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dimanche 25 mars 2012

Guerre fantasmée et guerre réelle...


Guerre fantasmée et guerre réelle
La chasse à l’homme qui a tenu les Français en haleine depuis le début de la semaine est terminée. L’assassin présumé a été abattu d’une balle dans la tête par la police. Justice est faite, aurait pu dire Barack Obama. Nicolas Sarkozy, lui, s’est contenté de se frotter les mains, espérant engranger deux ou trois points supplémentaires dans les urnes le 22 avril prochain.
Pour ceux qui ont fait de l’opposition entre groupes ethniques ou nationaux leur fonds de commerce, l’affaire de Toulouse est du pain bénit. Pas besoin d’en rajouter: le portrait du fanatique exécuteur d’enfants alimentera mieux que personne les fantasmes à l’égard de populations déclarées dangereuses, comme naguère certaines classes sociales.
Le tableau est d’autant plus saisissant que le présumé islamiste est enfant du pays; membre de cette cinquième colonne potentielle à l’instar de ses coreligionnaires. Le processus est connu, la peur diffuse la peur, la haine appelle la haine. A un mois du premier tour de la présidentielle, le scénario semble tout droit sorti d’un cabinet de storytelling néoconservateur!
Pourtant, il y aurait d’autres façons d’écrire cette histoire. Sans nier le poids des idéologies, il y a le récit d’une dérive personnelle, de la folie meurtrière d’un individu. «La vérité, c'est qu'il ne saurait exister de responsabilité collective. Un assassin n'engage que ses complices effectifs et lui-même», expliquait l’été dernier l’ex-numéro deux du Front national, Bruno Gollnisch, à propos du «psychopathe» Anders Breivik, accessoirement théoricien et activiste d’extrême droite.
La tonalité est bien autre aujourd’hui dans la bouche de la frontiste Marine Le Pen, qui responsabilise sans ambiguïté des «groupes politico-religieux» bénéficiant d’un trop grand «laxisme». Avant-hier, sur une radio israélienne, elle n’hésitait pas à décrire «des quartiers entiers sous l'emprise des fondamentalistes». Et d’appeler à la «guerre» – contre les islamistes violents, certes. Mais le vocabulaire n’est jamais innocent: on ne fait pas la guerre à une bande de délinquants mais à un pays, à une nation. A une civilisation?
Dans la réalité complexe du terrorisme, il y aurait, également, une autre clé de lecture à la tuerie de Toulouse: celle de ces conflits post-coloniaux profondément enkystés. Dans le sillage du tueur, tout juste rentré de deux séjours en Asie centrale, ce sont trente années de guerre en Afghanistan qui ont déferlé en quelques jours sur la France. Combien de Français savaient-ils, avant le meurtre des parachutistes à Montauban, que leur armée était engagée depuis onze ans en Afghanistan aux côtés des Etats-Unis et pourquoi? Face à la tuerie de l’école Ozar Hatora, il est impossible de ne pas penser au massacre, le 11 mars, près de Kandahar, de seize civils, dont des vieillards et des enfants, exécutés à bout portant puis brûlés par un ou plusieurs soldats étasuniens.
Comme l’Espagne en 2004 – l’attentat de Madrid fit près de 200 morts un autre 11 mars –, la France est endeuillée en pleine campagne électorale par une guerre oubliée. Pas sûr qu’elle fasse la même introspection et choisisse de rappeler ses soldats le plus rapidement possible.
Benito Perez

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