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mardi 6 mars 2012

La démocratie contre la démagogie....


La démagogie contre la démocratie
Cette campagne est moins marquée par la brutalité que par la démagogie. Chacun ressent le besoin de mieux partager la prise de décision publique quand les efforts demandés sont si douloureux, mais comment ? Nicolas Sarkozy propose de rendre le pouvoir aux citoyens par le recours aux référendums, quitte à marcher sur les corps intermédiaires (journalistes, parlementaires, hauts fonctionnaires et syndicats). Or ils sont justement là pour équilibrer les pouvoirs et faire vivre la démocratie. Ce qui est présenté comme une ouverture ressemble à un moyen de restaurer le "césarisme" de la Ve République, tout en divisant pour mieux régner. Surtout s'il s'agit de monter la France qui travaille contre celle qui est au chômage.
Dans un tout autre genre, François Bayrou souhaite un référendum pour "moraliser la vie politique". Noble objectif mais drôle de moyen. Qui ira voter pour dire "non" à la moralisation de la vie politique ? Ne vaut-il pas mieux faire campagne sur ce thème et faire voter les lois nécessaires une fois élu ? Dans ces deux cas, l'idée d'un référendum vise moins à trancher une question qu'à mettre en scène un récit politique. La France forte, et même dure, contre l'assistanat, d'un côté. Le candidat aux mains pures contre les partis de gouvernement aux mains sales, de l'autre. Les deux surenchères ne se valent pas. Il est certainement plus noble de vouloir se mettre en scène sur le dos de la corruption que sur le dos des chômeurs, mais la démarche pose question et contribue au discrédit, décidément très à la mode, de la démocratie représentative.
Cela ne veut pas dire que le recours au référendum soit toujours démagogue. A condition de trancher une question précise, qui ne recoupe pas des clivages uniquement partisans ou moraux mais concrets, la consultation directe peut s'avérer utile. Pour ou contre le statut concordataire en Alsace-Moselle, par exemple. Il existe aussi des cas, plus dramatiques, où la consultation directe est le seul moyen de partager les responsabilités, voire d'éviter le chaos, comme en Grèce. Autant l'idée d'organiser un référendum retardant l'entrée en vigueur d'un plan négocié - dans l'urgence et la douleur - entre gouvernements européens relevait du suicide... autant le pays ne pourra pas continuer à empiler les plans d'austérité via un gouvernement technique sans consulter ses citoyens. Mais pas n'importe comment. Ce jour-là, la question posée devra impérativement permettre de trancher entre deux types de solutions, sous peine d'ajouter une crise de la gouvernance à la crise économique.
Redonner du sens
Mais nous voilà au coeur du problème. Ce besoin de recourir tous azimuts à la consultation directe trahit l'impuissance de la démocratie représentative européenne. C'est pourtant là que tout se joue si nous voulons surmonter la crise des dettes publiques, si menaçantes pour nos souverainetés et nos démocraties. D'où l'urgence de redonner du sens et du pouvoir au Parlement européen. Pour que les politiques menées à cette échelle ne soient pas vécues comme des "diktats" ou des "sanctions automatiques", mais soient l'objet de confrontations, lisibles, entre différents partis élus par les citoyens européens. C'est-à-dire démocratiques.
Caroline Fourest ( photo), Sans détour
Essayiste et journaliste rédactrice en chef de la revue "ProChoix", elle est l'auteure notamment de "La Dernière Utopie"(Grasset, 2009) et de "Libres de le dire", avec Taslima Nasreen (Flammarion, 2010).

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