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lundi 12 août 2013

Sauver les lanceurs d' alerte qui réoxygènent la démocratie...

Plus de 100 000 signatures pour un Nobel de la paix à Manning


Le soldat Bradley Manning, la taupe de WikiLeaks, le 30 juillet 2013 à Fort Meade.
Le soldat Bradley Manning, la taupe de WikiLeaks, le 30 juillet 2013 à Fort Meade.

Une pétition a été lancée pour que le soldat américain, qui risque quatre-vingt-dix ans de prison pour avoir fait fuiter des documents à Wikileaks, obtienne le prestigieux prix.

Des soutiens de Bradley Manning, soldat américain jugé pour avoir transmis des documents confidentiels à WikiLeaks, ont remis lundi à l’Institut Nobel d’Oslo une pétition géante pour que le prix éponyme de la paix lui soit attribué.
Selon eux, un tel prix permettrait aussi de dissiper «le nuage» qui «plane au-dessus du comité Nobel norvégien» depuis l’attribution de la prestigieuse récompense au président américain Barack Obama en 2009 alors qu’il était tout juste entré en fonction et qu’il venait de décider d’intensifier l’effort de guerre en Afghanistan.
«Personne n’a fait plus pour combattre ce que Martin Luther King Junior appelait "la folie du militarisme" que Bradley Manning», explique le texte qui a rassemblé plus de 103 000 signatures. «Et à présent, étant toujours en prison et faisant face aux poursuites judiciaires incessantes du gouvernement américain, personne n’a autant besoin du prix Nobel de la paix», peut-on y lire.
Jugé par une cour martiale pour avoir transmis quelque 700 000 documents diplomatiques et militaires au site internet WikiLeaks, Bradley Manning a été reconnu coupable le mois dernier de 20 chefs d’accusation, notamment cinq violations de la loi sur l’espionnage. Passible de jusqu’à 90 années de prison, il devrait bientôt être fixé sur sa peine.
Selon le journaliste américain Norman Solomon, l’un des initiateurs de la pétition, un Nobel au soldat de 25 ans soulignerait l’importance des lanceurs d’alerte pour la paix et la démocratie. «Si l’on ne peut pas dire la vérité, la réalisation de la paix devient un exercice superficiel de rhétorique plutôt que la réalité», a dit Norman Solomon lors d’un point de presse donné avant de remettre le document de 5 000 pages - commentaires inclus- à l’Institut Nobel.

«Répression et menaces»

Dénonçant «une normalisation de la guerre perpétuelle» à coup de missiles de croisière et de drones, le militant, un déçu de Barack Obama, a estimé qu’un tel Nobel permettrait de redorer le blason du prix après son attribution à l’actuel président américain. «Le prix Nobel de la paix à ce stade a davantage besoin de Bradley Manning que Bradley Manning n’a besoin du prix Nobel de la paix parce qu’il n’y a aucune doute sur l’engagement de Bradley Manning pour les droits de l’Homme et la paix», a affirmé Norman Solomon.
Mais «il y a des questions croissantes sur le comité Nobel et son engagement équitable et indépendant en faveur des droits de l’Homme et de la paix», a-t-il ajouté. Evoquant Edward Snowden, fugitif américain également recherché pour espionnage et réfugié en Russie, et Julian Assange, le fondateur australien de WikiLeaks, Norman Solomon a dénoncé «la tendance progressive mais marquée de l’administration Obama à s’appuyer sur la répression, les menaces et le matraquage public des fonctionnaires et des autres qui croient en la transparence».
Le directeur de l’Institut Nobel, Geir Lundestad, a dans le passé affirmé que de telles campagnes de mobilisation n’influaient pas sur les choix du comité Nobel. Le prix de la paix 2013 sera annoncé le 11 octobre à Oslo.

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