Tandis que la Gauche instrumentalise l’Ecologie dans
un Greewashing qui ne doit rien à la Droite, nous rappelons ici les
Fondamentaux de l’Ecosocialisme de René Dumont à André Gorz.
Les fondements d’une stratégie écosocialiste reste et
restera l’apanage de la Société Civile loin des Groupuscules gauchistes, ou
pire communistes, et autres récupérateurs à la mode…Il est bon de le rappeler
quand le Front de Gauche tente en ce moment une OPA sur le concept et nos
pratiques.
Le fait que le
développement des forces productives matérielles ait commencé à nous éloigner
objectivement d’une alternative socialiste constitue le fait majeur qui fonde
et justifie le concept nouveau d’écosocialisme. Une ligne de démarcation entre
l’écosocialisme, d’une part, l’écologie politique et la décroissance, d’autre
part, est l’attitude face à la lutte des classes. Nous restons fermement
convaincus que les exploitéEs apprennent par l’expérience des luttes
collectives, qui commencent par la défense des salaires, de l’emploi et des conditions
de travail.
Les fondements d’une stratégie écosocialiste
Contrairement à ce que
suggère la fausse mais très populaire métaphore de l’île de Pâques proposée par
Jared Diamond [1],
les dégradations environnementales que nous observons aujourd’hui ne sont en
rien comparables à celles qui ont pu se produire à d’autres périodes
historiques. Les différences sont non seulement quantitatives (la gravité et la
globalisation des problèmes écologiques), mais aussi et surtout
qualitatives : alors que toutes les crises environnementales du passé
découlaient des tendances sociales à la sous-production chronique, donc de la
crainte de la pénurie, les problèmes actuels trouvent au contraire leur origine
dans la tendance inverse à la surproduction et à la surconsommation, qui est
spécifique à la production généralisée de marchandises. Par conséquent, l’expression
« crise écologique » est impropre. Ce n’est pas la nature qui est en
crise, mais la relation historiquement déterminée entre l’humanité et son
environnement. Cette crise n’est pas due aux caractéristiques intrinsèques de
l’espèce humaine mais au mode de production devenu dominant il y a deux siècles
environ – le capitalisme – et aux modes de consommation et de mobilité qui en
découlent. Les atteintes graves aux écosystèmes (changements climatiques,
pollution chimique, déclin rapide de la biodiversité, dégradation des sols,
destruction de la forêt tropicale, etc.) constituent une dimension de la crise
systémique globale. Ensemble, elles expriment l’incompatibilité entre le
capitalisme et le respect des limites naturelles.
Productivisme sans limites
La raison fondamentale de
cette incompatibilité est simple : sous le fouet de la concurrence, tout
propriétaire de capitaux cherche en permanence à remplacer du travail vivant
par du travail mort, autrement dit des travailleurs par des machines plus productives,
car celles-ci lui procurent un surprofit en plus du profit moyen. Il va de soi
que cette opération n’aurait pas de sens pour le capitaliste si elle ne
s’accompagnait pas d’une tentative d’élimination de ses concurrents les plus
faibles, par l’augmentation de la masse de marchandises mises sur le marché à
bas prix. L’innovation, dans ce mode de production, n’est pas au service de
l’allègement de la charge de travail mais de l’accumulation incessante du
capital. Dès lors, sa recherche constante de nouveaux champs de valorisation
amène celui-ci à produire une quantité sans cesse croissante de marchandises
inutiles et nuisibles, dont la plus-value, pour être réalisée, implique que
soient constamment créés des débouchés et des besoins, de plus en plus artificiels.
Le « productivisme » – produire pour produire – implique
obligatoirement « consommer pour consommer » et fait partie du code
génétique de ce mode de production, au même titre que le fétichisme de la
marchandise. « Le capitalisme, non seulement n’est jamais stationnaire,
mais ne pourrait jamais le devenir », disait Schumpeter [2]. En
effet, pour qu’un capitalisme puisse être stationnaire, il faudrait abolir la
concurrence entre les capitaux nombreux qui composent le Capital, ce qui est
évidemment absurde.
Oui mais, objectera-t-on,
si l’efficience dans l’utilisation des ressources augmentait plus vite que la
masse de marchandises produites, la reproduction élargie du capital ne
s’accompagnerait pas d’une ponction accrue sur les ressources naturelles. Le
capitalisme serait alors soutenable écologiquement. En effet. C’est la thèse du
découplage entre la croissance du PIB et l’empreinte écologique. Elle est
illustrée par la courbe en cloche dite « de Kuznets », selon laquelle
l’impact environnemental d’une société donnée augmenterait jusqu’à un pic, puis
diminuerait en fonction de sa richesse, donc du développement de ses forces
productives. Il est vrai que, de tous les modes de production qui ont existé
dans l’histoire, le capitalisme est celui qui a augmenté le plus
spectaculairement la productivité du travail, donc aussi l’efficience dans l’utilisation
des ressources. Il en est ainsi parce que la quête du surprofit qui pousse à la
mécanisation favorise en même temps une économie croissante dans l’utilisation
des richesses naturelles. Pourtant, ce constat ne remet pas en cause la nature
écocidaire du système, et la courbe de Kuznets est fausse. En effet, d’une
part, la hausse de l’efficience est forcément une asymptote, pas une fonction
linéaire de l’augmentation du capital fixe – sans quoi on aboutirait à la
conclusion que le mouvement perpétuel est possible, puisque, à la limite, un
travail pourrait être effectué sans déperdition d’énergie (cette erreur
grossière a été commise par les experts qui ont évalué la part de la
consommation européenne d’électricité possiblement couverte par le projet Desertec
d’exploitation du rayonnement solaire dans le Sahara) [3].
