FrançAfrique : les ruses de la raison
postcoloniale
Nous
entreprenons la publication d’un article long mais fort instructif sur la
présence coloniale française en Afrique, parliculièrement au Mali dans le
contexte de la récente intervention militaire de la France dans cette région.
La suite vous sera présentée la semaine prochaine.
Le débat sur le passé
colonial de la République française et ses « aspects positifs »,
gravés dans la loi depuis l’adoption de la loi du 23 février 2005, exprime la
persistance de l’idéologie de « la mission civilisatrice ». Mais, il
entre aussi en résonance avec le grand succès de librairie qu’a été l’ouvrage
de Stephen Smith, Négrologie. Pourquoi l’Afrique meurt, dans lequel on peut
lire : « Pour le dire brutalement : depuis l’indépendance,
l’Afrique travaille à sa recolonisation. Du moins, si c’était le but, elle ne
s’y prendrait pas autrement. Seulement même en cela le continent échoue. Plus
personne n’est preneur [de ces pays africains qui survivent grâce à] la pension
alimentaire qu’ils tirent de la coulpe de l’Occident » (1). La force de
l’opinion de S. Smith a été démontrée pendant la crise militaire de novembre
2004 entre l’État français et l’État ivoirien : de l’extrême droite à la
gauche, des plumes se sont mobilisées en solidarité avec l’armée républicaine
française, agressée de façon meurtrière en Côte d’Ivoire. Un acte criminel
exprimant l’ingratitude de l’État ivoirien à l’égard de la République française
censée avoir volé au secours du peuple ivoirien menacé de génocide par une
élite politique immature et rétive à la démocratie. Mais, ce quasi-consensus
semble confirmer l’enracinement de l’idéologie coloniale dans une grande partie
de l’élite française voire de la société. Dans les lignes qui suivent, nous
allons rappeler la continuité qui existe entre les rapports de l’ère
vétéro-coloniale et ceux de l’ère néocoloniale.
Du colonialisme
émancipateur
La compréhension du
présent des « ex-colonies » africaines-subsahariennes de la France
nous semble impossible dans l’ignorance du passé. Une évidence que négligent
subtilement S. Smith et bien d’autres qui, parfois en se reniant, conçoivent la
décolonisation comme fin de la colonisation et de la domination métropolitaine.
Certains ne s’empêchent pas de présenter la décolonisation comme
l’aboutissement logique d’un plan de la République émancipatrice. Alors que
dans les faits, l’État français était farouchement opposé à l’indépendance des
colonies. Albert Sarraut en parlait en des termes qui n’ont cessés d’être
repris : « “ce trousseau de servitudes que l’on nomme ’indépendance”
selon la formule de Georges Duhamel. C’est bien ce que sentent d’instinct ou
que comprennent clairement tous ceux de nos protégés dont la sagesse est faite
des leçons du passé et de l’observation attentive du présent. L’idée de
l’indépendance, loin de les séduire, les effraie » (2). Ne pouvait ainsi
être envisagée que la réforme du régime colonial.
Celle qui fut initiée en
1944 ne peut se comprendre en dehors des transformations de la conjoncture
internationale. L’après-guerre s’était caractérisée par la montée en force des
deux absents du partage colonial, les États-Unis – puissance impérialiste et
néocolonialiste en Amérique centrale et du Sud – et l’Union soviétique,
lesquels pèsent sur la naissance de l’ONU dont les chapitres 11-13 de la Charte
(1945) concernent l’auto-administration par leurs populations des
« territoires non-autonomes » – le terme « colonies » est
soigneusement évité – et « sous tutelle ». Un principe dont les
prémices avaient été perçues par les partisans de la « France Libre »
parmi lesquels le général de Gaulle. Par ailleurs, l’anticolonialisme –
opportuniste car impérialiste – des États-Unis exerçait une influence sur le
colonialisme britannique en Afrique. Bon nombre de colonisé-e-s africain-e-s,
sujets britanniques à l’instar de Francis Kwamé Nkrumah, étudiaient aux
États-Unis et étaient en contact avec des colonisé-e-s asiatiques mieux
organisé-e-s dans la lutte contre le colonialisme britannique. C’est
l’évolution de cette conjoncture qui explique la « décolonisation »
française que des falsificateurs de l’histoire attribuent à un humanisme
imaginaire du général de Gaulle, en dépit du fait que ce dernier avait bien
exprimé son opposition à la décolonisation lors de la conférence des
gouverneurs généraux à Brazzaville en 1944. Une des recommandations de cette
conférence, connue sous le nom de conférence de Brazzaville, avait clairement
affirmé le refus de toute émancipation hors de l’empire français :
« Les fins de l’œuvre de civilisation accomplie par la France dans les
Colonies ÉCARTENT TOUTE IDÉE D’AUTONOMIE, TOUTE POSSIBILITÉ D’ÉVOLUTION HORS DU
BLOC FRANÇAIS DE L’EMPIRE ; LA CONSTITUTION ÉVENTUELLE, MÊME LOINTAINE DE
SELF-GOVERNMENTS DANS LES COLONIES EST À ÉCARTER » (3). Comme pour marquer
ce refus de l’égalité humaine, l’année qui commence par la conférence de
Brazzaville s’achève par le massacre à Thiaroye de « tirailleurs
sénégalais » de retour de la Seconde Guerre mondiale et qui revendiquaient
le versement de leurs primes.
