Le Secours catholique s'inquiète de la
"ghettoïsation" des pauvres
Des membres d'association
d'aide aux sans logements manifestent le 9 février 2012 à Toulouse
Près de 80% des communes de la région parisienne de
plus de 10.000 habitants n'ont pas de place d'hébergement pour les plus
pauvres, souligne dans une enquête publiée mercredi le Secours catholique, qui
s'inquiète d'un phénomène de "ghettoïsation".
L'association a mené cette
enquête au cours du dernier trimestre de l'année 2013, envoyant à 210 communes
d'Ile-de-France de plus de 10.000 habitants, hors Paris, un questionnaire sur
la politique sociale qui y est menée.
L'enquête concerne entre
autres la domiciliation, l’hébergement et le logement.
"On laisse aux
communes disposant des plus maigres ressources le soin de prendre en charge les
personnes les plus fragiles", dénonce le Secours catholique. L’accès au
logement social est dans une "situation catastrophique": 85% des
communes interrogées ont moins de 10% de logements "très" sociaux,
destinés aux personnes en très grande difficulté.
Bien qu'étant pauvres,
Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne), Villetaneuse et Montfermeil (toutes deux en
Seine-Saint-Denis) sont les plus engagées sur les logements sociaux. En
revanche, Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), Vaucresson (Yvelines) et
Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne), trois communes aisées, se trouvent en bas
du classement.
Près de 37.000 ménages
reconnus prioritaires pour un logement (Dalo), soit 75% du total national,
restent en attente de relogement en région parisienne, et ce depuis des années
pour certains d’entre eux.
Le taux de relogement Dalo
se dégrade considérablement, puisqu'il ne concerne que 30% des personnes ayant
exercé un recours, contre 79% il y a cinq ans.
On retrouve des écarts
encore plus considérables pour ce qui concerne la domiciliation (adresse
fournie à des personnes sans domicile) d'une commune à l'autre, avec cette fois
un rapport qui va de 1 à 200. Ce phénomène contribue au regroupement des
pauvres dans les communes les plus accueillantes, et "à la ghettoïsation
des populations", souligne l'enquête.
"Il n’y a pas de SDF
chez nous, donc la commune n'a jamais été sollicitée. La ville ne domicilie
pas", témoigne ainsi une des communes les moins bien classées. En
Ile-de-France, plus de 80.000 personnes sans toit avaient besoin d'être
domiciliées en 2010, selon une enquête réalisée à l'époque par la région.
Les situations de mal-logement se sont encore
aggravées en 2013, rapportait
vendredi la Fondation Abbé Pierre. Au niveau national, elle estime à 3,5
millions le nombre de personnes confrontées au mal-logement, et à plus de 10
millions les personnes touchées par la crise du logement.
MCD
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