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mardi 4 décembre 2012

La Centrale atomique de Flamanville : de fiasco en fiasco...



La facture de l'EPR de Flamanville flambe à 8,5 milliards d'euros
(Photo : L'un des réacteurs EPR en construction à la centrale nucléaire de Flamanville, le 8 novembre 2012 Charly Triballeau)
Le coût du réacteur EPR en construction à Flamanville (Manche) n'en finit pas de flamber: EDF a annoncé lundi un surcoût de 2 milliards d'euros portant la facture à 8,5 milliards, de quoi affûter les armes des opposants à l'atome en plein débat sur l'avenir énergétique du pays.
Dans un communiqué, le groupe a expliqué avoir pris en compte différents facteurs dans cette révision à la hausse, notamment des études destinées à vérifier la robustesse de certaines pièces ou locaux qui n'avaient jusqu'ici jamais été réalisés avant la mise en service du réacteur.
Alors qu'EDF s'attendait à devoir modifier une centaine d'éléments, "on s'est aperçu que c'était près d'un millier" qu'il fallait revoir, "ce qui a une influence considérable sur l'évaluation globale de la charge des contrats", sans modifier le calendrier d'achèvement, a expliqué à des journalistes Hervé Machenaud, directeur de la production et de l'ingéniérie chez EDF.
A cela s'ajoute l'intégration de nouvelles exigences réglementaires, ainsi que des enseignements postérieurs à la catastrophe nucléaire de Fukushima intervenue en mars 2011 au Japon, et des aléas industriels dont le remplacement de consoles, d'énormes pièces métalliques entourant le bâtiment réacteur, que le groupe a du changer après la détection de défauts.
Le coût de cet EPR avait déjà été quasiment doublé l'an dernier, à 6 milliards d'euros contre 3,3 milliards annoncés initialement en 2005. Outre les 2 milliards de surcoûts annoncés ce lundi, la prise en compte de l'inflation porte le total à 8,5 milliards d'euros en valeur actualisée, selon EDF.
Le géant français de l'électricité a en revanche maintenu le calendrier de mise en service de ce réacteur de 3e génération, tablant toujours sur un démarrage de la production en 2016, soit avec 4 ans de retard par rapport au calendrier d'achèvement initial.
"Brise le mythe du nucléaire pas cher"
Cette nouvelle tombe au plus mal pour EDF, alors que le gouvernement vient de lancer le débat national sur la transition énergétique, qui doit aider à définir la politique énergétique de la France et proposer des pistes pour réduire de 75 à 50% la part du nucléaire dans l'électricité à l'horizon 2025.
Le groupe a en outre écopé lundi pour la première fois d'une amende de 4.000 euros suite à une fuite radioactive à Golfech (Tarn-et-Garonne).
"Cette annonce enterre la compétitivité de l'EPR face à l'éolien" et "tue aussi la crédibilité de l'EPR à l'export", a déclaré à l'AFP Sophia Majnoni, en charge des questions nucléaires à Greenpeace France.
"Voilà qui vient briser le mythe, si cela n'était pas déjà fait, du nucléaire pas cher. Ce sont 8,5 milliards gaspillés et détournés des véritables alternatives. Il faut arrêter les frais et stopper ce chantier qui est absurde", a renchéri auprès de l'AFP, Charlotte Mijeon, porte-parole du réseau Sortir du nucléaire.
Un argument rejeté par M. Machenaud, qui assure que même à ce niveau, le nucléaire reste moins cher que les énergies renouvelables hors hydraulique.
Le directeur financier Thomas Piquemal a par ailleurs assuré que cette réévaluation n'aurait pas d'impact sur les objectifs financiers d'EDF post-2012. Ils avaient été récemment abaissés, précipitant le cours d'EDF à de nouveaux plus bas historiques.
EDF a de plus estimé que, s'agissant de la "tête de série" d'une nouvelle génération de réacteurs, on ne pouvait en tirer de conclusions quant au coût des autres EPR qu'il souhaite bâtir en Grande-Bretagne. Selon la presse britannique, leur coût aurait flambé à 8,6 milliards d'euros l'unité, ce qui pourrait pousser le britannique Centrica, qui devait les co-financer, à jeter l'éponge.
Nucléaire: Nouvelle panne au réacteur 1 de la centrale de Flamanville
Pour la deuxième semaine d'affilée...