Cette opposition à
l’indépendance persiste dans la Constitution de 1946 qui institutionnalise
l’Union française – sémantiquement, l’Empire colonial n’existe plus – comme
cadre d’émancipation des colonisé-e-s, lesquel-le-s pouvaient désormais être
representé-e-s et élu-e-s au Parlement français. C’est ainsi par la
Constitution de la Ive République que les colonies se sont mises à relever de
la loi. Jusqu’alors, elles relevaient plutôt du président, du ministre des
Colonies, du gouverneur, du commandant et des grandes compagnies coloniales.
L’hostilité à l’indépendance est partagée au-delà de la droite coloniale.
Ainsi, au lendemain de la répression sanglante de la rébellion malgache, en
1947, François Mitterrand, plusieurs fois ministre de la République coloniale,
a pu affirmer : « L’avenir de Madagascar est dans le cadre de la
République française. L’évolution des Malgaches doit se faire au sein de la
République… les fauteurs de la rébellion de 1947 sont beaucoup plus coupables
envers leurs concitoyens qu’envers le pouvoir central » (4). C’est sous la
pression de la guerre de libération algérienne qu’un deuxième pas est effectué
avec la loi-cadre du 23 juin 1956 qui institue des gouvernements autonomes en
Afrique équatoriale française (AEF) et en Afrique occidentale française (AOF).
Cette réforme est censée « …associer plus étroitement les populations
d’outre-mer à la gestion de leurs intérêts propres [sous forme] de
décentralisation et de déconcentration administratives » (art. 1er). Mais,
le principe demeure impérial comme l’énonce une fois de plus F.
Mitterrand : « Un pouvoir central fortement structuré à Paris, des
États et territoires autonomes fédérés au sein d’une communauté égalitaire et
fraternelle dont les frontières iront des plaines des Flandres aux forêts de
l’équateur, telle est la perspective qu’il nous appartient de préciser et de
proposer, car sans l’Afrique il n’y aura pas d’histoire de la France au XXIe
siècle. (…) Comment en effet la France butant sur ce Rhin où boivent tour à
tour les chevaux de l’Europe irait-elle vers le Nord ? ou vers
l’Est ? ou vers l’Ouest qui vient plutôt chez elle qu’il ne l’appelle à
lui ? Seule la route du Sud est disponible, large, bordée d’innombrables
peuples, en même temps que d’espaces inoccupées… Déjà la France sait combien
l’Afrique lui est nécessaire » (5).
C’est bien cette idée de
la France, « communauté égalitaire et fraternelle dont les frontières
iront des plaines des Flandres aux forêts de l’équateur », qui est adoptée
par voie référendaire en 1958. Le Titre XIII de la Constitution gaullienne
établit ainsi la Communauté pour contrecarrer les velléités d’indépendance qui
se propagent dans les colonies. Le processus d’autonomie progresse en effet au
Ghana anglophone qui accède à l’indépendance en 1957, favorisant l’acquisition
par le Togo voisin, territoire sous tutelle française, d’un statut plus
autonome que celui des autres pays de l’AOF et incitant le peuple guinéen à
rejeter le principe de la Communauté. Dans tous les autres territoires d’AEF et
d’AOF, celle-ci est cependant approuvée majoritairement, y compris, dans
certains cas, grâce à la fraude, à la corruption et à l’intimidation,
supervisées par les autorités coloniales. La période qui s’étend de 1946 à 1960
est une période de transition au néocolonialisme. L’indépendance n’est plus
considérée comme incompatible avec l’existence de la Communauté, chère à de
Gaulle, Mitterrand et Houphouët-Boigny. « Un État membre de la Communauté,
admet désormais l’article 86 de la Constitution révisée, peut également par
voie d’accord devenir indépendant sans cesser de ce fait d’appartenir à la
Communauté » (6). Indépendants mais toujours membres de la Communauté
dominée par la France, tel est le statut véritable des nouveaux États (7). Le
postcolonialisme est ainsi un néocolonialisme. En dépit des nombreuses
révisions (8, plus précisément) de la Constitution de la Ve République, le
législateur français n’a abrogé la Communauté qu’en 1995 (8) ! Autrement
dit, pendant les trente-cinq premières années dites postcoloniales, dont les
deux septennats de Mitterrand, la majorité des États africains des ex-AEF et
AOF ne disposaient pas d’une pleine souveraineté. La nouveauté se situant dans
l’existence d’une certaine marge d’autonomie des gouvernants autochtones et des
institutions locales s’articulant avec des mécanismes structurels et des
pratiques hérités du vétérocolonialisme. La « décolonisation » est
ainsi le fait de la pression de l’environnement international et des luttes au
sein de l’empire colonial bien plutôt que l’expression des vertus immanentes à
la République, qui auraient fini par surmonter des déviations étrangères à son
principe.
Par ruse de la
« grammaire coloniale », la Communauté a survécu sous le terme de
« Coopération » avec un ministère spécifique qui aurait aussi pu être
baptisé ministère de la Communauté postcoloniale, domaine réservé du président
de la République française, du général de Gaulle, créateur de la « cellule
africaine de l’Élysée », à Jacques Chirac, en passant par François Mitterrand.
