Des paroles et des actes
La bio,
effet de mode ou lame de fond ? Il fut un temps où ce genre de
questions apparaissait régulièrement dans les écrits ou propos de journalistes,
souvent les plus incrédules ou les moins bien informés. Alors que 60% des consommateurs
consomment des produits bio régulièrement (ils sont 40% à en consommer au moins
1 fois par mois (i)), cette question n’est plus d’actualité. Le phénomène est
aujourd'hui irréversible, et c’est tant mieux pour l’emploi des paysans, la
santé des consommateurs, le bien-être animal et la préservation de
l’environnement.
Par contre, d’autres interrogations subsistent, pour lesquelles nous n’avons toujours pas de réponses, malgré quelques bonnes intentions affichées (ii), jusqu’à présent peu suivies d’effets à hauteur des enjeux. Ainsi :
- Malgré l'engouement des Français pour la bio et les études toujours plus nombreuses prouvant ses qualités et, a contrario, la dangerosité des pesticides pour l’environnement et la santé, pourquoi les pouvoirs publics ne lancent-ils toujours pas de vraies campagnes d’informations dignes de ce nom en direction de la population ? Les organisations de producteurs, les magasins spécialisés bio "à haute valeur éthique", les associations environnementales et de consommateurs, dont Bio Consom’acteurs, peuvent jouer un rôle essentiel dans l’information sur la bio et l’accompagnement des citoyens pour une meilleure alimentation. Pourquoi les pouvoirs publics ne s'appuient-ils pas sur ces organisations, en leur apportant les moyens nécessaires, pour qu'elles remplissent plus efficacement leur rôle de relais citoyens ?
- Puisque le prix de la bio reste un frein majeur à une consommation soutenue et régulière (iii), alors même que ce prix reflète les coûts réels de production et de distribution, sans externalités négatives et ruineuses pour la collectivité, pourquoi favoriser encore les grandes cultures intensives et polluantes, au détriment d'un soutien fort à une agriculture paysanne bio soucieuse de terroir, de proximité et de qualité gustative (iv) ?
- Alors que les OGM sont un échec partout dans le monde, tant en termes de productivité que de réduction des pesticides (v), de conséquences néfastes avérées sur la biodiversité et de dangers potentiels sur la santé (vi), pourquoi un moratoire de précaution sur l’importation en France d’aliments transgéniques à fin de consommation animale et humaine n’est-il pas rapidement décidé pour pallier tout risque pour le cheptel et les consommateurs ?
- Toutes ces questions essentielles, que nous ne manquerons pas de poser de nouveau cette année aux élus du peuple, n’empêchent pas que quotidiennement et partout en France, dans l'attente de réponses satisfaisantes pour la collectivité, des citoyens et des collectivités publiques agissent pour que les choses bougent. Et si nommer quelques-uns d’entre eux, c’est se priver de citer d’autres initiatives tout aussi remarquables, qu’il nous soit permis de mettre en avant, parmi celles qui nous paraissent les plus exemplaires :
- Les régions Midi-Pyrénées (1er rang français en termes de surfaces bio et en conversion avec 118 754 ha), Provence-Alpes-Côte d’Azur (1er rang en terme de surface agricole utile bio avec 12.3%) et Rhône-Alpes, (1er rang en termes de nombre de fermes bio [2 554] et de transformateurs bio [1052] (vii). Favoriser durablement le développement régional de la production et de la transformation bio, c’est possible. Ces trois régions le prouvent avec des outils de valorisation et de développement spécifiques : aide aux investissements des fermes bio et en conversion et au financement des contrôles obligatoires bio, création d'outils de promotion des entreprises bio…
- La commune de Mouans-Sartoux (06). Manger 100% bio à la cantine, c’est possible et sans surcoût : c’est ce que nous prouve cette commune des Alpes-Maritimes, probablement la première ville de plus de 10 000 habitants à offrir une restauration scolaire 100% bio et qui a créé une régie municipale agricole bio en 2011. Le maire de la commune, André Aschiéri, explique que «les services de la commune ont travaillé pour que ce développement de la part du bio se fasse tout en maitrisant les dépenses. Ainsi le coût matière moyen annuel d’un repas est passé de 1,90€ en 2009 à 1,70€ en 2011 alors que la part du bio passait de 25% à 73% !» Il ajoute que «ce résultat, encourageant pour permettre à d'autres communes de se lancer dans l'aventure, s’est fait autour de la diminution de 75% des restes alimentaires, d’une optimisation de la gestion de l’économat, de la disparition des emballages à la portion, d’une cuisson dernière minute et d’un accompagnement éducatif des enfants» (viii).
- L’association Bio Cohérence, constituée par des agriculteurs, des transformateurs, des distributeurs et des consommateurs (Bio Consom’acteurs en est membre fondateur) qui considèrent que la bio est bien plus «qu’une alternative économique, bien plus qu'un cahier des charges qui prend en compte des exigences environnementales. Nous pensons que la bio doit être également le ferment d'un autre modèle agricole, d'un autre rapport entre l'agriculture et la société et même d'un autre modèle économique». Produire, transformer, distribuer et consommer bio sans reproduire les excès et les travers d’une société basée sur la seule recherche du profit maximal, c’est non seulement possible, c’est nécessaire.
