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vendredi 8 février 2013

Le coût financier d' un accident nucléaire...



Energie et Environnement
Le coût d'un accident nucléaire en France ? Plus de 400 milliards d'euros
L'Institut de sûreté nucléaire a évalué l'impact d'un accident nucléaire « grave » ou « majeur » en France. Son coût irait jusqu'à 430 milliards d'euros. Un montant sans commune mesure avec l'explosion de l'usine AZF ou le naufrage de l'Erika, évalués autour de 2 milliards d'euros.
Un accident nucléaire grave pourrait coûter de 120 milliards à 430 milliards d'euros à la France. Des coûts sans commune mesure avec l'explosion de l'usine AZF ou le naufrage de l'Erika, évalués autour de 2 milliards d'euros - Reuters
L'Autorité de sûreté nucléaire le répète souvent pour appuyer sa doctrine : « l'accident nucléaire est possible en France ». Presque deux ans après la tragédie de Fukushima, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), qui joue un rôle d'expert public sur les risques nucléaires, a présenté ce mercredi au centre de recherche de Cadarache (Bouches-du-Rhône) ses travaux sur « le coût d'un accident nucléaire ». Ceux-ci s'appuient sur une étude présentée en novembre lors du forum Eurosafe à Bruxelles (voir ci-dessous).
Cette étude évalue l'impact économique pour la France d'un accident grave (niveau 6 sur l'échelle Ines) à 120 milliards d'euros et celui d'un accident majeur (niveau 7, comme Tchernobyl ou Fukushima) à 430 milliards d'euros. Des coûts sans commune mesure avec l'explosion de l'usine AZF ou le naufrage de l'Erika, évalués autour de 2 milliards d'euros. Un tel accident serait de fait inédit en France : le plus grave, intervenu à Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher) en 1980, a été classé au niveau 4.
Un coût global équivalent à « trois à six années de croissance »
Un accident de niveau 6 correspondrait à une fusion du coeur du réacteur, suivie de rejets radioactifs « contrôlés ». Sur les 120 milliards d'euros, le premier poste serait, paradoxalement, un « coût d'image » (47 milliards d'euros), lié à une chute du tourisme et des exportations agro-alimentaires. Le second (44 milliards d'euros) correspondrait à une forme de transition énergétique accélérée : un accident réduirait la durée d'exploitation des centrales de dix ans, estiment l'étude.
Le coût global, qui représenterait 6 % du PIB soit « trois à six années de croissance » serait ainsi plus national que local. Alors que les associations anti-nucléaires rappellent que la centrale de Nogent-sur-Seine (Aube) n'est qu'à 100 kilomètres de Paris à vol d'oiseau, « les écarts de coût en fonction de la localisation existent mais ne sont pas majeurs », note l'étude.
Dans ce type d'accident, le nombre de « réfugiés radiologiques » serait limité à 3.500 personnes, ce qui constitue la grande différence avec un accident de niveau 7. Des rejets radioactifs « massifs » impliquerait par contre le départ de 100.000 personnes de la zone contaminée, avec un nombre « élevé » de cancers. Ainsi, alors qu'un accident de niveau 6 serait « un désastre national (...) néanmoins gérable », un accident de niveau 7 deviendrait « une catastrophe européenne ingérable », notamment parce que les conséquences économiques pour les populations touchées serait massif (110 milliards d'euros) .
Avec un impact global dépassant 400 milliards d'euros, la seule référence comparable citée par les auteurs serait celle d'« une guerre régionale ». En novembre, l'opérateur de la centrale de Fukushima, Tepco, a indiqué que les seuls chantiers de décontamination et le dédommagement des populations touchées pourrait coûter 100 milliards d'euros.
La publication de ces recherches, destinées aux « gestionnaires de crise et aux autorités de sûreté », intéresse aussi les anti-nucléaires, qui estiment que le nucléaire entraîne une forme de concurrence déloyale en n'intégrant pas le coût d'une assurance contre son risque.
Veronique Le Billon

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