À travers maints accords (économiques, culturels, militaires, politiques)
conclus avec les élites locales, cogestionnaires de la transition au
néocolonialisme (1956-1960), et de multiples institutions, la métropole a pu
maintenir les liens de dépendance des « ex-colonies ». C’est alors
une nécessité pour la puissance moyenne qu’est la France, comparativement aux
États-Unis et à l’URSS pendant la guerre froide. Les États-Unis laissent la
France jouer le rôle de gendarme du « monde libre » anticommuniste
dans ses « ex-colonies ». À en croire J. Foccart (9), elle aurait
même bénéficié de l’indifférence de l’URSS de Krouchtchev. Par l’existence de
cette Communauté, devenue secrétariat aux Affaires africaines et plus tard
ministère de la Coopération, la France conserve un poids impérial dans l’arène
internationale, par exemple sous forme de voix naturellement acquises aux
Nations unies. Dans sa politique coloniale, de l’Algérie à la
Nouvelle-Calédonie, elle a ainsi bénéficié du soutien des États membres de
ladite Communauté. Il en a été de même pour les essais nucléaires français.
La Francophonie
La colonisation étant
justifiée par la « générosité » civilisatrice, la défense de la
langue, véhicule de la civilisation, devait occuper une position centrale dans
le dispositif de la coopération. Pourtant, le général de Gaulle a plutôt
résisté qu’encouragé le projet initié en 1962 par L. S. Senghor instituant la
francophonie. Pour lui, il s’agissait d’un fardeau inutile : « Alors,
chacun amènerait quelques éléments et c’est nous qui paieront le tout. Il n’en
est pas question » (10) aurait-il affirmé, selon J. Foccart. La grandeur
de la France ne passait pas pour de Gaulle par cette coopération culturelle. Ce
n’est qu’en 1969 que se tint la 1ère conférence des États francophones. En 1970
avec la convention de Niamey, va naître l’Agence de coopération culturelle et
technique (ACCT), devenue Agence de la francophonie. Malgré son extension
au-delà du binôme ex-métropole-anciennes colonies d’Afrique, la francophonie
reste une pièce importante du dispositif néocolonial en Afrique (11). L’annonce
concernant les visas faite par Chirac lors du sommet France-Afrique de décembre
2005, à Bamako, l’illustre bien : « Je souhaite que ce partenariat
s’incarne également dans l’ouverture d’un espace privilégié d’échange entre la
France et les pays africains, notamment francophones. Entrepreneurs, cadres,
chercheurs, professeurs, artistes : leurs activités sont, par nature,
liées à l’échange. J’ai donc décidé, sur une suggestion du président du Mali,
de faciliter pour eux la délivrance de visas de longue durée et à entrées
multiples, car c’est indispensable à leurs activités. La France continuera de
plus, bien sûr, à accueillir sur son sol de nombreux étudiants
africains. » Cette directive en faveur d’une immigration plus sélective
révèle que la France est consciente du déclin de son prestige au sein de
l’élite africaine francophone de plus en plus sensible à l’offensive anglophone
et plus particulièrement étatsunienne.
La francophonie, est-il
affirmé à la Xè conférence des chefs d’État et de gouvernement des pays ayant
en partage le français, tenue en novembre 2004, n’est pas seulement un
instrument culturel mais une institution globale dont l’un des objectifs est de
contribuer à « réguler et humaniser la mondialisation »,
« renforcer la capacité des États et la mise en place de cadres
réglementaires, une gouvernance au développement d’activités économiques et
incitatives au développement du secteur privé et de l’investissement » (12).
Le lien entre la langue et l’économie a également été souligné par le
rapporteur d’un débat à l’Assemblée nationale française concernant l’article 2
de la Constitution portant sur le français comme langue de la République :
« Le problème de la défense du français se pose aujourd’hui en termes
nouveaux. La semaine dernière, l’assemblée des parlementaires francophones a
reçu le président Diouf, président de l’Assemblée internationale des
parlementaires de langue française, et il a souligné combien le français était
menacé. Gardons à l’esprit le risque d’un monopole de l’anglais, l’impérialisme
linguistique reflétant l’impérialisme de la puissance économique
dominante » (26 janvier 2005). C’est dans ce but que la francophonie
parraine l’institution de l’Organisation pour l’harmonisation du droit des
affaires en Afrique (OHADA) et a créé l’Institut de la francophonie, pour
l’entreprenariat (IFE). C’est cette francophonie économique que défend
Dominique Wolton du CNRS : les « entreprises classiques (Air France,
Renault, Total, etc.) doivent prendre conscience qu’elles sont porteuses d’une
identité culturelle et la mettre plus souvent en avant qu’elles ne le font
actuellement » (13).
L’engagement de l’armée
française aux côtés de l’armée rwandaise contre l’armée du FPR, de 1990 au
génocide de 1994, a été justifié par l’anglophonie du FPR. On a même parlé à ce
propos d’éviter un nouveau Fachoda !