- Enfin citons tous les paysans et consom’acteurs bio dont les comportements et initiatives, individuels et collectifs (partenariats paysans-consommateurs, associations locales qui proposent des cours de cuisine, de nutrition, des conférences-débats...) montrent que changer le monde autour d’eux, c’est possible en permettant à toujours plus de citoyens d’être mieux conscients des enjeux, économiques, sociaux, sanitaires et écologiques auxquels répond l’agriculture biologique.
Pourtant le chemin semble encore long avant que cette pratique agricole et la consommation des produits qui en sont issus trouvent la place qu’elles méritent dans notre société dite développée. Ensemble en 2013, nous poursuivrons la tâche que nous nous sommes fixée d’information et d’interpellation pour une bio locale et équitable. Très bonne année à toutes et tous.
Hugues Toussaint
Président de Bio Consom’acteurs
Par contre, d’autres interrogations subsistent, pour lesquelles nous n’avons toujours pas de réponses, malgré quelques bonnes intentions affichées (ii), jusqu’à présent peu suivies d’effets à hauteur des enjeux. Ainsi :
- Malgré l'engouement des Français pour la bio et les études toujours plus nombreuses prouvant ses qualités et, a contrario, la dangerosité des pesticides pour l’environnement et la santé, pourquoi les pouvoirs publics ne lancent-ils toujours pas de vraies campagnes d’informations dignes de ce nom en direction de la population ? Les organisations de producteurs, les magasins spécialisés bio "à haute valeur éthique", les associations environnementales et de consommateurs, dont Bio Consom’acteurs, peuvent jouer un rôle essentiel dans l’information sur la bio et l’accompagnement des citoyens pour une meilleure alimentation. Pourquoi les pouvoirs publics ne s'appuient-ils pas sur ces organisations, en leur apportant les moyens nécessaires, pour qu'elles remplissent plus efficacement leur rôle de relais citoyens ?
- Puisque le prix de la bio reste un frein majeur à une consommation soutenue et régulière (iii), alors même que ce prix reflète les coûts réels de production et de distribution, sans externalités négatives et ruineuses pour la collectivité, pourquoi favoriser encore les grandes cultures intensives et polluantes, au détriment d'un soutien fort à une agriculture paysanne bio soucieuse de terroir, de proximité et de qualité gustative (iv) ?
- Alors que les OGM sont un échec partout dans le monde, tant en termes de productivité que de réduction des pesticides (v), de conséquences néfastes avérées sur la biodiversité et de dangers potentiels sur la santé (vi), pourquoi un moratoire de précaution sur l’importation en France d’aliments transgéniques à fin de consommation animale et humaine n’est-il pas rapidement décidé pour pallier tout risque pour le cheptel et les consommateurs ?
- Toutes ces questions essentielles, que nous ne manquerons pas de poser de nouveau cette année aux élus du peuple, n’empêchent pas que quotidiennement et partout en France, dans l'attente de réponses satisfaisantes pour la collectivité, des citoyens et des collectivités publiques agissent pour que les choses bougent. Et si nommer quelques-uns d’entre eux, c’est se priver de citer d’autres initiatives tout aussi remarquables, qu’il nous soit permis de mettre en avant, parmi celles qui nous paraissent les plus exemplaires :
- Les régions Midi-Pyrénées (1er rang français en termes de surfaces bio et en conversion avec 118 754 ha), Provence-Alpes-Côte d’Azur (1er rang en terme de surface agricole utile bio avec 12.3%) et Rhône-Alpes, (1er rang en termes de nombre de fermes bio [2 554] et de transformateurs bio [1052] (vii). Favoriser durablement le développement régional de la production et de la transformation bio, c’est possible. Ces trois régions le prouvent avec des outils de valorisation et de développement spécifiques : aide aux investissements des fermes bio et en conversion et au financement des contrôles obligatoires bio, création d'outils de promotion des entreprises bio…
- La commune de Mouans-Sartoux (06). Manger 100% bio à la cantine, c’est possible et sans surcoût : c’est ce que nous prouve cette commune des Alpes-Maritimes, probablement la première ville de plus de 10 000 habitants à offrir une restauration scolaire 100% bio et qui a créé une régie municipale agricole bio en 2011. Le maire de la commune, André Aschiéri, explique que «les services de la commune ont travaillé pour que ce développement de la part du bio se fasse tout en maitrisant les dépenses. Ainsi le coût matière moyen annuel d’un repas est passé de 1,90€ en 2009 à 1,70€ en 2011 alors que la part du bio passait de 25% à 73% !» Il ajoute que «ce résultat, encourageant pour permettre à d'autres communes de se lancer dans l'aventure, s’est fait autour de la diminution de 75% des restes alimentaires, d’une optimisation de la gestion de l’économat, de la disparition des emballages à la portion, d’une cuisson dernière minute et d’un accompagnement éducatif des enfants» (viii).