D’autre part, on constate empiriquement que l’augmentation du volume de la
production fait plus que compenser la hausse de l’efficience, qui n’est donc
que relative. Le cas de l’automobile est frappant : la sobriété des
moteurs augmente, mais les besoins globaux en hydrocarbures et les émissions de
gaz à effet de serre des transports explosent, par suite du nombre sans cesse
croissant de véhicules. Boulimique, la croissance capitaliste implique
inévitablement une consommation croissante de ressources, inconciliable avec la
finitude de celles-ci ainsi qu’avec leurs rythmes de renouvellement.
Face à la multiplication
angoissante de problèmes écologiques graves, nous sommes amenés à nous
interroger : quelles sont les limites théoriques de la croissance
capitaliste, et par conséquent de la dégradation capitaliste de
l’environnement ? Répondre implique de bien saisir que le capital n’est
pas une chose : c’est un rapport social d’exploitation, dont le
développement fut rendu historiquement possible du fait de l’appropriation préalable
des ressources naturelles (terre, eau, forêts…) par les classes dominantes, au
nom du profit. Cette appropriation entraîna ensuite celle de la force de
travail, transformée en marchandise salariée. Pillage des ressources et
exploitation du travail – quand celle-ci est considérée du point de vue social
– sont donc les deux faces d’une même médaille. Mais, en laissant de côté sa
composante sociale (la coopération et ses formes), la force de travail humaine
peut aussi être considérée sous l’angle thermodynamique, comme une ressource
naturelle parmi d’autres (le corps humain est un convertisseur énergétique).
Dans ce cas, pillage et exploitation ne sont en fait qu’un seul et même
processus de destruction, et le surtravail peut être décrit comme une quantité
d’énergie accaparée par le patronat. Ceci étant posé, on peut répondre à la
question sur les limites théoriques du capital. D’une part, l’expropriation des
producteurs et productrices directEs, leur aliénation d’avec la terre
nourricière, a créé une classe sociale dont l’unique moyen de subsistance est
la vente de sa force de travail contre un salaire. D’autre part, le travailleur
ou la travailleuse embauchéE comme salariéE trouve tout prêts, mis à sa
disposition par l’employeur, les éléments nécessaires à son activité productive
– outils, bâtiments et énergie – qui proviennent, directement ou indirectement,
de ressources prélevées dans la nature par le travail ou transformées par lui.
Dans ce contexte, et tenant compte du fait que la hausse de l’efficience n’est
que relative, il va de soi que la quête incessante du surprofit par le
productivisme capitaliste pèse à la fois sur les fractions variable et
constante du capital, de sorte que celui-ci doit fatalement consommer une
quantité absolue toujours plus grande de force de travail et de ressources
naturelles, et ce bien qu’il favorise leur économie relative. La formule
énigmatique de Marx disant que le capital n’a d’autre limite que le capital
lui-même s’éclaire ainsi : elle signifie tout simplement que ce mode de production
ne s’arrêtera de lui-même qu’après avoir épuisé les deux seules sources de « toute
richesse : la terre et le travailleur » [4]
Cette conclusion laisse si
peu de place à l’optimisme que certains s’accrochent à tout prix à l’idée qu’un
mécanisme endogène non encore identifié pourrait bloquer le système avant qu’il
n’ait atteint cette limite théorique. Il faut pourtant se résigner à constater
qu’il n’existe et ne peut exister rien de ce genre. La raison, encore une fois,
est simple et renvoie aux lois fondamentales du capitalisme : ce mode basé
exclusivement sur la loi de la valeur-travail a pour seul but la production de
valeurs d’échange, et non de valeurs d’usage. Or, la valeur étant déterminée
par le temps de travail socialement nécessaire à la production, il est évident
que le capital ne dispose d’aucun moyen lui permettant de prendre spontanément
en compte l’état des richesses que la nature met gratuitement à disposition de
l’humanité. Symbole et essence de la valeur, la forme argent, par son
abstraction même et du fait du renversement complet de perspective qu’elle
engendre (l’argent semble donner leur valeur aux marchandises, alors que ce
sont les marchandises qui donnent sa valeur à l’argent) crée l’illusion qu’une
accumulation matérielle illimitée serait possible. Il convient de préciser que
le capital, bien qu’il compte et mesure tout, est non seulement incapable de
prendre les richesses naturelles en compte qualitativement, mais aussi
quantitativement, comme le montre l’insouciance légère avec laquelle il détruit
irréversiblement des stocks de nombreuses ressources, en dépit des avertissements
de toutes sortes. Cette folie a même trouvé ses théoriciens, en la personne des
ultralibéraux qui défendent, contre toute évidence, la thèse absurde de la
substituabilité intégrale des ressources naturelles par des produits de
l’activité humaine…
Une réponse
politique ?
