Reçues à Matignon, les ONG
écologistes sont globalement satisfaites, même si elles en attendaient plus de
la part du gouvernement sur les gaz de schiste.
Les ONG environnementales
sont sorties plutôt satisfaites mardi de leur entretien avec le Premier
ministre visant à préparer la conférence environnementale des 14-15 septembre,
même si plusieurs ont regretté une «position
attentiste» du gouvernement sur les gaz de schiste.
Jean-Marc Ayrault et la
ministre de l’Ecologie Delphine Batho ont reçu à Matignon, durant environ une
heure et demi, huit organisations qui avaient participé au Grenelle de
l’environnement lors du dernier quinquennat.
Devant les défenseurs de
l’environnement, le Premier ministre a confirmé que la fracturation
hydraulique, la seule technique permettant à ce jour de rechercher et exploiter
des gaz de schiste, «resterait interdite»,
a indiqué à la presse le directeur général de Greenpeace, Jean-François
Julliard.
«Mais il n’a en revanche pas voulu se prononcer sur
l’exploration des gaz de schiste» en elle-même, soulignant
simplement que ce serait «un des sujets
débattus lors de la conférence environnementale», a-t-il ajouté.
D’autres ONG, comme les
Amis de la Terre et France Nature Environnement, ont également regretté un
manque de clarté dans les positions du gouvernement, le ministre du
Redressement productif Arnaud Montebourg ayant indiqué récemment qu’il
entendait «regarder» ce
dossier sensible.
Delphine Batho a rappelé que
le gouvernement restait «totalement
opposé à la fracturation hydraulique». Et si une nouvelle technique
était mise au point, «nous aurions un
vrai débat démocratique», a-t-elle promis.
La fracturation
hydraulique, consistant à injecter de l’eau et des produits chimiques en grande
profondeur, est accusée d’avoir des conséquences sur l’environnement et les
nappes phréatiques. Une loi votée en 2011 l’a interdite en France.
«Lettre de cadrage»
Mis à part ce dossier, les
associations sont apparues globalement satisfaites, notamment sur la place
faite à la biodiversité, à la fiscalité écologique ou la santé environnementale
dans cette conférence censée relancer une concertation essoufflée depuis le
Grenelle de l’environnement.
«Le fait d'être reçu par le Premier ministre, c’est
un symbole intéressant de la volonté de dialogue», a estimé le
président de France Nature Environnement (FNE, fédération de 3 000
associations), Bruno Genty.
L’annonce par le
gouvernement d’une «lettre de cadrage»
environnemental fixant les objectifs en matière de développement durable, que
chacun de ses membres recevra désormais, a également été saluée par FNE.
«De la même façon qu’il existe une lettre de cadrage
budgétaire, chaque ministre va recevoir une lettre de cadrage qui va se traduire
dans la politique du secteur dont il a la charge», a précisé
Delphine Batho à l’issue de la réunion.
«On a le sentiment qu’il y a des engagements plutôt
positifs», a renchéri Allain Bougrain-Dubourg, président de la
Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), saluant le fait que la conférence
environnementale se tienne tous les ans et que tous les ministères soient
impliqués.
Jean-Marc Ayrault «nous a demandé de le juger sur pièces»
et a indiqué «qu’il n’y aurait pas de
sujets tabous, dont acte», a commenté pour sa part Christophe
Aubel, directeur d’Humanité et biodiversité (ex-Ligue ROC).
La conférence, qui sera
baptisée «Conférence environnementale pour la transition écologique» selon FNE,
pourrait se tenir au Conseil économique, social et environnemental (Cese).
Gaz de schiste: la fracturation hydraulique restera
interdite, dit Batho
Le gouvernement ne
reviendra pas sur l'interdiction de la fracturation hydraulique, technique
interdite par une loi en France pour l'exploration des gaz de schistes, a
annoncé vendredi la ministre de l'Ecologie et de l'Energie, Delphine Batho.
"Le gouvernement
maintient clairement et nettement sur l'interdiction de l'exploitation des gaz
de schiste, car nulle part dans le monde il n'a été prouvé que cette
exploitation pouvait se faire sans dégâts considérables sur l'environnement et
avec des risques importants pour la santé", a affirmé Mme Batho interrogée
sur BFMTV.
"Rien dans l'agenda
du gouvernement aujourd'hui n'envisage de revenir sur l'interdiction de la
fracture hydraulique", a-t-elle ajouté.
Selon elle, ce qui pose
problème c'est la technique utilisée pour explorer et exploiter ce type
d'énergie fossile "avec des produits chimiques qui ensuite vont dans les
nappes phréatiques".
La fracturation
hydraulique consiste à injecter à très forte pression un mélange d'eau, de
sédiments et de produits chimiques pour briser la roche et libérer les
molécules de gaz naturel.
Le ministre du
Redressement productif, Arnaud Montebourg, avait laissé entendre début juillet
que le gouvernement allait "regarder" ce dossier sensible de
l'exploitation du gaz de schiste en France, sans toutefois le
"rouvrir".
Pour Delphine Batho, son
collègue "et ami" Arnaud Montebourg avait alors formulé "une réflexion intellectuelle
qui n'est pas basée sur des faits".
A la question de savoir si
le gouvernement allait octroyer de nouveaux permis d'exploration pour connaître
l'importance réelle des éventuelles réserves de cette énergie dans le sous-sol
français, la ministre a répondu "non, il va y avoir la réforme du code
minier", texte qui fixe les règles sur l'exploitation des énergies dans
les sols.
L'Union française des
industries pétrolières (Ufip), l'organisation patronale du secteur pétrolier
français, a indiqué qu'elle espérait toujours que les gaz de schiste "ne
soient pas exclus" du débat sur l'énergie prévu après la grande conférence
annoncée à l'automne.
"On enregistre la
déclaration de la ministre. Mais on souhaite que ce débat puisse avoir lieu au
moment où l'on parlera de l'énergie à l'automne", a déclaré son
président Jean-Louis Schilansky.
Face à l'hostilité de
l'opinion, l'industrie pétrolière se montre prudente sur la question. Le
secteur plaide pour des forages de prospection permettant de confirmer la
présence et la possibilité d'exploitation commerciale de gaz de schiste dans
l'Hexagone.
La France est considérée
avec la Pologne comme le meilleur gisement potentiel en Europe de ce gaz retenu
prisonnier dans la roche.
MediasCitoyensDiois-AgencePresseLibertad
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