. Je joue le
porteur de valises comme un jeune cycliste est porteur d'eau, avec volontarisme
et admiration.
Tout est dans le bricolage.
Un soir nous logeons dans un petit appart' d'étudiant. Deux matelas sont jetés
sur le sol dans la pièce qui sert à tout. Le lendemain, il avait disparu. Vent
de panique, car dans moins d'une heure nous devions être pour un spectacle dans
une école. Il était parti se réfugier dans la cuisine vu mes ronflements, mais
n'avait pu néanmoins dormir, réveillé en permanence par le moteur du frigo.
Tout m'amusait. Je n'avais
même pas pensé qu'il convenait pour un artiste d'avoir des conditions de
confort au moins minimales. Et lui prenait tout cela avec une bonhommie
parfaite, un compagnon de voyage délicieux. Jamais un reproche, et pourtant il
y avait de quoi devant les trente personnes que j'avais péniblement réussi à
amener pour les spectacles publics. Dans les écoles, où traînait souvent un
vieux piano, il s'y installait à la fin du spectacle, et dans ces salles aussi
vides que tristes il s'amusait à trouver des notes joyeuses qu'il ponctuait de
son rire fort et franc. J'étais son unique spectateur et j'étais bien.
A la fin, il émit juste un
petit souci, c'est « d'un peu » se retrouver financièrement .
Heureusement, avec le nombre d'écoles trouvées le compte fut presque bon. En
tous cas, il fit mine de s'en satisfaire. Je lui remis une grosse liasse de billets,
car évidemment je n'avais respecté aucun cadre légal, signé aucun contrat ni
avec lui ni avec quiconque et tout empoché en cash.
Malgré cette organisation
brinquebalente, il rencontra et séduisit quelques personnes qui firent qu'il
revint souvent en Belgique. Il joua le rôle du conteur dans L'histoire du soldat de
Ramuz-Stravinsky, monté au Théâtre de la Vie à Bruxelles dans une très belle
mise en scène d'Herbert Rolland. Il participa à de nombreux festivals tendance
folk comme Le Temps des Cerises ou la Fête des Fleurs (il revint plusieurs fois
à Boitsfort avec l'amitié de Mirko Popovitch). Ces quelques jours passés
ensemble avaient créé une complicité durable, qui pour moi était sans doute
plus forte que pour lui.
Il avait le sens de la
lenteur, dans sa démarche comme sur scène. Il avançait posément sans jamais se
presser, comme pour être toujours ouvert à ce qui peut arriver. Présent mais
une partie de lui-même un peu ailleurs. Sur scène, il avait un débit lent,
enveloppant, un effet hypnotisant renforcé par la musique de l'orgue de cristal
: joueur de flute d'Hamelin prenant le public par la main pour le meilleur et
pour le pire. Il aimait cette manipulation, ce pouvoir de la parole. Il le
recherchait et s'en amusait. Conquérir et séduire, l'air de rien sans
forcer et avec la confiance du temps.
Son installation en Drôme
et la création de sa propre compagnie Les
oiseaux de passage firent que ses visites en Belgique furent plus
rares. Le titre de sa compagnie est tiré d'une chanson éponyme de Brassens sur
un texte de Jean Richepin. J'entends encore Jacques me réciter quelques vers de
cet hymne anar et anti-bourgeois qu'il adorait. Je reproduis le texte de
Richepin à la fin de ce billet.
Notre dernière rencontre
date de 2001, à Châtillon-en-Diois, dans la Drôme. Il y présentait une
adaptation des Âmes fortes,
un des plus beaux romans de Giono. Sa mise en scène lui ressemblait : sobre et
puissante; simple et lumineuse. Et ce beau texte était servi par une
magnifique actrice dans le rôle titre, qui renvoyait dans les limbes Laetitia
Casta qui a interprété ce rôle au cinéma.
Nous avons été prendre un
verre après la représentation dans un bistrot du bourg. A la fin, je lui
demandais pourquoi, il y avait plus de 20 ans, il avait accepté une proposition
d'un jeune gars qui ne connaissait rien au spectacle et pouvait l'entraîner
dans une galère, et qui était venu le trouver juste pour son plaisir personnel.
Il me répondit simplement : « Sans doute, parce que tu étais comme
cela ». On ne peut oublier quelqu'un qui dans la vie vous ouvre une porte.
Ce soir-là, je m'en allais
le coeur léger franchir dans la nuit noire le col qui me ramenait à Sisteron.
