Nouveau retard pour l'EPR finlandais, sur fond de
dissensions TVO-Areva
Le réacteur nucléaire EPR
que le français Areva et l'allemand Siemens bâtissent en Finlande continue
d'accumuler les retards, l'opérateur finlandais TVO ayant annoncé lundi que
l'entrée en service était repoussée après 2014.
Cette annonce a en outre
une nouvelle fois mis à jour les dissensions entre le consortium
franco-allemand et son client, les deux parties se rejetant la responsabilité
de ce nouveau dérapage du calendrier, qui porte à près de six ans les délais du
projet.
Selon TVO, "les
travaux d'installation du réacteur et l'ingénierie du système d'automatisation
de la centrale sous la responsabilité du fournisseur n'ont pas progressé
conformément au calendrier du fournisseur" Areva-Siemens.
Le finlandais a fait part
de son agacement en se disant "pas satisfait" de la situation.
Areva a répliqué en fin
d'après-midi en indiquant avoir informé TVO qu'il "supportait la
responsabilité" de ce nouveau retard.
Le groupe nucléaire, qui
reproche régulièrement à son client de mettre trop de temps à lui valider des
documents techniques, a réclamé l'engagement "sans faille" de TVO.
Ces passes d'armes ne font
que s'ajouter aux multiples déboires du chantier, démarré à Olkiluoto sur la
côte sud-ouest de la Finlande en 2005. Alors que le réacteur OL3 devait
initialement entrer en service en 2009, des retards sont annoncés chaque année.
Jusque-là, la date prévue était d'août 2014 pour ce réacteur d'une capacité de
1.600 mégawatts.
Areva comme TVO soulignent
néanmoins lundi chacun de leur côté que "les travaux progressent",
que les composantes majeures du réacteur sont achevées de même que la majeure
partie de la tuyauterie, très importante dans un réacteur nucléaire.
Fin 2011, Areva disait
avoir réalisé les deux tiers du travail.
Trois autres réacteurs EPR
sont en construction dans le monde, un pour l'électricien national français EDF
à Flamanville (Manche, nord-ouest de la France), et deux à Taishan (sud-est de
la Chine).
Il est finalement probable
que ces deux réacteurs chinois, construits en collaboration avec l'opérateur
chinois CNGPC, seront les premiers au monde à entrer en service, fin 2013 et
fin 2014 selon le calendrier actuel. A Flamanville, le démarrage initialement
prévu pour 2012 est reporté à 2016.
Areva présente ce réacteur
nucléaire dit de troisième génération, à eau pressurisée, comme plus sûr,
performant et durable que ses concurrents. Mais son fleuron peine à se vendre,
même si le groupe espère décrocher 10 commandes de plus d'ici 2016.
Les problèmes de l'EPR ont
déjà fait perdre beaucoup de crédit au géant français du nucléaire. A cause de
ces retards, il a passé des provisions de 2,8 milliards d'euros qui ont déjà
largement excédé le prix auquel le réacteur a été vendu, 3 milliards (dont 1,8
milliard pour Areva).
En quatre ans, l'action
Areva a perdu plus de 85% de sa valeur à la Bourse de Paris. Cependant, elle
était en hausse lundi (+7,45% à la clôture à 11,75 euros), les analystes
préférant se concentrer sur la cession réussie du producteur d'or canadien La
Mancha Resources.
TVO a déjà tenté de
pénaliser ses fournisseurs en plaçant sous séquestre des sommes qui leur
étaient dues. Le consortium (73% Areva et 27% Siemens) a répondu sur le terrain
judiciaire, et obtenu d'un tribunal arbitral début juillet le déblocage de 125
millions d'euros.
Mais le gros du litige se
poursuit avec des demandes croisées d'indemnisation. Olkiluoto 3 est "le
plus grand investissement dans l'histoire de l'industrie finlandaise",
selon TVO.
MCD-APL
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