Fukushima : décontamination et nettoyage coûteront
cinq fois plus cher que prévu : La décontamination et le nettoyage de la
région autour de la centrale de Fukushima pourraient coûter jusqu'à
5 800 milliards de yens (44 milliards d'euros), selon une étude officielle,
alors qu'une troisième émanation de vapeur a été constatée
mercredi 24 juillet au-dessus du bâtiment d'un réacteur.
Selon l'Institut national
des sciences et technologies industrielles, les opérations de nettoyage et de
décontamination coûteraient cinq fois plus cher que ce qui était initialement
estimé et budgété par le gouvernement.
"Nous espérons que
cette étude aidera à établir des plans de décontamination des forêts et des
régions agricoles, et favorisera également le retour des habitants chez
eux", indique l'Institut dans son rapport rendu public mardi.
Le coût chiffré par
l'Institut varie selon les scénarios retenus : l'un prévoit le transport
et le stockage de sol contaminé en zones agricoles, un autre évoque une
hypothèse où la terre des zones contaminées serait simplement retournée.
FUITES ET ÉMANATIONS
Le rapport a été publié
alors que pratiquement chaque jour une mauvaise nouvelle arrive de la centrale
de Fukushima, et que son opérateur est de plus en plus la cible de critiques
ouvertes des autorités.
Lundi, après avoir affirmé
le contraire, Tokyo Electric Power (Tepco) a admis que l'eau contaminée
par la radioactivité s'était finalement écoulée dans l'océan Pacifique,
tout proche de la centrale, soit une semaine après l'alerte donnée par
l'Autorité de sûreté nucléaire sur une possible fuite.
Cette lenteur à admettre
la fuite est "extrêmement déplorable", a fustigé mardi le ministre du
commerce Toshimitsu Motegi, tandis que le puissant secrétaire général du
gouvernement, Yoshihide Suga, a estimé que ce genre d'information grave aurait
dû "être révélée rapidement".
Mercredi, Tepco n'a cette
fois pas perdu de temps pour annoncer une nouvelle émanation de vapeur
au-dessus du bâtiment du réacteur no 3 de la centrale, la troisième en une
semaine. La compagnie a affirmé que les mesures effectuées n'avaient révélé
aucune augmentation d'émanations radioactives, ajoutant toutefois qu'elle
ignorait toujours l'origine de cette vapeur, l'une des hypothèses étant
l'évaporation d'eau de pluie accumulée.
RISQUE ACCRU DE CANCER
Vendredi dernier, Tepco
avait également dû admettre que près de 2 000 travailleurs de la
centrale accidentée présentaient un risque accru de cancer de la thyroïde. Ce
chiffre représente près de 10 % de l'ensemble des ouvriers ayant travaillé
sur le site et qui ont eu la thyroïde exposée à des doses cumulées de
radiations supérieures à 100 millisieverts.
Ces mauvaises nouvelles en
série arrivent alors qu'après sa victoire aux élections sénatoriales de
dimanche le premier ministre conservateur Shinzo Abe a désormais tous les
leviers politiques en main et devrait favoriser le redémarrage de réacteurs
nucléaires dans l'archipel, comme l'y poussent les milieux patronaux.
Avant les sénatoriales,
l'ensemble des partis d'opposition avaient fait campagne contre le nucléaire.
Sur les 50 réacteurs du pays, 48 sont actuellement à l'arrêt,
notamment par mesure de précaution, depuis l'accident de Fukushima.
De l'eau contaminée provenant de
Fukushima s'écoule dans la mer
TOKYO
- De l'eau contaminée provenant de la centrale nucléaire de Fukushima s'échappe
dans la mer, a déclaré mercredi l'agence japonaise de surveillance du
nucléaire. Les responsables de la centrale ont jusqu'à maintenant nié ce
problème, que les experts redoutent depuis longtemps.
L'Autorité de
réglementation du nucléaire suspecte fortement une fuite et a pressé l'entreprise
Tokyo Electric Power Co. (TEPCO) de déterminer d'où elle pourrait provenir et
de limiter les risques, notamment pour l'environnement et la chaîne
alimentaire.
L'agence de surveillance
réunira un comité d'experts qui se penchera sur les moyens de limiter les
dégâts.