Les oiseaux de passage
C'est une cour carrée et
qui n'a rien d'étrange :
Sur les flancs, l'écurie et l'étable au toit bas ;
Ici près, la maison ; là-bas, au fond, la grange
Sous son chapeau de chaume et sa jupe en plâtras.
Sur les flancs, l'écurie et l'étable au toit bas ;
Ici près, la maison ; là-bas, au fond, la grange
Sous son chapeau de chaume et sa jupe en plâtras.
Le bac, où les chevaux au
retour viendront boire,
Dans sa berge de bois est immobile et dort.
Tout plaqué de soleil, le purin à l'eau noire
Luit le long du fumier gras et pailleté d'or.
Dans sa berge de bois est immobile et dort.
Tout plaqué de soleil, le purin à l'eau noire
Luit le long du fumier gras et pailleté d'or.
Loin de l'endroit humide
où gît la couche grasse,
Au milieu de la cour, où le crottin plus sec
Riche de grains d'avoine en poussière s'entasse,
La poule l'éparpille à coups d'ongle et de bec.
Au milieu de la cour, où le crottin plus sec
Riche de grains d'avoine en poussière s'entasse,
La poule l'éparpille à coups d'ongle et de bec.
Plus haut, entre les deux brancards
d'une charrette,
Un gros coq satisfait, gavé d'aise, assoupi,
Hérissé, l'œil mi-clos recouvert par la crête,
Ainsi qu'une couveuse en boule est accroupi.
Un gros coq satisfait, gavé d'aise, assoupi,
Hérissé, l'œil mi-clos recouvert par la crête,
Ainsi qu'une couveuse en boule est accroupi.
Des canards hébétés
voguent, l'oeil en extase.
On dirait des rêveurs, quand, soudain s'arrêtant,
Pour chercher leur pâture au plus vert de la vase
Ils crèvent d'un plongeon les moires de l'étang.
On dirait des rêveurs, quand, soudain s'arrêtant,
Pour chercher leur pâture au plus vert de la vase
Ils crèvent d'un plongeon les moires de l'étang.
Sur le faîte du toit, dont
les grises ardoises
Montrent dans le soleil leurs écailles d'argent,
Des pigeons violets aux reflets de turquoises
De roucoulements sourds gonflent leur col changeant.
Montrent dans le soleil leurs écailles d'argent,
Des pigeons violets aux reflets de turquoises
De roucoulements sourds gonflent leur col changeant.
Leur ventre bien lustré,
dont la plume est plus sombre,
Fait tantôt de l'ébène et tantôt de l'émail,
Et leurs pattes, qui sont rouges parmi cette ombre,
Semblent sur du velours des branches de corail.
Fait tantôt de l'ébène et tantôt de l'émail,
Et leurs pattes, qui sont rouges parmi cette ombre,
Semblent sur du velours des branches de corail.
Au bout du clos, bien
loin, on voit paître les oies,
Et vaguer les dindons noirs comme des huissiers.
Oh ! qui pourra chanter vos bonheurs et vos joies,
Rentiers, faiseurs de lards, philistins, épiciers ?
Et vaguer les dindons noirs comme des huissiers.
Oh ! qui pourra chanter vos bonheurs et vos joies,
Rentiers, faiseurs de lards, philistins, épiciers ?
Oh ! vie heureuse des
bourgeois ! Qu'avril bourgeonne
Ou que décembre gèle, ils sont fiers et contents.
Ce pigeon est aimé trois jours par sa pigeonne ;
Ca lui suffit, il sait que l'amour n'a qu'un temps.
Ou que décembre gèle, ils sont fiers et contents.
Ce pigeon est aimé trois jours par sa pigeonne ;
Ca lui suffit, il sait que l'amour n'a qu'un temps.
Ce dindon a toujours béni
sa destinée.
Et quand vient le moment de mourir il faut voir
Cette jeune oie en pleurs : " C'est là que je suis née ;
Je meurs près de ma mère et j'ai fait mon devoir.
Et quand vient le moment de mourir il faut voir
Cette jeune oie en pleurs : " C'est là que je suis née ;
Je meurs près de ma mère et j'ai fait mon devoir.
"Elle a fait son
devoir ! C'est à dire que oncque
Elle n'eut de souhait impossible, elle n'eut
Aucun rêve de lune, aucun désir de jonque
L'emportant sans rameurs sur un fleuve inconnu.Elle ne sentit pas lui courir sous la plume
De ces grands souffles fous qu'on a dans le sommeil,
pour aller voir la nuit comment le ciel s'allume
Et mourir au matin sur le coeur du soleil.Et tous sont ainsi faits ! Vivre la même vie
Toujours pour ces gens-là cela n'est point hideux
Ce canard n'a qu'un bec, et n'eut jamais envie
Ou de n'en plus avoir ou bien d'en avoir deux.
