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vendredi 29 mars 2013

Le Printemps des Poètes...

Printemps des poètes 3 : Bris de Nil Nèfta Poetry : MCD célèbre la poésie en invitant des poètes-slameurs, de Dakar à Brazzaville, en passant par Paris, ou encore Lomé, à partager et déclamer un texte original. Un rendez vous hebdomadaire à ne pas manquer.
Cette gorgone aux traits calleux

Que la glace polie réfléchit

Mais… qui est-ce ?

Derrière ce faciès en ruine

Bosselé de combes et de combles

Affaissé en creux et en saillies

Un visage malheureux, de pierre.

Décroissant, des enfonçures de son front

Aux creusures de ses joues

À l'effondrement de sa mâchoire

Pendante, tombante, succombante…

Ses yeux constellés d'étoiles rouges. Vives.

Ce ne sont pas des étincelles

Mais des vaisseaux, des nefs sanguines.

Cette gorgone aux traits calleux

Que la glace, fut-elle concave, réfléchit

Mais… qui est-ce ?

Cette étrangère qui retranche mes souvenirs…

Sa seule vue, d'une entière vie,

Mes pensées, ampute…

Trichoma, elle a le cheveu gras

Des tifs, rebelles et rétifs…

Qui est ce corps à l'abandon ?

Dont le miroir me laisse une sale impression

Dont la surface renvoie une sale imitation

De moi… ?

Quelle est cette poupée désarticulée ?

Au teint fuligineux

Au regard brumeux

À la peau brouillée

Au souffle fumeux

Aux contours obscurs

À l'air rapiécé

Gonflée de bleus…

Moi… ?

Moi…

Avant j'étais un Nil

Un fleuve d'abondance

J'étais paisible. Tempérance.

Me contempler c'était atteindre l'Empyrée.

J'étais un havre, un port de paix

Mon corps. Libre. Exempt de chaînes

Mais il arriva tel un mordant hiver

Qui me glaça le sang

Qui me glaça de peurs

Au goutte à goutte, toxique infiltrat

En ma psyché

Angoisse !

Psychose !

Terreurs !

Psychique défaite

En moi c'était l'Arctique

Qui, Balkanisé, se morcelait

Et ma rivière gelée

Fut réduite en bris de Nil…

Sur moi, je pleure ce ça en moi

Prise aux fers en mon sein

Grippés les vices de mes reins

Ce corps agonique agonis de malheurs

Ce vagin cynique lacéré de douleurs

Disparue, l'enfant qu'elle éleva

Ma mère-courage

Ma mère-adage

"Aime un homme qui t'aime

Pas un homme que tu aimes…"

Maman où es-tu ? !

Je ne m'y retrouve plus !

Delirium Tremens sous sa coupe

À force de roustes et de beignes

Pourtant je n'ai pas la chatte teigne

Pour qu'il me filât tant de châtaignes… !!

L'Homo Neandertalensis… Contendant !

L'Homo Sapiens… Hypnotisant…

L'Homo Sexus… Pilonnant !

Frugales amours de ce singe nu…

Moi…

Avant j'étais un Nil

Un fleuve d'abondance

J'étais paisible. Tempérance.

Me contempler c'était atteindre l'Empyrée.

J'étais un havre, un port de paix

Mon corps libre exempt de chaînes

Mais il m'enveloppa tel un mordant hiver

Qui me glaça le sang

Qui me glaça de peurs

Au goutte à goutte, toxique infiltrat

En ma psyché

Angoisse !

Psychose !

Phobique !

Mentalement défaite

En moi c'était un Arctique

Balkanisé, morcelé

Et moi, rivière tarie

Réduite en sable du Nil…

Pourtant elle l'aime ce singe nu…

Souvent luminescent, l'homme de Florès

À qui elle donnerait sa flore à fleurer

Floune flirtant livrant sa fleur à déflorer…

Mais non à défleurir !

Ni son ventre à pourrir !

Pour à ce point manquer de flair

Il fallut que son odeur musquée soit enivrante

Elle était ivre de lui, ivre de son aura aveuglante

Dans une cécité existentielle dont la densité avait

Force de loi… Aveugle à tout…

À la fois état et séquelle…

Mais je dis "Elle"

Que ne dis-je "je" ? !

Car en moi vit-elle

Comme moi en elle…

JE…

Je me sentais cloche à être trop sonnée

Trop assommée ! Cognée ! Sifflée !… Au pied !

Perdant le fil de ma propre pensée

Mon histoire, entre parenthèses, embrumée…

Je ne suis personne… à moi-même aliénée…

Alors qu'aux prémices de nos amours

Charnelles, assoiffées, enragées !!

Il en était bouleversant

À m'en chavirer d'extase

À me tournebouler, désorientée

À chaque orgasmique baiser

À m'en remuer les tripes !

Ces mêmes tripes qu'il se plut ensuite

À saigner, à me les étaler

En vomissures…

Comment jadis ces lèvres succulentes

Qui susurraient sa jouissance à mon oreille

Étaient félicités pour ma peau-nectar

Peuvent-elles accueillir la cruauté

Des noms d'oiseau dont il sait m'affubler ?

Comment ses mains jadis flattant mes courbes

Protectrices, m'épargnant l'ennui, suaves, jamais fourbes

Peuvent-elles, les doigts serrés en un poing,

S'abattre, ces massues, sur mes reins

M'évanouir en strangulations ces serre-joints ?

Comment

Comment… ?

Ma peau de brocart, de tussah

Ma chute de rein, vertigineuse

Mes bras graciles, qu'il disait…

Et le bleuissement de martyres

Les abrasions des vaginales tortures

Qu'il m'inflige… ?

De l'Éden à la Géhenne…

Moi…

Avant j'étais un Nil

Un fleuve d'abondance

Paisible tempérance

Un havre, un port de paix

Et ce mordant hiver

Qui me glaça le sang

Qui me brisa les os

Je l'ai fui…

J'ai fondu en larmes

Dégoulinant ma peur

Jusqu'à l'apaisement

Rassemblant mon être

Feu continent noir

Je ne suis plus qu'une île

Mais en moi la vie encore se meut

Son cours reprend…

Son flot d'espérance

Je suis un Nil… 

Bris de Nil  de  Nèfta Poetry pour Mme Bonjean qui veut plus de poésie sur notre Blog 

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