Certes, DES capitaux
s’investissent massivement dans le secteur vert de l’économie, car les profits
y sont attractifs, notamment grâce aux subsides publics. Mais LE
« capitalisme vert », en tant que tel, est un oxymore. La seule question
digne d’intérêt consiste à se demander dans quelle mesure l’aveuglement
écologique du mode de production marchand pourrait être compensé par des
mesures politiques, exogènes à la sphère économique proprement dite. Au vu de
ce qui a été dit plus haut, la réponse est évidente : l’efficacité des
politiques écologiques dépend entièrement de la détermination avec laquelle
celles et ceux qui les prônent osent contester la liberté du capital, donc
construire le rapport de forces social nécessaire à leur imposition (ce qui
implique à son tour de lier la solution de la question écologique aux combats
des exploité.e.s : la lutte contre le chômage, la misère, l’inégalité
sociale, les discriminations et la dégradation des conditions de travail). Et
c’est ici que le bât blesse. Tim Jackson, par exemple, est probablement un des
auteurs non marxistes qui appréhende le mieux la logique productiviste
capitaliste comme la cause fondamentale des dégradations environnementales.
Dans Prospérité sans croissance, tournant le dos aux explications
superficielles, il écrit pertinemment que « cette société qui balance tout
à la poubelle n’est pas tant une conséquence de la gloutonnerie des
consommateurs qu’une condition de survie du système », car celui-ci a
besoin de « vendre plus de biens, d’innover en
permanence » [5].
Mais Jackson esquive la conclusion à tirer de sa propre analyse : plutôt
que de contester le mode de production, il dévie malgré tout dans la mise en
cause d’un « désir de nouveauté et de consommation » qui relèverait,
selon lui, de la nature humaine. Du coup, la montagne accouche d’une souris :
- Sur le versant
écologique, Prospérité sans croissance plaide pour que le pouvoir politique
fixe des limites sévères à l’utilisation des ressources, en fonction des seules
contraintes environnementales. C’est effectivement ce qu’il conviendrait de
faire… Toutefois, on ne peut, sous peine d’impuissance, feindre d’ignorer,
comme Jackson, que le monde des affaires s’oppose avec succès à toute
régulation environnementale drastique, même dans les cas où la nécessité de
celle-ci est la moins contestée ;
- Sur le plan social, Jackson a le mérite de plaider pour la réduction du temps de travail, mais cette mesure est subordonnée chez lui au maintien de la compétitivité des entreprises, de sorte qu’elle n’est pas chiffrée. Pour lui, la réduction du temps de travail est en fait une forme de flexibilité, pas une réponse collective immédiate au chômage, ni un outil pour la redistribution de la richesse produite (par le maintien des salaires). Il ne l’envisage d’ailleurs qu’en dernier recours, au cas où la conversion des économistes à un nouveau « modèle macroéconomique » ne suffirait pas à « déplacer simplement le point focal de l’activité économique du secteur productif de valeur vers des services dématérialisés » [6].
- Sur le plan social, Jackson a le mérite de plaider pour la réduction du temps de travail, mais cette mesure est subordonnée chez lui au maintien de la compétitivité des entreprises, de sorte qu’elle n’est pas chiffrée. Pour lui, la réduction du temps de travail est en fait une forme de flexibilité, pas une réponse collective immédiate au chômage, ni un outil pour la redistribution de la richesse produite (par le maintien des salaires). Il ne l’envisage d’ailleurs qu’en dernier recours, au cas où la conversion des économistes à un nouveau « modèle macroéconomique » ne suffirait pas à « déplacer simplement le point focal de l’activité économique du secteur productif de valeur vers des services dématérialisés » [6].
D’une manière générale,
toutes les propositions mises en avant pour corriger politiquement la nature
écocidaire du capital butent sur les mêmes obstacles : la logique du
profit et la nature de classe des institutions [7].
Mirage de l’internalisation
Einstein aurait dit un
jour : « On ne peut pas résoudre un problème avec le type de pensée
qui a conduit au problème ». Ce théorème s’applique parfaitement à l’idée
que le capitalisme pourrait s’engager sur la voie de la soutenabilité si des
instances politiques attribuaient un prix aux ressources naturelles. Puisque la
crise écologique est une conséquence de la production généralisée de
marchandises, ce n’est pas en « marchandisant » l’eau, l’air, le
carbone, les gènes ou toute autre richesse naturelle que la destruction de
l’environnement pourra être arrêtée. Non seulement cette « internalisation
des externalités » ne nous rapproche pas d’une solution, mais elle nous en
éloigne au contraire. En effet, il va de soi que la transformation des
richesses naturelles en marchandises implique leur appropriation par le
capital. Dès lors, l’affaire est entendue car celui-ci, en les soumettant à la
loi de la valeur-travail, tend à les soustraire du même coup à tout critère de
gestion autre que le profit. De toute manière, indépendamment de ces
considérations, et plus fondamentalement encore, les tentatives de donner un
prix aux richesses naturelles se heurtent à une difficulté théorique
insurmontable : comment évaluer en termes monétaires des biens dont la
production n’est pas mesurable en heures de travail, qui n’ont donc pas de
valeur, et dont la destruction est, de plus, différée dans le temps ? Pour
toute réponse à ce casse-tête, les économistes libéraux se chamaillent sur le
taux d’actualisation et interrogent la disponibilité des consommateurs à payer
pour l’environnement, ou à en accepter la dégradation. Le prix des richesses
naturelles varie alors selon que les personnes interrogées sont riches ou
misérables… Poussée à la limite, cette méthode révèle clairement son absurdité :
quelle valeur marchande conviendrait-il de donner au rayonnement solaire,
sachant que la vie sur Terre en dépend ?
