Pourquoi nous ne serons
jamais d’accord avec ce PCF pro-nucléaire, pro-projets autoroutiers, ou de
destructions des forêts communes (Donzère), productiviste en maints domaines de la
consommation (pub lamentable à coté) à l’industrie d’armement. Des exportations de la mort ou des
interventions néocolonialiste, de la chasse à la lutte exacerbée pour le
pouvoir, de leur haine pour l’Europe ou
la démocratie direct ou participative …Bien souvent montre d’une violence sans
retenue contre les alternatives scolaires ou médecines douces…Non rien ne nous
séduira jamais dans cette posture hautaine et dans une vision aussi obsolète
que morbide de voir le futur de notre vie sur la planète terre. Sans caricature
(Nous ne leur avons pas demandé: « Travailleurs, qui lave vos
chaussettes ? »).
Albert Idelon
26420 La Chapelle
en Vercors
Croissance productiviste, plus dure sera la chute.
Certes, la catastrophe
productiviste ne se serait pas produite sans les producteurs que nous sommes,
par leur travail contraint, souvent servile. Nous avons trop tergiversé entre
les « grands soirs » qui devaient se coucher sur une grève générale
et les « ouvertures nocturnes » des temples de la consommation
factice !
Les données relatives
à l’évolution de la fréquence des cyclones destructeurs ont été publiées,
suite aux catastrophes provoquées par Erika et Rita [1].
Ni le nombre annuel de cyclones dans le monde, ni leur durée, ni la vitesse des
vents n’ont varié, cependant leur intensité a plus que décuplé au cours des
dernières décennies. Cette évolution est aussi caractéristique de
l’augmentation du nombre de catastrophes naturelles dans le monde et des pertes
qui en découlent. La courbe exponentielle de leur évolution au cours des
dernières années suit celle, tout aussi exponentielle, du pillage des
ressources naturelles, de la masse de marchandises, de déchets et de pollutions
que ce mode de production engendre. Cette tendance n’est plus constante, ni
graduelle mais explosive : elle s’emballe et s’élance vers des limites
jamais atteintes dans l’histoire humaine. Son issue ne peut être qu’une
chute...
La croissance
exponentielle - « explonentielle » pourrait-on dire - de la
production pouvait jadis s’expliquer par la demande d’une population mondiale
en augmentation. Mais cette interprétation est infirmée, d’une part, parce que
la croissance démographique n’a pas été exponentielle : elle tendra
d’ailleurs à plafonner vers 8 milliards d’êtres humains aux cours des
prochaines décennies, avant de fléchir lentement [2]. D’autre
part, parce que malgré l’emballement productif, la satisfaction des besoins
vitaux des populations est en régression. Preuve en est, qu’un tiers des êtres
humains manque d’électricité, ou qu’une personne sur cinq n’a pas accès
à l’eau potable. Ceci, alors que les consommations mondiales d’énergie
(voir graphe 1) et d’eau explosent. Il en va de même de l’accumulation de
richesses, alors que près de la moitié des êtres humains vivent au-dessous du
seuil de pauvreté [3].
Accumulation privée et productivisme
La symbiose entre
accumulation privée et productivisme apparaît avec le capitalisme. Cependant,
l’année 1945 marque symboliquement une inexorable accélération : une fuite
en avant conduisant à un point de non retour. Cette année a été celle du
massacre par les Etats-Unis de 200000 civils - deux fois plus en sont morts
depuis - à Hiroshima et Nagasaki, horreur qui faisait dire à Albert
Camus : « La civilisation mécanique vient de parvenir à son
dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou
moins proche, entre le suicide collectif ou l’utilisation intelligente des
conquêtes scientifiques » [4].
Or ce choix n’a pas été fait et le « suicide collectif » menace plus
que jamais.
La tendance exponentielle
est caractéristique de ce qu’il convient d’appeler le
« productivisme », ce « système d’organisation de la vie
économique dans lequel la production, la productivité, sont données comme
l’objectif essentiel » [5]. C’est une combinaison organique entre, d’un
côté, l’accroissement des richesses et, de l’autre, la réduction des biens
utiles. Alors que le nombre de milliardaires ne cesse d’augmenter, 2.7
milliards d’humains vivent au-dessous du seuil de pauvreté, et un enfant sur
trois souffre de malnutrition.
Vers un épuisement des ressources ?
La crise énergétique
actuelle résulte de la priorité donnée aux ressources fossiles, au détriment
des énergies renouvelables abondantes. Elle est la manifestation la plus
tangible et récente d’une crise globale du procès de production capitaliste.
Cette crise affecte plusieurs conditions nécessaires à la vie : la dépendance
croissante des humains envers des ressources essentielles, mais non
renouvelables, leur raréfaction consécutive (voir graphe 2), l’émission de gaz
à effet de serre, le réchauffement climatique qui en résulte et, plus
grave, l’absence d’alternatives énergétiques crédibles à ces combustibles.
L’étude de cette crise
énergétique permet de mieux comprendre le choix productif absurde qu’a fait le
capital, il y a deux siècles. Cette crise montre - ce qui est nouveau pour la
gauche anti-capitaliste - que son projet de transformation sociale doit inclure
dorénavant un projet de transformation du procès de production dominant en
vigueur, projet que les révolutions passées n’ont su réaliser.
Certes l’épuisement des
gisements fossiles est l’inquiétude du moment. Mais la plupart des autres
intrants suivent une même tendance vers une irrémédiable raréfaction.
