Et la femme s’émancipa
« La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droit. » On connaît surtout Olympe de Gouges pour sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne écrite en 1791 pour contrebalancer la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, qui excluait les femmes de la citoyenneté.Mais cette figure emblématique des mouvements pour la libération des femmes mena de multiples combats, notamment contre l’esclavage et la peine de mort.
Née à Montauban le 7 mai 1748, Marie Gouze (qui prendra le nom d’Olympe de Gouges en 1770) reçoit une éducation au sein de la petite bourgeoisie du Quincy, est mariée jeune avec un traiteur dont elle sera rapidement la veuve. L’expérience l’amènera à conclure que « le mariage est le tombeau de l’amour et de la confiance » et à réclamer la création du mariage libre sur contrat civil.
Fille non reconnue d’un père aristocrate, elle s’est aussi battue pour la reconnaissance des enfants illégitimes, s’inscrivant en rupture avec les codes sociaux de son époque et militant pour des réformes sociales de grande ampleur.
Très impliquée dans la vie publique, elle laisse derrière elle une cinquantaine de pièces, plus de soixante-dix ouvrages (pamphlets, essais, placards, affiches...) qui témoignent de ses engagements.
Olympe rejoignit la Société des amis des Noirs et prit position contre l’esclavage dans Zamore et Mirza (1785), rebaptisé L’Esclavage des Noirs. Réflexion sur les hommes nègres (1788), et Le Marché des Noirs (1790). Zamore et Mirza fut inscrite au répertoire de la Comédie-Française mais les comédiens refusèrent de la jouer. La pièce critiquait le Code noir alors en vigueur dans les colonies françaises et donnait la parole à des esclaves noirs.
Olympe prend part à la Révolution de toute son âme, elle prône de nombreuses réformes très en avance sur son temps : la liberté d’expression, l’égalité des sexes, l’instauration du divorce, l’abolition de l’esclavage et de la peine de mort, la création d’un impôt sur les revenus des plus riches, la distribution des terres en friche à des paysans ou à des coopératives, la création de maternités et de foyers solidaires pour les plus démunis, etc. Libre comme l’air, révoltée pour l’éternité, elle défend ses idéaux jusqu’au bout et s’oppose à la Terreur.
Dans son Testament politique (1793), elle écrivait : « J’ai tout prévu, je sais que ma mort est inévitable. » Elle paiera effectivement ses actions de sa vie, le 3 novembre 1793. Elle est une des premières femmes guillotinées de la Révolution française, juste après Marie-Antoinette. En la décapitant, on cherchait aussi à éradiquer ses idées trop subversives.
Marina Da Silva.
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