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dimanche 22 juillet 2012

Evgenia Chirikova, étoile verte....


Evgenia Chirikova, l’étoile verte de Russie
Evgenia Chirikova vient de rafler le "Nobel de l'écologie" pour sa lutte contre le chantier autoroutier Moscou - Saint-Petersbourg. Portrait.
L’écologiste russe, Evguénia Tchirikova, à l’honneur
Evguénia Tchirikova, héroïne de la lutte écolo-citoyenne pour la défense de la forêt de Khimki (lutte que nous avons soutenue),  qui était venue rendre visite aux Verts lors de leurs journées d’été 2010  et dont nous avons relaté l’arrestation lors d’une manifestation pour la démocratie à Moscou est à nouveau en lumière.
Elle vient en effet de recevoir le « Goldman Prize » (une sorte de prix Nobel de l’Écologie), pour son combat contre le chantier autoroutier Moscou-Saint Petersbourg à travers la forêt de Khimki.

 « (…)  Le vert n'avait pourtant rien d'une vocation pour cette trentenaire apolitique. Au début des années 2000, cette ingénieure quitte Moscou pour Khimki. Une banlieue noyée dans la forêt, où elle espère couler une vie paisible au milieu de la chlorophylle avec ses deux enfants.
Raté. Elle apprend bientôt que les quatre voies de l'autoroute Moscou-Saint-Petersbourg vont tronçonner son petit paradis. Elle s'indigne. Interroge les organismes gouvernementaux. Réponse sans appel: "Poutine a conçu le projet, il est donc légal".
Pas tout à fait convaincue, Evgenia Chirikova se plonge dans le dossier. Qu'elle découvre "opaque" et "complexe". Certains aspects la gênent, comme ce maître d'œuvre français, le constructeur Vinci, qui apporte une grande part de l'investissement en échange d'un droit d'exploitation de 30 ans.
D'autres la choquent franchement. Notamment la présence, parmi les actionnaires, de personnalités proches du pouvoir comme cet ancien entraîneur de judo de Vladimir Poutine. Ou ceux dont on ignore les noms mais dont on sait les comptes basés aux îles Caïmans.
Chaque découverte l'entraîne un peu plus en avant. Et rassemble un peu plus autour d'elle. Seule au départ face au "système Poutine", Evgenia Chirikova devient peu à peu chef de bande. Autour d'elle se fédère une troupe hétéroclite de révoltés et indignés de tous bords. Ecologistes bien sûr, mais aussi libéraux, anarchistes et même nationalistes ! Ils plantent des tentes dans la forêt de Khimki. Et sont derrière Evgenia lorsqu'elle se dresse -littéralement- devant les bulldozers. L'ingénieur se découvre une âme de militante.
2mai11-khimki-7---Copie.JPG(Photo : Alexis Prokpiev et Evguénia Tchirikova le 2 mai 2011 à Paris pour protester contre Vinci).
Evgenia Chirikova est « passionnée, combative, stakhanoviste, décrit son ami Alexis Prokopiev. Mais l'entêtement sera toujours de l'autre côté ». A l'été 2010, des hooligans masqués, des croix gammées tatoués sur les bras déferlent sur le camp. Rouant de coups les militants. L'un des sous-traitants de Vinci, las des retards causés par les trublions verts avouera dans la presse les avoir envoyés. Il ne sera jamais inquiété.
A l'occasion d'une conférence de presse organisée quelques jours plus tard pour dénoncer ces violences, Evgenia est, une fois de plus, arrêtée. Mais ne baisse pas les bras. Réclame le dialogue. Réalise, avec Greenpeace, une "étude d'impact" du projet autoroutier. Et suggère finalement onze itinéraires alternatifs, tous plus respectueux de l'environnement et moins chers.
Le Kremlin n'en a cure. Et préfère lui envoyer par précaution les services sociaux. "Ils m’ont menacé de me retirer mes enfants, se souvient-elle, et j’ai alors pensé à quitter la Russie". Elle n'en fera rien. Même si le prix qu’elle vient d’obtenir n’a pas fait dévier la trajectoire de l’autoroute d’un pouce. Et que les grumes des bouleaux jonchent désormais le tracé dessiné en haut lieu. (…) »