L’augmentation de l’extraction de bauxite, minerai à la base de
l’aluminium, par exemple, suit la même courbe folle que toutes les autres
ressources minérales, dont le pillage aboutira, d’ici une vingtaine d’années
à l’épuisement de cinq métaux essentiels. Il en va de même de l’eau douce,
des surfaces cultivables, des forêts et de la biodiversité...
Dégradation du milieu vital
L’évolution de la
dégradation du milieu vital suit la même tendance exponentielle, mais s’est
décalée d’un temps de latence de quelques décennies, soit de la durée
nécessaire aux émissions polluantes pour exercer leurs ravages sur la santé des
espèces vivantes, la vigueur de la nature et la qualité de l’atmosphère
terrestre.
Si l’effet de serre est
l’objet présent des inquiétudes, bien d’autres bombes à retardement,
à mèches plus lentes certes, sont à prévoir. Si nous ne subissons
qu’aujourd’hui les ravages de l’amiante, c’est que les pathologies qu’il
engendre tardent plusieurs décennies avant de se manifester : les 50000
à 100000 morts attendus en France, jusqu’en 2030 résultent de la
consommation exponentielle d’amiante depuis l’après-guerre. Les effets des
milliers d’autres substances cancérogènes et toxiques, produites massivement
depuis les trente glorieuses, manifesteront leurs effets plus tardivement, mais
sûrement.
Croissance contre humanité
Les courbes de l’évolution
de la production de marchandises divergent de celles de la satisfaction des besoins
et de l’amélioration des conditions de vie des êtres humains. Les premières
s’emballent alors que les secondes stagnent ou décroissent. Cet écart entre
production et satisfaction se retrouve dans l’accès des populations aux
ressources qu’elles détiennent et aux richesses qu’elles produisent.
L’espérance de vie est un
bon indicateur de ces inégalités, car elle dépend principalement des
disponibilités en ressources et services, qu’ils soient du ressort de
l’alimentation, des soins médicaux ou de l’habitat, dont on estime que la
rareté ou l’insalubrité provoque annuellement 2,2 millions de décès.
L’espérance de vie va du simple au double, selon les pays, et les écarts se
creusent entre classes sociales d’un même pays. Par exemple, en Zambie, où
l’espérance de vie est de 37 ans, alors qu’elle pourrait atteindre le double,
c’est comme si la moitié des habitants étaient décimés.
Les tendances
exponentielles ne peuvent qu’aboutir à une chute. Pour la rendre moins
dure aux générations futures, il n’y a plus rien à attendre du capital
qui, obnubilé par ses profits immédiats, ne manifeste pas la moindre intention
d’inverser la tendance. Pour ce qui est de la sortie de l’énergie fossile, on
comprend bien que les cinq « majors » - Exxon-Mobil, Shell-BP, Total,
Chevron-Texaco - dont les bénéfices nets s’élevaient à 65 milliards
d’euros en 2004, ne veuillent pas tuer la poule aux oeufs d’or... noir pour
épargner la Planète ! [6]
Espérer pour agir
Pas d’espoir non plus par
rapport au développement d’alternatives énergétiques : les prévisions de
l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) pour 2030 sont claires : la
demande d’énergie augmentera de 59% et l’énergie fossile couvrira le 85% des
besoins mondiaux ; les énergies renouvelables resteront marginales avec
2% ! [7]
Quant à une sortie de crise par la « décroissance », si elle
était encore envisageable après guerre, un demi-siècle de dégâts ont rendu
cette option obsolète. En effet, il est vain de freiner et de faire reculer un
bolide fou qui va droit dans le mur et s’y trouve déjà à moitié
embouti !
Alors il ne reste plus
qu’à compter sur les milliards d’êtres humains pour qui le
« Progrès », promis jadis par le capitalisme, ne soit pas que sang et
larmes. Certes, la catastrophe productiviste ne se serait pas produite sans les
producteurs que nous sommes, par leur travail contraint, souvent servile. Nous
avons trop tergiversé entre les « grands soirs » qui devaient se
coucher sur une grève générale et les « ouvertures nocturnes » des
temples de la consommation factice !
Il faudra se remettre
à espérer, même si l’aube radieuse s’annonce plus que jamais incertaine.
Quoi qu’il en soit, nous n’avons plus le choix, car « cette crise ne nous
quittera pas, aussi longtemps que les hommes n’auront pas inventé des formes
sociales nouvelles, un mode de développement des techniques énergétiques et
d’utilisation de la force de travail humaine affranchis des lois de
l’accumulation du capital » [8]
.
François Iselin
[1] Le Monde du 19 septembre 2005, à propos de
l’étude parue dans Science du 16 septembre 2005.
[2] Isaac Johsua, Le Grand tournant, Paris, PUF, 2003,
p. 24.
[3] Riccardo Pétrella, Le Monde Diplomatique, août
2005.
[4] Albert Camus, Article d’actualité paru dans le
journal Combat, cité par Le Courrier des 6-7-8 août 2005.
[5] Le Petit Robert.
[6] Le Monde, 19 février 2005.
[7] Rapport de l’AIE publié le 26.10.2004. Le Monde du
28.10.04
[8] J.-C. Debeir, J-P. Deléage, D. Hémery, Les
servitudes de la puissance, Flammarion, 1986, p. 378.
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