L’impasse du calcul
marchand apparaît clairement dans la proposition d’une taxe carbone pour rendre
les énergies fossiles plus chères que les renouvelables et réduire par
conséquent les émissions de gaz carbonique. Comme on le sait, pour avoir une
chance raisonnable de ne pas trop dépasser 2 °C de hausse de la température par
rapport à la période préindustrielle, il convient que ces émissions diminuent
d’ici 2050 de 80 à 95 % dans les pays capitalistes développés, et de 50 à
85 % au niveau mondial, le point d’inflexion devant se situer au plus tard
en 2015 [8].
Ces fourchettes de chiffres, dont il serait prudent de viser la partie
supérieure, impliquent d’abandonner les énergies fossiles en deux générations,
alors que celles-ci couvrent 80 % de nos besoins énergétiques (et que l’or
noir est la matière première de l’industrie pétrochimique). En fait, l’ampleur
des réductions à réaliser dans l’urgence et l’importance de la différence de
coût entre fossiles et renouvelables sont telles que même une taxe de 600
dollars la tonne ne suffirait pas (elle permettrait seulement de réduire les
émissions globales de moitié d’ici 2050, selon l’Agence internationale de
l’énergie) [9].
Sachant que la combustion de mille litres de gazole produit 2,7 tonnes de CO2,
on comprend qu’une telle mesure serait socialement inapplicable dans les
faits : les employeurs ne pourraient s’y résigner que si elle était
intégralement transférée sur les consommateurs finaux, tandis que la majorité
de la population, excédée par l’austérité qui sévit depuis trente ans,
s’opposera évidemment à une telle détérioration de ses conditions d’existence.
C’est pourquoi, en
pratique, et en dépit de toutes les théories sophistiquées des ecological
economics, les propositions politiques d’internalisation des coûts des
pollutions sont à la fois insuffisantes écologiquement et insupportables
socialement. À supposer que les obstacles théoriques et pratiques puissent être
levés, l’efficacité de l’internalisation resterait d’ailleurs aléatoire, parce
que le prix est un indicateur purement quantitatif, incapable de saisir les
différences qualitatives entre les tonnes de CO2 évitées par des moyens aussi
différents que l’isolement d’une habitation, l’installation de panneaux
photovoltaïques, une plantation d’arbres, ou la suppression d’un grand prix de
Formule Un. Quantitativement, rien ne distingue en effet une tonne de CO2 d’une
autre. Or, les différences qualitatives sont décisives à l’élaboration de
stratégies écologiques adéquates, dans lesquelles les moyens mis en œuvre sont
cohérents avec la fin – le passage sans casse sociale à un système énergétique
économe et décentralisé, basé uniquement sur les sources renouvelables.
Gestion rationnelle du métabolisme et lutte des
classes
Le caractère écocidaire du
capital s’est concrétisé dès les débuts de ce mode de production. Au XIXe
siècle, le fondateur de la chimie des sols, Liebig, tirait déjà la sonnette
d’alarme : du fait de l’urbanisation capitaliste, les excréments humains
ne retournaient plus au champ, et cette rupture du cycle des nutriments
menaçait de causer un grave appauvrissement des sols. Au fait de ces travaux,
Marx hissa la problématique sur le plan conceptuel en posant la nécessité
générale d’une « régulation rationnelle des échanges de matières (ou
métabolisme) entre l’humanité et la nature » [10].
Ensuite, armé de ce concept écologique avant la lettre, il revint à la question
des sols pour mettre en avant une perspective programmatique radicale :
l’abolition de la séparation entre la ville et la campagne, complément
indispensable à ses yeux de la disparition progressive de la séparation entre
travail manuel et intellectuel. Il convient d’y insister : l’expression
« gestion rationnelle » ne doit pas prêter à confusion. La nature,
pour Marx, est « le corps inorganique de l’homme ». Le bon
métabolisme de l’ensemble ne passe pas par une bureaucratie de technocrates
verts mais par la suppression des classes sociales. En effet, la division de la
société rend impossible toute maîtrise consciente et organisée des échanges de
matières avec l’environnement. Non seulement parce que la course au profit
pousse les patrons à piller les ressources naturelles, mais aussi parce que leur
appropriation capitaliste fait que les ressources se dressent face aux
exploitéEs comme des forces hostiles dont ils et elles sont aliéné.e.s.
