Cette démocratie qui les gêne tant
Thatcher avait beaucoup osé en matière de casse des services publics et de démolitions systématiques de l’outil syndical.
( photo : Michèle Bernard chante la révolte)
Nous regardions, à l’époque, cette agitation britannique avec le haut le coeur qui s’imposait - pas plus - jurant et vociférant à qui voulait l’entendre qu’en France, rien de tel ne serait possible un jour. La Révolution de 1789, la Commune (1871), la révolte des Canuts (1831), les conquêtes du Front Populaire, mai 68, nous rendaient forcément invincibles et à l’abri de quelque provocation et attaque que ce soit de la part du « Grand Patronat ».
Un peu plus tôt, en 1972, le coup d’état qui frappait une grande démocratie sud-américaine nous avait déjà donné la nausée. Des artistes et des intellectuels, dont le plus grand nombre aujourd’hui est entré dans le rang, ont brillamment fustigé, par leurs écrits, cette dictature sanglante - qui coupait les doigts des guitaristes - aux ordres de Pinochet, cette marionnette made in USA. « Un peuple crève à l’autre bout du monde... » pouvait on entendre au détour d’un 33 tour. Mais en France, ce genre de chose était inimaginable, impossible.... Forcément ! 1789, 1831, 1871, 1936, 1968... Invincibles nous étions...
Il n’y a pas si longtemps un désastre financier frappait l’Argentine. Le FMI, la spéculation et autres « bienfaits » du capitalisme avaient ruiné les pauvres et mis les classes moyennes sur la paille. La rumeur des intellectuels et de médias français a eu du mal à se faire entendre... faute de s’être exprimée. Et pourtant, un peuple crevait à l’autre bout du monde... Mais en France, un tel désastre était forcément impossible ! 1789, 1831, 1871, 1936, 1968, etc.... Invincibles....
Et Sarkozy a été élu, démocratiquement, porté par les médias , la finance, quelques lobbies et des électeurs dont la naïveté n’avait d’égale que leur méconnaissance de l’histoire. Et ce qui ne devait jamais arriver : le libéralisme sauvage, la casse du service public, l’affaiblissement des syndicats, la démocratie niée et bafouée, la dictature light (à défaut de ne plus pouvoir être à l’image de celle évoquée plus haut), la baisse sans précédent du pouvoir d’achat, les classes moyennes touchées de plein fouet par la crise, la faim, la pauvreté extrême...
Tout cela s’installe en France, sans grand mouvement populaire. Un peu comme si le peuple anesthésié l’acceptait avec un fatalisme qui couvre de honte 1789, 1831, 1871, 1936, 1968 et celles et ceux qui ont bâti cette démocratie avec leur sang, leur souffrance ou leurs larmes.
Un peuple crève à l’autre bout du monde... Et ce peuple, c’est la France. Et me revient en mémoire ce vers, dont la signification, plus jeune, m’échappait : « Les peuples sans histoire sont condamnés à mourir de froid ».
René Balme
Elu conseiller municipal de Grigny en 1983, présenté par le PCF.
Elu maire adjoint en charge de la culture en 1987
Elu 1er adjoint en 1989
Elu maire de Grigny en 1992 en remplacement de Roger Tissot, en cours de mandat.
Réélu en 1995 et en 2001.
Conseiller communautaire au Grand-Lyon depuis janvier 2007.
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