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vendredi 9 août 2013

Une société qui sacrifie ses jeunes...



Les « 15-29 ans » la bombe qui menace l’Europe
C’est une crainte qui n’est plus diffuse, mais qui pèse de plus en plus lourdement. La statistique qui affole les dirigeants européens désormais n’est plus le spread de taux d’intérêt ou le niveau d’endettement des pays du sud de l’Europe. C’est le taux de chômage des jeunes qui est qualifié, même par les officiels allemands et français, d’extrêmement dangereux. Les jeunes grecs et espagnols sont parmi les plus touchés, mais de nouvelles statistiques montrent à quel point les Belges et les Français notamment sont également touchés. Los ninis, les « ninis » : c’est la nouvelle appellation donnée à ces jeunes qui ne sont ni à l’école ni au travail. Ils sont 24 % en Espagne dans la classe d’âge allant de 15 à 29 ans, mais ils sont aussi 13,0 % en Belgique. Seule la France dans les pays voisins fait « mieux » que nous, avec un taux officiel de 16,9 %.
Ce taux de chômage des jeunes est tel aujourd’hui qu’il fait craindre une grande agitation, voire carrément une explosion. Lorsque les dirigeants socialistes réunis hier pour lancer des pistes d’action évoquent la mise en danger potentielle de nos démocraties, ils ne sont pas loin de la vérité. Une jeunesse sans travail, c’est une génération perdue, et une génération perdue est, outre un échec terrible pour une démocratie, une bombe à retardement pour toute société. Les dirigeants aux commandes de l’Europe aujourd’hui ont également – finalement, diront certains – compris le message, et ont fait de ce point crucial l’un des éléments clés du sommet qui s’ouvre en cette fin de semaine. Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, présenté comme le personnage le plus craint et le plus puissant de la zone euro, a lui même à plusieurs reprises ces derniers temps évoqué le risque social que faisait peser cette proportion « inacceptable » de chômage chez les jeunes.
Mais c’est une course contre la montre qui s’est engagée. Il ne faut en effet pas donner seulement des raisons d’espérer, mais du travail aux jeunes européens. C’est beaucoup plus compliqué. Le temps presse, tant socialement – le risque de manifestations ou de mouvements brutaux devient réel – que politiquement –, le vote massif pour les partis extrémistes lors des élections de mai prochain est désormais fortement redouté. La nouvelle bombe européenne a de 15 à 29 ans. Le modèle social européen ne conservera sa validité et sa pérennité que s’il arrive à la désamorcer.
Béatrice Delvaux

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