Ajoutons à cela que la concurrence entre salarié.e.s et la peur du chômage
incitent chacun.e individuellement à souhaiter la bonne marche de
« son » entreprise, et à collaborer ainsi involontairement au
productivisme. Enfin, à partir d’un certain niveau de développement du capital,
la consommation de marchandises procure aux travailleurs et aux travailleuses
un certain nombre de compensations misérables pour l’aliénation de la
production. Tous ces mécanismes ne peuvent être rompus que par le développement
toujours plus large de la solidarité de classe. C’est pourquoi, pour Marx, la
gestion rationnelle du métabolisme humanité-nature ne peut être réalisée que
par « les producteurs associés ». Et Marx de préciser que c’est en
cela que réside « la seule liberté possible ».
Quoique Lénine y ait fait
référence dans certaines prises de position politiques relatives à la question
agraire [11],
et que Boukharine en ait fait une présentation intelligente dans son précis sur
le matérialisme historique [12],
le concept marxien de régulation rationnelle des échanges de matière tomba
ensuite dans l’oubli. Aucun penseur marxiste ne lui accorda l’importance qu’il
mérite et, surtout, aucun d’entre eux ne vit l’intérêt de s’y référer lorsque
la question écologique devint un problème de société, à partir des années 1960
du siècle passé. Ce n’est pas le lieu ici de s’interroger sur les raisons de
cette solution de continuité dans le marxisme révolutionnaire [13].
On se contentera de mettre le lecteur en garde contre des interprétations
simplistes : le stalinisme n’est pas seul en cause, bien qu’il ait
signifié, dans ce domaine aussi, une terrible régression théorique [14].
On mettra plutôt l’accent sur le fait que « l’écologie de Marx »
mérite de prendre d’urgence une place centrale dans la pensée théorique et
l’élaboration programmatique des marxistes.
La problématique du
réchauffement illustre cette nécessité. En effet, la saturation de l’atmosphère
en CO2, due principalement à la combustion des combustibles fossiles –
c’est-à-dire à un court-circuit dans le cycle long du carbone – constitue un
cas flagrant de gestion irrationnelle des échanges de matière, et cette
irrationalité met l’humanité face à un terrible dilemme :
- d’un côté, trois
milliards de gens vivent dans des conditions indignes. Satisfaire leurs besoins
légitimes n’est possible qu’en augmentant la production matérielle. Donc la
transformation de ressources prélevées dans l’environnement. Donc la
consommation d’une énergie qui, aujourd’hui, est à 80 % d’origine fossile,
c’est-à-dire source de gaz à effet de serre ;
- de l’autre côté, le système climatique est au bord de l’infarctus. Éviter des catastrophes irréversibles (dont les victimes se compteront principalement parmi les trois milliards de gens qui aspirent à une existence digne) impose de réduire radicalement les émissions de gaz à effet de serre. Donc la consommation des énergies fossiles nécessaires aujourd’hui à la transformation des ressources prélevées dans l’environnement. Donc la production matérielle.
- de l’autre côté, le système climatique est au bord de l’infarctus. Éviter des catastrophes irréversibles (dont les victimes se compteront principalement parmi les trois milliards de gens qui aspirent à une existence digne) impose de réduire radicalement les émissions de gaz à effet de serre. Donc la consommation des énergies fossiles nécessaires aujourd’hui à la transformation des ressources prélevées dans l’environnement. Donc la production matérielle.
Dans le court délai de 40
ans qui nous est imparti, selon le GIEC, et à moins d’une révolution
scientifique extraordinaire dans le domaine énergétique, ce système d’équation
ne peut tout simplement pas trouver de solution capitaliste acceptable. En
effet, un système basé sur la concurrence pour le profit est strictement
incapable de satisfaire massivement les besoins humains non solvables tout en
réduisant durablement la consommation d’énergie ainsi que la production
matérielle. Atteindre ces objectifs séparément est déjà incompatible avec la
logique du capital, que dire alors de les atteindre conjointement ?
L’impossibilité de la chose apparaît clairement à l’examen des scénarios
climatiques proposés par les gouvernements et les institutions internationales.
Le scénario Blue map de l’Agence internationale de l’énergie, par exemple, vise
à réduire les émissions globales de 50 % d’ici 2050 [15]. D’une part, cet
objectif est plus que probablement insuffisant ; d’autre part, il ne
serait atteint que moyennant le recours massif à l’énergie nucléaire, aux
agrocarburants et au soi-disant « charbon propre » (CCS) (sans parler
du gaz de schiste et des sables bitumineux). Blue Map impliquerait de
construire chaque année, pendant plus de quarante ans, 32 centrales nucléaires
de 1 000 MW ainsi que 45 nouvelles centrales au charbon de 500 MW équipées de
CCS. Inutile de s’attarder : la terrible catastrophe de Fukushima, au
Japon, suffit à montrer l’aberration de tels projets.
Le choix stratégique est dès lors le suivant :
- soit on sort du
capitalisme en restreignant radicalement la sphère et le volume de la
production capitaliste, et il est possible de limiter au maximum les dégâts du
réchauffement tout en garantissant un développement humain de qualité, basé
exclusivement sur les énergies renouvelables dans la perspective d’une société
basée sur une autre économie du temps ;
soit on reste dans la logique capitaliste d’accumulation, le dérèglement climatique restreint radicalement le droit à l’existence de centaines de millions d’êtres humains et les générations futures seront condamnées à essuyer les plâtres de la fuite en avant dans des technologies dangereuses.
soit on reste dans la logique capitaliste d’accumulation, le dérèglement climatique restreint radicalement le droit à l’existence de centaines de millions d’êtres humains et les générations futures seront condamnées à essuyer les plâtres de la fuite en avant dans des technologies dangereuses.
