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mercredi 28 août 2013

Ecocamping du CUN du Larzac : Journée des Amis de la Conf'...


Les journées d’été des amis de la confédération paysanne
Au Cun du Larzac, lieu mythique des luttes des années 70 se sont tenues entre le 17 au 21 juillet les journées d’été des Amis de la confédération paysanne (1). Pour les militants citadins, l’intérêt de mieux connaître le monde paysan est évident dans une perspective de convergence des luttes, à l’heure des combats écologiques contre les bétonneurs de Notre Dames des Landes, contre les empoisonneurs comme Monsanto (OGM, pesticides), et contre les crimes de l’industrie agro-alimentaire et (famines, souffrance animale, réchauffement climatique).
Un débat emblématique pour commencer : quel accueil réserver à un ministre « socialiste » ?
La matinée du jeudi 18 juillet a lieu un épisode inattendu et particulièrement intéressant politiquement. Le hasard du calendrier a voulu que cette date soit justement celle de la venue, sur le site même des journées d’été, du ministre de l’agriculture Le Foll pour la cérémonie de prolongation d’un bail d’une partie des exploitations agricoles des terres du Larzac au profit de la SCTL (2). Cette décision du gouvernement, pour une fois écologique, tout le monde présent aux journées d’été (conf paysanne et amis de la conf) s’en réjouissait. En revanche, les avis divergeaient sur l’attitude à réserver au ministre,  une minorité ne voulant pas offrir au gouvernement l’occasion de réussir une opération de com’... et tenter notamment de faire oublier sa politique concernant le projet fort peu écologique d’aéroport de Notre Dame des Landes.
Alors que la partie majoritaire des présents de la confédération paysanne avait accepté de participer à la cérémonie, une poignée de manifestants (principalement des zadistes aveyronnais) décidèrent de perturber ladite cérémonie, bloquant même la route et obligeant le ministre de l’Agriculture le Foll à contourner l’obstacle.
A la suite de quoi, un débat improvisé eut lieu le midi lors du déjeuner rassemblant la soixantaine de participants des journées des amis de la confédération paysanne, beaucoup de participants, quoique critiques envers le gouvernement, estimant, à l’instar de José Bové, que perturber la cérémonie n’était « pas très correct » (3).
La question du rapport aux institutions traversera, en filigrane, tous les débats qui suivirent les jours suivants.
Des constats justes mais pas de perspectives…
Lors des ateliers des journées d’été, les constats posés étaient très intéressants. Globalement le caractère des enjeux libéraux est contesté. Le bât blesse concernant les solutions proposées : qu’elles visent, dans le cadre des institutions, à adoucir les règles de l’économie de marché, ou qu’elles entretiennent l’illusion de possibilité de circuits économiques parallèles.
L’action parlementaire
Un des premiers ateliers des journées avait pour thème la PAC (Politique Agricole Commune), dont la réforme pour la période 2014-2020 a été récemment décidée par la Commission Européenne à Bruxelles. Depuis 1962, la PAC est un des plus importants chantiers politiques de l’UE. Le bilan n’est pas encourageant : productivisme, vision technocratique, système de subventions favorisant les grosses entreprises au détriment des petits exploitants. Face à cela, la confédération paysanne revendique une réforme donnant « enfin le premier rôle à l’emploi et aux territoires » (4). Ce faisant la CP inscrit son discours dans le cadre des institutions. Cette limite se retrouvait dans les débats des journées d’été : l’essentiel du temps était consacré à des explications techniques.
Que la CP, en tant que syndicat, cherche par la négociation avec le pouvoir à obtenir des avancées est une chose. Une partie des discussions ont porté sur ce point. Michel Dupont, assistant parlementaire de Jové Bové dans son travail de député européen, a décrit de façon très intéressante comment certaines batailles ont pu être néanmoins menées parfois avec succès. Ainsi par exemple le travail salutaire d’information sur les OMS (5) et la dénonciation du lobbying de Monsanto. Ou encore les modalités prévu pour les exceptions aux règles de la sacro-sainte concurrence. Au final ce sont des votes arrachés au parlement. Ce ne sont certes pas là des résultats dérisoires.
De fait, de façon symptomatique, l’association Envie de Paysans, omniprésente durant les journées d’été, propose comme mode d’action l’envoi de courrier aux députés, pour faire pression les convaincre des vertus de l’agriculture paysanne. Plus généralement, le discours d’une partie des animateurs d’Envie de Paysans met en avant la perspective de « mobilisations citoyennes » (6). Le contraste entre l’importance des enjeux agricoles et la faiblesse des moyens est frappant, car par ailleurs de nombreux constats étaient bien posés (partout dans le monde, famine, expropriation des paysans, absence de contrôle des populations sur le contenu des assiettes).
