Biovallée de la Drôme : Terre de résistances
créatrices, terreau d’innovations économiques, terroir d’expérimentations
sociales, et…territoire de transformations visionnaires.
Qu’elle soit idéalisée ou
dépréciée voire détestée, la campagne ou la vie en milieu rural correspond
rarement à l’idée que l’on s’en fait. Un peu d’observation permet d’y percevoir
des enjeux sociaux pas si différents de ceux du milieu urbain. Enfin depuis qu’une
1ère vague de jeunes néo ruraux utopistes arriva derrière la
résistance en 1945-47 (Tissot, Légau, Ardouvin, etc.…). Les questions se posent
parfois de la même façon en termes d’emploi, de logement, de mobilité, de
cohésion sociale, de vivre ensemble, de loisirs ou encore d’activités pour les
jeunes. Quoique parfois exacerbées par l’isolement, les distances et la
promiscuité (Tout le monde se connaît, au moins superficiellement, juste assez
pour alimenter les rumeurs)...
Le terrain et le contexte
obligent à apporter d’autres réponses que celles du monde rural en errance
depuis la guerre et surtout de la société capitaliste en pleine crise
(perpétuelle) économique, sociale, énergétique, écologique, voire anthropologique depuis la
fin des colonisations autoritaires et prédatrices (les troupes françaises quittent le Liban en Aout 1946, l'Indochine en 1954, le Maroc et la Tunisie en 1956, L' Algérie en 1962. En une trentaine d' années, 1945-1975, les Empires coloniaux ont disparu).
Affirmer que le monde
rural est en pleine mutation tient de la lapalissade et malgré quatre arrivées. Quatre vagues
renouvelleront la population dioises, comme cette 3ème vague de
jeunes néo-ruraux est arrivée vers 2000-01 tout juste sortie de l’Université de
Grenoble ou d’ailleurs, (Terriade, Salinas, Les Jérôme, Vernay, etc.….). Ces
arrivées importantes de nouvelles
personnes n’ont pas, loin de là, retrouvées les populations des années 1830-70,
apogée démographique de la Drôme des villages (Voir démographie de Bellegarde
en Diois en Pièces Jointes : 800 habitants en 1805 et 80 habitants ce jour
soit 10 fois moins).
Les statistiques, les
experts nous rappellent à l’envi que l’agriculture est un secteur en déclin
(pour la petite agriculture) et déliquescence (pour les agrandissements sur-endettés).
Paradoxalement, il y a une demande de plus en plus importante pour une
agriculture de qualité (labellisée bio ou non) et de proximité (La Carline,
AgrobioDrôme Agricourt, Court-Circuit ou AuplusPrés sont en progression
constante). Des agriculteurs et des
coopératives agricoles s’inscrivent dans cette démarche, tandis que les
consommateurs abonnés aux paniers de légumes bio (AMAP de Portes lès Valence ,
Taulignan, etc..) se multiplient dans les villes et que d’autres n’hésitent pas
à effectuer de longs trajets pour se fournir en direct à la ferme. Et les
actions de promotion des produits fermiers ou de la ferme générale ne font que
renforcer la tendance (Marque PNR-Vercors, marque Biovallée).
