ENERGIE – Dans un rapport présentant des solutions
pour relancer la croissance, les organisations patronales et les syndicats de
salariés défendent cette piste, la pire en matière de destruction de notre
environnement...
Les syndicats et le
patronat ne sont pas toujours dans la confrontation. La preuve avec le rapport
qu’ils ont présenté ensemble mardi pour «réinventer la croissance». Pour la
relancer, ils proposent différentes pistes et défendent notamment… les gaz de
schiste.
«L’enjeu central est
aujourd’hui de bâtir une politique énergétique qui soit un levier à la fois de
développement durable ( si, si), de compétitivité et de croissance», écrivent
les syndicats signataires de ce rapport, à savoir le Medef, la CGPME, l’UPA mais aussi la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC. (La
CGT non signataire s’est toujours prononcée pour l’extraction des Gaz de
schiste). Rappelons qu’il s’agit des organisations qui avaient signé en janvier
dernier l’accord sur l’emploi, désormais transformé en loi.
82% du déficit commercial français serait lié à
l’énergie…
Ces syndicats recommandent
donc de poursuivre les investissements dans le nucléaire, de développer les
filières de production des énergies renouvelables et de l’hydrogène, mais aussi
de se pencher sur les gaz de schiste. «Pour les organisations signataires, les
réflexions en cours sur la politique énergétique ne sauraient exclure les gaz
de schiste», affirment-ils.
Et pour défendre cette
piste, que le gouvernement a pour l’heure rejetée, ils touchent plusieurs
cordes sensibles. D’abord, ils mettent en avant les gains d’une telle
exploitation en matière d’indépendance énergétique. Ils expliquent ensuite que
les gaz de schiste pourraient améliorer la balance commerciale de la France,
extrêmement déficitaire. Certes, l’objectif de Jean-Marc Ayrault est de ramener
cette balance à zéro en 2017, hors énergie.
Mais lorsque l’on croit qu’en
2012, 82% du déficit commercial français serait lié à l’énergie, soit 69
milliards d’euros, l’argument peut interpeller les naïfs, si l’on croit à une
croissance toujours illimitée et se fout totalement de la santé de nos
concitoyens. Surtout, les organisations rappellent les bénéfices en termes de
compétitivité et d’emplois… Autrement dit, les bêtes noires du gouvernement.
«L’aspect emploi est
absolument décisif» : Les syndicats rappellent que, grâce aux gaz de
schiste, le gaz est désormais actuellement 2,5 fois moins cher aux Etats-Unis
qu’en Europe et que son exploitation pourrait créer des emplois (précaires et
sans lendemain, ndlr), y compris industriels. D’après eux, elle entraînerait en
aval «une stimulation et un regain ponctuel d’activité de branches industrielles,
à l’instar de la chimie américaine en cours de relocalisation et
développement».
C’est d’ailleurs «l’aspect
emploi, absolument décisif», comme l’a rappelé Serge Bru, conseiller économique
de la CFTC, lors de la présentation du rapport, qui incite les syndicats de
salariés à défendre l’évaluation des ressources en gaz de schiste de la France.
Les organisations suggèrent également que la France pourrait s’associer avec
d’autres pays européens pour mettre au point «de nouvelles techniques
d’exploitations respectueuses de l’environnement».
La technologie dominante à
l’heure actuelle, la fracturation, est jugée très polluante, notamment pour les
nappes phréatiques, et c’est ce qui a conduit la France à annuler les permis
d’exploration précédemment accordés. Les écologistes reprochent également à ces
gaz de schiste d'être une source d'énergie non renouvelable et productrice de
gaz à effet de serre.
Céline Boff
Hulot: le nucléaire et le gaz de schiste, «une
trajectoire suicidaire»
Ne pas réduire la part du
nucléaire et céder à la «tentation» du gaz de schiste est une «trajectoire
suicidaire», a déclaré jeudi Nicolas Hulot auditionné à Paris dans le cadre du
débat sur la transition énergétique.
«Si nous gardons le
nucléaire, et même comme certains le préconisent, nous augmentons le nucléaire,
avec le gaz de schiste, la seule chose que je peux vous dire, c'est qu'il n'y a
pas de dénouement heureux», a déclaré le défenseur de l'environnement.