L’assistance
militaire
Le colonialisme a été un
contrôle militaire des peuples colonisés. La décolonisation ne devait pas le
remettre en question. Ainsi, parmi les accords de coopération signés entre la
métropole et ses « ex-colonies » au moment des indépendances figurent
en bonne place les accords militaires. L’idéal pour la métropole, ce sont les
accords de défense qui permettent une présence militaire française sur le
territoire de « l’ex-colonie » (14) ou le droit d’intervenir en cas
de menace de déstabilisation du pouvoir – y compris par les peuples – sur le
territoire d’hébergement ou dans un pays du « pré carré ». Ce qui
s’est produit une vingtaine de fois depuis 1960. Mais, pour des raisons
politiques – internes aux États africains, tels les soubresauts nationalistes
des années 1960-1970 –, économiques – coût pour le budget métropolitain
– ; pour des raisons liées à la nouvelle configuration internationale –
fin de la guerre froide – le nombre des signataires s’est finalement réduit à
quelques États (Cameroun, Comores, Côte d’Ivoire, Djibouti, Gabon, Sénégal,
Togo). Avec le Tchad, il s’agit clairement d’une « Convention pour le maintien
de l’ordre » qui a souvent été appliquée par la République française.
Dans son allocution, à
l’ouverture de la 12ème conférence des chefs d’États de France et d’Afrique, F.
Mitterrand fait l’éloge de la « coopération » francotchadienne. Il en
profite pour déplorer, certes élégamment, la non-signature d’accords du même
type par d’autres États : « La France a des accords de coopération et
de sécurité, de défense avec un certain nombre d’entre vos pays. À l’égard de
ces pays, elle est tenue de respecter ses engagements, et elle les respectera
s’il le faut… Que ceux qui ont fait confiance à la France par ces accords
continuent d’avoir pleine confiance. Que ceux qui n’ont pas jugé bon d’agir de
cette façon – mais c’est leur propre autorité, et bien entendu, ils sont aussi
respectables – sachent que la France est leur amie » (15). Autrement dit,
ces accords rendent certains États plus amis de la France que d’autres. Ceux
qui n’ont signé que des accords d’assistance militaire et technique le sont
moins que les autres.
Toutefois, ces accords
d’assistance militaire et techniques ne sont pas négligeables. Car ils
accordent à la France le monopole de l’encadrement des armées de ces États.
Avec le Gabon, par exemple, qui constitue un des cas extrêmes de cette
assistance technique néocoloniale : « La République française
s’engage à apporter son concours à la République gabonaise pour la formation
des cadres de son armée. La République gabonaise s’engage en retour à ne faire
appel qu’à la République française pour la formation de ses cadres » (16).
Cette situation explique le long règne de certains autocrates pendant des
décennies, les putschs militaires ayant chassé du pouvoir – dans certains cas,
de façon tragique – des directions politiques tant soit peu nationalistes et
progressistes, les conspirations pour l’ordre établi que sont les mutineries de
l’ère dite démocratique consistant à remplacer un autocrate abusant de son
autonomie par un officier supérieur, paré pour la circonstance du statut de
démocrate. Parmi les derniers en date, le général centrafricain François
Bozizé, auprès duquel des généraux français ont été dépêchés comme conseillers
au lendemain de son putsch de mars 2003.
La France s’arroge
également le monopole de l’approvisionnement. C’est le cas, notamment, des
accords signés en 1961 avec le Burkina Faso (ex-HauteVolta) : « La
République de Haute-Volta, en vue d’assurer la standardisation des armements,
s’adressera en priorité à la République française pour l’entretien et le
renouvellement des matériels et équipements de ses forces armées… Pour les
fournitures qui, après examen en commun, ne pourraient être faites par la
République française, la Haute-Volta se réserve le droit d’accepter l’aide
d’autres pays » (17). Certes, ces États ne sont pas les plus gros clients
en la matière, mais, même pour le troisième marchand mondial d’armes de guerre,
il n’y a pas de petits profits !
En effet, si la
coopération militaire a servi à l’expérimentation de la doctrine militaire
française, du Cameroun (années 1950-1960) au Rwanda (1990-1994), elle a aussi,
voire surtout, servi à l’économie française. Car, les accords de défense sont
aussi des accords d’approvisionnement préférentiel de la métropole en matières
premières stratégiques. Le sceau du secret encore posé sur certains d’entre eux
n’est pas sans rapport avec cet aspect. Ainsi, dans l’Annexe II de l’accord de
défense signé en avril 1961, entre la France, d’un côte et de l’autre la Côte
d’Ivoire, le Dahomey (actuel Bénin) et le Niger, l’intérêt pour les « matières
premières et produits stratégiques » est explicite. Les Républiques
africaines signataires « informent la République Française de la politique
qu’elles sont appelées à suivre en ce qui concerne les matières premières et
produits stratégiques et des mesures qu’elles proposent de prendre pour
l’exécution de cette politique… En ce qui concerne ces mêmes produits, [elles]
réservent par priorité leur vente à la République française après satisfaction
des besoins de leur consommation intérieure, et s’approvisionnent par priorité
auprès d’elle » (art. 3, 5). Le Bénin et le Niger ont par la suite abrogé
cet accord, sans pour autant que la France ne renonce à contrôler l’uranium
nigérien, suscitant en 1974 un putsch militaire pour renverser Hamani Diori
coupable d’avoir non seulement demandé le retrait des troupes françaises mais
envisagé également une diversification des clients et une hausse du prix de son
uranium.