Les projets de maraîchage
d’insertion, de potagers collectifs, familiaux ou de jardins Communautaires ou
Partagés illustrent aussi cet attrait pour des produits de qualité et de
proximité. Ils fleurissent tant dans nos petites villes (Crest : 7740
habitants, Livron : 7761 h, Loriol : 5690 h et Die : 4452 h avec
AIRE, Aoùste-sur-Sye : 2311 ou Eurre : 1139h) que dans les villages. Une forme de retour ou
simplement arrivée à la terre, loin de la vision pétainiste, s’opère. Il est
porté en partie par les secteurs de l’innovation sociale (Compagnons de la
Terre, AMAP ou Terre de Liens) et de l’insertion socioprofessionnelle
(GretaViva5 et CFPPA de Die, du Valentin ou de Nyons). Avoir les mains dans la
terre permet à nombre de personnes qui font d’autres choix de vie ou en
décrochage économique de prendre ou reprendre pied, voire de se trouver une
vocation et utilité sociétale. Certains souhaitent même s’installer comme
agriculteur ou paysans. On peut
parler d’une 4ème vague de
2010-13, maraîchage, camions, Sevat, services civiques, dreadlocks qui confirme
ces tendances historiques du Diois à l’hospitalité. Encore faut-il avoir un
accès à la terre... Une difficulté pas si insurmontable pour certains esprits
innovants même si les structures
existantes, SAFER, ADASEA, Syndicat Agricole majoritaire et Chambres
Consulaires, ne jouent guère le jeu et auraient besoin d’un sérieux dépoussiérage.
Si le monde agricole
décline (une ferme en moins en Europe toutes les 20 minutes), la démographie
des villages et village-bourg est en hausse.
Animés par l’envie de fuir
le monde urbain et d’utiliser une maison avec jardin, les jeunes ruraux (Il y
en a plus que l’on croit) et les néo-ruraux sont venus contrebalancer l’exode
rural (on table sur plus 13 000 habitants en plus en Biovallée en 2030). Mais
leur implantation – ou intégration – connaît parfois quelques difficultés ou
heurts, quand il ne s’agit pas au mieux de totale indifférence ou défiance. Même
par des néo ruraux de la 2ème Vague de 1968-73, Deloupy, Veyret, Geffray,
Pintaux, Wartena, Shoock, Vink, Schricke, Drouvin, Lecoq, Schmerber, Laborde, etc.….
Certains agriculteurs (Y compris les ébouillantés des années 70, hein ! Jean Pierre) n’ont pas
toujours vu d’un bon œil ces «étranges-étrangers» débarquer à la campagne ou en
périphérie du bourg, tout comme certains «primo-arrivants» néo-ruraux et
quelques « déserteurs du capitalisme » ont, quelquefois, préféré se retrancher
dans leur ghetto individuel et ne pas se mêler aux autochtones «détenteurs
historiques de chasse, pêche, traditions, pastis et machisme, votes extrêmes ».
Mais face à ces accrocs
inévitables entre deux modes de vie différents, il existe aussi une volonté de
«vivre ensemble», bien que la paix des
campagnes demande une vraie volonté et sûre confiance qui ne se décrètent pas.
Les changements
socio-démographiques et les enjeux locaux ont amené d’autres questions. Vivre
loin d’une ville bouillonnante d’activités et de surconsommation est une chose,
vivre dans une tour d’ivoire ou un no man’s land social en est une autre. Au
sein des villages, le besoin de lien social est aussi important que dans les
villes, peut être plus, (d’ou des concessions parfois limites).
Les projets se multiplient
pour accueillir les nouveaux (voire moult démarches des Municipalités ou des
Offices de Tourisme), favoriser la cohésion sociale (ESCD de Die, Ecologie au
Quotidien, Maison pour tous de Loriol, MJC de Livron, Jardins familiaux de AIRE,
Nini-Chaise de Aoùst sur Sye), maintenir ou créer des lieux de rencontres à
travers le réaménagement de places de villages, le maintien d’une épicerie, la
création d’une bibliothèque locale, l’émergence d’une maison de jeunes ou d’un
Centre Social... Ainsi que des dizaines d’associations culturelles
pollinisatrices du territoire (Passe-crassane, Trans-Express, 123-Soleil, Crest
Jazz Vocal, etc.…). Celles si sont des plus employeuses (600 emplois sur la
Biovallée dont 250 sur le Diois).
Autant de réalisations qui
maintiennent en vie un village et la Vallée de la Drôme de Lus-la-Croix-Haute à
Livron et le La Motte-Chalancon à Loriol (les 4L) et le rendent attrayant.
