Il devient de plus en plus difficile de défendre les politiques d’austérité
La fin de l’austéritéPas nécessaire de faire de longs calculs pour savoir que l’austérité de fonctionne pas. Il suffit tout simplement de se retourner vers le passé. Les exemples abondent. On ne connaît aucun cas célèbre où l’austérité a permis de relancer l’économie. Par contre, on a écrit des milliers de pages sur les effets dévastateurs des plans d’ajustement structurel — autre nom pour « mesures d’austérité » — dans les pays du Sud pendant les années 80 et 90. C’est aujourd’hui les mêmes politiques inefficaces qu’on applique dans les pays du Nord.
L’auteur John Michael Greer, dans La fin de l’abondance, explique très bien le comportement des économistes : « La plupart d’entre eux consacrent leur carrière à la création de théories élaborées et de modèles quantitatifs qui sont rarement confrontés aux données de l’histoire économique, avec pour conséquence qu’ils échouent lors qu’ils se frottent à la réalité économique d’aujourd’hui. »
Mais revenons à nos moutons. Que ce soit pour des raisons mathématiques ou idéologiques, les mesures d’austérité ne fonctionnent donc pas comme elles le devraient. La logique implique alors qu’on y mette fin et qu’on passe à autre chose.
Tout n’est pas si simple malheureusement, et il suffit de constater à quel point la chancelière d’Allemagne Angela Merkell y tient pour constater que nous n’en sommes pas au bout de nos peines.
D’abord, les économistes mauvais mathématiciens, qui baignent depuis toujours dans le néolibéralisme, n’ont pas la moindre solution de rechange. Ils ne vont tout de même pas se mettre à l’écoute de leurs collègues de gauche ou des néo-keneysiens comme Joseph Stieglitz et Paul Krugman, qui proposent des solutions aussi farfelues, selon eux, que d’investir massivement dans les énergies renouvelables, séparer les banques de commerce des banques d’investissements, ou de taxer les transactions financières.
On peut ici parler de dissonance cognitive. C’est-à-dire, que ces économiste ont des connaissances acquises qui sont incompatibles avec la réalité. Comme ils n’ont pas de solution de secours, pour restaurer l’équilibre cognitif, il ne reste plus qu’à appliquer encore et toujours ce qu’on a appris : devant les mesures d’austérité qui ne fonctionnent pas, il faut encore de nouvelles mesures d’austérité.
Peut-être s’agit-il en fait, d’un programme ambitieux qui n’a dans le fond aucune obligation de résultat. C’est d’ailleurs ce qu’a annoncé le premier ministre britannique David Cameron lorsqu’il a pris le pouvoir : il a affirmé que ses décisions — ses mesures d’austérité — affecteraient « chaque personne au pays » et qu’elles « s’appliqueraient pendant des années, voire des décennies ».
Pour certains, un monde d’austérité se rapproche d’un monde idéal : il permet de briser le mouvement syndical, de privatiser à haute échelle les services publics, de réduire l’État, de ne pas se préoccuper de l’environnement, ce qui donne l’occasion à certains individus de s’enrichir sans limites. Il suffit de lire certains de nos penseurs de droite pour trouver de belles justifications à tout ceci. Jusqu’à la catastrophe…
Nous n’en sommes pas encore rendus là. Mais il faut cesser d’être les dupes de l’austérité, et de ceux qui sont incapables de penser à autre chose. Parce que ce qui en résulte est bien plus grave que des erreurs de calculs.
Claude Vaillancourt
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