Elle n'eut de souhait impossible, elle n'eut
Aucun rêve de lune, aucun désir de jonque
L'emportant sans rameurs sur un fleuve inconnu.Elle ne sentit pas lui courir sous la plume
De ces grands souffles fous qu'on a dans le sommeil,
pour aller voir la nuit comment le ciel s'allume
Et mourir au matin sur le coeur du soleil.Et tous sont ainsi faits ! Vivre la même vie
Toujours pour ces gens-là cela n'est point hideux
Ce canard n'a qu'un bec, et n'eut jamais envie
Ou de n'en plus avoir ou bien d'en avoir deux.
Aussi, comme leur vie est
douce, bonne et grasse !
Qu'ils sont patriarcaux, béats, vermillonnés,
Cinq pour cent ! Quel bonheur de dormir dans sa crasse,
De ne pas voir plus loin que le bout de son nez !
Qu'ils sont patriarcaux, béats, vermillonnés,
Cinq pour cent ! Quel bonheur de dormir dans sa crasse,
De ne pas voir plus loin que le bout de son nez !
N'avoir aucun besoin de
baiser sur les lèvres,
Et, loin des songes vains, loin des soucis cuisants,
Posséder pour tout cœur un viscère sans fièvres,
Un coucou régulier et garanti dix ans !
Et, loin des songes vains, loin des soucis cuisants,
Posséder pour tout cœur un viscère sans fièvres,
Un coucou régulier et garanti dix ans !
Oh ! les gens bienheureux
!... Tout à coup, dans l'espace,
Si haut qu'il semble aller lentement, un grand vol
En forme de triangle arrive, plane et passe.
Où vont-ils ? Qui sont-ils ? Comme ils sont loin du sol !
Si haut qu'il semble aller lentement, un grand vol
En forme de triangle arrive, plane et passe.
Où vont-ils ? Qui sont-ils ? Comme ils sont loin du sol !
Les pigeons, le bec droit,
poussent un cri de flûte
Qui brise les soupirs de leur col redressé,
Et sautent dans le vide avec une culbute.
Les dindons d'une voix tremblotante ont gloussé.
Qui brise les soupirs de leur col redressé,
Et sautent dans le vide avec une culbute.
Les dindons d'une voix tremblotante ont gloussé.
Les poules picorant ont
relevé la tête.
Le coq, droit sur l'ergot, les deux ailes pendant,
Clignant de l'œil en l'air et secouant la crête,
Vers les hauts pèlerins pousse un appel strident.
Le coq, droit sur l'ergot, les deux ailes pendant,
Clignant de l'œil en l'air et secouant la crête,
Vers les hauts pèlerins pousse un appel strident.
Qu'est-ce que vous avez,
bourgeois ? soyez donc calmes.
Pourquoi les appeler, sot ? Ils n'entendront pas.
Et d'ailleurs, eux qui vont vers le pays des palmes,
Crois-tu que ton fumier ait pour eux des appas ?
Pourquoi les appeler, sot ? Ils n'entendront pas.
Et d'ailleurs, eux qui vont vers le pays des palmes,
Crois-tu que ton fumier ait pour eux des appas ?
Regardez-les passer ! Eux,
ce sont les sauvages.
Ils vont où leur désir le veut, par-dessus monts,
Et bois, et mers, et vents, et loin des esclavages.
L'air qu'ils boivent feraient éclater vos poumons.
Ils vont où leur désir le veut, par-dessus monts,
Et bois, et mers, et vents, et loin des esclavages.
L'air qu'ils boivent feraient éclater vos poumons.
Regardez-les ! Avant
d'atteindre sa chimère,
Plus d'un, l'aile rompue et du sang plein les yeux,
Mourra. Ces pauvres gens ont aussi femme et mère,
Et savent les aimer aussi bien que vous, mieux.
Plus d'un, l'aile rompue et du sang plein les yeux,
Mourra. Ces pauvres gens ont aussi femme et mère,
Et savent les aimer aussi bien que vous, mieux.
Pour choyer cette femme et
nourrir cette mère,
Ils pouvaient devenir volaille comme vous.
Mais ils sont avant tout les fils de la chimère,
Des assoiffés d'azur, des poètes, des fous.
Ils pouvaient devenir volaille comme vous.
