A Notre-Dame-des-Landes, un week-end pour relancer
la mobilisation
Alors que les tensions
étaient un peu retombées après une mobilisation conséquente ces derniers mois,
les opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes profitent de ce
week-end pour relancer la machine. Des manifestations, des débats et des
concerts doivent avoir lieu, samedi et dimanche, sous l'égide de l'Association
citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet (Acipa) et la
Coordination des opposants.
"Fortes des avancées
acquises ces derniers mois, l'Acipa et la Coordination des opposants entendent
augmenter la pression sur les décideurs en organisant le grand rassemblement
estival devenu traditionnel mais qui, cette année, va prendre une ampleur
inégalée", ont annoncé les deux organisations.
Dimanche, les participants
se sont attelés à confectionner un millier de cerfs-volants en vue
d'"occuper le ciel" symboliquement au-dessus du bocage nantais, pour
marquer leur opposition à l'arrivée du futur aéroport.
Europe Ecologie-Les Verts,
dont plusieurs élus s'opposent au projet, s'associe à l'événement : "Le
grand rassemblement des 3 et 4 août est incontournable pour toutes celles et
ceux qui œuvrent en faveur d'une véritable transition écologique et énergétique
et la préservation de la biodiversité."
DIFFÉRENDS ENTRE OPPOSANTS
En revanche, un autre
festival organisé par les "zadistes" – militants altermondialistes et
anticapitalistes campant sur la zone où l'aéroport doit être construit –, qui
devait se dérouler en même temps, a été interdit par Jean-Paul Naud, maire de
Notre-Dame-des-Landes.
Des tensions se font jour
entre les opposants historiques et une frange plus radicale des zadistes.
Dominique Fresneau, porte-parole de l'Acipa, déplore ouvertement la concomitance
des festivals : "Même si le public visé n'est pas le même. C'est d'autant
plus regrettable qu'on laisse toujours une place aux 'zadistes' lors de notre
grand rassemblement estival, et c'est évidemment encore le cas cette
année."
CALENDRIER À LA FIN DE L'ÉTÉ
Soutenu par les majorités
des différentes collectivités de Bretagne et des Pays de la Loire, le projet
d'aéroport est également défendu depuis son origine par le premier ministre,
Jean-Marc Ayrault, ancien maire de Nantes. Une expertise, commandée par le
gouvernement et dont les conclusions ont été remises début avril, a souligné le
manque d'études sur une possible optimisation de l'actuelle infrastructure et
l'insuffisance des études d'impact sur le site.
Fin juin, le ministre des
transports, Frédéric Cuvillier, assurait que les travaux ne seraient pas
diligentés tant que la faisabilité des mesures de compensation environnementale
ne serait pas démontrée. L'Europe doit également se prononcer sur cette
question à la rentrée. Initialement, l'ouverture de l'aéroport, projet chiffré
à 650 millions d'euros, était programmée en 2017.
«Rien n’est fini» à Notre-Dame-des-Landes
«Le ciel, comme la terre,
à Notre-Dame-des-Landes restera libre.» C’est le message qu’ont voulu délivrer,
ce week-end, les milliers d’opposants (près de 25 000 sur les deux jours
selon les organisateurs) au projet d’aéroport nantais, lors du festival qui se
tenait sur le site occupé depuis plusieurs mois.
Une armada de
cerfs-volants contre des Airbus et des Boeing: les opposants au projet
d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, qui ont rassemblé des milliers de
sympathisants ce week-end au nord de Nantes, ont choisi d’occuper aussi le ciel
pour faire plier le gouvernement.
Sur l’immense champ de blé
fraîchement moissonné où sont organisés concerts et conférences jusqu’à
dimanche soir, les organisateurs s’activaient à confectionner un millier de
cerfs-volants destinés à garder symboliquement l’espace aérien au dessus du
bocage nantais.
A même le sol, deux jeunes
femmes accroupies écrivaient un message sur un grand cerf-volant triangulaire
rouge et blanc «pour que nos libertés occupent le ciel». «Le ciel libre aux
hommes libres», pouvait-on lire sur un de ces messages.
L’Acipa, la principale
association d’opposants historiques au projet d’aéroport qui remonte aux années
1960, a revendiqué samedi quelque 15.000 participants au rassemblement, tandis
que la préfecture de Loire-Atlantique en avait dénombré entre 3.500 et 4.000, à
17H00 toutefois.
Dimanche, ils étaient
25.000, à 14H00, selon les organisateurs, tandis que la préfecture a compté
«entre 8.000 et 9.000 personnes sur le site au plus fort de la manifestation».