La TEPCO a de nouveau mis
en doute l'existence d'une fuite mercredi. Son porte-parole, Noriyuki Imaizumi,
a défendu l'entreprise en affirmant que l'augmentation du niveau de césium dans
les échantillons récoltés dans des puits ne signifie pas nécessairement que
l'eau contaminée de la centrale coule dans l'océan.
L'entreprise analyse
d'autres échantillons d'eau et suspecte que les hausses précédentes du niveau
de césium aient été causés par des poussières contaminées qui auraient glissé
dans les échantillons.
M. Imaizumi ajoute
toutefois que la TEPCO est ouverte aux mesures de prévention proposées par
l'agence de surveillance.
La centrale nucléaire
Dai-ichi de Fukushima a été ravagée en mars 2011 par un tremblement de terre et
un tsunami. Elle éprouve depuis des problèmes de fuite de l'eau utilisée pour
refroidir les réacteurs, ralentissant les efforts de décontamination.
Des biologistes marins ont
soulevé la possibilité que de l'eau radioactive s'écoule de façon continue dans
les eaux souterraines. Des analyses sur des poissons prélevés près de la
centrale ont démontré un haut niveau de radioactivité.
Bien que la TEPCO ait
enregistré des hausses du niveau césium et de strontium dans les eaux
avoisinantes, elle affirme que la plupart de la contamination s'est faite au
moment de l'accident. Elle soutient ne pas avoir détecté d'«impact
significatif» sur l'environnement.
Selon l'Autorité de
réglementation du nucléaire, les eaux souterraines contaminées ont
vraisemblablement atteint l'océan.
A Fukushima, 300 tonnes d'eau contaminée se
déversent chaque jour dans le Pacifique
Voilà des mois que les
informations sur les fuites d'eau radioactive issue de la centrale de Fukushima
sortent graduellement au grand jour, sans que soient révélés officiellement leur
ampleur ou leur impact sur l'environnement. Le gouvernement japonais a
finalement rendu publique une estimation de leur quantité, mercredi 7 août : ce
sont 300 tonnes d'eau contaminée qui se déversent chaque jour dans l'océan
Pacifique, plus de deux ans après la catastrophe nucléaire causée par un séisme
et un tsunami, en mars 2011.
Qualifiées de
"situation d'urgence" mardi par l'Autorité de régulation nucléaire
japonaise (NRA), ces fuites ont été estimées par l'opérateur Tokyo Electric
Power (Tepco), en termes de radioactivité, à vingt à quarante mille milliards
de becquerels entre mai 2011 et juillet 2013.
Le premier ministre,
Shinzo Abe, un conservateur favorable à la relance de l'énergie nucléaire, a
évoqué "un problème urgent qui suscite beaucoup d'inquiétude dans la
population", et s'est engagé à accentuer les efforts du gouvernement pour
contenir ces fuites – que le gouvernement prévoit de limiter à 60 tonnes par
jour à partir de décembre.
POISSONS RADIOACTIFS
A la fin du mois de
juillet, Tepco était revenu sur sa théorie selon laquelle l'eau chargée de
tritium, de strontium, de césium et autres éléments radioactifs stagnait sous
terre, avouant qu'elle atteignait l'océan. A la suite de cet aveu, l'autorité
nucléaire japonaise a prévu d'enquêter sur les causes de ces fuites et de
surveiller la contamination de l'océan.
Ces rejets dans le
Pacifique n'étaient cependant un secret pour personne. En janvier par exemple,
un poisson pêché près de la centrale présentait un niveau de contamination
radioactive plus de 2 500 fois supérieur à la limite légale – au grand dam des
pêcheurs de la région.
Et alors que Tepco
assurait encore que l'eau restait bloquée dans les sous-sols, l'opérateur avait
enregistré, dans un puits situé entre les réacteurs et la mer, un niveau
de radioactivité de plusieurs dizaines de milliers de fois supérieur à la dose
limite admise pour de l'eau de mer – niveau qui grimpait encore au mois de
juillet.
CUVES, PRODUIT CHIMIQUE ET FILETS
Ces fuites d'eau
radioactive sont issues du refroidissement des réacteurs ravagés. De l'eau
douce y est injectée en permanence pour les maintenir à une température
inférieure à 50 ºC. Chaque jour, ces opérations produisent 400 tonnes d'eau
hautement radioactive, dont une partie est stockée dans des réservoirs
souterrains. Tepco a reconnu que certains d'entre eux fuyaient.