Bien sûr, beaucoup des présents membres des Amis de la CP, vieux militants, ont connu les folles années 70 et les discussions politiques sur, réforme ou révolution, qui ont animé la gauche paysanne qu’aux alentours de l’année 2000, au moment des grands rassemblements altermondialistes. José Bové, alors porte-parole de la CP, tenait des discours plus audacieux qu’aujourd’hui (ex : le slogan « un autre monde est possible » avait le mérite d’appeler un changement de système).
Les batailles juridiques
De façon en partie similaire, plusieurs exposés dénonçant l’accaparement généralisé des terres faisaient une part importante aux moyens juridiques de contrecarrer les plans des bétonneurs. Quelles astuces pour réussir une occupation et retarder les demandes d’expulsion ? Quels types de terrains demander aux pouvoir publics pour éviter les éviter les opérations immobilières, et quels délais imposés par la loi pour les changements de classements, entre « constructible », « zone à urbaniser » et « protégé » ?
A Notre Dame des Landes contre Vinci comme à la ferme des Bouillons contre la société immobilière d’Auchan, l’utilité de ces connaissances est démontrée. Négliger cet aspect du militantisme pour ne parler « abstraitement » serait stupide... simplement utiliser les bons outils pour le travail adéquat !
Car paradoxalement, quand bien même l’État permettrait de gagner les batailles juridiques en question, en vérité  les entreprises n’aurait pas lieu de s’en plaindre si en dernière analyse ces victoires signifiaient la sauvegarde de la paix sociale.
Les recherches alternatives de contournement…
Pour le soutien à l’agriculture paysanne, plusieurs militants proposent de réformer la PAC. Parallèlement, se manifeste fortement l’espoir de développer un «commerce équitable ». Par ailleurs, plusieurs intervenants ont tiré de façon très honnête des bilans négatifs de certaines coopératives qui ont mutées, avec le temps, en entreprises banales. Leurs dirigeants peuvent se bureaucratiser, perdre l’esprit original, et finir par ne plus raisonner qu’en termes de rentabilité et d’augmentation d’activité. Ainsi par exemple, semble-t-il, de Biocoop, actuellement premier réseau de magasins bio en France.
Certains prônent le développement de circuits économiques parallèles où le producteur-paysan échangerait directement avec le consommateur-citoyen. L’évitement de l’intermédiaire du distributeur permettant ainsi une rémunération juste du paysan. Éventuellement ce type de mécanisme intégrerait des monnaies locales.
Ce type de solutions, encourage des rapports de solidarité locales mais peuvent elles être une réponse globale.
Conclusion
Belles journée et les nombreuses qualités des Amis de la CP sont indéniables. Le souci de lier question sociale et écologique est constant dans leurs réflexions. De même que la conscience de la nécessité de tisser des liens avec les paysans du monde entier : la coordination au sein du mouvement Via Campesina (la « voie paysanne » en espagnol) est salutaire et mérite d’être soutenue. Un militant malien invité a ainsi pu décrire les difficultés des paysans expropriés de son pays.
L’objectif des Amis de la Confédération Paysanne – faire le lien entre les paysans et les autres travailleurs – correspond aux enjeux de solidarité et justice sociale tant nécessaire localement que mondialement. Que les lieux comme les rassemblements des amis de la CP puissent servir au regroupement des forces, et à la convergence des luttes !
Albert Idelon
La Chapelle en Vercors
Notes
1) La Confédération Paysanne (CP) est un syndicat agricole. Ne peuvent en être membres que les paysans. En revanche, les Amis de la Confédération Paysanne est une association ouverte à la fois aux ruraux et aux urbains, et dédiée la promotion « d’une agriculture respectueuse des hommes et de la Nature » (http://www.lesamisdelaconf.org). La confédération paysanne compte environ 7000 membres (15000 selon Wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/Conféd...) ; les amis de la conf’, qui fêtent leur 10 ans d’existence, environ 1000.
2) Société civile des Terres du Larzac
3) « Et la manifestation alors ? Par rapport à la signature du bail, http://www.midilibre.fr/2013/07/19/...
5) A ce propos lire les dossiers d’Inf’OGM – veillle citoyenne http://www.infogm.org
6) Le terme de « société civile » a été très utilisé par différents intervenants.

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