Mais ils sont avant tout les fils de la chimère,
Des assoiffés d'azur, des poètes, des fous.
Ils sont maigres,
meurtris, las, harassés. Qu'importe !
Là-haut chante pour eux un mystère profond.
A l'haleine du vent inconnu qui les porte
Ils ont ouvert sans peur leurs deux ailes. Ils vont.
Là-haut chante pour eux un mystère profond.
A l'haleine du vent inconnu qui les porte
Ils ont ouvert sans peur leurs deux ailes. Ils vont.
La bise contre leur
poitrail siffle avec rage.
L'averse les inonde et pèse sur leur dos.
Eux, dévorent l'abîme et chevauchent l'orage.
Ils vont, loin de la terre, au dessus des badauds.
L'averse les inonde et pèse sur leur dos.
Eux, dévorent l'abîme et chevauchent l'orage.
Ils vont, loin de la terre, au dessus des badauds.
Ils vont, par l'étendue
ample, rois de l'espace.
Là-bas, ils trouveront de l'amour, du nouveau.
Là-bas, un bon soleil chauffera leur carcasse
Et fera se gonfler leur cœur et leur cerveau.
Là-bas, ils trouveront de l'amour, du nouveau.
Là-bas, un bon soleil chauffera leur carcasse
Et fera se gonfler leur cœur et leur cerveau.
Là-bas, c'est le pays de
l'étrange et du rêve,
C'est l'horizon perdu par delà les sommets,
C'est le bleu paradis, c'est la lointaine grève
Où votre espoir banal n'abordera jamais.
C'est l'horizon perdu par delà les sommets,
C'est le bleu paradis, c'est la lointaine grève
Où votre espoir banal n'abordera jamais.
Regardez-les, vieux coq,
jeune oie édifiante !
Rien de vous ne pourra monter aussi haut qu'eux.
Et le peu qui viendra d'eux à vous, c'est leur fiente.
Les bourgeois sont troublés de voir passer les gueux.
Rien de vous ne pourra monter aussi haut qu'eux.
Et le peu qui viendra d'eux à vous, c'est leur fiente.
Les bourgeois sont troublés de voir passer les gueux.
Tiré de Jean Richepin, La chanson des gueux, Eugène Fasquelle Editeur, Paris, 1920
Y a plus de saisons !...
Samedi, la journée
avançant on s'est retrouvés en été, et dimanche avec la pluie on est revenus en
hiver... ça a un peu perturbé mes plans.
J'ai quand même réussi à
me faufiler entre les gouttes pour récolter quelques disques, bon pas beaucoup
mais des trucs bizarres. Le samedi d'abord, je tire deux bidules d'un lot de
conneries genre Disney : le "Arthur et les Robots" de Guigou
Chenevier (sur lequel je reviendrai peut-être ultérieurement en détails) et
"La Forêt des Heures", le premier album de Jacques Coutureau (ancien
du Grand Magic Circus), un conte accompagné avec des instruments Baschet (c'est
ce qui m'a fait prendre le disque).
Bon, c'est une curiosité (apparemment c'est recherché par les instits et les collectionneurs d'enregistrements d'instruments bizarres, mais les rares exemplaires qui trainent sur internet sont proposés à des prix de dingues où personne ne les achète)... Hasard des vide-greniers, je trouve le lendemain le deuxième disque de Coutureau, "L'oiseau qui faisait du lait", sur le même principe (mais l'histoire tient debout). Donc en 48h, j'ai appris l'existence de Jacques Coutureau, j'ai acheté toute sa discographie solo, et en recherchant plus de renseignements j'ai appris qu'il était mort en 2005.
Bon, c'est une curiosité (apparemment c'est recherché par les instits et les collectionneurs d'enregistrements d'instruments bizarres, mais les rares exemplaires qui trainent sur internet sont proposés à des prix de dingues où personne ne les achète)... Hasard des vide-greniers, je trouve le lendemain le deuxième disque de Coutureau, "L'oiseau qui faisait du lait", sur le même principe (mais l'histoire tient debout). Donc en 48h, j'ai appris l'existence de Jacques Coutureau, j'ai acheté toute sa discographie solo, et en recherchant plus de renseignements j'ai appris qu'il était mort en 2005.
Acheté également un exemplaire du premier.
LE GRAND MAGIC CIRCUS - JACQUES COUTUREAU - le
boucher, la star et l'orpheline
Du Spectacle "Good Bye Mister Freud !" De
Jacques Coutureau. Et Jerome Savary
& Copi : Canal Saint-Martin
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