Critiqué pour sa gestion
de l'accident nucléaire et pour sa communication, Tepco a décidé de prendre
diverses mesures pour empêcher ces fuites. Pour l'instant, l'opérateur
s'efforce de construire une paroi enterrée entre le site et l'océan,
d'étanchéifier les galeries de la centrale, et de construire de nouvelles cuves
de stockage à la surface, pour éviter les fuites souterraines. Le quotidien
Asahi relevait récemment que le produit chimique que Tepco injectait pour
solidifier les sols n'était toutefois pas efficace au niveau des nappes
phréatiques.
Tepco compte aussi sur un
nouveau système de décontamination de l'eau, l'ALPS (Advanced Liquid Processing
System), grâce auquel il espère obtenir l'autorisation du gouvernement de
pouvoir la déverser dans l'océan. En attendant, l'opérateur installe des filets
pour éviter que les poissons contaminés ne partent trop loin, au risque d'être
consommés par d'autres espèces ou pêchés.
Les suites de la catastrophe
nucléaire sont loin d'être stabilisées dans la centrale de Fukushima, où les
incidents sur le chantier se multiplient, et où l'état des réacteurs
endommagés, toujours à la merci d'un séisme, continue d'inquiéter. Le
démantèlement complet des installations devrait prendre une quarantaine
d'années, et l'Etat a déjà versé près de 30 milliards d'euros à Tepco, qui ont
servi à sécuriser le site et à indemniser plus d'un million de victimes.
Environ 3 000 ouvriers travaillent dans ce chantier de déconstruction, le
plus grand de l'histoire du nucléaire. En juillet, Tepco a annoncé que
2 000 d'entre eux risquaient un cancer de la thyroïde.
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Film de 1,56mn : http://www.terrealter.fr/voir.php?id=4
2009 Film de 2,30mn : http://www.dailymotion.com/video/xa2yh4_ecologie-au-quotidien_webcam?from=rss
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2009 Film de 2,30mn : http://www.dailymotion.com/video/xa2yh4_ecologie-au-quotidien_webcam?from=rss
Fukushima, deux ans après, retour
à l’anormal
Les autorités japonaises
rêvent d’une catastrophe réversible : le gouvernement a engagé un immense
programme de « décontamination » et a promis un retour à une partie
des 160 000 personnes qui ont quitté leur habitation pour fuir les dangers de
la radioactivité. Dans d’autres zones, non évacuées, mais aussi contaminées de
8 régions du Japon, ce sont les municipalités qui ont la charge des travaux qui
consistent à laver, frotter, couper les herbes, arbustes, gratter la terre…
Pour les zones évacuées,
le gouvernement a lancé des appels d’offres et ce sont les majors du BTP, sans
aucune expérience, mais pouvant mobiliser une large main d’œuvre, qui ont été retenues.
L’une d’entre elles avait la charge du génie civil lors de la construction des
réacteurs de la centrale de Fukushima. Comme toujours, ce sont des
sous-traitants qui font les sales travaux.
L’Asahi, un des principaux
quotidiens du Japon, a enquêté et révélé ce que tout le monde savait sur
place : le travail est bâclé. Les déchets sont parfois seulement rejetés
un peu plus loin, l’eau de lavage n’est pas récupérée… le débit de dose n’est
pas toujours contrôlé à la fin des travaux.
Les ouvriers ne sont pas
mieux traités : le ministère du travail a trouvé que le droit du travail
est violé dans 45% des cas. Non paiement de la prime de risque absorbée dans le
mille-feuille des intermédiaires pour des centaines, voire des milliers d’entre
eux, équipements de protection individuelle pas toujours utilisés, contrats
caducs, absence de visite médicale… Pas étonnant qu’il y ait une pénurie de
main d’œuvre. Seulement 10% des postes sont pourvus.
Seul l’appât du gain
intéresse les compagnies retenues, qui n’ont subi aucune sanction. Personne n’a
été sanctionné suite à cette catastrophe. Les cadres dirigeants limogés de
TEPCo, l’exploitant de la centrale accidentée, se sont recasés dans des
filiales et la compagnie espère toujours pouvoir continuer à exploiter son autre
centrale nucléaire. On retire le permis de conduire à un chauffard, pas à un
exploitant du nucléaire.