En Côte d’Ivoire, en
septembre 2002, lors de sa tentative de putsch, Gbagbo invoque l’accord de
défense avec la France pour revendiquer le soutien français en défense de son
régime. Quant à l’armée française si elle a opté pour une position de
« neutralité » face la fraction de Gbagbo, c’est au nom du non
respect des parties annexes de ce même accord et de ses clauses non écrites
relatives à l’économique. Il y a plus qu’une corrélation entre les oscillations
des rapports entre les deux États – y compris l’apparition de la rébellion
armée – et les marchandages économiques liés à la néolibéralisation de la Côte
d’Ivoire. L’une des questions en jeu est en effet le quasi-monopole économique
de la France en Côte d’Ivoire, pièce maîtresse du dispositif
« postcolonial » français en ex-AOF (18). Car, en dépit de la guerre,
l’économie ivoirienne est encore à 30 % française. Cette crise
franco-ivoirienne révèle la ruse néocoloniale consistant à intervenir
militairement sous la casquette des Nations unies, avec le soutien des
institutions régionales africaines acquises à l’ordre françafricain. Cette
quête de légitimité internationale à l’entreprise néocoloniale s’explique aussi
par l’intérêt de plus en plus manifeste des Etats-Unis pour la région. Des
négociations menées avec la France concernant le départ en exil du
Françafricain Charles Taylor à l’opération « Flintock » de l’été 2005
dans le Sahel, en passant par l’ouverture récente d’une base militaire à…
Djibouti, la présence des patrouilleurs de l’US Navy dans le golfe de Guinée et
l’éventualité d’une base au Sénégal, les États-Unis, peu habitués au second
rôle, semblent menacer la quasi-solitude militaire française dans ces régions.
D’où l’investissement français dans des initiatives d’encadrement militaire
régionales du type RECAMP (Renforcement des capacités africaines de maintien de
la paix), justifiant le développement des ENVR (École nationale à vocation
régionale), afin de ne pas perdre pied dans le « pré carré ». Ce qui
n’a pas manqué de susciter la création par les États-Unis de l’ACRI (African
Crisis Response Initiative), laquelle s’est finalement greffée au Recamp. Une
« collaboration » pour le marché de la paix et de la guerre en
Afrique qui pourrait devenir plus importante avec le projet de constitution
d’une force armée de l’Union africaine.
« Aide » et souveraineté monétaire
partagée
La coopération culturelle
et militaire converge vers l’économique, cœur de la « longue amitié »
entre la France et ses anciennes colonies. Dans le discours officiel et
para-officiel des gouvernants, des institutions internationales, des
africanistes, des médias publics et privés… la France aide encore ses
ex-colonies à se développer comme elle les aidait déjà inlassablement pendant
sa « mission civilisatrice » et au lendemain de la
« décolonisation ». Du FIDES (Fonds d’investissement et de
développement économique et social des territoires d’outre-mer) au FAC (Fonds
d’aide et de coopération), de la CCFOM (Caisse centrale de la France
d’outre-mer) à l’AFD (Agence française de développement), la France semble
n’avoir eu d’autre souci que d’exprimer sa générosité. L’opinion persiste selon
laquelle l’AEF et l’AOF ont coûté plus qu’ils n’ont rapporté à la République.
Ce fardeau pèserait encore sur les épaules françaises malgré les indépendances.
Comme le dit cependant le chef de l’État gabonais, Omar Bongo : « La
coopération est un cercle vicieux : l’argent rentre [en Afrique] par la
grande porte et repart en France par la petite porte… La France sans l’Afrique
c’est une voiture sans carburant. Évidemment, quand vous demandez à un Français
dans la rue, il vous dira : “Ah pour l’Afrique on dépense beaucoup
d’argent”. Mais, il ne sait pas ce que la France récolte en retour, en
contrepartie » (19). En fait, à travers de nombreux mécanismes, cette aide
profite bien plus à la France qu’à ceux qui sont supposés en bénéficier. La
répartition de l’argent de l’AFD est ainsi présentée dans un document produit
par un think tank qui ne peut être qualifié d’anti-impérialiste :
« Sur un budget de 100 francs :
* 20 à 25 francs
s’évaporent en commissions distribuées aux décideurs locaux, lesquels en retournent
une fraction substantielle aux hommes politiques qui viennent de temps en temps
faire la quête pour leurs partis. Les décideurs envoient aussi une quote-part
importante en Suisse ;
* 60 à 65 francs sont
destinés à l’achat de biens et de services en France, sur lesquels 30 %
représentent une surprime au profit des grandes entreprises françaises… ;
* 12 francs sont consacrés
aux salaires des coopérants français ;
* 3 francs seulement
parviennent aux populations africaines » (20).
Cependant, le mécanisme
fondamental du néocolonialisme est monétaire.
