La France n’aurait rien à gagner avec les gaz, si
ce n’est retarder sa transition énergétique obligée…
Gaz de schiste : l'Europe ne doit pas s'attendre à
un miracle
Mis à part quelques secteurs gazo-intensifs, le gaz
de schiste n'a pas eu d'impact sensible sur l'économie américaine, estime
l'Iddri. L'Europe n'aurait pas grand chose à gagner en changeant de stratégie
énergétique pour exploiter cette ressource.
En dépit de prix du gaz
très bas sur le marché de court terme, une situation non durable, la révolution
des huiles et du gaz non conventionnels a eu un effet minime sur l'économie des
Etats-Unis. L'impact global sur le PIB
américain se limite à 0,84% de croissance pour l'ensemble de la période entre
2012 et 2035. Quant à l'Europe, les effets potentiels seraient plus maigres
encore, selon le think tank dirigé par Laurence Tubiana. "Pour quelques
pays très fortement dépendants du charbon et du gaz importés de Russie, le gaz
de schiste pourrait potentiellement être un complément [à une stratégie globale
d'efficacité énergétique, d'innovation, de recours aux énergies bas carbone et
d'amélioration du marché intérieur de l'énergie], mais il n'est certainement pas un substitut aux orientations de la
stratégie énergétique actuelle de l'Union européenne".
Telles sont les
principales conclusions d'une étude de l'Institut du développement durable et
des relations internationales (Iddri), intitulée Unconventional wisdom et
présentée jeudi 13 février au Parlement européen. A noter que l'étude a
bénéficié d'un soutien financier officiel de la part de l'Etat via l'Agence
nationale pour la recherche (ANR).
S'enfermer dans un modèle intensif en énergie
carbonée
En premier lieu, l'étude
constate que le "miracle américain" semble largement surestimé. Avec
un surplus de croissance évalué à 0,84% entre 2012 et 2035, pour l'estimation
haute, l'impact sur l'ensemble de l'économie est négligeable. En effet, ce gain
de 0,84% est à rapprocher d'une progression du PIB de l'ordre de 40% sur les 25
ans considérés.
Quant à la période allant
de 2007-2008 à 2012, l'impact global a été de 0,88 point de croissance. Cette
estimation est la plus favorable, prévient l'Iddri, précisant que pour arriver
à un tel résultat les chercheurs de l'Institut ont considéré que l'ensemble des
revenus libérés par la baisse du prix du gaz ont été réinvestis, et non pas
épargnés, avec un multiplicateur optimiste de 1,5.
L'impact sur l'industrie est lui aussi minime et "est confiné aux secteurs
gazo-intensifs". La croissance des exportations de ces secteurs gros consommateurs
de gaz a progressé de 10,5 à 27,2 milliards de dollars entre 2006 et 2012.
Cependant, ces chiffres sont à comparer au déficit commercial du secteur
manufacturier qui atteint 779,4 milliards de dollars en 2012, en hausse par
rapport aux 662,2 milliards enregistrés en 2006. "Il n'y a donc pas de
preuve que le gaz de schiste ait favorisé une renaissance de l'industrie
manufacturière", conclut l'étude, ajoutant que "néanmoins, la
révolution du gaz de schiste devrait déboucher sur un regain de compétitivité
de la pétrochimie de base, mais pas de la chimie dans son ensemble".
Observe-t-on un impact sur
la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) ? "Sans
politiques additionnelles, le gaz de schiste ne mènera ni à un mix énergétique
significativement et durablement sobre en carbone, ni à la sécurité
énergétique", estime l'Iddri. Le scénario privilégié, à partir des
politiques actuelles de l'Administration Obama, étant une stabilisation des
émissions à l'horizon 2040. De même, la facture des importations américaines
continuera à gonfler. Un dernier point, et non des moindres : en misant sur une
substitution du charbon par le gaz, l'économie américaine prend le risque de
s'enfermer dans un modèle intensif en énergie et en émissions carbonées.
Maintenir la stratégie actuelle
Si la situation américaine ne ressemble pas au
"miracle" mis en avant par les défenseurs des hydrocarbures non
conventionnels, les perspectives européennes ne semblent pas en mesure de
révolutionner l'approvisionnement énergétique européen. Constatant, comme quasiment tous les spécialistes
du sujet, qu'il est très peu probable que l'exploitation du gaz de schiste
atteigne l'ampleur de celle rencontrée aux Etats-Unis, l'Iddri ne voit dans le
gaz de schiste qu'un complément aux importations européennes d'hydrocarbures.
Selon un scénario médian,
la production de gaz de schiste atteindrait quelques dizaines de milliards de
m3 en 2030-2035. Un volume qui représenterait alors entre 3 et 10% de la
consommation de gaz en Europe. "Dans le meilleur des cas, la dépendance
aux importations de gaz se stabiliserait au niveau actuel", estime
l'Iddri, annonçant que "la dépendance de l'Union européenne aux
importations d'énergie fossile va continuer à croître et le prix de ces énergies
fossiles [sur le marché européen] restera largement déterminé par les marchés
internationaux". Une conclusion identique à celle du centre de recherche
de la Commission européenne (JRC) qui a réalisé les études d'impact en vue de
définir la stratégie européenne en matière d'hydrocarbures non conventionnels.
Finalement, mis à part pour les pays très
dépendants du charbon ou du gaz russe, l'exploitation du gaz de schiste n'est
pas de nature à remettre en cause la stratégie en faveur de l'efficacité
énergétique, de l'innovation, de la promotion des énergies décarbonées et de
l'amélioration du marché énergétique intérieur. Bref, l'exploitation des gaz de
schiste ne serait ni utile, ni économique, ni pérenne.
Ecologie au Quotidien
Le Chastel 26150 DIE,
Rhône-Alpes, France
Tel
: 04 75 21 00 56
Courriel : ecologieauquotidien.die@gmail.com
« Réseau Diois Transition Biovallée de la
Drôme »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire