POLLUTION
MARINE : L’explorateur Patrick
Deixonne est un des rares à avoir rapporté des preuves visuelles de la nappe de
plastique formée par les courants marins dans l’océan Paficique. Témoignage.
Même la mer n’en veut plus. L’homme a beau lui faire avaler toutes sortes de déchets, elle finit par vomir une partie loin des côtes. Une soupe de plastique à retourner l’estomac du premier explorateur venu. Comme Patrick Deixonne: «C’est à la fois impressionnant et triste à voir. Mais le 7e continent existe bel et bien.» Ce Français est l’un des rares à avoir pu observer de près cette nappe de déchets de plastique qui s’est formée dans l’océan Pacifique entre la Californie et Hawaï.
Même la mer n’en veut plus. L’homme a beau lui faire avaler toutes sortes de déchets, elle finit par vomir une partie loin des côtes. Une soupe de plastique à retourner l’estomac du premier explorateur venu. Comme Patrick Deixonne: «C’est à la fois impressionnant et triste à voir. Mais le 7e continent existe bel et bien.» Ce Français est l’un des rares à avoir pu observer de près cette nappe de déchets de plastique qui s’est formée dans l’océan Pacifique entre la Californie et Hawaï.
L’explorateur basé en
Guyane a lancé l’expédition «7e continent» pour apporter la preuve visuelle de
cette pollution. Et il a été servi sur un bateau. L’équipe quitte Oceanside,
près de Los Angeles, le 21 mai dernier. Presque 1900 kilomètres sans rien
voir en neuf jours de navigation, si ce n’est une mer agitée à perte de vue. Et
un jour, le continent plastique apparaît.
Bouteilles, chaussures…
Terre, terre? Du tout. Impossible d’y mettre les pieds pour aller planter un drapeau sur un vieux pneu. «D’un coup, on tombe sur les déchets: bouteilles, chaussures, bouées dérivantes, emballages…», témoigne le navigateur-explorateur. «On voit le gyre recracher les détritus. La pollution est bien là. Mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, on ne peut pas marcher dessus. On voit encore l’océan.» Même visqueux, l’élément liquide reste omniprésent.
Terre, terre? Du tout. Impossible d’y mettre les pieds pour aller planter un drapeau sur un vieux pneu. «D’un coup, on tombe sur les déchets: bouteilles, chaussures, bouées dérivantes, emballages…», témoigne le navigateur-explorateur. «On voit le gyre recracher les détritus. La pollution est bien là. Mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, on ne peut pas marcher dessus. On voit encore l’océan.» Même visqueux, l’élément liquide reste omniprésent.
Charriés par les courants
océaniques, ces déchets venus des fleuves et des côtes finissent leur parcours
dans ce gigantesque tourbillon d’eau qu’est ce gyre subtropical découvert en
1997 par l’Américain Charles Moore. Aucune odeur, aucun oiseau n’annonce ce
spectacle de désolation. Seuls signes visuels de cette pollution à grande
échelle, les objets qui flottent à la surface. Sur 150 mètres environ, l’équipe
croise en moyenne dix macrodéchets (plus de 30 centimètres) par heure
d’observation. «Il y a un nombre incroyable de déchets flottants», soupire le
chef d’expédition.
Des objets sont moins
reconnaissables car colonisés par les coquillages, ceux qui s’accrochent
habituellement aux coques de bateau. Certains objets constituent un
mini-écosystème à eux tous seuls, crabes, mollusques et araignées d’eau inclus.
Invisible à l’œil nu
Mais la pollution la plus insidieuse est invisible à l’œil nu. Celle des microplastiques (moins de 5 millimètres), résultat du travail de sape du soleil et des vagues qui se chargent de fragmenter les sacs et autres déchets. Les trois membres de l’expédition ont remonté d’innombrables microparticules de plastique dans leur filet à planctons. «Nous avons été surpris d’en relever autant», reconnaît Patrick Deixonne.
Mais la pollution la plus insidieuse est invisible à l’œil nu. Celle des microplastiques (moins de 5 millimètres), résultat du travail de sape du soleil et des vagues qui se chargent de fragmenter les sacs et autres déchets. Les trois membres de l’expédition ont remonté d’innombrables microparticules de plastique dans leur filet à planctons. «Nous avons été surpris d’en relever autant», reconnaît Patrick Deixonne.
Il y aurait deux millions
de morceaux de plastique par km2 dans ce vortex de déchets, le plus grand du
monde. Entre 1999 et 2010, leur concentration a été multipliée par cent, selon
une étude américaine. L’agglomérat va encore se densifier avec l’arrivée de
millions de déchets envoyés par le tsunami japonais de 2011. «On prend
conscience de la taille du phénomène une fois sur place.»
Et encore, en
24 heures, l’expédition n’a pas eu le temps de faire le tour du sujet. La
poubelle flottante s’étend sur une surface de 3,4 millions de km2, soit
six fois la France! Et une profondeur d’environ 30 mètres.
Pour mieux mesurer
l’étendue des dégâts, des bouées dérivantes équipées de capteurs ont été
larguées. Avec les données satellites recueillies, le Centre national d’études
spatiales (CNES), l’agence française de l’espace, va ainsi tenter de
cartographier ce gyre.
70% du plastique coule
«Il y aura beaucoup à faire sur le plan scientifique», estime Patrick Deixonne. «Les échantillons de plastique et de micro-organismes doivent par exemple permettre de déterminer les polluants rejetés et si la chaîne alimentaire est contaminée.»
«Il y aura beaucoup à faire sur le plan scientifique», estime Patrick Deixonne. «Les échantillons de plastique et de micro-organismes doivent par exemple permettre de déterminer les polluants rejetés et si la chaîne alimentaire est contaminée.»
Le Français compte
dupliquer l’exercice dans les quatre autres gyres océaniques. A commencer par
l’Atlantique Nord l’an prochain. «Je ne suis pas écolo. Je suis juste un
explorateur qui veut montrer la planète et les blessures qu’on lui inflige.»
Même s’il risque de ne voir que la partie immergée de la pollution. Près de 70%
des déchets de plastique rejetés en mer coulent.
Thierry Jacolet
Un serial killer
Le requin, c’est Mère
Teresa à côté. Le plastique a tout du «serial killer» en mer. Et la taille de
sa victime ne l’intimide pas. En mars 2012, une baleine à bosse de 4,5 tonnes
s’échoue sur une plage d’Espagne. Dans son estomac, on retrouve 17 kg de
sacs, bidons, tuyaux bien tassés. La faune et la flore marine subissent de
plein fouet les excès de la civilisation plastique qui rejette près d’un
dixième de la production mondiale dans les mers, soit 26 millions de
tonnes.
Les effets peuvent être
dévastateurs. Le plastique s’est fait une spécialité dans l’étouffement et
l’étranglement de tortues, raies… Il est aussi efficace dans le blocage
intestinal des animaux qui l’ingèrent. Autre victime: les écosystèmes. Les
objets plastique peuvent transporter des micro-organismes dans des écosystèmes
qu’ils vont pouvoir coloniser au détriment des espèces indigènes, éclaire
Pascal Hagmann, fondateur de l’ONG suisse Oceaneye.
Et que dire de l’autre
arme du plastique: l’intoxication de la chaîne alimentaire? Les polluants
présents en mer se fixent et s’accumulent sur les plastiques. «Les particules
de plastiques, alors chargées de ces polluants, sont ingérées par différents
animaux qui les confondent avec le plancton», relève Pascal Hagmann.
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