"M. Fessenheim", François Rol-Tanguy,
délégué interministeriel chargé de la fermeture de la centrale nucléaire de
Fessenheim, violenté le 14 décembre 2012 à Colmar par les communistes pronucléaires.
Le "Monsieur Fessenheim" fraîchement nommé pour préparer la
fermeture de la doyenne des centrales nucléaires françaises (qui aurait du fermé
en 2008 après 30 ans) a eu droit vendredi à une entrée en matière mouvementée,
avec des salariés qui lui ont interdit l'accès au site.
Deux jours après sa
nomination par le gouvernement, Francis Rol-Tanguy voulait réserver, par
politesse, sa première sortie aux employés et à la direction de la centrale de
Fessenheim, dans le Haut-Rhin.
Bien mal lui prit, c'était
sans compter sur son comité d'accueil: quelque 200 personnes, agents EDF et
prestataires, organisé par la CGT, ont formé un groupe compact devant la
centrale, et plusieurs dizaines d'entre eux ont repoussé violemment le
haut-fonctionnaire quand il a voulu pénétrer sur le site. Comme souvent les communistes
s’assoient sur la loi et ici la volonté du peuple, qui a voté cette fermeture,
promise par François Hollande.
Le nouveau "délégué
interministériel à la fermeture de la centrale nucléaire et à la reconversion
du site de Fessenheim", fils du grand résistant communiste Henri
Rol-Tanguy, s'est rapidement résigné à rebrousser chemin.
"Le personnel lui a
signifié qu'il n'avait rien à faire ici, parce qu'on n'a pas besoin de
liquidateur", a expliqué le délégué CGT du site Jean-Luc Cardoso, laissant
entendre que ce ne serait pas le dernier et lamentable coup d'éclat des
salariés dépités d’une usine obsolète et dangereuse.
Leur colère pour l'emploi
et le tissu économique local sont partagées par toutes les réactions locales de
Droite comme de Gauche.
Après cette visite
avortée, la conférence de presse que M. Rol-Tanguy devait tenir à la centrale a
été déplacée à la préfecture de Colmar, à une trentaine de kilomètres.
Ce sont des circonstances
"compliquées", a-t-il ironisé, après ce premier contact un "peu
physique", dont il a assuré ne pas s'offusquer.
"Je comprends que les
salariés de la centrale, leurs syndicats, souhaitaient d'abord manifester leur
opposition", a-t-il expliqué.
"C'est violent aussi
d'annoncer à des salariés qu'on va fermer leur lieu de travail", a-t-il
poursuivi, se disant conscient que la fermeture allait "tout de même
perturber la vie de centaines de familles".
"Définir une méthode "
M. Rol-Tanguy a fait
valoir que le calendrier (loi présentée à la rentrée 2013, fermeture annoncée
pour 2016) lui donnerait le temps de trouver le "chemin du dialogue"
et qu'il viendrait "régulièrement" en Alsace.
Des rencontres sont
notamment prévues avec des représentants d'EDF, des élus de la région, des
associations et tous "ceux qui sont concernés" par le dossier
Fessenheim. M. Rol-Tanguy a dessiné vendredi les contours de sa mission. Elle
prévoit notamment de préparer "un protocole d'accord avec EDF sur toutes
les dimensions" du dossier. Il s'agit aussi de "définir une
stratégie" pour gérer l'impact de la fermeture de la centrale et son
démantèlement.
Fessenheim, dont le
premier des deux réacteurs a été mis en service en 1977, emploie 800 agents EDF,
et constitue un moteur passager pour l'économie locale.
"Ce n'est pas la
peine de se voiler la face: quelle que soit la durée des opérations de
démantèlement, il y aura moins de salariés à terme qu'il n'y en a
aujourd'hui", a admis M. Rol-Tanguy.
Mais "objectivement,
les besoins de recrutements qu'a EDF dans les dix années qui viennent doivent
permettre de résoudre l'équation d'emploi des salariés sans difficulté",
a-t-il estimé. Sans vouloir, a-t-il précisé, "se substituer au PDG
d'EDF".
Les associations (plus de
1000 associations) anti-nucléaires exhortent le gouvernement à fermer la
centrale avant 2016 pour des raisons de sûreté, invoquant notamment le fait
qu'elle est construite en zone sismique.
Mais "les raisons qui
conduisent le gouvernement à fermer Fessenheim ne sont pas directement des
questions de sûreté nucléaire", a souligné vendredi M. Rol-Tanguy. "C'est
bien des questions de politique énergétique", avec notamment la volonté
d'accorder une place plus grande aux énergies renouvelables, a-t-il conclu. Et aussi
d’appliquer une promesse électorale du candidat Hollande.
MCD-APL
La centrale nucléaire de Fessenheim est la plus ancienne centrale
nucléaire française en exploitation (depuis 1978) et la seule en Alsace. Sa
construction décidée à la fin des années 1960 par les présidents De Gaulle puis
Pompidou repose sur la technologie à eau pressurisée, rendue possible par son
implantation, sur le territoire de la commune de Fessenheim, en bordure du Grand
Canal d'Alsace. Ses deux réacteurs fournissent une puissance de 900 MWe chacun, soit 2,88 % de la production
électronucléaire française. En raison de
son âge et de son implantation sur un site à risque sismique, elle est très
contestée par certains riverains tant en France que dans les pays frontaliers (Allemagne
et Suisse) qui réclament sa fermeture et son démantèlement.
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