Une nouvelle panne, survenue dans la nuit de vendredi à ce samedi sur le circuit secondaire du réacteur 1 de la centrale nucléaire de Flamanville (Manche), a conduit à découpler cette unité du réseau, a-t-on appris auprès de la direction du site.
«Le fonctionnement aléatoire d'une vanne de vapeur sur le circuit secondaire» a conduit à désactiver celui-ci et à réduire à 6% la puissance du réacteur, qui n'a pas été arrêté, a indiqué à l'AFP Eric Trelet, dirigeant d'astreinte.
Des travaux de réparation dès avant hier dimanche
«Il s'agit du même problème que celui de samedi dernier, qui n'avait pas été entièrement soldé», a précisé cette source. Le réacteur avait alors été découplé durant quelques heures du réseau, le 25 novembre.
Les travaux de réparation pourraient cette fois-ci débuter dimanche matin, après refroidissement des éléments, et s'achever dans la soirée, a indiqué Eric Trelet.
Une série noire
Cette nouvelle panne s'inscrit dans une série d'aléas qui affectent le fonctionnement de ce réacteur depuis son arrêt pour maintenance le 21 juillet, dont l'un de niveau 1 survenu fin octobre.
Prévu initialement le 24 septembre, son redémarrage avait été repoussé d'un mois mais a été compromis, dès le 24 octobre, par une fuite radioactive de près de six heures, avec un débit de 7.000 litres par heure, sur le circuit primaire.
Arrêté à froid, le réacteur avait redémarré le 15 novembre mais avait dû être momentanément découplé dix jours plus tard à cause de la vanne défectueuse à nouveau en cause samedi.
Un rapport d'analyse à venir
L'Autorité de sûreté nucléaire a demandé à la centrale de fournir d'ici à la fin de l'année une analyse précise de l'incident des 24 et 25 octobre, qui a été classé de niveau 1 sur l'échelle Ines qui va de 0 à 7. La fuite était restée confinée à l'intérieur du bâtiment réacteur et n'avait pas fait de victime.
La centrale de Flamanville compte deux tranches de 1.300 MW chacune mises en service en 1985 et 1986 et une troisième en construction, le réacteur de nouvelle génération EPR, dénoncé par les écologistes et dont l'achèvement a été repoussé à plusieurs reprises en raison de contretemps techniques.
Centrale nucléaire de Flamanville: Arrêt d'un réacteur après un «dysfonctionnement»
Le réacteur 1 de la centrale nucléaire de Flamanville (Manche), qui avait redémarré il y a quelques jours, trois semaines après un incident de niveau 1 (sur 7), est à nouveau à l'arrêt depuis samedi, a-t-on appris auprès d'EDF. «Un dysfonctionnement a été observé lors d'un test sur une vanne dans la partie non nucléaire du réacteur» et celui-ci a dû être coupé du réseau. Il n'y a aucune conséquence sur l'environnement, a-t-on ajouté de même source.
Une fuite radioactive en octobre
Après cette interruption de trois semaines fin octobre/début novembre, le réacteur avait atteint lundi dernier sa pleine puissance. L'arrêt pour maintenance du réacteur avait été prolongé au total de plus de sept semaines par rapport au planning initial qui prévoyait moins de 10 semaines d'arrêt, à la suite de plusieurs aléas dont l'incident de niveau 1 du 24 octobre est le plus important, selon des données fournies par EDF. Le réacteur était arrêté depuis le 21 juillet et devait redémarrer au départ le 24 septembre.
Le 24 octobre, une fuite radioactive de 7 m3 par heure, restée contenue dans le bâtiment du réacteur, était survenue pendant près de six heures sur le circuit primaire qui fonctionnait à une pression supérieure à 150 bar à une température proche de 300°C. Selon une lettre de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) à la centrale fin octobre, «l'événement aurait pour cause profonde une défaillance de type organisationnelle et humaine». Le gendarme du nucléaire a demandé à EDF de fournir une analyse précise de l'événement avant fin 2012. La centrale nucléaire de Flamanville compte deux réacteurs en fonctionnement et un troisième en construction, le réacteur de nouvelle génération EPR qui divise socialistes et écologistes.
MCD-APL

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