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mardi 6 mars 2012

La Coopérative , modèle contre le libéralisme sauvage....

L'entreprise coopérative : un modèle anti-crise
Relancer la croissance : il y a quelque chose d'incantatoire dans la façon dont la plupart des candidats à l'élection présidentielle martèlent cet objectif prioritaire sans pour autant proposer de solutions concrètes et réalistes pour l'atteindre ou en se contentant d'évoquer celles de pays étrangers qui ne sont pas toujours adaptées au contexte de notre pays. Et pourtant, l'une des voies les plus sûres, les plus reconnues, qu'il conviendrait d'emprunter pour sortir de l'impasse économique et budgétaire de la France est là, sous nos yeux, sur notre territoire national et plus particulièrement dans nos régions agricoles. Elle se présente sous la forme d'un outil productif performant et d'un modèle particulièrement adapté à une situation de crise : l'entreprise coopérative. A se demander comment nos postulants à la magistrature suprême ont pu s'égarer à ce point dans les méandres de la politique politicienne pour ne pas s'en être encore aperçu.
A droite, le mot "coopérative" n'est jamais prononcé dans les meetings électoraux où l'on y parle cependant volontiers d'agriculture. A gauche, quand le concept d' "entreprise coopérative" est évoqué, c'est nimbé d'une idéologie qui le rend souvent méconnaissable. Alors peut être serait-il opportun de délaisser la surenchère verbale de la campagne présidentielle pour se rapprocher des réalités, combien plus tangibles et porteuses d'avenir, de nos ... campagnes.
D'abord une réalité trop souvent ignorée : si le nombre d'agriculteurs diminue, du fait notamment de l'automatisation des moyens de production, de l'innovation et des concentrations d'exploitations, la population active liée à l'agriculture et l'agroalimentaire, est bel et bien en croissance et constitue un vivier d'emplois (15% des emplois en France). L'une des clés de ce succès est l'efficacité de notre réseau de coopératives qui a particulièrement bien résisté à la crise et dynamise l'économie locale ou régionale.
Le premier avantage de ces entreprises basées sur la solidarité de leurs membres et le développement partagé, est en effet leur caractère indélocalisable et non "opéable" puisqu'elles sont statutairement attachées à des territoires qu'elles animent et au sein desquels elles créent de la valeur. Leurs activités et leurs initiatives pour redynamiser certaines zones rurales - ouverture d'une jardinerie par exemple - en font très souvent les principaux employeurs de la commune ou de la région. Et puisque le retour au "made in France" est dans l'air du temps, rappelons qu'il est dans l'essence même de l'entreprise coopérative agricole dont les adhérents sont aussi les propriétaires. En outre l'ancrage territorial des coopératives n'est pas incompatible avec la nécessaire ouverture de notre économie sur le monde extérieur, afin de profiter des débouchés qu'offre la croissance mondiale et de valoriser les potentialités de l'agriculture française. Ainsi, la qualité de la production agricole et de l'industrie agroalimentaire "made in France" est mondialement appréciée (la gastronomie française est classée depuis peu au patrimoine mondial de l'UNESCO ), au même titre que notre industrie du luxe.
En ces temps d'instabilité et de concurrence exacerbée, où l'on voit, dans certains secteurs, les ravages commis par les adeptes du "court termisme", l'entreprise coopérative présente l'immense avantage d'une garantie de pérennité absolue et de gestion à long terme. Pour la bonne et simple raison qu'elle ne se trouve jamais confrontée, comme c'est souvent le cas pour les PME, à un problème de transmission ou de filiation. On n'achète pas et on ne revend pas une coopérative, on passe le relais . Paraphrasant Antoine de Saint-Exupéry, je dirais que les coopératives ne nous appartiennent pas, ce sont nos enfants qui nous les ont prêtées. Ainsi nombre de coopératives, telles la Scael à Chartres ou Triskalia en Bretagne, sont plus que centenaires !
Enfin n'oublions pas que la coopérative est fille de la crise. Elle a été conçue pour reconstruire l'agriculture d'après-guerre ou encore pour faire face aux terribles crises viticoles de la fin du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle. Car toute crise incite au rapprochement, à la mutualisation et à la solidarité. L'endettement de notre pays, l'incertitude sur l'avenir de l'Euro, la montée du chômage, la folie spéculative sur les marchés, sont les nouveaux fléaux qui, tel le phylloxera fondant naguère sur nos vignobles, menacent d'ébranler notre économie. En France, la sortie de crise ne se fera pas avec des promesses ou des slogans électoraux, mais en décidant de jouer collectif, d'unir nos forces et de "chasser en meute". Dès lors que le caractère stratégique de l'agriculture française pourra s'exprimer dans les faits autant que dans les discours, les coopératives agricoles sauront assumer toutes leurs responsabilités pour participer au renouveau de l'économie française au cœur des territoires ruraux.
Philippe Mangin, président d'ACOOA (Alliance des Coopératives Agricoles), de COOP de France et d'InVivo

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