Loin de se recroqueviller
sur lui-même et d’être figé dans le temps, le monde rural du 21ème siècle
évolue pour se préserver, créer, innover et inventer le monde de demain.
Claude Veyret
Nota sur cette tradition d’accueil : 1939 : Autre
vague moins volontaire, celle des Républicain (anarchistes, communistes et
syndicalistes) Espagnols. Le Diois
accueillit aussi 600 espagnolEs fuyant la dictature Franquiste du 26 Janvier au 26 Mars 1939. En mars 1939, le nombre de réfugiés
espagnols en France a été estimé à 440 000 personnes (26 janvier :
Chute de Barcelone, la Catalogne tombe aux mains des troupes franquistes,
tandis que 450 000 réfugiés espagnols entrent en France où ils sont
internés dans des camps). A die ils sont accueillis à l’ancien hôpital, Rue
Joseph Reynaud, Serrat, Carrod, etc….
Entre 1911 et 1926 se sont
3000 italiens qui s’installent en Drôme.
Dès 1890 la démographie
française diminue fortement, la France a besoin de main d'œuvre pour effectuer
de grands travaux et toutes nos routes de montagnes. C'est ce qui motiva les
immigrés, entre autres les italiens, pour venir travailler en France. Dans la
Drôme les italiens ont participé à la construction du barrage de Bouvante dans
les années 1920-1930. Les Italiens ont profité de la relance économique de la
France à cette époque pour émigrer. Arrivés en France, la plupart deviennent
maçons ou bûcherons, ils exercent leurs métiers à Bouvante, dans le Royans et
dans le Diois. Le secteur de
l'agriculture attire aussi les Italiens. Dés 1930, certains vont avoir leur
propre exploitation agricole et vont même devenir patron. Les italiens et
surtout les italiennes ont beaucoup travaillé dans les soieries, entre autre
celles de l'établissement Guérin et Raymond à Crest, Naëf à Saillans, Boutet et
Armandry à Taulignan, Roudet et Franquebalme à Tulette. C'est par Modane que
les italiennes, embauchées en Italie pour travailler dans les soiries, prennent
des cars affrétés par les soiries. Les italiennes étaient souvent logées dans
des « dortoirs-couvents », c'est le cas à Saillans où 83 italiennes
se partagent les lits du dortoir n°2 de l'entreprise Naëf en 1911. D'autre
travaillent dans l'industrie de la chaussure à Roman (Fenestrier ou Jourdan).
Cependant les italiens
connurent des difficultés liées à la crise de 1929. Comme c'est le cas dans les
soieries où il n'y a plus que 3% des italiennes alors qu'en 1911 elles
représentaient 28% des actifs. Beaucoup de transalpins furent renvoyés de leurs
usines ou bien ils passaient après les français, à cause de la loi Laval de
1932, n'autorisant les entreprises qu'à garder 10% des travailleurs étrangers.
Évolution de la population de Bellegarde en Diois (wicki)
|
||||||||
1793
|
1800
|
1806
|
1821
|
1831
|
1836
|
1841
|
1846
|
1851
|
604
|
530
|
812
|
637
|
672
|
607
|
570
|
529
|
527
|
Évolution de la population suite (1)
|
||||||||
1856
|
1861
|
1866
|
1872
|
1876
|
1881
|
1886
|
1891
|
1896
|
506
|
459
|
434
|
390
|
388
|
412
|
407
|
402
|
385
|
Évolution de la population suite (2)
|
||||||||
1901
|
1906
|
1911
|
1921
|
1926
|
1931
|
1936
|
1946
|
1954
|
321
|
292
|
248
|
203
|
186
|
169
|
157
|
141
|
110
|
Évolution de la population suite (3)
|
||||||||
1962
|
1968
|
1975
|
1982
|
1990
|
1999
|
2006
|
2007
|
2010
|
102
|
73
|
61
|
77
|
73
|
63
|
74
|
75
|
75
|
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