Nous avons rencontré trois fois Stéphane Hessel à
« Dialogues en Humanité » de
Lyon (avec Danièle Mitterrand) et nous sommes
à la fois profondément tristes et plein d’espoir des vies exemplaires
et mobilisatrices de « ces engagés
de l’espoir » qui nous rappellent chaque jour « qu’il y a des
héritages qui obligent ». Claude Veyret pour MCD. (Nous les avons
interviewés sur Radio Pluriel, avec Thierry Borde et Patrice Berger).
L'éclat d'une espérance
Stéphane Hessel n’est
plus. Au-delà de la tristesse, le constat: il aura été un résistant jusqu’au
bout. Militant acharné de la cause palestinienne depuis longtemps, il fut ces
dernières années un formidable catalyseur d’indignation et d’engagement, dans
un monde – et singulièrement une Europe – soumis à un libéralisme destructeur
et démobilisateur. Contemporain des Trente Glorieuses, Stéphane Hessel s’est
voulu solidaire des générations moins favorisées, celles de l’état de crise
généralisé (finance, économie, environnement) et de l’espérance en souffrance.
La jeunesse, en particulier: pour elle, le militant nonagénaire a repris son
bâton de pèlerin, au soir de sa vie, arpentant les médias pour expliquer les
raisons de se révolter, relayant la parole des Indignés – qu’il ne manqua pas
d’aller encourager personnellement sur leurs campements.
«Indignez-vous!»: mesure-t-on à quel point cet appel en apparence simpliste, envoyé en 2010 depuis la France, fut un ardent contre-feu à l’obscénité du sarkozysme? En face de l’hyperprésident, ami des milliardaires et champion d’un «gagner plus» incarné jusqu’à la nausée par la caste des top-managers à la Vasella, le vieux sage a brandi les principes du Conseil national de la résistance (CNR): en mars 1944, la Libération dans le viseur, les divers courants maquisards unis autour du général de Gaulle établissaient un programme à faire rougir le social-démocrate Hollande. Nationalisation de l’approvisionnement énergétique, des transports stratégiques et des activités bancaires; création de la sécurité sociale et des comités d’entreprise; élévation du niveau de vie et stabilité de l’emploi; accès de tous à l’instruction et à la culture; liberté et indépendance de la presse. Objectif: «l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières». Autant dire un modèle – clairement de gauche – qui reste à bâtir. Ou, pour ce qui en a été réalisé et détruit par la déferlante néolibérale des dernières décennies, à reconstruire.
«Engagez-vous!», avait lancé Stéphane Hessel dans un second manifeste, forcément plus contraignant. Pour qu’on ne puisse pas dire qu’il se payait de mots. Lui! Passé par de si dures épreuves (la guerre, la déportation à Buchenwald), honoré par de si prestigieuses fonctions (participation à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme, carrière de diplomate), pouvant légitimement aspirer à une retraite tranquille. Qu’il ait estimé de son devoir de s’engager avec autant de vigueur et de conviction pour les générations futures force l’admiration. Et nous enjoint à poursuivre ses combats. Puisse son message résonner avec la même intensité qui brillait dans son regard.
«Indignez-vous!»: mesure-t-on à quel point cet appel en apparence simpliste, envoyé en 2010 depuis la France, fut un ardent contre-feu à l’obscénité du sarkozysme? En face de l’hyperprésident, ami des milliardaires et champion d’un «gagner plus» incarné jusqu’à la nausée par la caste des top-managers à la Vasella, le vieux sage a brandi les principes du Conseil national de la résistance (CNR): en mars 1944, la Libération dans le viseur, les divers courants maquisards unis autour du général de Gaulle établissaient un programme à faire rougir le social-démocrate Hollande. Nationalisation de l’approvisionnement énergétique, des transports stratégiques et des activités bancaires; création de la sécurité sociale et des comités d’entreprise; élévation du niveau de vie et stabilité de l’emploi; accès de tous à l’instruction et à la culture; liberté et indépendance de la presse. Objectif: «l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières». Autant dire un modèle – clairement de gauche – qui reste à bâtir. Ou, pour ce qui en a été réalisé et détruit par la déferlante néolibérale des dernières décennies, à reconstruire.
«Engagez-vous!», avait lancé Stéphane Hessel dans un second manifeste, forcément plus contraignant. Pour qu’on ne puisse pas dire qu’il se payait de mots. Lui! Passé par de si dures épreuves (la guerre, la déportation à Buchenwald), honoré par de si prestigieuses fonctions (participation à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme, carrière de diplomate), pouvant légitimement aspirer à une retraite tranquille. Qu’il ait estimé de son devoir de s’engager avec autant de vigueur et de conviction pour les générations futures force l’admiration. Et nous enjoint à poursuivre ses combats. Puisse son message résonner avec la même intensité qui brillait dans son regard.
Roderic Mounir
Nous vous proposons de retrouver ses paroles, enregistrées en 2010 lors des Dialogues en Humanité au Parc de la Tête d’Or de Lyon. Il était en compagnie de Danielle Mitterrand, avec qui il partageait beaucoup de ses luttes et de ses espoirs.
Nous vous proposons de retrouver ses paroles, enregistrées en 2010 lors des Dialogues en Humanité au Parc de la Tête d’Or de Lyon. Il était en compagnie de Danielle Mitterrand, avec qui il partageait beaucoup de ses luttes et de ses espoirs.
Désormais, nous ne retrouverons plus Stéphane Hessel
lors des rendez-vous où dialogue l’humanité résistante. Mais sa pensée
nous accompagnera encore longtemps le long des chemins de l’espoir...
Claude Veyret
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C’était l’été, au parc de la Tête d’Or lorsque nous
rencontrâmes Danielle Mitterrand et Stéphane Hessel. Près du studio
d’enregistrement, passait une jolie jeune fille rousse qui inspira
Stéphane Hessel, grand érudit et admirateur d’Apollinaire : il nous fit
don de "La jolie rousse"...
ECOUTER La jolie rousse, poème de Guillaume Apollinaire dit par Stéphane Hessel |
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