- L’association Bio Cohérence, constituée par des agriculteurs, des transformateurs, des distributeurs et des consommateurs (Bio Consom’acteurs en est membre fondateur) qui considèrent que la bio est bien plus «qu’une alternative économique, bien plus qu'un cahier des charges qui prend en compte des exigences environnementales. Nous pensons que la bio doit être également le ferment d'un autre modèle agricole, d'un autre rapport entre l'agriculture et la société et même d'un autre modèle économique». Produire, transformer, distribuer et consommer bio sans reproduire les excès et les travers d’une société basée sur la seule recherche du profit maximal, c’est non seulement possible, c’est nécessaire.
- Enfin citons tous les paysans et consom’acteurs bio dont les comportements et initiatives, individuels et collectifs (partenariats paysans-consommateurs, associations locales qui proposent des cours de cuisine, de nutrition, des conférences-débats...) montrent que changer le monde autour d’eux, c’est possible en permettant à toujours plus de citoyens d’être mieux conscients des enjeux, économiques, sociaux, sanitaires et écologiques auxquels répond l’agriculture biologique.
Pourtant le chemin semble encore long avant que cette pratique agricole et la consommation des produits qui en sont issus trouvent la place qu’elles méritent dans notre société dite développée. Ensemble en 2013, nous poursuivrons la tâche que nous nous sommes fixée d’information et d’interpellation pour une bio locale et équitable. Très bonne année à toutes et tous.
Hugues Toussaint
Président de Bio Consom’acteurs
(i) Baromètre de consommation et de perception des produits bio en
France 2011- Agence bio
(ii) Nous prenons acte de l’ambition du ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll de faire mieux que les nombreux plans de développement de la bio qui l’ont précédé. En 2012, moins de 4% de la SAU et de 3% de la consommation alimentaire françaises sont bio. Nous mesurerons le niveau d’ambition du ministre à hauteur des chiffres de la production et de la consommation en fin du quinquennat. Et nous ne manquerons pas de l’interpeller si, d’ici là, la progression nous parait notoirement insuffisante.
(iii) En 2011, 77% des Français citent le prix trop élevé comme raison de non achat de produits biologiques. Agence bio, id.
(iv) Cf. l’ouvrage de l’agronome Jacques Caplat « L’agriculture biologique pour nourrir l’humanité » Actes Sud 2012 et celui de Claude Aubert, Denis Lairon et André Lefebvre « Manger bio c'est mieux », Terre vivante.
(v) Cf. l’édifiant rapport publié fin 2012 par l’agronome et économiste Charles Benbrook qui affirme qu’un développement des OGM en Europe à l’égal des USA entrainerait une augmentation de 400 à 800% de l’épandage du glyphosate, désherbant total, dont le plus connu est le Roundup de Monsanto
(vi) Voir conclusions de l’étude du Pr. Gilles Eric Seralini. Voir le site du Criigen
(vii) Chiffres 2011 (Agence bio)
(viii) D’autres villes, de tailles moins importantes, proposent également des menus 100% dans leurs cantines. Citons Langouet (35), Tursac (24), Ytrac (15)… Certaines, beaucoup plus importantes, font également un gros effort dans ce sens: Saint Etienne (42), Paris 2ème
(ii) Nous prenons acte de l’ambition du ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll de faire mieux que les nombreux plans de développement de la bio qui l’ont précédé. En 2012, moins de 4% de la SAU et de 3% de la consommation alimentaire françaises sont bio. Nous mesurerons le niveau d’ambition du ministre à hauteur des chiffres de la production et de la consommation en fin du quinquennat. Et nous ne manquerons pas de l’interpeller si, d’ici là, la progression nous parait notoirement insuffisante.
(iii) En 2011, 77% des Français citent le prix trop élevé comme raison de non achat de produits biologiques. Agence bio, id.
(iv) Cf. l’ouvrage de l’agronome Jacques Caplat « L’agriculture biologique pour nourrir l’humanité » Actes Sud 2012 et celui de Claude Aubert, Denis Lairon et André Lefebvre « Manger bio c'est mieux », Terre vivante.
(v) Cf. l’édifiant rapport publié fin 2012 par l’agronome et économiste Charles Benbrook qui affirme qu’un développement des OGM en Europe à l’égal des USA entrainerait une augmentation de 400 à 800% de l’épandage du glyphosate, désherbant total, dont le plus connu est le Roundup de Monsanto
(vi) Voir conclusions de l’étude du Pr. Gilles Eric Seralini. Voir le site du Criigen
(vii) Chiffres 2011 (Agence bio)
(viii) D’autres villes, de tailles moins importantes, proposent également des menus 100% dans leurs cantines. Citons Langouet (35), Tursac (24), Ytrac (15)… Certaines, beaucoup plus importantes, font également un gros effort dans ce sens: Saint Etienne (42), Paris 2ème
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