Décès de Georges Moustaki : Métèque,
révolutionnaire, chanteur et compositeur libre
Georges Moustaki est
décédé, ce jeudi matin à 79 ans, des suites d’une maladie pulmonaire…
«Avec ma gueule de
métèque/De Juif errant, de pâtre grec/Et mes cheveux aux quatre vents.»
Dans «Le métèque», l’un de
ses plus grands succès, Georges Moustaki disait ses racines multiculturelles,
son attachement aux mots et à l’amour plutôt qu’à une terre ou une patrie. Et
sa passion pour les passions, quitte à en souffrir.
Le chanteur et compositeur
est mort, ce jeudi matin à 79 ans, avec un amour intact pour la vie. «Je veux
consacrer mon temps à ce qui me fait plaisir, comme je l'ai toujours fait. J'ai
envie de vivre ce qui peut encore se présenter», expliquait-il en février.
Atteint d’un emphysème qui
détruisait peu à peu ses poumons, Georges Moustaki était en convalescence dans
le Var, où il est mort.
De garçon de café à
aimant d’Edith Piaf
Né Giuseppe Mustacchi, en
1934, à Alexandrie en Egypte, de parents grecs juifs, son enfance et son
adolescence sont marquées par une éducation polyglotte et multiculturelle
méditerranéenne. Pour autant, c’est la langue et la littérature française, puis
la chanson, qui l’attirent.
Il arrive à Paris en 1951
où il enchaîne les petits boulots. Garçon de café puis serveur de cabaret-bar,
il assiste aux concerts de vedettes de l’époque. Il choisit ainsi son nom
d’artiste en hommage à l’une de ses idoles, Georges Brassens.
Avant que la maladie ne le
contraigne à vivre dans le Sud, Georges Moustaki habitait un appartement de
l’île Saint-Louis, à Paris, où il avait Brigitte Fontaine pour voisine. L’une
des nombreuses artistes qui ont traversé sa vie, amies ou amantes. En 1958,
tout jeune compositeur qui cherche à vivre de ses chansons, il propose «Milord»
à Edith Piaf. S’en suivra une courte passion et une amitié durable.
Le succès de «Milord» lui
ouvre une voix royale dans le milieu des chansonniers des années 1960, il
compose alors pour Barbara, Yves Montand et Serge Reggiani, plus fidèle
interprète de ses textes.
Idéaliste et
révolutionnaire de gauche, Georges
Moustaki a toujours fréquenté des personnalités généreuses. Il était notamment
un intime de Coluche. «Dans la vie, il était drôle à chaque seconde. Mais sur
scène, c'était fade pour mon goût. On le voyait venir.»
Aimant les de
femmes, dans les années 1970, il a fréquenté aussi bien Brigitte Bardot que
Barbara. «Elle était infiniment joyeuse, friponne même, racontait-il en 2008
pour la sortie de son ultime album «Solitaire». Mais elle avait un rôle sombre,
sur scène et en public, une prestance mélancolique et très élégante. Moi, c’est
l’inverse, je suis plutôt enjoué en apparence, je ne fais pas de chansons à
partir de mes crises de désespoir.»
Enfin seul en scène
Le succès de sa chanson «Le métèque», sortie pendant les
événements de mai 1968 auxquels il participe activement, lui permet de chanter
lui-même ses propres compositions sur scène. Il passe les trente années
suivantes dans une tournée permanente, où il privilégie les ambiances intimes
et acoustiques. «J’ai vu tous les pays, j’ai joué dans toutes sortes de salles,
devant toutes sortes de publics, racontait-il. Ça ne m’a jamais blasé, ni
lassé, ni ennuyé, ni fatigué. Mais arrive un moment où on tourne la page, où on
choisit de mettre son énergie ailleurs.»
Flatté par les hommages
d’artistes de la nouvelle génération et heureux de savoir que les enfants
notamment continuent d’apprendre ses chansons à l’école, il était plus
circonspect à l’égard des honneurs officiels. «Je n’aime pas beaucoup les
médailles, ni la guerre. Et je ne sais pas comment réagir quand une école prend
mon nom. Je suis au service de la langue française, et non l’inverse.»
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