Lundi 11 mars 2013, deux ans après le début de la
catastrophe nucléaire de Fukushima, le PCF a cru bon de diffuser un communiqué
(*) qui mêle gaillardement hypocrisie et récupération pronucléaire.
Après avoir glorifié en
1945 la "sensationnelle découverte scientifique" des bombardements
criminels d'Hiroshima et Nagasaki (**), le PCF soutient depuis près de 70 ans
le développement de l'énergie nucléaire à des fins prétendument civiles.
De fait, le PCF fait incontestablement partie des
responsables et coupables des différentes catastrophes nucléaires, et en
particulier de celles de Tchernobyl (1986, URSS) et de Fukushima (2011, Japon).
En conséquences, ce sont des
excuses que le PCF devrait présenter aux innombrables victimes de ces
catastrophes.
Par ailleurs, chacun sait
que les centrales nucléaires fonctionnent avec comme combustible principal un
minerai, l'uranium, dont l'extraction cause nécessairement de graves dommages à
l'environnement et aux populations. Aussi, puisque le PCF réitère son soutien à
l'industrie nucléaire nationale, il doit dire :
- s'il se prononce pour la
réouverture des mines d'uranium françaises, toutes fermées depuis longtemps, et
dans ce cas de quelle façon il entend imposer cette réouverture aux
populations. Probablement à nouveau en faisant appel aux compagnies de
gendarmes mobiles.
- ou s'il soutient
l'exploitation des mines d'uranium à l'étranger, en particulier au Niger, où
Areva est le bras armé de la France pour maintenir une politique néocoloniale.
Cette dernière permet à l'industrie nucléaire de s'accaparer l'uranium à un
tarif dérisoire, tout en contaminant l'environnement, en asséchant la nappe
phréatique fossile (elle ne se recharge pas) et en causant le déplacement de populations
autochtones. Enfin, rappelons que la France n'est pas intervenue militairement
au Mali "pour la démocratie" mais pour sécuriser les mines d'uranium
d'Areva qui se situent à proximité immédiate.
- ou s'il se satisfait des
accords passés récemment par MM. Sarkozy puis Hollande avec les pires
dictateurs d'Asie centrale (Kazakhstan et Ouzbékistan en particulier) qui,
lorsqu'ils ne sont pas occupés à faire torturer leurs opposants, vendent de
l'uranium à l'industrie nucléaire française. Ce qui confirme si nécessaire que,
pour la France, l'uranium passe bien avant la démocratie, en Asie comme en
Afrique.
En attendant que le PCF
précise quelle source d'approvisionnement en uranium il préconise, rappelons
qu'il est impossible d'exploiter proprement l'uranium et qu'il ne sert à rien
de se cacher derrière de belles paroles comme les "exigences accrues de
transparence et de démocratie, la définition et le respect de normes
internationales"et autres balivernes qui ne sont jamais de mise dans le
nucléaire, qu'il soit exploité par des entreprises privées (comme à Fukushima)
ou publiques (comme à Tchernobyl).
Enfin, la façon dont le PCF tente de profiter de la
catastrophe de Fukushima pour promouvoir la fiction d'un nucléaire prétendument
"sécurisé" est tout simplement indécente. Et ce d'autant que le PCF reprend les arguments
les plus mensongers de l'industrie de l'atome, de la lutte contre le changement
climatique - comme si l'on pouvait soigner la peste avec le choléra - au tarif
de l'électricité nucléaire, lequel est exorbitant lorsqu'on veut bien
prendre en compte les déchets radioactifs légués à nos enfants et les
installations atomiques qu'ils devront démanteler à leurs frais et à leurs
risques et périls.
Lorsqu'il s'agit de nucléaire, on constate que le
PCF se situe hélas dans le camp des PDG d'EDF et d'Areva, des gouvernements, et
des compagnies de gendarmes mobiles qui, aujourd'hui comme hier, répriment les
manifestations populaires contre l'atome. C'est affligeant.
Stéphane Lhomme
Directeur de l'Observatoire du nucléaire
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