Sur le franc CFA
C’est en 1945 qu’est créé
au sein de la zone franc, le franc des colonies françaises d’Afrique (FCFA),
distinct du franc français métropolitain, avec deux instituts d’émission
collant aux régions AEF+Cameroun et AOF+Togo. Il survit aux indépendances, sous
forme de franc de la coopération financière d’Afrique centrale (FCFA) et franc
de la communauté financière africaine (FCFA) en exAOF – sans la Guinée et le
Mali (jusqu’en 1984) – gérées respectivement par la banque des États de
l’Afrique centrale (BEAC) et la banque centrale des États de l’Afrique de
l’Ouest (BCEAO). La France participe évidemment aux conseils d’administration
de ces institutions. Ce n’est qu’à la fin des années que leurs sièges sont
transférés de Paris à Yaoundé (Cameroun) pour la BEAC et à Dakar (Sénégal) pour
la BCEAO. Mais, comme pendant la période coloniale, leur véritable siège est le
Trésor français où chaque banque régionale possède un compte d’opérations. Les
rapports actuels entre la France et la zone FCFA sont régis par les accord et
convention de coopération monétaire établis en 1972 et 1973 dont les principes
sont : la convertibilité des FCFA est garantie de façon illimitée par le
Trésor français ; la fixité des parités ; la liberté des transferts
au sein de la zone et la centralisation par les banques régionales, d’une part,
et par le Trésor français, d’autre part, où chaque sous zone doit alimenter son
compte d’opérations d’au moins 65 % de ses réserves de change, en échange
de la garantie de la convertibilité illimitée. Autrement dit, ces banques
régionales sont des dépendances du Trésor français et les économies des pays
membres sont d’une certaine façon sous le contrôle du ministère français de
l’Économie et des Finances. Ainsi, en janvier 1994, c’est la France qui a pris
la décision de dévaluer le FCFA de 50 % par rapport au franc métropolitain
et l’a annoncée aux chefs d’États africains concernés. Sous couvert de garantir
la stabilité monétaire des États de la zone, cette situation profite en fait à
la France comme le reconnaissait le rapport Jeanneney en 1963 :
« Lorsque les pays de la zone franc exportent vers l’étranger plus qu’ils
n’importent, ils procurent à la France des devises. Celles-ci lui sont utiles si
dans le même temps sa propre balance de paiements avec l’étranger est
déficitaire. » Pour certains économistes africains, tel le Camerounais
Joseph Tchundjang Pouémi, il s’agit d’une monnaie fictivement africaine,
symbole de la dépendance « postcoloniale » : « Le franc
CFA, c’est une chimère : ce qui circule à Abidjan, à Dakar, comme à Lomé,
c’est bien le franc français à cent pour cent… Depuis l’indépendance, la
situation de l’ensemble des pays membres auprès du Trésor français à varié
selon les années, mais a été en moyenne positive de 50 milliards CFA (…). Le
taux d’intérêt servi par le Trésor est celui de la Banque de France,
c’est-à-dire, en principe, le plus bas des taux d’intérêt… tous calculs faits,
les États membres ont perdu en vingt ans environ 80 milliards. Si on ajoute à
cela que depuis une douzaine d’années, le rythme de hausse de prix en France
est d’environ 8 %, donc largement supérieur au taux d’intérêt servi sur le
“compte d’opérations”, on obtient ce résultat extraordinaire qu’en fait les
États ont payé le Trésor français pour garder leurs “devises”, des
francs » (21).
Par ailleurs, la
dépendance des banques centrales dites africaines à l’égard du Trésor français
confère à celui-ci un pouvoir déterminant dans le financement des projets économiques
des États membres de la zone FCFA et dans l’orientation de leurs politiques
économiques. Ce qui n’est pas sans rappeler la CCFOM qui refusait de financer
les projets d’industrialisation dans les colonies AEF et AOF. En effet, les
décisions des conseils d’administration des deux banques centrales, autonomes,
dépendent de la France qui y jouit d’un droit de veto. Ce qui s’aggrave avec la
privatisation des banques commerciales dans les pays de la zone. Car, souvent
elles sont soit acquises par des banques françaises, soit celles-ci en
deviennent les principales actionnaires avec le pouvoir de bloquer les projets
censés incompatibles avec la reproduction de la dépendance/domination.
Avec l’effacement du franc
métropolitain en faveur de l’euro, le FCFA s’est trouvé rattaché à celui-ci.
Mais sa gestion relève toujours du Trésor français. Il y a ainsi, selon Nicolas
Agbohou, continuation du même jeu de dupes : « L’euro est une
technique moderne de blocage des PAZF [pays africains de la zone franc]. Il
perpétue l’extraversion de la domination des économies primaires africaines par
l’Union européenne. Celle-ci, grâce à sa monnaie, est sûre d’être
approvisionnée en matières premières sans discontinuité. Par ce jeu de fixité
entre l’euro et le franc CFA, l’Europe reconstitue et protège de fait ses
marchés africains captifs d’antan contre ses concurrents américains dont le
dollar est assorti de risques de change. À ce propos, la déclaration du Premier
ministre français, M. Lionel Jospin, à Dakar en décembre 1997 est assez
éclairante : « L’euro, dit-il, facilitera le commerce et les
investissements. Avec le renforcement du rôle de l’euro comme monnaie de
réserve internationale, les exportations de matières premières de ces pays
[PAZF] seront progressivement libellées en euros et deviendront ainsi moins
tributaires des fluctuations du dollar » (22). Ce n’est pas d’un mauvais
œil, semble t-il, que la France et l’Union européenne regardent les échanges de
certains pays de la zone avec la Chine, par exemple. Malgré leur pratique
partielle du troc, les entreprises chinoises ne peuvent être actives dans la
zone sans être clientes des banques françaises. Ainsi, la campagne chiraquienne
