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jeudi 18 mars 2010

Ils n' y croient plus ?

L’abstention : une sécession silencieuse
Quels enseignements tirer de ce premier tour des régionales ? Une gauche (au sens large) presque majoritaire, un mouvement écologiste politiquement renforcé, une gauche anticapitaliste en reconstruction, une droite sarkozyste considérablement affaiblie. Et pourtant… une ombre inquiétante se profile, signe d’une considérable fracture sociale et démocratique. Sans que l’on sache ce qu’il en sortira.
On l’appelle parfois « le parti de l’abstention ». Il ne dispose pas de QG d’où les télévisions peuvent faire leur duplex sur des sympathisants euphoriques ou déprimés. Il ne dispose pas de leader souriant qui formulera de nouvelles promesses. Pourtant, au soir du premier tour des régionales, c’est le parti qui est largement majoritaire : 53,6% des électeurs ne se sont pas rendus aux urnes. C’est un record absolu pour des élections régionales. En 1998, « seulement » 42 % des électeurs inscrits ne s’étaient pas déplacés pour voter.
Ce chiffre renforce notre constat : la profondeur de la crise sociale et démocratique dans laquelle la France se trouve est sans précédent. Le niveau de cette abstention est d’autant plus alarmant qu’il concerne directement les classes les plus populaires et les zones les plus sinistrées. La Lorraine affiche un taux d’abstention de 58,5 %, près de 57% en Champagne-Ardenne, plus de 55% en Nord-Pas-de-Calais. C’est autant de territoires industriels frappés de plein fouet par la crise, ses charrettes de licenciements, son déclassement social, son désespoir. Les grandes régions urbaines et leurs périphéries, comme l’agglomération lyonnaise et l’Ile-de-France, ne sont pas en reste avec plus de 56% d’abstention. Dans des villes comme Villeurbanne (62,1% d’abstention), Saint-Denis (64,20%) ou Sarcelles (71,91%), de nombreux intérimaires, chômeurs, retraités ou jeunes étudiants, se sentant déclassés, n’ont pas ressenti le besoin d’aller voter. Pour eux, les élus n’apparaissent pas comme une protection efficace face à la crise qu’ils subissent de plein fouet. Ce à quoi nous assistons relève davantage d’une sécession silencieuse, d’une fracture qui ne cesse de s’aggraver entre élus ou représentants politiques et une partie de la population de plus en plus nombreuse, qui ne se sent ni comprise et encore moins défendue.
Eros Sana

1 commentaire:

  1. Intéressant et belle inspiration pour l'illustration..ça change tout un article joliment et expressivement illustré. Avec poésie. Et vision.

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