La « RBI » – comprenez Réserve biologique intégrale – a été inaugurée, vendredi 28 octobre, en présence de Pierre-André Durand, préfet de la Drôme, de Michaël Sibilleau, sous-préfet de Die, de Danielle Pic, présidente du parc du Vercors, d’élus locaux, des responsables régionaux et locaux de l’office national des forêts (ONF), ainsi que de techniciens du parc du Vercors.
Située sur les communes de Saint-Andéol-en-Vercors (Isère) et de Saint-Agnan-en-Vercors (Drôme), à proximité de la cabane forestière de Pré-Rateau, cette RBI, de plus de 2160 hectares, fait désormais partie des trois plus grandes de France, conformément à la volonté de l’État qui avait demandé à l’ONF en 2001, de créer trois grandes RBI sur le territoire métropolitain dont une en zone de montagne. Le 16 octobre 2009 la RBI, suite à un long travail mené en partenariat entre l’ONF et le PNRV (Parc naturel régional du Vercors) était officiellement créée.
Une longue aventure
Tout n’a pas été forcément simple. Les craintes de « nouvelles contraintes » sur un territoire déjà soumis à différents régimes juridiques (Réserve naturelle, Natura 2000.) et la proposition de fermeture de la route de Pré-Rateau avaient, dans un premier temps, poussé les élus de Saint-Agnan-en-Vercors à refuser le projet. Des discussions, des adaptations, des modifications du projet ont finalement eu raison de la contestation locale, et aujourd’hui Marcel Algoud, maire de Saint-Agnan-en-Vercors, se montre optimiste : « Nous avons, entre autres, pu maintenir l’ouverture de la route forestière de Pré-Rateau et ce qui aurait pu être un frein à notre développement est devenu, grâce à notre mobilisation, un élément de cohérence avec notre projet communal. Un élément qui vient s’ajouter à la future maison de la biodiversité qui devrait également prochainement voir le jour ». Avis partagé par le préfet de la Drôme qui a précisé : « Je me félicite de ce résultat et je tiens à remercier le PNRV, l’ONF et les élus locaux pour leur travail. Leur pédagogie a permis que cette réalisation soit acceptée et intégrée ».
Un laboratoire scientifique à ciel ouvert
La richesse de cet espace, présentant huit habitats forestiers différents, douze habitats de landes et une forte présence d’espèces végétales et animales protégées, font de cette RBI un « véritable laboratoire scientifique » précise Pierre-Eymard Biron (conservateur de la réserve naturelle des Hauts-Plateaux du Vercors). Elle est incluse dans la réserve naturelle des Hauts Plateaux du Vercors et sera donc gérée conjointement par l’ONF et le PNRV.
Lors de cette inauguration « in situ », une sortie conduite par les agents ONF aura permis aux participants de mieux en comprendre le fonctionnement et les objectifs, précisés par Régis Michon, responsable régional de l’ONF : « la libre expression des processus naturels sur ce périmètre va nous permettre un suivi à long terme de l’évolution, sans intervention humaine, de ces milieux naturels ». Pour ce faire, les agents ONF ont procédé à un état des lieux de quelques 400 « placettes » qui ont été répertoriées et inventoriées. Le suivi, tous les dix ans, de ces « zones témoins » permettra donc de suivre l’évolution des écosystèmes.
Activités sylvicoles, pastorales et chasse interdites
De fait, les activités sylvicoles, pastorales et la chasse au petit gibier sont interdites sur le territoire de la RBI. En revanche, les activités de loisirs de nature et de cueillette de baies et de champignons, pratiquées dans le cadre d’une consommation familiale, seront tolérées. La chasse au gros gibiers, qui risquent de privilégier cette zone comme un véritable refuge, est quant à elle interdite. Ceci dit, si des « nécessités de régulation » se montraient opportunes, des prélèvements pourraient ponctuellement être organisés.
Or le site vertacormicorien présente d’autres avantages pour les scientifiques naturalistes. En raison de sa situation géographique imposant le Vercors comme « une sentinelle des changements climatiques », la RBI a été retenue comme lieu priviligié d’étude du programme de coopération « Manfred », s’intéressant aux « impacts du changement climatique sur les systèmes forestiers ».
Gil Borel (Clp)
DIFFICULTÉS FINANCIÈRES ET INQUIÉTUDES
Éric Rousset, responsable unité territoriale de l’ONF (Office national des forêts), a souligné que la nouvelle réglementation liée au statut de RBI, notamment avec l’arrêt de l’exploitation et donc de la vente de bois, impliquait pour l’ONF un manque à gagner de 50 000 euros par an. Une difficulté financière de nature à inquiéter les acteurs de terrain pour ce qui concerne la gestion de la RBI. Là dessus, le préfet s’est voulu rassurant : « l’État, qui s’est engagé sur ce projet, une vitrine de la richesse du milieu naturel et un véritable intérêt pour la France, continuera d’être en pointe sur cette RBI ». Mais face au non renouvellement de postes au sein de l’ONF, certains observateurs font preuve de pessimisme et se demandent quels moyens seront mis à disposition pour financer, entre autres, le suivi de ce projet.
Gil Borel (Clp)
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