On choisira évidemment la
première solution, mais il convient d’insister sur le fait que la stricte
contrainte environnementale soumet la transition au socialisme à des conditions
inédites. L’ampleur du défi ne saurait être surestimée. Dans l’Union
européenne, par exemple, réduire les émissions de 60 % (or il faudrait les
réduire de 95 % !) sans recourir à l’atome nécessiterait de supprimer
40 % environ de la demande énergétique finale [16].
Il n’est pas facile de mesurer l’implication en cascade sur la production
matérielle et les transports, mais il semble évident que l’objectif ne sera pas
atteint simplement en éliminant les productions inutiles et nuisibles
(armement, publicité, yachts de luxe et avions privés, etc.) en luttant contre
l’obsolescence planifiée des produits, ou en supprimant la consommation
ostentatoire des couches les plus riches de la classe dominante… Des mesures
plus radicales seront nécessaires, qui auront des effets sur l’ensemble de la
population, au moins dans les pays capitalistes développés. En d’autres termes,
la transition au socialisme doit se faire dans des conditions fort différentes
de celles du XXe siècle.
Une indication est donnée
par l’estimation de la part de l’agrobusiness dans le total des émissions de
gaz à effet de serre. Selon la campagne « Ne mange pas le monde », en
effet, de 44 à 57 % des émissions de
gaz à effet de serre sont dues au modèle actuel de production, de distribution
et de consommation des produits agricoles et forestiers. Ce chiffre est obtenu
en additionnant les émissions dues aux activités strictement agricoles (11 à 15 %), à la déforestation (15 à 18 %), à la
manutention, au transport et au stockage des aliments (15 à 20 %) et des résidus organiques (3
à 4 %). [17]
La lutte pour la stabilisation du climat au meilleur niveau possible ne saurait
par conséquent se limiter à l’expropriation des
expropriateurs-pollueurs-gaspilleurs : le changement des rapports de
propriété ne constitue que la condition nécessaire – mais non suffisante – d’un
changement social extrêmement profond, impliquant la modification substantielle
de modes sociaux de consommation et de mobilité. Ces modifications – se
déplacer autrement, manger moins de viande et consommer des légumes de saison,
par exemple – doivent être mises en perspective dès maintenant, car il y a
urgence et qu’elles ont des implications immédiates. Elles peuvent l’être, car
elles mettent en œuvre des mécanismes culturels et idéologiques qui ont une
certaine autonomie par rapport à la base productive de la société. Quoiqu’elles
ne portent en elles aucun changement structurel, il convient de les considérer
comme partie intégrante de l’alternative anticapitaliste. Dans la mesure où
elles débouchent sur des pratiques collectives, elles peuvent favoriser la
prise de conscience et l’organisation.
Une période nouvelle
Le Programme de Transition
rédigé par Léon Trotsky en 1938 commence par l’affirmation que « la
prémisse économique de la révolution prolétarienne est arrivée depuis longtemps
au point le plus élevé qui puisse être atteint sous le capitalisme », et
conclut que « les prémisses objectives […] ne sont pas seulement
mûres ; elles ont même commencé à pourrir. Sans révolution socialiste, et
cela dans la prochaine période historique, la civilisation humaine tout entière
est menacée d’être emportée dans une catastrophe ». Certes, le fondateur
de l’Armée rouge réfère en premier lieu au contexte historique : la
victoire du fascisme et du nazisme, l’écrasement de la révolution espagnole et
la guerre mondiale imminente. Son jugement sur la putréfaction des conditions
objectives semble pourtant avoir une portée historique plus vaste. Ce thème
réapparaîtra d’ailleurs sous la plume d’Ernest Mandel : « En fait, (à
partir d’un certain niveau) la croissance des forces productives et la
croissance des relations marchandes-monétaires peut écarter la société de son
objectif socialiste au lieu de l’en rapprocher. » [18].
Citation remarquable, dont
les implications stratégiques mériteraient d’être explorées. Car telle est en
fait la situation sans précédent à laquelle nous sommes confrontéEs : au
niveau des pays développés, le capitalisme est allé trop loin dans la
croissance des forces productives matérielles, de sorte qu’une alternative
socialiste digne ne passe plus par une avancée, mais par une forme de recul.
(Nous parlons bien des forces matérielles, le développement des connaissances
et de la coopération entre producteurs n’est évidemment pas en cause.) C’est
cette conjoncture historique nouvelle qui s’exprime dans l’impérieuse nécessité
de produire et de transporter moins, afin de consommer radicalement moins
d’énergie et de supprimer totalement les émissions de CO2 fossile d’ici la fin
du siècle.