L’Acipa, qui organise ce
rassemblement estival depuis 13 ans sur le site prévu pour la future aérogare,
n’avait jamais fait les choses en aussi grand, avec un service d’ordre
pléthorique, des chapiteaux, des secouristes et une scène géante sur laquelle
défilent les musiciens, dont le groupe Tryo, sous un panneau proclamant «Un
aéroport à NDDL, jamais !»
«On est là comme tout le
monde, pour que ça reste une belle campagne +bocageuse+ et que cet aéroport ne
se fasse pas», explique Guizmo, un des chanteurs du groupe. «Espérons (...)
qu’à un moment donné, quand la crise sera trop forte et qu’ils n’auront plus le
choix, (le Premier ministre Jean-Marc) Ayrault et le gouvernement essaieront
d’utiliser cette dernière cartouche et annonceront que l’aéroport ne se fait
pas. Je pense que ça va finir comme ça», commente le guitariste du groupe,
Christophe Mali.
Le chanteur Sanseverino
devait se produire dimanche soir. Beaucoup d’artistes se sont mobilisés depuis
que les forces de l’ordre ont tenté d’évacuer le site en octobre pour laisser
la place aux pelleteuses, observe Julien Durand, porte-parole de l’Acipa.
Cette initiative a relancé
la lutte contre le projet confié au groupe de BTP Vinci et qui doit voir le
jour en 2017. Au point que le gouvernement a demandé des études complémentaires
sur le projet et retiré les gendarmes en avril.
«Un autre modèle de
société»
«Mais nous restons
vigilants», assure M. Durand.
Les noms de la plupart des
musiciens invités ne disaient pas grand chose à bon nombre de militants plus
âgés qui se flattent d’avoir «fait le Larzac» dans les années 1970.
«La symbolique de ce lieu,
c’est la résistance», confie le jazzman Bernard Lubat, un ancien musicien de
Claude Nougaro qui s’est produit samedi. L’état d’esprit qui règne à
Notre-Dame-des-Landes, «je l’ai connu au Larzac», se souvient le musicien, qui
fait le lien avec le jazz, «musique de révolte de gens qui se sont libérés de
l’esclavage».
Le rassemblement se vit
comme une société à part, où l’argent ne règne pas. «Ca fait du bien de se
retrouver avec des gens qui ont les mêmes envies, les mêmes idées, les mêmes
visions de la société», confie Nicolas Dhervaux, 33 ans, venu du Morbihan
voisin avec sa copine Marie-Cécile.
L’accès au festival est
gratuit, mais les spectateurs sont fortement incités à participer aux frais à
leur arrivée. «Les gens donnent en moyenne entre cinq et 20 euros», voire même
«jusqu’à 50 euros», témoigne Myriam, caissière installée dans une caravane à
l’entrée.
Le Premier ministre
Jean-Marc Ayrault, ancien maire de Nantes et fervent partisan du projet
d’aéroport, est dans le collimateur. «Il ferait mieux de reconnaître qu’il a
perdu sur ce coup-là», tranche Marie-Thérèse, une retraitée originaire du
proche village de Bouvron, qui porte un autocollant avec la mention «Non à
l’aéroport et à son monde».
Mais personne ne se risque
à se prononcer sur les intentions du gouvernement. «Mystère», résume
Marie-Thérèse.
MCD avec APL
Programme de l’espace
" Contre ce monde et son aéroport Initiative anticapitaliste et
anti-autoritaire "
2 débats sous les
chapiteaux de la coordination
- La métropolisation, avec
le CNCA pour l’exemple nantais et le collectif IDF de soutien pour Paris
métropole.
- Quelle agriculture pour
demain, de l’accaparement des terres par l’agrobusiness à la résistance sur le
terrain (J.-P. Tertrais, des membres de Sème ta ZAD et du copain 44).
6 débats sur nos installations.
Samedi
11 heures :
L’évolution du capitalisme industriel au libéralisme (P. Coutant)
14 h 30 : Historique
de la lutte du point de vue du mouvement d’opposition direct à l’aéroport et
son monde (introduit par des camarades de Hors pistes).
17 h : Bilan de
l’antirépression dans la lutte (collectif antirép)
Dimanche
11 heures : De la
production à la distribution : les circuits courts.
14 h 30 : Transport,
mobilité, présentation de J.-P. Tertrais suivie de deux ateliers : Comment
lutter contre les LGV – les difficultés d’une lutte sans point central de
fixation (Poitiers et Pays Basque) ; Les autoroutes de la mer (le choix du
maritime et ses conséquences (Saint-Nazaire).
17 heures : Le
nucléaire, où en est la lutte antinucléaire (Poitiers et autres Normands).
Samedi et dimanche, départ à 9 heures (horaires à confirmer) depuis le lieu du
rassemblement : Balades sur la ZAD, pour discuter de l’histoire, de la
lutte, de la situation actuelle ; pour découvrir les lieux où on se
trouvera ensemble si les chantiers commencent.
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