Nul doute que ce prix va permettre à Evguénia Tchirikova d’accentuer son engagement pour l’écologie et la démocratie en Russie.
Pierre Mathon
(Photo2 : Evgenia Chirikova vient de rafler le "Nobel de l'écologie" pour sa lutte contre le chantier autoroutier Moscou - Saint-Petersbourg).
Evgenia Chirikova vient d'être couronnée du "Goldman Prize", surnommé Prix Nobel de l’écologie. Le vert n'avait pourtant rien d'une vocation pour cette trentenaire apolitique. Au début des années 2000, cette ingénieure quitte Moscou pour Khimki. Une banlieue noyée dans la forêt, où elle espère couler une vie paisible au milieu de la chlorophylle avec ses deux enfants.
Raté. Elle apprend bientôt que les quatre voies de l'autoroute Moscou-Saint-Petersbourg vont tronçonner son petit paradis. Elle s'indigne. Interroge les organismes gouvernementaux. Réponse sans appel: "Poutine a conçu le projet, il est donc légal".
Enquêtrice autodidacte
Pas tout à fait convaincue, Evgenia Chirikova se plonge dans le dossier. Qu'elle découvre "opaque" et "complexe". Certains aspects la gènent, comme ce maître d'œuvre français, le constructeur Vinci, qui apporte une grande part de l'investissement en échange d'un droit d'exploitation de 30 ans.
D'autres la choquent franchement. Notamment la présence, parmi les actionnaires, de personnalités proches du pouvoir comme cet ancien entraîneur de judo de Vladimir Poutine. Ou ceux dont on ignore les noms mais dont on sait les comptes basés aux îles Caïmans.
Chaque découverte l'entraîne un peu plus en avant. Et rassemble un peu plus autour d'elle. Seule au départ face au "système Poutine", Evgenia Chirikova devient peu à peu chef de bande. Autour d'elle se fédère une troupe hétéroclite de révoltés et indignés de tous bords. Ecologistes bien sûr, mais aussi libéraux, anarchistes, communistes et même nationalistes ! Ils plantent des tentes dans la forêt de Khimki. Et sont derrière Evgenia lorsqu'elle se dresse -littéralement- devant les bulldozers. L'ingénieur se découvre un âme de militante.
"Nasha Niva" le premier parti d'écologie politique de Russie
Evgenia Chirikova est "passionnée, combative, stakhanoviste, décrit son ami Alexis Prokopiev. Mais l'entêtement sera toujours de l'autre côté". A l'été 2010, des hooligans masqués, des croix gammés tatoués sur les bras déferlent sur le camp. Rouant de coups les militants. L'un des sous-traitants de Vinci, las des retards causés par les trublions verts avouera dans la presse les avoirs envoyé. Il ne sera jamais inquiété.
A l'occasion d'une conférence de presse organisée quelques jours plus tard pour dénoncer ces violences, Evgenia est, une fois de plus, arrêtée. Mais ne baisse pas les bras. Réclame le dialogue. Réalise, avec Greenpeace, une "étude d'impact" du projet autoroutier. Et suggère finalement onze itinéraires alternatifs, tous plus respectueux de l'environnement et moins chers.
Le Kremlin n'en a cure. Et préfère lui envoyer par précaution les services sociaux. "Ils m’ont menacé de me retirer mes enfants, se souvient-elle, et j’ai alors pensé à quitter la Russie". Elle n'en fera rien. Même si le prix qu’elle vient d’obtenir n’a pas fait dévier la trajectoire de l’autoroute d’un pouce. Et que les grumes des bouleaux jonchent désormais le tracé dessiné en haut lieu.
Mais tout n'est pas perdu. Ce combat lui a permis de faire entrer l’écologie politique dans le débat politique russe. En février, dernier Evgenia Chirikova était même à la tête des grandes manifestations fleuves anti-Poutine. Prochaine étape ? La création de la première formation politique écologique de Russie. Elle a déjà un nom : Nasha Niva. "Notre terre".
Mathieu Molard

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