TEPCo, s’accroche à ses 7
réacteurs de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa, sur la mer du Japon, dans la
province de Niigata, même si deux d’entre eux sont situés sur une faille
sismique qui a été requalifiée en faille active suite aux révisions des
critères de sûreté. Les autres, à eau bouillante, de la même technologie que
ceux de Fukushima, nécessitent des investissements massifs et des années de travaux
de remise aux normes durcies par la nouvelle autorité de sûreté.
TEPCo n’a pas renoncé non
plus à ses réacteurs non accidentés de Fukushima, même s’ils ont été noyés par
de l’eau de mer corrosive lors du tsunami de mars 2011 et même si les autorités
locales n’en veulent plus. Des milliers de travailleurs y sont exposés à des
doses inutiles pour tenter de les remettre en état de marche.
Les autres compagnies
d’électricité ne sont pas en reste. 14 réacteurs ont été arrêtés par les séisme
et tsunami du 11 mars 2011 et ceux de Hamaoka ont été arrêtés sur ordre du 1er
ministre en mai 2011. Et les autres n’ont pas été autorisés à redémarrer suite
à l’arrêt programmé tous les 13 mois. Le gouvernement a finalement autorisé le
redémarrage de deux réacteurs durant l’été 2012, même s’ils n’étaient pas aux
normes provisoires. Il est passé outre l’opinion publique et les manifestations
massives. Le pays aurait pu passer l’été sans. Ils seront à nouveau arrêtés
après 13 mois de fonctionnement durant l’été 2013 et le pays sera de nouveau
sans nucléaire.
La validation d’un nouveau
référentiel de sûreté, la remise aux nouvelles normes des réacteurs et les
inspections vont prendre du temps. Nombreux réacteurs, situés sur des failles
sismiques jugées actives suite à une réévaluation ou étant câblés avec des
câbles inflammables ne redémarreront probablement jamais. Il se pourrait que la
moitié du parc nucléaire japonais ne redémarre jamais et c’est même certain
pour plus d’un quart du parc.
Les compagnies
d’électricité font un lobbying intense pour obtenir un assouplissement des
règles de sûreté et une période de grâce, comme si elles n’avaient rien retenu
de la catastrophe en cours. Elles ne veulent pas non plus entendre parler de
l’ouverture du marché de l’électricité et garder leur monopole très lucratif.
Elles mettent en avant les coûts élevés des énergies fossiles de remplacement
comme argument principal. Mais ce sont les réacteurs nucléaires, devenus
inutiles, qui leur coûtent cher. Les seules compagnies qui ne sont pas dans le
rouge sont celles qui n’ont pas ou peu de nucléaire !
L’industrie nucléaire, qui
a sa part de responsabilité dans la catastrophe, mais qui n’a pas déboursé un
yen pour venir en aide aux populations touchées, espère toujours vendre des
réacteurs à l’étranger, le marché intérieur étant fermé pour longtemps. Les
modèles en catalogue n’ont pas évolué depuis Fukushima.
Pour les populations
touchées par la catastrophe la vie est toujours anormale. Les déplacés
volontaires ne bénéficient de quasiment aucune aide. On ne sait même pas
combien ils sont, nombre d’entre eux n’allant pas s’enregistrer sur le nouveau
lieu de vie. Pour ceux qui sont restés par force ou par choix, la vie dans les
territoires contaminés est difficile. L’alimentation est toujours un sujet
d’inquiétude. Les enfants ne jouent presque plus dehors et prennent du poids.
Pour les réfugiés, qui ont
dû évacuer sur ordre des autorités, la vie est aussi difficile dans le logement
provisoire, souvent exigu. Comment refaire sa vie quand on ne sait pas combien
de temps cette attente va durer, quand on ne sait pas si l’on pourra rentrer un
jour chez soi ? Pour les agriculteurs, l’espoir de retrouver une ferme est
très mince.
