Que veut dire citoyens dans "mediascitoyensdiois"

Vous êtes plusieurs à nous avoir demandé de mettre en ligne ce texte publié il y a un mois en réponse à une demande de clarification. C’est avec plaisir car il répond aussi au caractère que l’on veut donner à ce média et donc au sens du projet. Très humblement.
Quelques idées fortes pour l'apprentissage de la citoyenneté. Réflexion sur un processus d’émancipation humaine jamais acquis, jamais parfait…
L'autosocioconstruction des comportements respectueux.
"Si l'on admet le tâtonnement expérimental pour accéder aux concepts, on doit également mettre en place une démarche constructive voire constructiviste pour apprendre à toutes et tous (aux jeunes et moins jeunes) à s'approprier des cheminements sociaux de paix et liberté, de justesse et écoute. Mais les adultes sont sans doute moins enclins à permettre les essais et erreurs dans les conduites socialisées."
Avoir à l'esprit que l'apprentissage de la citoyenneté, cela se construit (ou se déconstruit) dès le berceau.
Sortir d'un manichéisme réducteur et simpliste (les bons/les mauvais, les gros profiteurs-magouilleurs / les « p'tits qu’on écrase ») et mettre en évidence le partage collectif des responsabilités, à tous les niveaux d'un système. (Voire « De la servitude volontaire de La Béotie »)
Développer des attitudes compatibles avec la démocratie représentative : écouter l'autre et parler pour ceux qu'on représente plutôt que pour soi-même; faire confiance en la personne des délégués mais contrôler leur travail. Et renforcer ces processus par la participation citoyenne, démocratie participative, délibérative voire directe …)
Décoder les jeux relationnels, et en particulier les situations de pouvoir et de manipulation.
Apprendre à analyser une situation (entraînement mental) et à critiquer une information (éducation aux médias). Et oui.
Faire prendre conscience de la lente émergence de notre "humanitude", comme le dit E. Morin et de la façon dont les idées démocratiques se sont construites.
Adopter une conduite démocratique :
- respecter la liberté à s'autodéterminer;
- ne pas enfermer dans des étiquettes ou des jugements;
- accueillir les personnes et les groupes tels qu'ils sont;
- respecter les décisions prises;
- permettre et faciliter la participation de chacun et aider le groupe à progresser vers l'autogestion et l'autosocioconstruction des savoirs.
A partir du moment où il est manifeste que des gens n'en ont pas l'habitude, introduire prudemment et progressivement des pratiques participatives, dans un cadre très structuré.
- ne pas faire de suppositions (cela permet aussi de ne pas succomber à la rumeur et aux ragots).
Un préalable pour une éducation démocratique : affirmer l'interdit de la violence. Et privilégier la sortie positive des conflits comme une occasion de grandir ensemble.
Eviter de développer une personnalité "schizoïde", où la main gauche ignore ce que fait la main droite (refus d'aborder les conflits intérieurs entre valeurs et comportements - édification d'une cloison émotionnelle face à la souffrance d'autrui). Simple cohérence…
Développer des aptitudes à participer à un processus de démocratie directe : s'exprimer en son nom (dire « je » plutôt que « on ») et se forger une opinion à travers le dialogue avec les autres, apprendre à utiliser différents moyens pour exprimer clairement une opinion ou une demande, défendre une opinion sans se laisser déstabiliser par la controverse ... (beaucoup se construisent sur la critique des autres, cela gonfle leur égo…)
Apprendre à négocier : se distancier de ses émotions et gérer positivement des conflits.
Mettre en évidence les relations d'interdépendance entre les hommes et les mécanismes de solidarité et fraternité.
Mettre en évidence la nécessité d'avoir toujours à recommencer et à poursuivre sans relâche, dans tout nouveau groupe, une réflexion sur la mise en oeuvre des principes démocratiques et une lutte dans un rapport de forces pour pouvoir les vivre (à commencer par la famille, l'école, le monde associatif…).
Les mots "citoyenneté" et "démocratie", renvoient au fonctionnement des groupes humains. Apprendre à s'y situer suppose l'apprentissage de compétences collectives, c'est-à-dire qui ne peuvent s'acquérir qu'en groupe. Par exemple, apprendre à partager un territoire.
« Il n’ y a pas de réussite tout seul » et pour nous la réussite des autres est une réussite de tous, de la société, de la civilisation : c’est la Fraternité de notre triptyque républicain (Claude Veyret).
Une éducation à la citoyenneté « réussie » nous semblerait davantage marquée par l'acquisition de compétences collectives. Ne devons-nous pas surtout et avant tout réussir à partager, à négocier, à gérer notre patrimoine, notre environnement et notre avenir commun ? Mais alors, il s'agit là de passer du « tout seul » au « tous ensemble ». Ainsi, on ne peut apprendre à négocier qu'à plusieurs, et une négociation réussit ou échoue pour tous. Pour affronter la plupart des grandes questions de nos sociétés, il faut être capable de responsabilité collective, afin d'élaborer de nouveaux savoirs à plusieurs.
Ah ! Que l’apprentissage collectif, tentant par là de redresser un peu le déséquilibre actuel, (ou plutôt d'oeuvrer à restaurer l'équilibre comme dit Yan judicieusement) est difficile.
Claude Veyret, Jean-Noël Chassé, Solange Giolitto et Denis Mauplot, les 4 modérateurs actuels de « A.P.I.S. »
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