Essais Nucléaires en Polynésie / Communiqué CRIIRAD
soutien à B Barrillot. La CRIIRAD dénonce le licenciement de Bruno BARRILLOT et
s’inquiète de voir refermer, une fois de plus, le dossier de l’impact sanitaire
et environnemental des essais nucléaires de la France.
Bruno Barrillot est un
expert indépendant, spécialiste des armements et notamment des armes
nucléaires, co-fondateur en 1984 du Centre de Documentation et de Recherche sur
la Paix et les Conflits, devenu depuis l’Observatoire des armements[1]. En 2005, il a été
chargé par le gouvernement de Polynésie du suivi des conséquences des essais
nucléaires français en Polynésie. Il avait pourtant obtenu des résultats concrets,
en matière d’assainissement des sites et de reconnaissance des droits des
victimes. Les autorités françaises ont longtemps soutenu que leurs explosions
atomiques expérimentales étaient restées propres et n’avaient donc fait aucune
victime. Bien que très insuffisante, la loi Morin de 2010 sur l’indemnisation
des victimes des essais[i] constituait un premier
pas vers la vérité et la justice. Bruno BARRILLOT a joué un rôle important dans
son élaboration. L’une des premières décisions du gouvernement de Gaston
FLOSSE, redevenu président de la Polynésie française le 17 mai dernier, a été
de mettre fin, sans explication, à sa mission de suivi, pourtant loin d’être
achevée
Bruno CHAREYRON
Ingénieur en physique nucléaire
Responsable du Laboratoire CRIIRAD
Immeuble CIME
3eme étage
471 avenue Victor Hugo
26 000 Valence
tel : 04 75 41 82 50
fax : 04 75 81 26 48
E-mail : bruno.chareyron@criirad.org
[i] Loi n° 2010-2
du 5 janvier 2010 relative à la reconnaissance et à l'indemnisation des
victimes des essais nucléaires français
Commission de Recherche et
d’Information Indépendantes sur la Radioactivité 471 av. V. Hugo - 26000
Valence
www.criirad.org
La CRIIRAD dénonce le
licenciement de Bruno BARILLOT et s’inquiète de voir refermer, une fois de
plus, le dossier de l’impact sanitaire et environnemental des essais nucléaires
de la France.
Depuis 2005, Bruno Barrillot
avait la charge officielle du suivi des conséquences des essais nucléaires pour
le gouvernement de la Polynésie française. Il a été convoqué le 6 juin 2013 au
ministère de l’Environnement de la Polynésie française pour un entretien
préalable à un licenciement. C’est l’une des premières décisions prises par le
gouvernement mis en place suite à l’élection, le 17 mai 2013, de monsieur
Gaston Flosse, redevenu Président de la Polynésie française.
La CRIIRAD connaît bien
Bruno Barrillot et peut témoigner de la qualité et de l’efficacité de son
engagement aux côtés des victimes des essais nucléaires et pour la
réhabilitation des territoires pollués par les activités militaires. Elle
invite ses adhérents et tous les citoyens concernés à adresser un message de soutien
à Bruno Barrillot à l’adresse de l’association Moruroa e tatou(*): moruroaetatou@mail.pf. Ces messages
seront transmis tant au gouvernement polynésien qu’au gouvernement français.
Bruno Barrillot est un des co-fondateurs en 1984 de l’Observatoire des
Armements. Il milite sans relâche depuis plusieurs décennies pour la
reconnaissance des impacts sanitaires et environnementaux des essais nucléaires
français dans le Sahara et en Polynésie française. Son travail a abouti à des
progrès concrets, comme la loi sur l’indemnisation des victimes dite loi Morin,
le démantèlement des installations militaires sur l’atoll de Hao, la
réalisation d’études radiologiques indépendantes à Hao, Tureia et aux Gambier,
etc... Beaucoup reste à faire et son éviction est un signal très négatif donné
par le nouveau gouvernement de Polynésie française. (*) L’association
polynésienne Moruroa e Tatou « a pour objet de défendre et d’assister les
victimes des essais nucléaires, d'obtenir, par tous les moyens légaux à sa
disposition, le droit à l'information sur les conséquences de la participation
aux programmes d'essais nucléaires sur la santé, le droit d'accès aux dossiers
radiologiques et médicaux, le droit à pension, à indemnisation et aux soins».
Extraits du communiqué de presse du 4 juin 2013 de
l’association «Moruroa e Tatou »
« Le 17 mai 2013, Gaston
Flosse est redevenu Président de la Polynésie française. Fervent soutien des
essais nucléaires au cours de sa longue carrière politique (il a 82 ans),
moyennant l’argent de la France déversé à flots, il commence aujourd’hui à
faire table rase de tous ceux qui, depuis des années, ont combattu les essais
nucléaires et se sont engagés au service des victimes. ».../.... « En juillet
2005, Bruno Barrillot avait été appelé de France par le gouvernement Temaru
pour animer la commission d’enquête de l’Assemblée de la Polynésie sur les
essais nucléaires. Depuis près de 8 ans, avec le soutien de Moruroa e tatou et
des gouvernements successifs, il a obligé la France à commencer la
réhabilitation des anciens sites occupés du temps du CEP et laissés à l’état de
ruines depuis la fin des essais en 1996. Avec les associations, il a dénoncé
les conséquences des essais nucléaires sur la santé et l’environnement et il a
forcé le gouvernement français à concéder une loi d’indemnisation des victimes
des essais nucléaires, loi qui, hélas, reste encore à réformer.
Avec les gouvernements
successifs de la Polynésie depuis 2005, et notamment avec le dernier gouvernement
Temaru, Bruno Barrillot a engagé un programme sur la « Mémoire de la période
des essais nucléaires » complètement occultée dans les programmes scolaires, et
qui reste encore à consolider. Moruroa e tatou s’inquiète de voir les victimes
polynésiennes des essais nucléaires disparaître les unes après les autres, sans
le soutien officiel du gouvernement polynésien qui rejette un de leur plus
fidèle défenseur depuis plus de deux décennies.
Moruroa e tatou s’indigne
de voir Bruno Barrillot ainsi « remercié » et poursuivi par une haine
revancharde qui ne fait pas honneur à ce gouvernement. Le licenciement de Bruno
Barrillot par le gouvernement Flosse est une mauvaise action contre toutes
celles et tous ceux qui, en Polynésie et dans le monde, mènent un combat pour
la vérité et la justice à l’égard des victimes des essais nucléaires ».
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