«C'est une trajectoire
suicidaire», a-t-il ajouté lors de la réunion mensuelle du «Parlement» du débat
qui réunit une centaine de représentants d'associations, syndicats, élus...
Le Medef plaide, au sein
de ce débat, pour prolonger la vie du parc nucléaire français et ne pas se
priver des gaz de schiste. Pour sa part, le président François Hollande s'est
engagé à réduire la part du nucléaire dans la production d'électricité de 75 à
50% d'ici 2025.
«Dans mon esprit il est
bien clair que c'est par rapport à la capacité de production d'aujourd'hui, et
non la capacité de production de demain», a souligné Nicolas Hulot.
Mettant en garde contre la
«tentation» d'aller vers des «solutions qui peuvent apparaître dans un premier
temps comme miraculeuses», «l'envoyé spécial du président de la République pour
la protection de la planète» a jugé que les deux priorités de la transition étaient
la «sobriété» et le développement des énergies renouvelables.
«On doit engager un grand
virage historique», a-t-il estimé, rappelant notamment que la France prévoit
d'organiser en 2015 la grande conférence climat qui doit déboucher sur un
accord ambitieux et global de réduction de gaz à effet de serre.
«Si la France n'a pas
d'ici 2015 sa propre part d'ambition, d'audace, de créativité, je ne vois pas
comment on pourra entraîner notamment les pays émergents sur le chemin de la
transition», a-t-il averti.
Gaz de schiste: dégâts environnementaux prévient
Batho, relance pour Parisot. "Dégâts environnementaux" pour l'une
contre levier pour "relancer ...
«Dégâts environnementaux» pour l'une contre
levier pour «relancer l'économie» pour l'autre, la ministre de l'Ecologie
Delphine Batho et la dirigeante du Medef Laurence Parisot ont débattu mercredi
sur BFMTV et RMC à propos de la question très explosive du gaz de schiste.
Durant près d'une
demi-heure, les deux responsables ont échangé sur un ton passionné mais
courtois les arguments bien rôdés des opposants et des partisans de cette
source d'énergie non conventionnelle, très controversée en raison du recours à
la fracturation hydraulique qu'elle implique, et de ses risques pour
l'environnement.
La ministre a d'emblée rejeté tout assouplissement
de la loi de juillet 2011 bannissant la fracturation hydraulique en France (et
qui a donc fermé la porte à l'exploration et à l'exploration du gaz de
schiste). Elle a qualifié cette décision de «victoire démocratique» consécutive
à une «mobilisation sans précédent».
Mme Batho a justifié
l'interdiction par les lourdes conséquences environnementales liées selon elle
à l'extraction du gaz de schiste, évoquant «des séismes de plus de 5 sur
l'échelle de Richter dans plusieurs états américains» et «des pollutions des
nappes phréatiques».
«Nous nous interdisons de
considérer une ressource qui pourrait tout changer pour la situation économique
du pays», et «il y a un enjeu d'indépendance énergétique, de prix du gaz et
d'indépendance par rapport (au fournisseur russe) Gazprom» a rétorqué la
patronne des patrons.
Et à l'animateur du débat
Jean-Jacques Bourdin, qui lui demandait si elle accepterait un derrick au fond
de son jardin, Mme Parisot a répliqué: «si cela permet de relancer l'économie
de la France, oui ça ne me gênerait pas !».
«La réalité, c'est que le coût de sortie du gaz de
schiste aux Etats-Unis ne prend pas en compte les dégâts environnementaux» et
ce «dumping environnemental (...) n'est ni possible ni souhaitable» en France,
a contre-attaqué la ministre de l'Ecologie.
«Moi aussi je veux lutter
contre le chômage, et la façon dont nous allons le faire c'est en investissant
massivement sur les économies d'énergies et les énergies renouvelables», a
défendu Mme Batho.
De plus, le gaz de schiste
ne couvrirait que «10% de la consommation française» et «on n'est pas obligés
de sacrifier l'environnement» pour produire du gaz en France, a assuré la
ministre, disant soutenir la production de biogaz (gaz naturel issu de végétaux
et autres déchets organiques) dans l'Hexagone.
Cet échange, diffusé en
direct sur BFMTV et RMC, avait été proposé par Mme Batho à la présidente du
Medef, après que celle-ci eût accusé le gouvernement d'esquiver tout débat sur
cette question.
MCD avec AgencePresseLibertad
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