L’indemnisation des
personnes déplacées de force coûte cher aux autorités qui avancent l’argent à
TEPCo. Comme il est fort probable qu’elle ne pourra jamais rembourser, ce sera
le contribuable qui, in fine, paiera. Alors que les autorités ont baissé les
concentrations limites de césium radioactif dans l’alimentation, pour tenter de
regagner la confiance des consommateurs, elles refusent de baisser la limite
d’évacuation, pourtant beaucoup trop élevée. Fixée à 20 mSv/an, comme pour les
travailleurs du nucléaire, elle s’applique maintenant à toute la population,
même les personnes les plus vulnérables comme les enfants. Pire, le
gouvernement a gardé cette limite pour autoriser le retour des populations. Il
a vaguement promis une limite plus basse à long terme, sans donner aucun
calendrier.
Dans certaines zones, les
habitants sont autorisés à rentrer chez eux durant la journée, pour remettre en
état leur habitation, mais à pas à dormir sur place car les services comme
l’eau, l’électricité, endommagés par le séisme, n’ont pas pu être rétablis à
cause de la radioactivité. Le gouvernement a donc engagé un programme de
« décontamination » à marche forcée.
Même en cas de travail
soigné, avec récupération des déchets, la décontamination semble être une
mission impossible. Avec 70% de montagnes et de forêts, le débit de dose dans
les zones nettoyées ne diminue que modestement, sauf à raser de grandes
étendues. Souvent, il y a recontamination avec la pluie, le vent. Et il n’y a
toujours pas de solution pour les déchets engendrés.
Ce n’est pas mieux dans
les zones non évacuées : selon le ministère de l’environnement, fin
décembre 2012, seulement 23% des 103 000 habitations contaminées des 7
provinces autres que Fukushima, qui sont aussi touchées, ont été
« décontaminées ». Et l’on ne connaît pas l’impact des travaux en
terme de dose.
La mer continue à se
contaminer sans que l’on n’y puisse rien. Les infiltrations d’eau souterraine
polluent le rivage sur le site de la centrale et le lessivage des sols par les
eaux de pluie entraîne une augmentation de la contamination des sédiments dans
l’embouchure des fleuves. C’est particulièrement flagrant dans la Baie de Tôkyô
où la contamination croît de jour en jour.
Le pire est peut-être à
venir : TEPCo est contrainte d’injecter d’énormes quantités d’eau pour
refroidir les combustibles fondus des réacteurs 1 à 3 de la centrale de
Fukushima daï-ichi. Cette eau se contamine, s’infiltre dans les sous-sols des
bâtiments réacteur et menace de déborder dans la mer. TEPCo la pompe donc
continuellement, la décontamine très partiellement et la réinjecte.
Mais de l’eau souterraine
s’infiltre aussi, se contamine et augmente les stocks. La compagnie ne sait
plus où mettre les cuves pleines d’eau contaminée sur son site. Elle n’a
d’autre perspective que de la rejeter en mer à plus ou moins longue échéance,
après une décontamination plus poussée, promet-elle, mais toujours partielle.
La station de traitement, prévue pour septembre 2012, ne fonctionne toujours
pas.
Sur place, ce sont les
ouvriers sous-traitants qui payent le plus lourd tribut. Ce sont eux qui
prennent les plus fortes doses de radioactivité et leur statut précaire les
pousse à tricher en minimisant l’enregistrement des doses reçues. Avec environ
3 000 personnes par jour sur le site, plus de 25 000 personnes y sont passées.
Quant aux habitants
évacués, ils n’en peuvent plus. Ils ne croient plus à un retour à la normale.
De nombreux habitants, surtout ceux avec de jeunes enfants, se sont résignés et
ne rentreront jamais. Quelle sera leur vie quand les indemnités
s’arrêteront ? Quel sera leur état de santé à long terme ? Il y a
déjà, officiellement, trois cas de cancer de la thyroïde avérés chez les
enfants de Fukushima, qui ont subi une intervention chirurgicale. 7 autres cas
suspects sont en cours d’analyses complémentaires. Cela ne va qu’empirer, le
pic du nombre de cas étant apparu 4 à 5 ans après les rejets massifs à
Tchernobyl.
Combien seront-ils au
Japon ? Pour eux, comme pour beaucoup, aucun retour à la normale n’est
possible.
Les informations sont tirées du suivi
quotidien de la catastrophe de l’Acro. Le
titre est inspiré d’un article d’Alissa Decotes-Toyosaki dans Zoom Japon de
février 2013.
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