pour l’« aide » à l’Afrique en général, francophone en particulier,
est à ce titre très intéressée. Cette dépendance monétaire est une arme que la
France n’envisage pas de lâcher à court terme. Ce qui peut expliquer
l’avortement du projet nigérian d’une monnaie régionale pour toute l’Afrique de
l’Ouest (anglophone, francophone et lusophone) et le faible investissement des
États de la zone FCFA dans le projet d’une monnaie commune de l’Union africaine
(23)…
Par ailleurs, s’il est
reproché à Gbagbo d’avoir entrepris, au nom de la libre concurrence, la
réduction du contrôle de l’économie ivoirienne par le capital français, il
semble qu’est plus irritant pour la métropole le projet de réforme de la zone
FCFA, défendu à cor et à cri, par le président du Parlement ivoirien,
l’économiste monétariste, Mamadou Koulibaly. C’est l’un des économistes africains,
qui ont voulu profiter de la dévaluation du FCFA par la France, pour mieux
dénoncer l’existence de cette zone monétaire (24). Ainsi, parvenu – d’abord
comme ministre de l’Économie et des Finances du gouvernement de transition
(1999-2000) – aux sommets de l’État ivoirien, M.Koulibaly en est arrivé à
dénoncer, d’un point de vue libéral certes, le « pacte colonial » en
général, et en particulier le pacte monétaire. L’une de ses revendications
immédiates est la révision du taux des réserves de change à déposer au Trésor
français qui pèse sur les trésors publics dits nationaux. L’économie
ivoirienne, la plus importante de la zone, représente 45 % de la masse
monétaire de l’Union monétaire et économique de l’Ouest africain (UMEOA). De ce
fait, la demande de révision du taux des réserves de la part de la locomotive
économique de la région est inacceptable pour la partie française. D’où cette
coïncidence, relevée au lendemain de la crise militaire franco-ivoirienne de
novembre 2004 par le comité d’initiative des intellectuels du Sénégal :
« Nous avons du mal à croire que, seulement une semaine après la
conférence internationale d’Abidjan pour la réforme de la zone franc, l’armée
française ouvre le feu sur les symboles visibles de la souveraineté de la Côte
d’Ivoire de manière violente et barbare, haineuse et sanguinaire » (25).
Il est ainsi assez
symbolique que le Premier ministre de la nouvelle transition, ouverte après
expiration du mandat de L. Gbagbo, soit le gouverneur sortant de la BCEAO,
Konan Banny, et que l’annonce de sa nomination ait été faite à Abidjan par le
chef de l’État nigérian Olosegun Obasanjo, après un huis-clos avec J. Chirac à
Bamako où se tenait le 23ème sommet France-Afrique (3-4 décembre 2005).
L’activisme français au
Conseil de sécurité concernant la crise « ivoirienne » n’est
nullement motivé par quelque souci humanitaire pour le peuple ivoirien, déchiré
par des fractions politiques oligarchiques ou « ethniques », selon la
terminologie d’un africanisme hérité de l’ethnologie coloniale et entretenu par
la francophonie. Il exprime plutôt la persistance du néocolonialisme, version
française, et de sa difficulté d’adaptation à la restructuration néolibérale de
la domination capitaliste. Car, contrairement à ce que diffusent « experts »,
journalistes de connivence, métropolitains et Africains, le capital français
trouve encore son compte en Afrique en général, francophone en particulier. Il
n’y a pas mieux placé pour le dire que le conseil français des investisseurs en
Afrique (CIAN) dont les rapports annuels attestent que les grands groupes tels
que Bolloré, Bouygues, CFAO (du groupe Pinault), Elf, Air France – dont les
lignes africaines sont les plus rentables – etc., engrangent toujours d’énormes
bénéfices en Afrique et plus particulièrement dans les zones francophones (26).
Face à la concurrence
néolibérale, notamment étatsunienne, qui fait perdre au capital français sa
situation de monopole dans certains secteurs, la pression de l’État français
s’avère nécessaire. C’est ce que semble illustrer une analyse de l’OCDE
concernant le processus de privatisation des télécoms ivoiriens : c’est en
1997, après la dévaluation du FCFA, qu’« Africa Bell [appuyé par
l’expertise d’ATT, leader des télécommunications aux États-Unis] semblait
devoir l’emporter avec une offre supérieure de 2,6 milliards de FCFA à celle de
FCR [France Câble Radio, filiale de France Telecom]. Le comité de privatisation
en a décidé autrement au motif que le montage financier et l’expertise
technique du premier soumissionnaire ne donnaient pas les garanties
suffisantes. Les 51 pour cent du capital ont ainsi été cédés à la filiale de
France Telecom » (27).
À défaut d’efficacité de
ces mécanismes, c’est le recours à la corruption, laquelle est évoquée
unilatéralement comme une caractéristique de la politique africaine
« postcoloniale » en occultant son origine coloniale et son
enracinement dans la tradition républicaine. De l’implication française au
Biafra au soutien apporté au régime de El Béchir (Soudan), en passant par la tragédie
du Rwanda, le soutien au régime chancelant de Mobutu, s’est consolidée une
tradition d’extension du champ des partenariats économiques criminels entre,
d’une part, les capitaux et l’État français et, d’autre part, les oligarques
africains.
Le néocolonialisme n’est
pas mort ! Il semble même plus brutal aujourd’hui qu’hier eu égard aux
tragédies produites par la « démocratisation » néolibérale. Ses
réseaux politico-économiques s’avèrent plus étendus, comme a persisté à le
rappeler le regretté F.X. Verschave malgré le peu d’intérêt avec lequelles
milieux dits progressistes métropolitains ont accueilli les productions de
l’association Survie dont il était le porte-parole. Cette indifférence, y
compris malheureusement à gauche, est aussi une tradition héritée du colonialisme.