Le fait que le
développement des forces productives matérielles ait commencé à nous éloigner
objectivement d’une alternative socialiste constitue le fait majeur qui fonde
et justifie le concept nouveau d’écosocialisme. Loin de n’être qu’une nouvelle
étiquette sur la bouteille, ce concept introduit au moins cinq nouveautés, que
j’ai esquissées dans mon livre L’impossible capitalisme vert, et que je
rappellerai brièvement ici [19] :
1° La notion de
« maîtrise humaine sur la nature » doit être abandonnée. La
complexité, les inconnues et le caractère évolutif de la biosphère impliquent
un degré d’incertitude irréductible. L’intrication du social et de
l’environnemental doit être pensée comme un processus en mouvement constant,
comme une production de nature.
2° La définition classique
du socialisme doit être complétée. Le seul socialisme possible désormais est celui
qui satisfait les besoins humains réels (débarrassés de l’aliénation
marchande), démocratiquement déterminés par les intéressés eux-mêmes dans les
limites des ressources et en s’interrogeant prudemment sur l’impact
environnemental de ces besoins et de la manière dont ils sont satisfaits.
3° Il s’agit de dépasser
la vision cloisonnée, utilitariste et linéaire de la nature comme la plateforme
physique à partir de laquelle l’humanité opère, comme le magasin où elle puise
les ressources nécessaires à la production de son existence sociale et comme la
décharge où elle entrepose ses déchets. La nature est tout à la fois la
plateforme, le magasin, la déchetterie et l’ensemble des processus vivants qui,
grâce à l’apport d’énergie solaire, font circuler la matière entre ces pôles en
la réorganisant constamment. Les déchets et leur mode de dépôt doivent donc
être compatibles en qualité comme en qualité avec les capacités et les rythmes
de recyclage par les écosystèmes. C’est-à-dire que le bon fonctionnement de l’ensemble
dépend de la biodiversité, qui doit être protégée.
4° Les sources
énergétiques et les méthodes de conversion employées ne sont pas neutres
socialement. Le socialisme, par conséquent, ne peut pas se définir à la mode de
Lénine comme « les soviets plus l’électricité ». Le système
énergétique capitaliste est centralisé, anarchique, gaspilleur, inefficient,
intensif en travail mort, basé sur des sources non renouvelables et orienté
vers l’accumulation. Une transformation socialiste digne de ce nom nécessite
son remplacement progressif par un système décentralisé, planifié, économe,
efficient, intensif en travail vivant, basé exclusivement sur les sources
renouvelables et orienté vers la production de valeurs d’usage durables,
recyclables et réutilisables. Ceci ne concerne pas seulement la production
d’énergie au sens étroit mais l’ensemble de l’appareil industriel,
l’agriculture, les transports, les loisirs et l’aménagement des territoires.
Cette transformation extrêmement profonde ne peut s’achever qu’au niveau
mondial.
5° Le dépassement du seuil
à partir duquel la croissance des forces productives matérielles complique le
passage au socialisme implique une attitude critique face à la hausse de la
productivité du travail. Dans un certain nombre de domaines, la mise en œuvre
d’une alternative anticapitaliste respectueuse des équilibres écologiques
nécessite le remplacement du travail mort par du travail vivant. C’est
manifestement le cas dans l’agriculture, où le système de l’agrobusiness
ultra-mécanisé, gros consommateur d’intrants et d’énergie fossile, devra céder
la place à un autre mode d’exploitation, plus intensif en travail humain. La
même chose vaut pour le secteur de l’énergie, car la production décentralisée
basée sur les renouvelables nécessitera beaucoup de travail, de maintenance
notamment. D’une manière générale, la quantité de travail vivant doit augmenter
radicalement dans tous les domaines liés directement à l’environnement. Un
parallèle peut être fait avec les soins aux personnes, l’enseignement, et
d’autres secteurs dans lesquels la gauche considère comme allant de soi de
développer l’emploi public : l’intelligence et l’émotion humaines,
combinées à une culture du « prendre soin », sont en effet
nécessaires dans les matières qui relèvent directement de l’interaction avec la
biosphère.
Des esprits dogmatiques
craindront que ces réflexions ouvrent la porte à une révision du marxisme
révolutionnaire, sous la forme de concessions à l’offensive d’austérité contre
la classe ouvrière des pays développés. Il n’en est rien. Il n’est pas question
de céder la moindre parcelle de terrain aux discours culpabilisants qui
utilisent la crise écologique pour tenter de désarmer le monde du travail et
ses représentants. Une ligne de démarcation entre l’écosocialisme, d’une part,
l’écologie politique et la décroissance, d’autre part, est l’attitude face à la
lutte des classes. Nous restons fermement convaincus que les exploitéEs
apprennent par l’expérience des luttes collectives, qui commencent par la
défense des salaires, de l’emploi et des conditions de travail. Toute lutte des
travailleuses et des travailleurs, même la plus immédiate, doit être soutenue
et considérée comme une chance d’augmenter le niveau conscience pour l’orienter
vers une perspective socialiste. Dans ce cadre stratégique, le constat que la
transition socialiste doit s’opérer dorénavant sous contrainte environnementale
n’affaiblit pas les convictions anticapitalistes : il les renforce au
contraire. Cependant, seule la vérité est révolutionnaire. On ne peut
dissimuler le fait que la transformation socialiste impliquera fort
probablement de renoncer à certains biens, services et habitudes qui imprègnent
profondément la vie quotidienne de larges couches de la population, au moins
dans les pays capitalistes développés. Il s’agit donc de mettre en avant des
objectifs capables de compenser cette perte par un progrès substantiel dans la
qualité de vie. Deux pistes nous semblent devoir être privilégiées : 1° la
gratuité des biens de base (eau, énergie mobilité) jusqu’à un volume social
moyen (ce qui implique l’extension du secteur public) ; 2° la réduction
radicale (50 %) du temps de travail, sans perte de salaire, avec embauche
proportionnelle et avec diminution des cadences.
« Toute économie
se résume en dernière instance à une économie du temps », disait Marx. Affirmer la nécessité de produire et
de consommer moins, c’est revendiquer le temps de vivre, et de vivre mieux.
C’est ouvrir un débat fondamental sur la maîtrise du temps social, sur ce qui
est nécessaire à qui, pourquoi et en quelles quantités. C’est réveiller le
désir collectif d’un monde sans guerres, où l’on travaille moins et autrement,
où l’on pollue moins, où on développe les relations sociales, où on améliore
substantiellement le bien-être, la santé publique, l’éducation et la
participation démocratique. Un monde où les producteurs associés réapprennent à
« dialoguer » collectivement avec la nature. Ce monde-là ne sera pas
moins riche que le monde actuel – comme dit la droite, ni « aussi riche
pour la grande majorité de la population » – comme dit une certaine
gauche. Il sera infiniment moins futile, moins stressé, moins pressé – en un
mot : plus riche.
Daniel Tanuro
* A paraître dans les
Nouveaux Cahiers du Socialisme, septembre 2011.
[1] Jared Diamond,
Collapse. How Societies Choose to Fail or Survive, London, Penguin Books, 2005.
Des critiques de la thèse de Diamond
sont proposées notamment par Benny Peiser, « From ecocide to
genocide : the rape of Rapa Nui », Energy and Environment, vol. 16,
n° 3-4, 2005 ; par Terry L. Hunt, « Rethinking Easter Island’s
ecological catastrophe », Journal of Archaeological Science, 2007,
n° 34, p. 485-502 ; et par Daniel Tanuro, « Catastrophes
écologiques d’hier et d’aujourd’hui : la fausse métaphore de l’île de
Pâques », Critique Communiste, n° 185, décembre 2007.
[2]
Joseph Schumpeter, Capitalisme, socialisme et démocratie, Paris, Petite
Bibliothèque Payot, 1942.
[3] L. Possoz et
H. Jeanmart, Comments on the electricity demand scenario in two studies from
the DLR : MED-CSP & TRANS-CSP, ORMEE & MITEC engineering
consultancy, Belgium, http://www.dlr.de/tt/Portaldata/41/...
[4]
Karl Marx, Le Capital, Paris, Éditions sociales, Livre premier, Tome II, 1973
[1867], p. 181-182. Souligné par Marx.
[5] Tim
Jackson, Prospérité sans croissance, Bruxelles, Etopia, 2010.
[6]
Daniel Tanuro : « Prospérité sans
croissance » : un ouvrage sous tension
[7] Il
en est ainsi notamment de la proposition d’indicateurs alternatifs ou
complémentaires au PIB. Que le PIB ne mesure pas la qualité de l’environnement
est une évidence, ce n’est pas son but, ni celui du capitalisme. Le PIB mesure
l’accumulation du capital… Il est donc parfaitement adapté au capitalisme.
Faire croire qu’il suffirait de changer d’instrument de mesure pour que le
système change de logique relève soit de la naïveté, soit de l’escroquerie
intellectuelle.
[8]
GIEC, Contribution du Groupe de travail III au rapport 2007, page 776.
[9]
AIE, Perspectives des technologies de l’énergie. Au service du plan d’action du
G8. Scénarios et stratégies à l’horizon 2050, 2008.
[10] Karl Marx, Le Capital, Moscou, Éditions du
Progrès, 1984 [1867], p. 855.
[11] Vladimir I. Lénine, La question agraire et
les critiques de Marx, Moscou, Éditions du Progrès, 1973, chapitre IV.
[12] Nicholas Boukharine, La théorie du
matérialisme historique. Manuel de sociologie marxiste, Paris, Anthropos, 1967.
[13] Daniel Tanuro, « Marxism, energy, and
ecology : The moment of truth », Capitalism Nature Socialism,
deécembre 2010, p. 89-101.
[14] Daniel Tanuro, Écologie : le lourd héritage de Léon
Trotsky
[15] AIE, op. cit.
[16] Wolfram
Krevitt, Uwe Klann, Stefan Kronshage, Energy Revolution. A Sustainable Pathway
to a Clean Energy Future for Europe, Stuttgart, Institute of Technical
Thermodynamics & Greenpeace, septembre 2005.
[17] Rapporté par Esther Vivas, « Ne mange pas le monde » :
Une autre agriculture pour un autre climat, traduction française
d’un article dans le quotidien catalan Publico.
[18] Ernest Mandel,
Ten Theses on the
Social and Economic Laws Governing the Society Transitional Between Capitalism
and Socialism
[19] Daniel Tanuro, L’impossible capitalisme
vert, Paris, La Découverte, 2010.
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