La production de cette indifférence participe d’ailleurs des mécanismes de
reproduction de la FrançAfrique en tant que forme spécifiquement française du
néocolonialisme, enracinée dans le passé colonial. Il revient à la gauche
anticapitaliste et anti-impérialiste de ne pas partager, comme c’est encore
souvent le cas, cette indifférence à l’égard des forfaits de la République et
des réseaux françafricains dans les ex-colonies. Il ne peut y avoir de
mouvement anti-impérialiste et anticapitaliste en France tant que la lutte
contre la FrançAfrique ne sera pas mise à l’ordre du jour, par la construction,
sans paternalisme, de solidarités militantes avec les associations, réseaux,
organisations d’Afrique et de sa diaspora engagés dans ce combat.
Jean Nanga
Jean Nanga
est un militant internationaliste.
Notes
* 1. Paris, Calmann-Levy,
2003, pp. 22-23.
* 2. Grandeur et servitude
coloniales, Paris, Éditions du Sagittaire, 1931, p. 264.
* 3. Les lettres en
capitales figurent dans le document original de 1944.
* 4. Cité dans Le Monde du
12 juillet 1950, in Patrick Jarreau et Jacques Kergoat (dir.), François
Mitterrand : 14 ans de pouvoir, Paris, Le Monde Éditions, 1995, p. 11.
* 5. Présence française et
abandon, Paris, Plon, 1957, p. 237.
* 6. Loi constitutionnelle
n° 60-525 du 4 juin 1960 tendant à compléter les dispositions du titre
XIII de la Constitution pour l’indépendance des États africains et malgache
membres de la Communauté.
* 7. Dans les Accords
particuliers francogabonais, il est écrit, par exemple : « La
République gabonaise confirme son appartenance à la Communauté dans les
conditions définies au présent accord et aux accords de coopération
franco-gabonais à nos jours en date de ce jour » (art. 1er). « La
République gabonaise reconnaît que le président de la République française est
de droit président de la Communauté » (art. 2).
* 8. Article 14 de la Loi
constitutionnelle n° 95-880 du 4 août 1995.
* 9. Jacques Foccart,
Foccart parle. Entretiens avec Philippe Gaillard, Paris, Fayard/Jeune Afrique, 1995,
p. 228.
* 10. J, Foccart, Le
Général en mai. Journal de l’Élysée, II, 1968-1969, Paris, Fayard/Jeune
Afrique, 1998, pp. 373-374.
* 11. Sommets de la
francophonie, sommets France-Afrique, Assemblée parlementaire de la
francophonie, Agence universitaire de la francophonie, chaîne de télévision TV5
et autres échanges culturels, vecteurs de la persistante vision ethnologique de
l’Afrique, qui contribuent au contrôle des élites dans les
« ex-colonies ».
* 12. Cadre stratégique
décennal de la francophonie, Xè conférence des chefs d’État et de gouvernement
des pays ayant en partage le français, Ouagadougou, novembre 2004.
* 13. « Entretien
avec Dominique Wolton. Apprendre la cohabitation culturelle », in Le
Français dans le monde, janvier-février 2006, n° 343, en ligne sur www.fdlm.org.
* 14. Au Gabon, par
exemple : « Les forces armées françaises ont la faculté d’utiliser
l’infrastructure portuaire, maritime et fluviale, routière, ferroviaire. Elles
ont la liberté de circulation dans l’espace aérien et dans les eaux
territoriales de la République du Gabon » (Accord de défense entre la
France et le Gabon, Annexe 1, art.2, al.2).
* 15. « Il ne faut
pas céder au manque d’imagination », in François Mitterrand, Réflexions
sur la politique extérieure de la France, Paris, Fayard, 1986, p. 420.
* 16. Accord militaire
technique franco-gabonais, art. 4.
* 17. Accord d’assistance
militaire et technique entre la République française et la République de
Haute-Volta (avril 1961), art. 3, alinéas 1, 2 et 4.
* 18. Jean Nanga,
« Une guerre civile… néocoloniale et française », Inprecor,
n° 501-502, janvier-février 2005.
* 19. Libération, 18
septembre 1996, p. 6.
* 20. Institut français
pour la recherche sur les administrations publiques, « Agence française de
développement », http://www.ifrap.org/2-fromages/afd.htm.
* 21. Monnaie, servitude
et liberté. La répression monétaire de l’Afrique, Paris, Menaibuc, 2000, pp.
25, 58-59 (1ère édition, Paris, Jeune Afrique, 1979).
* 22. Nicolas Agbohou, Le
Franc CFA et l’euro contre l’Afrique, Paris, Éditions Solidarité Mondiale A.S.,
1999, p. 67.
* 23. En le disant, nous
ne soutenons ni l’Union africaine, ni l’économie monétaire.
* 24. À l’instar de l’ancien
économiste de la banque africaine de développement, le Sénégalais Sanou Mbaye
qui pense que « la zone franc est… une relique coloniale dont il est
impératif de se défaire », Sanou Mbaye, « Sortir du piège », Le
Monde, 26 avril 2001.
* 25. Lettre à l’ambassadeur
de France à Dakar, 10 novembre 2004.
* 26. Le dernier
rapport : Le MOCI, n° 1735-1736, « Les entreprises françaises et
l’Afrique : 17ème Rapport CIAN 2006 », 29 décembre 2005.
* 27. Patrick Plane, La
Réforme des télécommunications en Afrique subsaharienne, Centre de
Développement de l’OCDE, Document de travail n° 174, Mars 2001, p. 30.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire